Les trois premières grammaires catégorielles - article ; n°148 ; vol.36, pg 51-66
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Description

Langages - Année 2002 - Volume 36 - Numéro 148 - Pages 51-66
Through a historical comparison of the first categorial models (Ajdukiewicz 1935, Bar-Hillel 1953 and Lambek 1958), this paper traces the evolution of the notion of category (or type) and analyses the different kinds of rules which govern these grammars. Finally, it considers the changes induced by the syntactic rules on structure representation.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Béatrice Godart-Wendling
Les trois premières grammaires catégorielles
In: Langages, 36e année, n°148, 2002. pp. 51-66.
Abstract
Through a historical comparison of the first categorial models (Ajdukiewicz 1935, Bar-Hillel 1953 and Lambek 1958), this paper
traces the evolution of the notion of category (or type) and analyses the different kinds of rules which govern these grammars.
Finally, it considers the changes induced by the syntactic rules on structure representation.
Citer ce document / Cite this document :
Godart-Wendling Béatrice. Les trois premières grammaires catégorielles. In: Langages, 36e année, n°148, 2002. pp. 51-66.
doi : 10.3406/lgge.2002.2422
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_2002_num_36_148_2422Béatrice Godart-Wendling
Université Paris VII
Laboratoire d'histoire des théories linguistiques
godart@ccr.jussieu .fr
LES TROIS PREMIERES GRAMMAIRES
CATÉGORIELLES
De l'élaboration de la théorie des catégories sémantiques de S. Lesniewski
(1922) à la parution des différentes versions de la grammaire universelle de
R. Montague (1970, 1973), l'approche catégorielle ne compte à son actif que trois
« grammaires » - à savoir la syntaxe unidirectionnelle de K. Ajdukiewicz (1935), la
grammaire bidirectionnelle de Y. Bar-Hillel (1953) et le calcul syntaxique de
J. Lambek dans ses versions associatives (1958, 1959) et non associative (1961) -
qui ont pour particularité de constituer des développements successifs d'un même
modèle mathématique alliant la technique de la multiplication arithmétique des
fractions à la décomposition fregéenne de la phrase en termes de « fonction » et
d'« arguments ».
Une analyse comparative de ces trois premières syntaxes catégorielles conduit
cependant à constater une complexification de ce système mathématique sous-
jacent due à une volonté de respecter l'ordre de surface des phrases du langage
naturel et de représenter une plus grande variété de faits empiriques. Le passage
de la notion de « catégorie » à celle de « type » dans le calcul syntaxique de
Lambek s'accompagne en effet de profondes modifications résultant de la possibil
ité offerte par ce calcul de conceptualiser le type comme une « famille de types
équivalents » reliés entre eux grâce aux règles du calcul. Ainsi, si la syntaxe
d'Ajdukiewicz repose sur des catégories sémantiques dont le contenu est déte
rminé intuitivement et où l'ordre des mots est reflété par l'agencement des argu
ments dans les catégories de foncteur, la grammaire de Bar-Hillel modifie cette
représentation de la notion de catégorie en la pensant, d'une part, sous son aspect
purement syntaxique et en la définissant, d'autre part, grâce à un modèle mixte de qui allie le formalisme catégoriel et la perspective distributionnelle.
Le calcul de Lambek opère un retour vers une approche strictement
catégorielle et exploite les possibilités liées à la notion de « fonctionnalité » en
conférant à la fonction le rôle d'indiquer l'ordre des mots dans les phrases. Les
différents types mis en œuvre par le calcul ne sont, en outre, plus appréhendés
dans une perspective se limitant à la considération de leur valeur discriminatoire
respective, car les nouvelles règles définies dans cette grammaire permettent aux
types de s'adapter à leur contexte en se transformant en un autre type qui rendra
la dérivation effectuable.
51 de cette complexification du modèle mathématique initial, Participant
l'accroissement des règles exerça également une influence directe sur la façon de
concevoir la représentation de la structure des phrases. Si l'unique règle d'applica
tion gauche-droite s'avère suffisante dans la syntaxe d'Ajdukiewicz de par la
pauvreté des faits empiriques que celle-ci prend en compte1, il reste que l'asymét
rie de sa directionnalité résulte du réordonnancement de la phrase selon la nota
tion polonaise qui exclut la nécessité d'une règle procédant en sens inverse.
