Les trois mentions plus anciennes du couple « Roland et Olivier » - article ; n°3 ; vol.30, pg 657-675
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Revue belge de philologie et d'histoire - Année 1952 - Volume 30 - Numéro 3 - Pages 657-675
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Aebischer
Les trois mentions plus anciennes du couple « Roland et Olivier
»
In: Revue belge de philologie et d'histoire. Tome 30 fasc. 3-4, 1952. pp. 657-675.
Citer ce document / Cite this document :
Aebischer Paul. Les trois mentions plus anciennes du couple « Roland et Olivier ». In: Revue belge de philologie et d'histoire.
Tome 30 fasc. 3-4, 1952. pp. 657-675.
doi : 10.3406/rbph.1952.2141
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rbph_0035-0818_1952_num_30_3_2141TROIS MENTIONS PLUS ANCIENNES DU LES
COUPLE « ROLAND ET OLTVIER »
C'est à M. F. Lot que les études rolandiennes sont redevables,
non seulement d'avoir, le premier, attiré l'attention sur le
fait que deux frères s'appellent Roland et Olivier, dans la
charte de consécration de l'église de Saint-Pé-de-Générès (Htes
Pyrénées) datant de 1096 (x), mais surtout d'avoir insisté sur
l'importance qu'avait cette découverte pour l'histoire litté
raire. En effet, si quelques années auparavant déjà Boisson-
nade avait utilisé cette mention, qui montrait combien étaient
populaires nos deux prénoms à cette époque (2) il n'en avait tiré
aucune conclusion quant à la vitalité de la légende même de
Roland et d'Olivier. M. Lot, au contraire, et très justement,
remarqua qu'« il est trop évident que les parents de ces deux
seigneurs béarnais ont dénommé un de leurs fils Olivier et
l'autre Roland, à cause de la célébrité des deux « compains ».
Et, comme ces personnages sont adultes lors de la cérémonie
de 1096, leur naissance ne peut se placer, au plus tard, que.
quinze ou vingt ans auparavant. Vers 1080, vers 1075, la
Chanson de Roland était connue en Béarn ».
Peu après, les découvertes analogues se multiplièrent. Vint
tout d'abord M. Fawtier qui, mettant à profit une mention
relevée par Atkinson Jenkins dans une charte angevine datant
de 1082-1106, mention dans laquelle le savant américain n'avait
(1) F. Lot, Les légendes épiques françaises. V. La Chanson de Roland.
A propos d'un livre récent, Romania, t. LIV (1928), p. 372. La charte en
question est reproduite aux pp. 379-380.
(2) P. Boissonnade, Du nouveau sur la chanson de Roland, Paris 1923,
pp. 318 (Rodlan) et 336 (Oliver).
R. B. Ph. et H. — XXX. — 42. 658 P. AEBISCHER (2)
vu lui aussi qu'une preuve de la popularité du nom d'Olivier (*)
— alors qu'elle avait trait aux deux frères « Oliverius atque
Rolandus (2) » — , en conclut à son tour qu'en cette seconde
moitié du xne siècle « la Chanson de Roland était assez popul
aire dans la région angevine pour qu'une mère ou des par
rains lui empruntent, pour les donner à des enfants, les noms
des deux héros (3) ». Un peu plus tard, je signalai moi-même
la présence, dans une donation faite à l'église de San Pietro di
Scafati, près de Pompéi, en date de 1131, de trois frères, «/?oZ-
landus miles et Uliverius et Guilielmus de Castello Lauri (4) »,
qui étaient vraisemblablement des Normands établis dans le
royaume de Naples (5). Et, un peu plus tard encore, tirant la
conclusion nécessaire de la présence de deux frères Rollanus
et Olivier dans un document de 1055 environ relatif à Saint-
Victor de Marseille (6), M. E. Mireaux, à son tour, nota que
« la gloire des deux preux morts ensemble à Roncevaux était
assez grande à Marseille, hors des limites du royaume de Franc
e, hors du domaine de la langue française, pour dicter à des
parents le nom de leurs enfants (?) ».
Tout récemment enfin, Mme R. Lejeune a allongé considéra
blement la liste qui précède, en relevant à Béziers en 1091 la
présence dans un acte de deux frères Olivarius et Rotlandus ;
vers 1115 à Talmont (Vendée) celle de deux frères portant ces
(1) T. Atkinson Jenkins, La Chanson de Roland, Boston, 1924, p.
LXXXVI.
(2) Cette charte a été publiée par A. Bertrand de Broussillon, Car-
tulaire de l'abbaye de Saint-Aubin d'Angers, in Documents historiques sur
l'Anjou p. p. la Société d'agriculture, sciences et arts d'Angers, t. I, Paris
1903, p. 350.
