Les visions de Corentine Merlen
67 pages
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Description

L'étonnant voyage de Corentine Merlen dans l'au-delà le huitième jour du mois de décembre 1663

Informations

Publié par
Publié le 19 juillet 2013
Nombre de lectures 69
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Extrait

Pierre Yves Quémener



Les visions de
Corentine Merlen



2013



































A la mort, au jugement, à l’enfer froid, pense,
fils de l’homme, et ne te lasse pas ;
et jamais nulle part tu ne pécheras,
en mettant ton espoir dans la maison de Dieu.
(Le Mirouer de la Mort, 1575)
2







INTRODUCTION















A l’occasion de l’un de ses fréquents déplacements aux Archives Départementales des
Côtes d’Armor, Jérôme Caouen a eu le bonheur de trouver dans le fonds des archives de la
communauté des Augustines de Lannion la transcription dactylographiée d’un document
e
datant du 17 siècle et relatant les visions pour le moins singulières d’une certaine Corentine
Merlen, veuve originaire de Basse Bretagne, à qui fut donné le privilège d’effectuer, le temps
de quelques heures, un bref séjour dans l’au-delà, avant de réinvestir à son plus grand regret
son enveloppe charnelle meurtrie et douloureuse. Le récit de son périple dans l’autre monde
est naturellement d’un grand intérêt puisqu’il représente un témoignage exceptionnel de la
piété populaire en Bretagne à l’époque de la Réforme catholique.

Le texte que nous vous présentons ici n’a jamais été publié, du moins pas sous cette
forme. Nous verrons plus loin qu’il en existe une autre version, inédite également, dont le
manuscrit est conservé aux Archives de la Province de France de la Compagnie de Jésus.
Nous vous proposons donc de faire connaissance avec le récit des visions extraordinaires de
Corentine Merlen. Après avoir détaillé l’appareil traditionnel de ce genre littéraire, ses motifs
récurrents et son vocabulaire particulier, nous partirons à la découverte de l’au-delà de
Corentine : en quoi se distingue-t-il des représentations antérieures ou contemporaines ? A
travers le prisme de cet autre monde idéalisé où les méchants sont punis et les bons
récompensés, que nous dit finalement ce texte de l’univers social ordinaire de Corentine
Merlen ?
3 PREMIERE PARTIE
PRESENTATION GENERALE



Notre document se présente sous la forme de quatre feuillets dactylographiés, paginés
de 1 à 4, et, si l’on en croit la note figurant au bas de la dernière page, il s’agirait d’un texte
« extrait d’un vieux registre copié au XVIIe siècle ».

Ces feuillets appartiennent au fonds des archives du couvent des Augustines de Sainte-
Anne de Lannion déposées aux Archives Départementales des Côtes d’Armor (cote 171J4). Je
n’ai toutefois pas retrouvé le manuscrit original dans le premier registre des Annales du
1monastère (actes depuis la création du couvent jusqu’en 1715). Les documents sont classés
dans une chemise contenant de nombreuses pièces relatives aux commencements de cette
communauté fondée en 1667 par Joseph Corentin de Kermeno. Plusieurs de ces documents
sont des manuscrits originaux, parmi lesquels on peut citer :

• Une lettre patente de Louis XIV datée de décembre 1675,
• Un acte capitulaire daté du 20 décembre 1704.

Nous y trouvons également un exemplaire de la Vie de M. l’abbé de Trémaria
(Nicolas Saluden) composée par le Père Julien Maunoir et recopié par l’historien Daniel
Miorcec de Kerdanet (1792-1874) ainsi que de nombreux documents dactylographiés, dont
notamment :