L'ajout de la règle d'application droite-gauche dans la grammaire de Bar-Hillel
n'est pas issu d'une volonté de pouvoir rendre compte d'une plus grande variété
de faits empiriques2, mais d'élaborer une procédure « mécanique » de déterminat
ion de la structure qui opérerait en conservant l'ordre de surface des phrases. De
fait, il revient au calcul syntaxique de Lambek d'avoir élaboré de nouvelles règles
qui permettent soit d'analyser des phénomènes linguistiques plus complexes (tels
que les différentes formes du pronom en anglais), soit d'établir les liens que les
expressions entretiennent entre elles (le rapport du nom et du pronom). Ce
faisant, le calcul de Lambek ne s'en tint pas à de simples règles de contraction,
mais posa par exemple la règle dite de montée qui permet d'opérer des change
ments de types. La possibilité théorique était alors ouverte de proposer une repré
sentation « flexible » de la structure des phrases sous la forme d'un ensemble de
dérivations non concurrentes car équivalentes.
Cet article se propose de retracer cette évolution des premières grammaires
catégorielles en analysant les changements qui furent opérés dans la conceptuali
sation même de la notion de catégorie et en explicitant les règles dont devaient
hériter les grammaires catégorielles de la fin des années quatre-vingts. Si les diff
icultés théoriques relevées par Bar-Hillel sont également mentionnées dans cet
article, cette étude historique devrait permettre de comprendre pourquoi, après
trente ans de silence, l'approche catégorielle connut une renaissance3.
1 . La notion de catégorie
Introduites dans la grammaire bidirectionnelle et dans le calcul syntaxique
comme un prolongement arithmétisé de la classique conception grammaticale en
« parties du discours », la notion de catégorie (ou de type) s'avère porteuse, de par
cette filiation, de certains problèmes qui entachèrent l'approche
1. Mise à part la possibilité, mise en évidence dans l'article de P. Joray et B. Godart-Wendling,
d'appliquer le traitement de la quantification d'Ajdukiewicz à l'étude des langues naturelles, la
syntaxe d'Ajdukiewicz ne propose effet qu'une analyse du nom, de l'article, du verbe intransitif
et de l'adverbe.
2. Cette grammaire n'accroît en effet les possibilités descriptives qu'en ajoutant l'analyse du verbe
transitif et de la conjonction « que ».
3. Nous ne prenons pas ici en compte la grammaire de Montague car son but premier n'était pas
de proposer un nouveau modèle catégoriel. De même, nous écartons les travaux de P. T. Geach
(1970) et de D. Lewis (1970), car ceux-ci proposent des modèles catégoriels mixtes qui tentent de
concilier la logique combinatoire ou la grammaire transformationnelle et l'approche catégorielle.
52 traditionnelle. L'analyse de ces difficultés, qui témoignent de la présence d'enjeux
théoriques importants, conduit cependant à mettre en évidence l'originalité et
l'intérêt d'une perspective en termes de « catégorie » en montrant que celle-ci se
démarque néanmoins de la conception en « parties du discours » en proposant,
d'une part, une représentation explicite des liens de dépendance syntaxique entre
tenus par les expressions et en rendant compte, d'autre part, des affinités qui unis
sent les différentes classes de mots4.
1.1. Catégories et parties du discours
Bien que l'article de P. Joray et B. Godart-Wendling ait montré que les catégor
ies de base de la syntaxe d'Ajdukiewicz ne correspondent pas aux parties du
discours de la grammaire traditionnelle, l'analyse du fonctionnement de la substi
tution dans cette syntaxe conduit cependant à mettre en évidence que les catégor
ies de foncteur établies par Ajdukiewicz correspondent aux classiques parties du
discours. Recourant au test de la substitution pour répartir les différentes expres
sions du langage dans diverses classes catégorielles, Ajdukiewicz, qui considère
pourtant que « la catégorie d'un mot est déterminée par sa signification » (1978
[1935] : 120), ne retient paradoxalement pas ce critère lors de l'affectation des caté
gories aux expressions, puisqu&

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