(3) R. Fawtier, La Chanson de Roland. Étude historique, Paris 1933,
pp. 74-75.
(4) D. M. Inguanez, Regesto di S. Angelo in Formis, Badia di Monte-
cassino 1925, p. 158.
(5) P. Aebischer, Un écho de la légende de Roland dans l'onomastique
napolitaine, Archivum romanicum, vol. XX (1936), pp. 285-288.
(6) B. Guérard, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille,
t. I, Paris 1857, pp. 510-511, n° 515.
(7) É. Mireaux, La Chanson de Roland et l'histoire de France, Paris s. d.
[1943], pp. 113-114. MENTIONS ANCIENNES DE « ROLAND ET OLIVIER » 659 (3)
mêmes noms ; à Molesmes (Côte-d'Or) celle de deux frères
eux aussi dénommés Rollanus et Oliverius ; à Saintes en 1137
de deux frères appelés Rothlandus et ; à Dinan (Côtes-
du-Nord) en 1168 de deux cousins germains, fils de deux sœurs,
portant l'un le nom d'Oliverius et l'autre de Rollandus (*).
Et surtout — cas les plus reculés dans le temps — la présence
à Lérins (Alpes-Maritimes) dans une charte de 1026-1069 d'un
Rollanus et d'un Oliverius (2), « fils ou parents du donataire
semble-t-il, car ils garantissent le legs » ; celle enfin à Brioude
(Haute-Loire), entre 1011 et 1031, dans une donation faite
par l'abbé Evrardus à l'église de Saint-Julien (3), de « trois
témoins, qui ne sont pas autrement qualifiés, mais qui, selon
toute vraisemblance, doivent être ses héritiers : Bonpar, Oli
verius, Rodlandus » (4).
« Ce qui paraît... caractéristique, continue Mme Lejeune, dans
cet acte, comme dans l'acte précédent, comme dans tous les
autres qu'on a examinés, c'est que les noms de Roland et d'Oli
vier apparaissent, toujours, liés. Des frères se prénomment
ainsi, ou des cousins germains. Visiblement, un nom appelle
l'autre (5) ». Si intéressantes que soient ces deux dernières
mentions, de par leur ancienneté même, elles se différencient
cependant des précédentes par un trait fort net : dans tous
les documents, exception faite de celui de Lérins et de celui
de Brioude, les individus dénommés Olivier et Roland sont,
certainement, des frères ou, une fois, des cousins germains.
Dans nos deux textes de Brioude et de Lérins, rien au contraire
dans la teneur des chartes ne nous autorise à faire de nos deux
personnages des frères, des cousins ou des parents. Comme
ce pourrait être là malgré tout les témoignages les plus re-
• (1) R. Lejeune, La naissance du couple littéraire « Roland et Olivier »,
in Mélanges Henri Grégoire, II, Annuaire de l'Institut de Philolo
gie et d'histoire orientales et slaves, t. X (1950), p. 376.
(2) H. Moris et Éd. Blanc, Cartulaire de l'abbaye de Lérins, t. I, Paris,
1883, p. 70.
(3) Cartulaire de Saint-Julien de Brioude, p. p. H. Doniol, Clermont-
Ferrand et Paris 1863, pp. 366-367, n° 300.
(4) R. Lejeune, art. cit., p. 377.
(5) R. art. cit., pp. 377-378. 660 P. AEBISCHER (4)
culés que nous ayons concernant l'existence du couple qui
nous intéresse, il vaut la peine d'examiner plus en détail les
textes dans lesquels ils figurent, afin de voir, si possible, quels
sont les rapports de parenté existant entre eux, s'il est bien
vrai qu'ils sont parents. Car s'ils ne l'étaient pas, rien alors
ne nous autoriserait plus à voir dans cette présence, aussi
simultanée qu'elle soit, une preuve de la connaissance qu'on
avait à cette époque, non point de la chanson de Roland, mais
même simplement d'une légende d'Olivier et de Roland (*),
comme l'a très bien vu L. Michel (2). Coïncidence des deux
noms qui, dans ce cas, pourrait n'être qu'un effet du hasard.
Examinons donc, avec tous les moyens dont dispose la cr
itique, d'abord le cas de Brioude, puis celui de Lérins, qui nous
amènera à traiter aussi du cas de Marseille, ainsi que
le verrons.
* *
En ce qui concerne le couple Olivier- Roland qui a été trou
vé dans le Cartulaire de Brioude publié jadis par H. Doniol,
je n'ai malheureusement pas grand chose à dire. La charte
qui mentionne ces deux noms relate une donation faite par
l'abbé Evrardus à son église, Saint-Julien de Brioude, d'un

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