Les vivants et les morts dans les métropoles de l époque moderne - article ; n°1 ; vol.24, pg 89-107
21 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les vivants et les morts dans les métropoles de l'époque moderne - article ; n°1 ; vol.24, pg 89-107

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
21 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Histoire, économie et société - Année 2005 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 89-107
La façon dont une société s'occupe de ses cadavres peut être riche d'enseignements. Les rituels mortuaires et les pratiques funéraires révèlent et renforcent les structures sociales, et sont un mécanisme important pour assurer une continuité et une récupération sociales face à la mort. Les premières villes modernes, et particulièrement les grandes métropoles comme Londres ou Paris, ont du faire face à un défi hygiénique et pratique, qui consistait à enterrer chaque année des milliers de morts tout en s'efforçant de ménager la susceptibilité des croyances populaires. Cet article montre quelles solutions et pratiques elles ont développées, et soutient qu'il existe un rapport essentiel entre la façon dont les problèmes concernant la mort et l'enlèvement des corps étaient traités à Londres et à Paris au début de l'époque moderne, et la manière dont ces villes font face aux grandes crises et aux problèmes d'ordre et de désordre. La continuité dans les pratiques funéraires pendant la période de la Réforme semble avoir été un facteur de stabilité à Londres, et une source de conflit à Paris.
The way in which a society treats the dead bodies of its members can be richly illuminating. Death rituals and burial practices exemplify and reinforce social structures, and are an important mechanism for ensuring social continuity and recovery in the face of mortality. Early modern cities, and especially great metropolises like London and Paris, faced the hygienic and practical challenge of burying thousands of dead every year while striving to respect the sensibilities of popular belief. This paper offers evidence for the solutions and practices they developed, but argues that there is an important connection between the way in which problems relating to death and the disposal of the dead were handled in early modern London and Paris, and the way they coped with larger crises and issues of order and disorder. The continuities in burial practice through the period of Reformation seem to have made it both a factor for stability in London and a source of conflict in Paris.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Vanessa Harding
Les vivants et les morts dans les métropoles de l'époque
moderne
In: Histoire, économie et société. 2005, 24e année, n°1. pp. 89-107.
Citer ce document / Cite this document :
Harding Vanessa. Les vivants et les morts dans les métropoles de l'époque moderne. In: Histoire, économie et société. 2005,
24e année, n°1. pp. 89-107.
doi : 10.3406/hes.2005.2537
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2005_num_24_1_2537Résumé
La façon dont une société s'occupe de ses cadavres peut être riche d'enseignements. Les rituels
mortuaires et les pratiques funéraires révèlent et renforcent les structures sociales, et sont un
mécanisme important pour assurer une continuité et une récupération sociales face à la mort. Les
premières villes modernes, et particulièrement les grandes métropoles comme Londres ou Paris, ont du
faire face à un défi hygiénique et pratique, qui consistait à enterrer chaque année des milliers de morts
tout en s'efforçant de ménager la susceptibilité des croyances populaires. Cet article montre quelles
solutions et pratiques elles ont développées, et soutient qu'il existe un rapport essentiel entre la façon
dont les problèmes concernant la mort et l'enlèvement des corps étaient traités à Londres et à Paris au
début de l'époque moderne, et la manière dont ces villes font face aux grandes crises et aux problèmes
d'ordre et de désordre. La continuité dans les pratiques funéraires pendant la période de la Réforme
semble avoir été un facteur de stabilité à Londres, et une source de conflit à Paris.
Abstract
The way in which a society treats the dead bodies of its members can be richly illuminating. Death
rituals and burial practices exemplify and reinforce social structures, and are an important mechanism
for ensuring social continuity and recovery in the face of mortality. Early modern cities, and especially
great metropolises like London and Paris, faced the hygienic and practical challenge of burying
thousands of dead every year while striving to respect the sensibilities of popular belief. This paper
offers evidence for the solutions and practices they developed, but argues that there is an important
connection between the way in which problems relating to death and the disposal of the dead were
handled in early modern London and Paris, and the way they coped with larger crises and issues of
order and disorder. The continuities in burial practice through the period of Reformation seem to have
made it both a factor for stability in London and a source of conflict in Paris.Les vivants et les morts dans les métropoles
de l'époque moderne
par Vanessa HARDING
Résumé
La façon dont une société s'occupe de ses cadavres peut être riche d'enseignements. Les rituels
mortuaires et les pratiques funéraires révèlent et renforcent les structures sociales, et sont un méca
nisme important pour assurer une continuité et une récupération sociales face à la mort. Les premièr
es villes modernes, et particulièrement les grandes métropoles comme Londres ou Paris, ont du
faire face à un défi hygiénique et pratique, qui consistait à enterrer chaque année des milliers de
morts tout en s' efforçant de ménager la susceptibilité des croyances populaires. Cet article montre
quelles solutions et pratiques elles ont développées, et soutient qu'il existe un rapport essentiel entre
la façon dont les problèmes concernant la mort et l'enlèvement des corps étaient traités à Londres
et à Paris au début de l'époque moderne, et la manière dont ces villes font face aux grandes crises
et aux problèmes d'ordre et de désordre. La continuité dans les pratiques funéraires pendant la
période de la Réforme semble avoir été un facteur de stabilité à Londres, et une source de conflit à
Paris.
