Les travailleurs sans papiers aux Etats-Unis - article ; n°1 ; vol.1, pg 123-142
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Revue européenne de migrations internationales - Année 1985 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 123-142
Undocumented workers in U.S.A.
Two factors account for the size and magnitude of undocumented worker migration to the United States :
I - The existence of significant contradictions in the complex legal immigration system :
The demand for immigrant visas far exceeds the legal limits : a waiting list of over 700,000 persons now exists. In addition, the U.S. labor market is in large part closed to legal immigrants because of « Schedule B », a list of 49 occupations for which certification is prohibited by the Department of Labor.
As a result, persons intent on emigrating and working in the United States devise methods to circumvent the process. A clear premium is placed on entering the United States by means other than the legal channels : e.g. as an international visitor with a tourist visa (visa abusers) or by illegaly crossing the border (illegal entrants).
II - The marked preference on the part of employers for the employment of illegal aliens :
Although it is against the law to enter and remain illegaly, it is not unlawful - according to the Immigration and Naturalization Act -for an employer to hire an undocumented worker. The Farm Labor Contractor Registration Act requires a former to determine the status of workers before hiring them. In 11 states, it is a felony to knowingly hire an illegal alien. These statutes have not been enforced for primarily economic reasons. According to the theory outlined in this paper, the economic incentives for the employer who may as a result obtain labor at low wages and at non-regular time periods (e.g. for night shifts, on weekends or for harvest peak season) far outweigh the only penalty, i.e. voluntary departure or deportation of the alien.
The current policy proposals, which seek to control immigration on the supply side (through civil penalties against employers who knowingly hire undocumented workers), will probably not be much more effective than the decade-old regulations enacted at state level ten years ago. Enforcement would require a greatly expanded I.N.S. budget and the commitment to build effective deterrent capabilities. Neither is likely.
Undocumented workers want jobs. Employers want cheap and readily available labor. If nothing has yet been done in order to create a real economic penalty against employers, it is because the current situation is one in which economic benefits (for both parties) surmount political considerations. The chief contribution of the proposed legislation would therefore be a symbolic achievement : to re-legitimize the image of state control and dominance over the field of immigration - one of the main attributes of a sovereign nation - state.
Les travailleurs sans papiers aux USA
Deux facteurs expliquent l'ampleur du mouvement migratoire des travailleurs sans papiers :
I - L'existence de contradictions significatives dans le système complexe de l'immigration légale :
La demande de visas d'immigration dépasse de beaucoup les limites fixées par la loi : il existe à l'heure actuelle une liste d'attente de 700.000 personnes. En outre, le marché américain est fermé en grande partie aux immigrants légaux à cause du « Plan B », une liste de 49 emplois pour lesquels la délivrance d'un certificat est interdite par le Ministère du Travail.
En conséquence, les personnes soucieuses d'émigrer et de travailler aux U.S.A. inventent des manières de contourner la loi : par exemple, en utilisant un visa de tourisme international, ou en traversant la frontière de façon illégale.
II - Préférence marquée des employeurs pour les travailleurs étrangers illégaux :
Bien qu'entrer dans un pays et y demeurer de façon illégale constitue une infraction, la législation ne considère pas comme un délit le fait qu'un employeur recrute un travailleur sans papiers. Bien qu'un fermier soit censé connaître le statut des travailleurs qu'il emploie (dans onze états, employer un travailleur étranger illégal est considéré comme un forfait), la loi n'est pas appliquée pour des raisons essentiellement économiques. Nous montrons dans cet article que la stimulation économique l'emporte de beaucoup aux yeux des employeurs sur les sanctions éventuelles, qui se limitent au départ volontaire ou à l'expulsion des étrangers.
Les propositions récentes ont peu de chances d'être plus efficaces que les mesures fédérales prises il y a une dizaine d'années. Appliquer la loi exigerait un budget et une force de dissuasion qu'on ne peut envisager avec réalisme.
