Les travaux de secours en 1790 et 1791 dans le département des Côtes-du-Nord - article ; n°2 ; vol.25, pg 254-278
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Les travaux de secours en 1790 et 1791 dans le département des Côtes-du-Nord - article ; n°2 ; vol.25, pg 254-278

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Annales de Bretagne - Année 1909 - Volume 25 - Numéro 2 - Pages 254-278
25 pages

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Publié le 01 janvier 1909
Nombre de lectures 12
Langue Français
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Extrait

Léon Dubreuil
Les travaux de secours en 1790 et 1791 dans le département
des Côtes-du-Nord
In: Annales de Bretagne. Tome 25, numéro 2, 1909. pp. 254-278.
Citer ce document / Cite this document :
Dubreuil Léon. Les travaux de secours en 1790 et 1791 dans le département des Côtes-du-Nord. In: Annales de Bretagne.
Tome 25, numéro 2, 1909. pp. 254-278.
doi : 10.3406/abpo.1909.1326
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1909_num_25_2_1326LÉON DUBREUIL
LES TRAVAUX DE SECOURS EN 1790 ET 1791
Dans le département des Côtes-du-Nord
Si la misère avait toujours été grande en Bretagne, elle
était devenue particulièrement âpre au début de la Révol
ution. Les causes en sont aujourd'hui trop connues pour
que nous y insistions. Les établissements hospitaliers
voyaient leurs ressources disparaître; la charité privée
s'était presque complètement tarie. Le souci de la mendicité
et du vagabondage venait s'ajouter aux autres multiples
soucis des administrations, incapables de porter remède à
tout mal. La population des campagnes était plus misérable
qu'elle ne l'avait été depuis bien longtemps. Le département
était sans cesse traversé par les mendiants chassés de Paris,
auxquels l'on devait payer trois sous par lieue. La sécurité
publique se trouvait par suite compromise*, et lorsque plus
tard se produira le mouvement de la chouannerie, les dépré
dations, les vols, les assassinats seront commis presque tou
jours par ces bandes de gens sans aveu, qui souvent ont
formé exclusivement les troupes des chefs redoutés, Sans-
Quartier ou Justice.
L'Assemblée nationale s'était montrée émue de cette recru
descence de misère qui désolait la France, et par deux fois,
en juin et en décembre, elle vota des fonds pour venir en
aide aux malheureux, leur fournir du travail et détruire
autant que possible la mendicité. La détresse du trésor
public ne lui permit pas de faire en ce sens tout ce qu'elle
aurait souhaité, et les assemblées qui la suivirent le purent
encore beaucoup moins qu'elle. LES TRAVAUX DE SECOURS EN 1790 ET 1791 255
Le département des Côtes-du-Nord reçut donc deux fois
des secours pour ses malheureux : la première fois
30.000 livres, la seconde fois 80.000. Montrer comment ces
subsides furent employés pour répondre au vœu' de l'Assemb
lée, à quelles idées les administrateurs obéirent en faisant
exécuter de préférence -certains travaux, quelles difficultés
ils rencontrèrent, enfin quels résultats ils obtinrent, tel sera
le but de ce travail.
C'est en conséquence des lettres patentes du 13 juin 1790
sur un décret de l'Assemblée du 30 mai que les premières
30.000 1. furent accordées au département pour le soulage
ment de ses pauvres. Les membres du Directoire ne se
pressèrent pas de réclamer ces secours, car, à la belle saison,
dans un département presque essentiellement agricole et
maritime, la misère se fait moins sentir. Elle attendit au
26 décembre 1790 avant d'en écrire au contrôleur général
des finances Delessart.
<( II falloir Monsieur, disaient-ils, pour seconder les vues bienfai
santes du roi citoyen, il falloit des ministres patriotes. Le Dieu tuté-
laire de l'Empire l'en a pourvu. Le précieux soin de maintenir la
constitution est confié à ses vrais amis ; l'attente des François ne
sera plus trompée. Mais, Monsieur, il est encore des obstacles à
surmonter. Celui qui nous paroît dans notre Département le plus
pressant à vaincre, c'est la misère. Nous supprimons ici le tableau
effrayant d) que nous pourrions vous en faire, parce qu'il affligerait
le cœur paternel de Sa Majesté. Elle nous a autorisé dans les ins
tructions qu'elle nous a fait adresser le 20 août dernier à lui demander
