Lettre à Mme Christine de Lorraine, Grande-Duchesse de Toscane. (Traduction de Fr. Russo) - article ; n°4 ; vol.17, pg 338-368
32 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Lettre à Mme Christine de Lorraine, Grande-Duchesse de Toscane. (Traduction de Fr. Russo) - article ; n°4 ; vol.17, pg 338-368

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
32 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1964 - Volume 17 - Numéro 4 - Pages 338-368
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

M Maurice Clavelin
Lettre à Mme Christine de Lorraine, Grande-Duchesse de
Toscane. (Traduction de Fr. Russo)
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1964, Tome 17 n°4. pp. 338-368.
Citer ce document / Cite this document :
Clavelin Maurice. Lettre à Mme Christine de Lorraine, Grande-Duchesse de Toscane. (Traduction de Fr. Russo). In: Revue
d'histoire des sciences et de leurs applications. 1964, Tome 17 n°4. pp. 338-368.
doi : 10.3406/rhs.1964.2372
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1964_num_17_4_2372338 revue d'histoire des sciences
On notera d'autre part que Galilée accorde une confiance
excessive aux preuves qu'il apporte de la validité du système de
Copernic. Mais faut-il, comme le fait Koestler, aller jusqu'à dire que
Galilée savait fort bien que ces preuves étaient peu valables ? Il
ne leur aurait prêté de solidité que parce qu'il pouvait ainsi les
soustraire aux critiques des théologiens : seule, en effet, une pro
position scientifique sûrement établie, pouvait prévaloir sur les
interprétations traditionnelles. Aussi Koestler ne voit-il dans la
Lettre à la Grande-Duchesse
que des modèles de prose didactique, des plaidoyers magnifiques pour la
liberté de penser, alternant avec les sophismes, les faux-fuyants et la
malhonnêteté pure et simple (1).
On ne peut absolument pas souscrire à une déclaration aussi
injuste et partiale. Sans doute, il y a dans la Lettre à la Grande-
Duchesse quelque présomption, et on y rencontre à la fois des
habiletés et des naïvetés (2). Mais elle n'en constitue pas moins un
document solide, équilibré, où, avec cette lucidité profonde des
très grands esprits, Galilée marque la place qu'il convient désormais
de faire à la science, sans que pour autant la valeur et la portée de
l'Écriture en doivent être affaiblies.
Ce document n'est pas seulement l'écho de querelles passagères,
ou le fruit d'un mouvement d'humeur. Par-delà les circonstances
sociales et politiques du moment, il affronte le problème de fond que
posait à la pensée religieuse l'avènement de la science moderne
C'est là ce qui en fait tout l'intérêt et toute la portée.
François Russo.
TRADUCTION
Lettre à Madame Christine de Lorraine
Grande-Duchesse de Toscane
(1615)
Galileo Galilei à Madame la Sérénissime Grande-Duchesse Mère.
J'ai découvert, il y a peu d'années, comme le sait Votre Altesse Séré
nissime, de nombreuses particularités dans le ciel, qui, jusqu'ici, étaient
invisibles ; soit en raison de leur nouveauté, soit en raison de plusieurs
(1) Les Somnambules, trad, franc., Calmann-Lévy, 1960, p. 421.
(2) Ainsi, bien naïve nous apparaît l'explication apportée à la fin de la Lettre par
Galilée du miracle de Josué, à la lumière de la théorie de Copernic, déclarée beaucoup
plus adaptée à sa compréhension que le système astronomique traditionnel. Nous trouvons
ici un concordisme dont, au nom même de ses principes, Galilée aurait dû savoir se garder. LETTRE DE GALILÉE A CHRISTINE DE LORRAINE (1615) 339
conséquences qui en découlent, ces découvertes, en venant s'opposer à
des propositions communément reçues dans les Écoles des philosophes,
ont excité contre moi un grand nombre de ses professeurs ; au point que
l'on pourrait croire que j'ai mis de ma main ces choses dans le ciel pour
troubler la nature et les sciences. Oubliant d'une certaine manière que la
multiplication des découvertes concourt au progrès de la recherche, au
développement et à l'affermissement des sciences et non pas à leur affa
iblissement ou à leur destruction, et se montrant dans le même temps
plus attachés à leurs propres opinions qu'à la vérité, ils en vinrent à pré
tendre déclarer que ces nouveautés n'existent pas, alors que, s'ils avaient