Les travailleurs sans papiers ont besoin de travailler. Les employeurs ont besoin d'une main-d'œuvre bon marché, immédiatement disponible. Dans l'état actuel des choses, tout projet de loi est appelé à demeurer symbolique.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Marie Dinand
Les travailleurs sans papiers aux Etats-Unis
In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 1 N°1. Septembre. pp. 123-142.
Citer ce document / Cite this document :
Dinand Jean-Marie. Les travailleurs sans papiers aux Etats-Unis. In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 1
N°1. Septembre. pp. 123-142.
doi : 10.3406/remi.1985.969
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_1985_num_1_1_969Abstract
Undocumented workers in U.S.A.
Two factors account for the size and magnitude of undocumented worker migration to the United States
:
I - The existence of significant contradictions in the complex legal immigration system :
The demand for immigrant visas far exceeds the legal limits : a waiting list of over 700,000 persons now
exists. In addition, the U.S. labor market is in large part closed to legal immigrants because of «
Schedule B », a list of 49 occupations for which certification is prohibited by the Department of Labor.
As a result, persons intent on emigrating and working in the United States devise methods to
circumvent the process. A clear premium is placed on entering the States by means other than
the legal channels : e.g. as an international visitor with a tourist visa (visa abusers) or by illegaly
crossing the border (illegal entrants).
II - The marked preference on the part of employers for the employment of illegal aliens :
Although it is against the law to enter and remain illegaly, it is not unlawful - according to the
Immigration and Naturalization Act -for an employer to hire an undocumented worker. The Farm Labor
Contractor Registration Act requires a former to determine the status of workers before hiring them. In
11 states, it is a felony to knowingly hire an illegal alien. These statutes have not been enforced for
primarily economic reasons. According to the theory outlined in this paper, the economic incentives for
the employer who may as a result obtain labor at low wages and at non-regular time periods (e.g. for
night shifts, on weekends or for harvest peak season) far outweigh the only penalty, i.e. voluntary
departure or deportation of the alien.
The current policy proposals, which seek to control immigration on the supply side (through civil
penalties against employers who knowingly hire undocumented workers), will probably not be much
more effective than the decade-old regulations enacted at state level ten years ago. Enforcement would
require a greatly expanded I.N.S. budget and the commitment to build effective deterrent capabilities.
Neither is likely.
Undocumented workers want jobs. Employers want cheap and readily available labor. If nothing has yet
been done in order to create a real economic penalty against employers, it is because the current
situation is one in which economic benefits (for both parties) surmount political considerations. The chief
contribution of the proposed legislation would therefore be a symbolic achievement : to re-legitimize the
image of state control and dominance over the field of immigration - one of the main attributes of a
sovereign nation - state.
Résumé
Les travailleurs sans papiers aux USA
Deux facteurs expliquent l'ampleur du mouvement migratoire des travailleurs sans papiers :
I - L'existence de contradictions significatives dans le système complexe de l'immigration légale :
La demande de visas d'immigration dépasse de beaucoup les limites fixées par la loi : il existe à l'heure
actuelle une liste d'attente de 700.000 personnes. En outre, le marché américain est fermé en grande
partie aux immigrants légaux à cause du « Plan B », une liste de 49 emplois pour lesquels la délivrance
d'un certificat est interdite par le Ministère du Travail.
En conséquence, les personnes soucieuses d'émigrer et de travailler aux U.S.A. inventent des
manières de contourner la loi : par exemple, en utilisant un visa de tourisme international, ou en
traversant la frontière de façon illégale.
II - Préférence marquée des employeurs pour les travailleurs étrangers illégaux :
Bien qu'entrer dans un pays et y demeurer de façon illégale constitue une infraction, la législation ne
considère pas comme un délit le fait qu'un employeur recrute un travailleur sans papiers. Bien qu'un
fermier soit censé connaître le statut des travailleurs qu'il emploie (dans onze états, employer un
travailleur étranger illégal est considéré comme un forfait), la loi n'est pas appliquée pour des raisons
essentiellement économiques. Nous montrons dans cet article que la stimulation économique l'emporte
de beaucoup aux yeux des employeurs sur les sanctions éventuelles, qui se limitent au départ
volontaire ou à l'expulsion des étrangers.