une somme de 30.000 livres que sa bienfaisance destinoit au soul
agement des pauvres de notre département. Si nous avons différé
d'en faire la demande jusqu'à ce moment, ce n'a été que par égard
à la détresse du trésor public et parce que les travaux de la campagne
étoient encore ouverts. Nous nous empresserons de répartir entre
nos municipalités les bienfaits du Roi. Ces fonds que Sa Majesté nous
(1) Et c'est dommage. Ce tableau n'eût pas manqué d'être très suggestif.
5 LES TRAVAUX DE SECOURS EN 1790 ET 1791 256
a accordés serviront aux premiers établissemens de charité que le
Conseil général a arrêté de former dans chaque paroisse d), en
attendant la loi promise sur la mendicité... (2) ».
En même temps on pressait le retour des états que le
Comité de Mendicité avait envoyé àiremplir et que n'avaient
pas encore réexpédiés les districts de Saint-Brieuc, Lamballe,
Loudéac et Rostrenen.
<( . . . Ils nous sont absolument nécessaires pour faire la distribution
des sommes que l'Assemblée nationale a aceordées pour les travaux
publics qui vont être ouverts incessamment. .. (3) »•.
Bientôt enfin l'on allait apprendre une heureuse nouvelle.
L'Assemblée nationale, par un décret du 16 décembre,
accordait, pour être répartie entre les 83 départements
français, une somme de 15 millions de livres sur les fonds
du trésor public, destinée à « subvenir aux dépenses de tr
avaux de secours qui y seront établis... » Chaque département
recevrait d'abord 80.000 1. : 40 en janvier, 20 en février et
20 en mars. L'article 3 spécifiait que toute latitude était
laissée sur les travaux à accomplir, et l'article 4 que ces
travaux devaient commencer immédiatement.
C'est le 5 janvier 1791 que le département recevait ce
décret par l'intermédiaire du Comité de Mendicité de l'A
ssemblée nationale. Il se hâta d'en aviser les districts. Son
opinion était alors de répartir ces 80.000 1. entre les districts
au prorata de leur population : 40.000 1. pour les réparations
les plus urgentes à apporter aux chemins vicinaux les plus
utiles de chaque canton, « et ces autres 40.000 L, nous les
destinerions volontiers à la filature et fabrique de toile ». Si
les districts estimaient qu'on pût en faire un meilleur
emploi, le département leur demandait de le lui indiquer le
plus promptement possible.
(1) Ce projet était beaucoup trop vaste pour être réalisable. On n'essaya
même pas d'y donner la moindre suite.
(2) Arch. dép. des C.-du-N. (Corr. relative au départ, de la Guerre),
1 L 7.1, f. 26.
(3) 1 L 7.1, f. 44. LE DÉPARTEMENT DES CÔTES-DU-NOBD. 257 DANS
« Quant à la répartition définitive qui se fera entre les départemens,
d'après leurs mémoires respectifs, des 8.360.000 restant, ajoutait-il,
nous avons lieu d'espérer que ce département y aura bonne part.
Si on consulte et le nombre des classes indigentes et laborieuses, et
l'utilité publique, et l'intérêt général que nous garantissons pouvoir
en retirer, dessèchemens, défrichemens, corderies, filatures, fabrique
de toile à voile, fabrique de toile, tanneries, fabrique d'étoffe de
Ste Croix et autres, bergeries, curemens de port de mer, construction
de ponts, ponceaux et quays, on ne sauroit être embarrassé que du
choix. Veuillez cependant, MM. s'il nous est échappé quelque objet
d'utilité que la localité <fo votre, district pourrait présenter, veuillez
nous le rappeler, etc.. d) ».
Enfin, comme l'on n'avait pas encore reçu de réponse à
la lettre du 26 décembre, le 11 janvier l'on écrivait à nouveau
à Delessart pour obtenir le premier secours de 30.000 I.
(( Nous ne saurions croire, Monsieur, qu'en différant par des consi
dérations de bien public de presser le délivrement du secours qui
nous étoit promis et sur lequel nous avons toujours compté, nous
puissions en être privés. Sa destination est pieuse et sacrée ; chaque
canton de notre Département nous montre des vieillards et des
infirmes à soulager, des laboureurs et des artisans tellement chargés
d'enfants en bas-âge qus le prix du travail le plus opiniâtre ne peut
frayer à leur subsistance... (2) ».
Ces craintes étaient heureusement vaines. Par une lettre
du 6 janvier qui ne parvint que le 12, le contrôl

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