• La copie d’un Recueil des choses plus particulières de la vie de la révérende
Mère Françoise Corentine de Kermeno de la Mère de Dieu, rédigé par elle-
même, sans doute avant 1667,
• La copie d’un procès-verbal relatif aux possessions de la Pallue daté du 5 août
1681,
• La copie d’une lettre rédigée par Françoise Corentine de Kermeno le 25 janvier
1684 (le manuscrit original figure également au dossier),
• Une notice sur les fondateurs de la Communauté Sainte-Anne,
• Une notice sur les trois religieuses de la famille de Kermeno, fondatrices du
monastère Sainte-Anne de Lannion au XVIIe siècle,
• Une notice particulière sur Mère Françoise Corentine de Kermeno (1627-
1684) comportant quelques annotations manuscrites dont une faisant référence
à une « enquête faite en 1988 par l’archiviste de Lannion »,
• Une notice sur Mathurin Esnault, bienfaiteur de la communauté, décédé à
Ploulech en 1709,
• Notre document sur les visions de Corentine Merlen, intitulé « Gloire à Jésus et
à Marie, et au glorieux St Joseph ».


1
Voir à ce sujet la présentation de LEON DUBREUIL, « L’hôpital de Lannion et les Commencements du
Monastère de Sainte-Anne », Bulletins et Mémoires de la Société d’Emulation des Côtes-du-Nord, tome 85,
1956, p. 76-107 et plus particulièrement sur ces Annales la note 5, page 77.
4 Tous ces documents dactylographiés semblent avoir été tapés à partir de la même
machine à écrire, dont la typographie est caractéristique des modèles utilisés dans les années
1970-1990.




Comme nous pouvons le constater dans l’extrait ci-dessus, les fautes de frappe sont
multiples : vuve pour veuve (premier paragraphe), osrtes pour sortes, affigée pour affligée
(second paragraphe), luui pour lui (troisième paragraphe), etc. Dans notre propre
retranscription, nous avons choisi de corriger ces fautes involontaires pour une lecture plus
aisée du document.

Le récit comporte également quelques fautes d’orthographe. Ne sachant si elles sont
du fait du copiste ou si elles figuraient déjà dans le manuscrit original, elles seront ici
conservées et signalées par la mention (sic).

Il est possible que l’auteur du document dactylographié ait procédé à quelques
actualisations orthographiques, en corrigeant par exemple des formes qui ne sont plus usitées
aujourd’hui : lui pour luy, avait pour avoit, etc. Nous relevons toutefois quelques graphies
anciennes (moy, luy dirent, etc.) et certaines expressions qui laissent penser que le texte a bien
eété rédigé au 17 siècle (ex. : tu m’as trompée pour impétrer de moy que je ne me songeasse
point de t’avoir servi et adoré).

Enfin, les meilleurs garants de l’authenticité du document sont les blancs laissés à
deux reprises par le dactylographe pour des passages qu’il n’arrivait manifestement pas à
déchiffrer :

• à la page 1 : Corentine Merlen, veuve demeurant en la paroisse de St (…)
Evêché de Basse-Bretagne,
• à la page 4 : elle rentra dans son corps et (…) quand ses servantes étaient
encore endormies.

L’auteur du document original n’est pas cité dans le texte. Nous verrons plus loin qu’il
s’agit peut-être de Françoise Corentine de Kermeno, entrée à la Communauté des
5 Hospitalières de Quimper en 1644, mère supérieure du couvent de Sainte-Anne de Lannion de
1667 à 1675, puis supérieure de la communauté de Quimper de 1675 à 1684.

Les faits relatés sont quant à eux très clairement datés : le narrateur nous indique en
effet que la Vierge apparut à Corentine Merlen le 8 décembre 1663 et que ses visions
survinrent au cours de la nuit suivante. Si l’on se fie à la conclusion, l’héroïne était encore en
vie au moment de la rédaction du récit (Depuis ce temps elle est battue et meurtrie de ses
persécutions ordinaires…) et il y a tout lieu de croire que son auteur a recueilli le témoignage
de la voyante peu après l’évènement.


Le texte


Gloire à Jésus et à Marie, et au glorieux St JOSEPH

Corentine Merlen, veuve demeurant en la paroisse de St (…) Evêché de Basse-
Bretagne, ayant été depuis l'âge de 7 ans sous le protection de St CORENTIN, Apôtre de la
Cornouaille, qu'elle prit pour père, par

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