Les propositions récentes ont peu de chances d'être plus efficaces que les mesures fédérales prises il y
a une dizaine d'années. Appliquer la loi exigerait un budget et une force de dissuasion qu'on ne peutenvisager avec réalisme.
Les travailleurs sans papiers ont besoin de travailler. Les employeurs ont besoin d'une main-d'œuvre
bon marché, immédiatement disponible. Dans l'état actuel des choses, tout projet de loi est appelé à
demeurer symbolique.Revue Européenne
des Migrations Internationales
Volume 1 - N° 1
Septembre 1985
Les travailleurs sans papiers
aux Etats-Unis
Jean-Marie DINAND
Les débats parlementaires sur le projet de loi Simpson-Maz-
zoli (1981-1984) ainsi que les discussions autour du Simpson (1985) aux
Etats-Unis ont clairement montré les intérêts considérables qui s'attachent à l'immi
gration clandestine. Alors que le discours français sur la clandestinité est moralisat
eur, le débat américain porte sur tous les aspects de l'immigration illégale et c'est
bien ce qui rend l'entreprise de réforme de la loi sur si difficile puis
qu'elle se heurte à une coalition de groupes d'intérêts particulièrement disparate : ces
alliés insolites (« strange bedfellows ») sont essentiellement au nombre de trois :
employeurs effrayés par la perspective de sanctions, Hispaniques qui craignent
l'amalgame rapidement effectué entre migrants illégaux et personnes au teint brun,
« libéraux » opposés aux contrôles d'identité.
En définitive, le seul lobby rigoureusement en faveur du projet Simpson-Maz-
zoli recrute parmi les brillants attorneys du Département de la Justice et les cadres
supérieurs du Service d'Immigration. Ces partisans de la fermeture des flux migrat
oires irréguliers ont étudié les migrations vers le Vieux Continent. Avec une admirab
le constance, ils ont essayé d'acclimater pénalisation de l'employeur et répression de
la clandestinité dans un espace migratoire différent, mais ils ont par trop négligé
l'importance de l'immigration comme mythe fondateur. L'immigration se trouve
bien au cœur du rêve américain, est venu fort opportunément le rappeler le
film « El Norte ».
En chiffres absolus, les Etats-Unis sont actuellement le pays où l'on trouve le
plus vaste groupe d'étrangers actifs en situation irrégulière. L'examen critique des
évaluations les plus récentes nous permet d'estimer que leur nombre, compris entre
4 et 5 millions, a tendance à croître au fur et à mesure de la reprise de l'économie
américaine.
Si l'immigration illégale de main-d'œuvre a pu se développer dans de telles
proportions aux Etats-Unis, c'est vraisemblablement grâce à la convergence de deux
préférences : J.-M Dinand
— d'une part, la préférence des migrants pour la migration clandestine plutôt
que pour les canaux d'accès légaux au marché du travail,
— d'autre part, la des chefs d'entreprise pour l'emploi de travailleurs
en situation irrégulière du fait des multiples avantages qu'ils en retirent.
Il n'existe pas de symétrie parfaite entre ces deux notions. En effet, le migrant se
trouve contraint dans des lisières plus étroites que l'employeur qui, de son côté
choisit d'utiliser un espace de flexibilité ouvert par la carence de l'« Immigration
Act » de 1952. Toutefois, migrants comme employeurs, tous profitent des trous
béants de la législation américaine qui refuse décidément d'envisager la question sous
l'angle sécuritaire qui est le nôtre en France : il n'y a pas, Outre-Atlantique, de
contrôle de la mobilité interprofessionnelle ; il n'y existe pas non plus de carte
nationale d'identité.
Il apparaît dès lors que politique migratoire et préférence pour le salarié clandest
in fondent un système en équilibre

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