voulu les considérer avec attention, ils auraient dû conclure à leur existence.
Ils se sont alors répandus en démarches diverses et ont notamment publié
des écrits remplis de vains discours ; et, ce qui rend leur erreur plus grave,
ils y ont fait intervenir des attestations des Saintes Écritures, empruntées
à des passages qu'ils n'ont pas bien compris et qui ne correspondent pas
aux questions abordées : ils ne seraient pas tombés dans cette erreur s'ils
avaient porté attention à un texte de saint Augustin, très utile à ce sujet,
concernant l'attitude à tenir en ce qui concerne les questions obscures
et difficiles à comprendre par la voie du seul discours ; traitant de conclu
sions naturelles concernant les corps célestes, il écrit :
Pour le moment, nous contentant d'observer une pieuse réserve, nous
devons, sur ce sujet obscur, ne rien croire à la légère, dans la crainte que,
plus tard, nous ne rejetions, par amour de notre erreur, ce que la vérité pourr
ait nous découvrir qui ne serait point contraire aux saints livres de l'Ancien
et du Nouveau Testament (de Genesi ad litteram, lib. sec, cap. 18) (1).
Et il est arrivé que le temps a progressivement découvert à tous la
vérité de ce que j'avais avancé. Ceux qui sont au fait de la science astr
onomique et de la science naturelle sont demeurés persuadés de la justesse
de ma première position. Et tous ceux qui ne refusaient de reconnaître
la vérité de ce que j'affirmais qu'en raison de sa nouveauté inattendue ou du
fait qu'ils n'en avaient pas eu une expérience directe se sont peu à peu
ralliés à mon point de vue. Mais il en est qui, outre leur attachement à leur
première erreur, manifestent être mal disposés non tant vers les questions
que j'expose que vers leur auteur ; n'ayant plus la possibilité de nier une
vérité maintenant bien établie, ils la couvrent d'un continuel silence et,
irrités plus encore qu'avant par mes affirmations que les autres acceptent
maintenant sans inquiétude, ils cherchent à les combattre de diverses
manières. A ceux-ci je n'accorderais pas plus d'estime que je n'en ai
accordé aux autres contradicteurs qui se sont opposés à moi, étant assuré
que la justesse de ce que j'avance sera finalement reconnue, si je n'avais
pas vu que ces nouvelles calomnies et persécutions ne se limitent pas à la
question particulière dont j'ai traité. Elles s'étendent au point de me
charger d'accusations qui doivent être et sont pour moi plus insupport
ables que la mort. Aussi je ne dois pas me contenter de faire en sorte
(1) L'édition nationale écrit In Genesím ad literám. Nous rétablissons le titre
exact tel qu'il est libellé notamment dans le Corpus de Vienne. 340 revue d'histoire des sciences
qu'elles soient reconnues injustes par ceux-là seulement qui me connaissent
et qui les connaissent, mais aussi par toute autre personne. Ces adversaires
cherchent par tous les moyens possibles à me déconsidérer. Ils savent que
mes études d'astronomie et de philosophie m'ont conduit à affirmer, rel
ativement à la constitution du monde, que le Soleil, sans changer de place,
demeure situé au centre de la révolution des orbes célestes et que la
Terre tourne sur elle-même et se déplace autour du Soleil. De plus, ils se
rendent compte qu'une telle position non seulement infirme les arguments
de Ptolémée et d'Aristote, mais entraîne des conséquences qui permettent
d'expliquer, soit de nombreux effets naturels dont on ne savait pas rendre
compte autrement, soit des découvertes astronomiques récentes qui
contredisent radicalement le système de Ptolémée et confirment merveil
leusement celui de Copernic. Se rendant compte que, s'ils me combattent
seulement dans le domaine philosophique, ils auront de la peine à me
confondre, ils ont entrepris de donner comme bouclier à leur raisonnement
erroné le manteau d'une feinte religion et l'autorité des Saintes Écritures,
appliquant celles-ci, avec peu d'intelligence, à la réfutation d'arguments
qu'ils n'ont pas compris.
Ils en sont venus à prétendre que mes propositions sont contraires
aux Saintes Écritures et qu'en conséquence elles sont condamnables et
hérétiques. Us n'ont pas eu de peine à trouver quelqu'un qui eut l'insolente
audace de le proclamer du haut de la chai

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents