Les taux de survie des émissions monétaires antiques médiévales et modernes. Essai de mise en perspective et conséquences quant à la productivité des coins dans l Antiquité - article ; n°155 ; vol.6, pg 87-109
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Les taux de survie des émissions monétaires antiques médiévales et modernes. Essai de mise en perspective et conséquences quant à la productivité des coins dans l'Antiquité - article ; n°155 ; vol.6, pg 87-109

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Revue numismatique - Année 2000 - Volume 6 - Numéro 155 - Pages 87-109
Résumé. - Le taux de survie d'un monnayage se définit comme la proportion d'exemplaires conservés par rapport au nombre d'exemplaire émis. L'étude diachronique d'un tel taux, de l'Antiquité jusqu'à la période moderne, paraît se heurter à une difficulté insurmontable : celui d'avoir conservé, contre toute logique, un pourcentage beaucoup plus élevé de monnaies grecques que de monnaies médiévales ou modernes. La seule possibilité de sortir de cette contradiction est de revoir à la hausse la productivité moyenne des coins de droit telle que formulée anciennement pour les monnayages grecs. Cette productivité moyenne doit être recherchée la plupart du temps au-delà, et sans doute bien au- delà, des 10 000 exemplaires.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François de Callataÿ
Les taux de survie des émissions monétaires antiques
médiévales et modernes. Essai de mise en perspective et
conséquences quant à la productivité des coins dans l'Antiquité
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 155, année 2000 pp. 87-109.
Résumé
Résumé. - Le taux de survie d'un monnayage se définit comme la proportion d'exemplaires conservés par rapport au nombre
d'exemplaire émis. L'étude diachronique d'un tel taux, de l'Antiquité jusqu'à la période moderne, paraît se heurter à une difficulté
insurmontable : celui d'avoir conservé, contre toute logique, un pourcentage beaucoup plus élevé de monnaies grecques que de
monnaies médiévales ou modernes. La seule possibilité de sortir de cette contradiction est de revoir à la hausse la productivité
moyenne des coins de droit telle que formulée anciennement pour les monnayages grecs. Cette productivité moyenne doit être
recherchée la plupart du temps au-delà, et sans doute bien au- delà, des 10 000 exemplaires.
Citer ce document / Cite this document :
de Callataÿ François. Les taux de survie des émissions monétaires antiques médiévales et modernes. Essai de mise en
perspective et conséquences quant à la productivité des coins dans l'Antiquité. In: Revue numismatique, 6e série - Tome 155,
année 2000 pp. 87-109.
doi : 10.3406/numi.2000.2277
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_2000_num_6_155_2277DE CALLATAÝ* François
LES TAUX DE SURVIE DES ÉMISSIONS
MONÉTAIRES ANTIQUES, MÉDIÉVALES
ET MODERNES. ESSAI DE MISE
EN PERSPECTIVE ET CONSÉQUENCES
QUANT À LA PRODUCTIVITÉ
DES COINS DANS L'ANTIQUITÉ
Résumé. - Le taux de survie d'un monnayage se définit comme la proportion d'exemp
laires conservés par rapport au nombre d'exemplaire émis. L'étude diachronique d'un tel
taux, de l'Antiquité jusqu'à la période moderne, paraît se heurter à une difficulté insu
rmontable : celui d'avoir conservé, contre toute logique, un pourcentage beaucoup plus
élevé de monnaies grecques que de monnaies médiévales ou modernes. La seule possibil
ité de sortir de cette contradiction est de revoir à la hausse la productivité moyenne des
coins de droit telle que formulée anciennement pour les monnayages grecs. Cette pro
ductivité moyenne doit être recherchée la plupart du temps au-delà, et sans doute bien au-
delà, des 10 000 exemplaires.
Le taux de survie d'un monnayage se définit comme la proportion
d'exemplaires conservés par rapport au nombre d'exemplaires émis. Sa
définition suppose donc de connaître deux paramètres : le nombre de
monnaies mises en circulation d'une part et le nombre de monnaies par
venues jusqu'à nous de l'autre. La connaissance de chacun de ces deux
paramètres se heurte, en pratique et la plupart du temps, à des difficultés
insurmontables. En particulier, les monnaies antiques, grecques et ro
maines, n'offrent aucun moyen de parvenir à une connaissance précise
d'un tel taux de survie. D'autant qu'il peut paraître arbitraire de général
iser à partir d'un cas isolé. Le taux de survie dépend en effet de bien des
facteurs : l'émission monétaire a-t-elle circulé longtemps ou a-t-elle fait
* Directeur du Cabinet des Médailles, Bibliothèque royale de Belgique, boulevard de
l'Empereur, 4, B-1000 Bruxelles.
Revue numismatique, 2000, p. 87-109 FRANÇOIS DE CALLATAÝ 88
l'objet d'un décri rapide et efficace ? A-t-on cherché à la collectionner ? l
S'agit-il d'une véritable émission mise en circulation ou d'une product
ion de prestige distribuée à quelques privilégiés ? 2 etc. Ainsi est-il de
règle que le taux de survie soit proportionnel à la rareté de l'émission.
Plus une pièce semblera précieuse parce que émise en petit nombre ou de
valeur élevée, plus elle sera thésaurisée3.
Ces raisons expliquent pourquoi le concept de taux de survie n'a été
abordé qu'exceptionnellement dans la littérature spécialisée et qu'il n'a
jamais fait l'objet d'une tentative de mise en perspective sur le long
terme. C'est le but de cette recherche. On verra que les résultats de cette
dernière ne sont pas sans conséquence pour un des problèmes majeurs qui
se posent aujourd'hui aux spécialistes des monnaies antiques ainsi qu'aux
historiens de l'économie.
Grèce et Rome
Même s'ils sont très peu nombreux, quelques auteurs ont néanmoins
abordé la question du taux de survie pour les monnayages grecs et ro
mains. Ils l'ont fait à partir de points de vue très différents. Je commenc
erai par évoquer leurs travaux dans l'ordre chronologique d'apparition.
Décadrachmes de Kimôn à Syracuse (c. 405-400)
En 1941, J. H. Jongkees, étudiant les décadrachmes de Kimôn à
Syracuse (c. 405-400), note la présence de nombreuses fractures qui ren
dent improbable, selon lui, l'utilisation prolongée de ces coins. Il ajoute :
"the die gets a heavy hammer-blow three or four times every time when
a coin is struck, and this happens while probably some sixty specimens
are struck per hour. We would fix the output of an upper (reverse-) die at
с 3.000 specimens, of which about 10 pieces on an average have been
1. T.V. Buttrey s'est ainsi ému de la disparition massive des Quarters émis en 1991 pour com
mémorer le Bicentenaire des Etats-Unis. Il estime à 750 millions le nombre de pièces thésaurisées
par le public (Where Are AU the Bicentennial Quarters, dans Numismatist, 109 (7), juil. 1996, p.
825-7 et 859-60).
2. Ne sont donc pas considérés ici les piéforts, enseignes et autres "schenkpenningen" dont le
taux de survie est naturellement beaucoup plus élevé que celui d'une émission monétaire. Voir
e. g. A. Van Keymeulen, Les ducatons d'or de Charles II (1665-1700), CENB, 15 (1), jan.-mars
1978, p. 6-13 (3 conservés sur 16 pour ceux de 1687).
3 . Le constat est banal et ne devrait pas amener à s ' en émouvoir. Voir W. W. White, An Analysis
of Carson City Mint State Populations as a Function of Mintage, Gobrecht Journal, 18 (53),
mars 1992, p. 23-4 et D.J. Locker, An Analysis of Mint-State Carson City Coins, Numismatist,
105 (9), sept. 1992, p. 1250-6 et 1334-5 (comptes rendus de M. Hodder dans NL 128, 539 et
NL 129, 463).
RN 2000, p. 87-109 LES TAUX DE SURVIE DES ÉMISSIONS MONÉTAIRES ANTIQUES 89
collected here. The original output of the dekadrachms of this group
would then have amounted to from с 30.000 to 40.000 pieces, and the
number of preserved coins would represent from about 0,3 to 0,5 % of
these, which is no doubt a high percentage '4. A l'en croire — et pour une
productivité moyenne de 3 000 exemplaires par coin de revers -, on au
rait ainsi conservé pas moins d'un exemplaire sur 300 (3 000/10), taux
élevé qui le surprend. Il est, à ma connaissance, le premier qui se soit ri
squé à une telle estimation.
Statères de la Ligue amphictionique de Delphes (c. 336-4)
En 1950, E. J. P. Raven publie un article fameux sur le cas exception
nel des statères de la Ligue amphictionique de Delphes5, seul cas de mon
nayage grec pour lequel l'épigraphie nous permette de connaître (en réal
ité d'estimer avec une fourchette comprise entre 125 et 175 talents) la
masse métallique mise en oeuvre. Il consacre quelques pages à discuter
du "Survival Rate" (p. 11-3). Ses calculs l'amènent à estimer le taux de
survie pour les statères compris entre 1 pour 7 310 ex. et 1 pour 12 000
ex. (il obtenait des taux inférieurs encore pour les fractions). Il croyait
utile d'ajouter : "To many readers the most surprising point about these
rates will be that they are so low. Previous estimates of Greek survival have usually been in the region of 1 in 5,000, and that figure may
not be far from the average for all Greek coins" (p. 12). P. Kinns a plus
récemment repris l'étude de Raven, ce qui Га amené à préciser les idées6.
Les chiffres sur lesquels il faut faire reposer le raisonement sont désor
mais les suivants : on connaît 7 coins de droit pour 26 statères de la Ligue
amphictionique (indice n/d = 3,7). Comme il est d'autre part permis d'es
timer entre 125 et 175 talents la masse d'argent monnayée (soit entre 262
500 et 367 500 statères, à 2 100 statères

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