Abstract
The way in which a society treats the dead bodies of its members can be richly illuminating.
Death rituals and burial practices exemplify and reinforce social structures, and are an important
mechanism for ensuring social continuity and recovery in the face of mortality. Early modern cities,
and especially great metropolises like London and Paris, faced the hygienic and practical challenge
of burying thousands of dead every year while striving to respect the sensibilities of popular belief.
This paper offers evidence for the solutions and practices they developed, but argues that there is
an important connection between the way in which problems relating to death and the disposal of
the dead were handled in early modern London and Paris, and the way they coped with larger crises
and issues of order and disorder. The continuities in burial practice through the period of Reformat
ion seem to have made it both a factor for stability in London and a source of conflict in Paris.
Je suis une spécialiste de l'histoire de Londres et non de l'histoire de la mort mais
mon intérêt pour cette question a commencé après une révélation archéologique qui
m'a directement confrontée au problème de l'inhumation dans une ville de l'époque
ne 1, 2005 90 Vanessa Harding
modeme '. Elle m'a entraînée par la suite dans une enquête plus large qui cherche à
associer l'étude de la mort aux autres approches de la société et de la culture urbaines.
Un matin de 1986, j'ai donc emmené un groupe d'étudiants visiter quelques sites
archéologiques londoniens dont l'ancienne gare de Broad Street entre Liverpool Street
et Moorgate. La vue était saisissante car s'étendait devant nous une vaste étendue
boueuse bornée par les immeubles de bureau et les tours de la ville du XXe siècle. Les
couches supérieures de la terre avaient été retirées et une grande quantité de restes
humains étaient crûment exposés aux regards : crânes, os et vertèbres gisaient appa
remment dans la plus totale confusion. Si l'on observait plus attentivement, on remar
quait que les sépultures étaient tout de même plus ou moins ordonnées car les
squelettes étaient, pour la plupart, soigneusement alignés et ils étaient installés dans
des tombes individuelles orientées est-ouest. Ces tombes, cependant, se recoupaient et
se chevauchaient tant l'espace avait été densément occupé et réoccupé: en effet, le sol
avait été inlassablement réouvert pour permettre les inhumations successives et chaque
nouvelle tombe avait recoupé les restes existants sur le même emplacement. Les fos
soyeurs rencontraient alors, au mieux, des morceaux de squelettes et, au pire, des
corps en décomposition ; ils devaient les entasser sur le côté pour faire de la place aux
nouvelles sépultures de sorte que les os de dizaines d'individus se retrouvaient dans ce
petit espace. Tout le site devait vraisemblablement contenir la même densité de restes
humains. Cette rencontre directe avec une des réalités matérielles de la vie dans le
Londres de l'époque moderne- c'est-à-dire le manque d'espace pour enterrer les
morts et la manière dont on y a remédié - était à la fois choquante et intrigante.
J'ai alors entrepris des recherches sur ce site précis et, dans le même temps, j'ai
commencé à réfléchir de manière générale à la question de l'inhumation. J'ai découv
ert que ce cimetière, si densément occupé et d'une manière si désordonnée, avait été
ouvert en 1569. Il était connu des contemporains sous le nom de New Churchyard; il
avait été désaffecté vers la fin du XVIIIe siècle et le terrain avait été loti au milieu du
XIXe siècle. Le souvenir semble alors s'en être perdu même si on y a signalé la décou
verte de nombreuses couches d'os lors de la construction de la station de chemin de
fer au milieu du XIXe siècle puis du métro au début du XXe siècle.
À l'origine, il avait été prévu pour soulager les cimetières des paroisses de la Cité;
Londres a, en effet, connu une dramatique épidémie de peste en 1563 et les cimetières
paroissiaux se sont trouvés au bord de la saturation. En 1569, le maire et les échevins
de la ville décidèrent donc par précaution d'établir un nouveau cimetière «avant que la
nécessité ne le réclame» 2 ce qui était sans doute lié au projet plus vaste de réhabiliter
le cimetière de Saint-Paul, que l'on di

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents