Lettres de Bouguer à Euler. Publication et notes - article ; n°3 ; vol.19, pg 225-246
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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1966 - Volume 19 - Numéro 3 - Pages 225-246
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M Roland Lamontagne
Lettres de Bouguer à Euler. Publication et notes
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1966, Tome 19 n°3. pp. 225-246.
Citer ce document / Cite this document :
Lamontagne Roland. Lettres de Bouguer à Euler. Publication et notes. In: Revue d'histoire des sciences et de leurs
applications. 1966, Tome 19 n°3. pp. 225-246.
doi : 10.3406/rhs.1966.2498
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1966_num_19_3_2498Lettres de Bouguer à Euler
Publication et notes par Roland Lamontagne
professeur à V Université de Montréal*
I (1)
J'ay voulu, Monsieur, vous remercier avec connoissance de cause, du présent
prétieux dont vous m'avez honnoré, en me faisant remettre vôtre science navale (2)
il sufïisoit d'en juger par vos autres ouvrages et par la gloire que vous avez attaché
si légitimement à vôtre nom ; un semblable jugement ne pouvoit tromper. Mais j'ay
voulu faire quelque chose de plus ; et ce n'est qu'après avoir lu presqu'entierement
le livre, que j'ay l'honneur de vous marquer combien je m'applaudis de m'être
rencontré avec vous dans une quantité si considérable de viies différentes et de
Recherches épineuses (3). Je souhaiterois bien, Monsieur, avoir quelque chose
que je pusse en retour, avoir l'honneur de vous présenter : mais lorsque vous
mettez quelqu'une de vos productions dans le bassin d'une ballance, que peut-on
mettre dans l'autre bassin ? Je vous avoue que je ne sçaurois me résoudre à
vous rien offrir qu'avec une espèce de honte. D'ailleurs vous m'avez fait l'honneur
de me marquer que vous aviez fait venir de Paris mon traité du Navire (4) ainsi
je ne pourrois vous envoyer que le livre de la figure de la Terre déterminée par
les observations faites au Pérou (5) ; et j'aurois déjà pris des mesures pour vous
le faire tenir, si ce n'est qu'il a déjà près de deux ans qu'il paroist. Je me déter
minerai sur ce que vous me ferez l'honneur de me marquer : en tout cas je vous
prierai d'accepter le premier ouvrage que je publierai mais je vous prierai en
même temps, et je le fais d'avance de ne pas regarder à la chose, mais de consi-
* Les abréviations sont les mêmes que pour l'introduction (supra, p. 206), les
références pour Bouguer et Euler renvoient aux bibliographies que nous avons données
(supra, pp. 193-211). Dans de nombreuses notes, nous renvoyons, pour plus de détails,
à l'introduction. Lorsqu'il y a un renvoi à des notes, il est spécifié s'il s'agit de notes
de l'introduction (n. I.) ou de la correspondance (n. C).
Nous remercions très sincèrement M. René Taton qui a bien voulu signaler l'existence
de cette correspondance de Pierre Bouguer ; M. P. N. Koriavov, conservateur des
Archives de Leningrad, qui a obligeamment communiqué le microfilm de ces sources
manuscrites ; M. G. L. Hearn, premier secrétaire de l'Ambassade du Canada à Moscou,
ainsi que G. R. Harman, représentant du Canada à Moscou.
(1) Archives de Leningrad, 136, 2, n° 3, fasc. 204-205.
(2) Cf. Euler, 2.
(3) Bouguer avait déjà publié en 1746 un Traité du navire, cf. Bouguer, 17.
(4) Cf. Bouguer, 17.
(5) Cf. 19.
T. XIX. — 1966 15 REVUE D HISTOIRE DES SCIENCES 226
derer seulement mon intention, et le désir extrême que j'ay de vous montrer
combien je vous suis acquis. Soyez persuadé en effet, Monsieur, que personne
n'admire plus que moi, cette heureuse fécondité qui ne s'épuise point chez vous,
et cette profondeur qui supposerait de longs efforts et de grands travaux, mais
qui cependant vous coûte si peu, comme cela est prouvé par la varieté et la
multitude de vos découvertes. C'est avec ces sentimens et ceux de la consideration
la plus entière, que j'ay l'honneur d'être,
Monsieur,
Votre très humble
et très obéissant serviteur
Bouguer.
à Paris rue des Postes le 20 mars 1751.
II (6)
Monsieur,
M. de Lisle (7) venant de m'avertir qu'il y avoit une occasion pour Berlin,
je me hate d'en profiter pour vous envoyer mon livre sur la figure de la Terre (8)
que je vous prie de me faire l'honneur d'accepter. Je profite de cette même occasion
pour réitérer les assurances de mon sincere attachement, et de la haute
consideration avec lesquels je suis,
Monsieur,
Votre très humble
et très obéissant serviteur
Bouguer.
à Paris rue des Postes 4 mai 1751.
III (9)
Monsieur,
II y a déjà plus d'une quinzaine de jours que M. de Lisle voulut bien se charger
de vous faire tenir mon livre sur la figure de la Terre (10) ; il le remit à un mar
chand d'icy dont le nom vous est peut-être connu ; c'est le Sr Julien (11) qui
envoyoit à Berlin d'autres livres, des cartes et des estampes. Je me suis hâté
de vous présenter cet ouvrage aussitôt que j'ay sçeu que vous ne l'aviez point
(6) Archives de Leningrad, 136, 2, n° 3, f° 210. La note suivante figure au f° 211 :
« Les frères Van Duren, libraires de francfort sur le maýn, ont l'honneur de faire parvenir
le présent livre à Monsieur le Professeur Euler. S'il y a quelque chose où ils pussent avoir
le bonheur de lui être utiles ici à Leipzig, où ils restent jusqu'à la mi-octobre, ils obéiront
volontiers à ses ordres. »
(7) Joseph-Nicolas Delisle (1688-1768), membre des Académies de Paris (1714) et
Saint-Pétersbourg (1726) ; astronome, géographe de la marine et professeur de mathémat
iques au Collège royal. Voir son éloge par Grandjean de Fouchy (dans HAS, 1769)
et cf. Roland Lamontagne, La Galissonnière et le Canada, Paris, 1962, p. 97.
(8) Cf. п. С 5 (lettre I).
(9) Archives de Leningrad, 136, 2, n° 3, f° 208-209.
(10) Cf. lettres I et II.
(11) Julien, cartographe parisien. LETTRES DE BOUGUER A EULER 227
en propre, quoyque j'avoue qu'il mérite très peu de vous être offert. Votre bonté
pour moi, et l'amitié dont vous m'avez fait l'honneur de me donner des marques,
vous porteront à le regarder favorablement. Je puis toujours vous assurer que
si ce présent est bien peu de chose, on ne peut pas vous le faire avec des sentimens
plus sincères d'estime, de vénération et d'admiration pour vous et pour toutes
les sublimes productions dont vous nous enrichissez continuellement.
J'ay été ravi d'aprendre que vous vous trouviez enfin du même avis que
M. Clairaut (12) sur le mouvement de l'apogée de la Lune, ou ce qui est infiniment
plus considerable sur l'entière suffisance du système de la gravitation Newto-
nienne (13). C'est un grand triomphe pour la Philosophie Angloise ; c'en est un
pour la Nature même, dont il sera prouvé que tous les moyens qu'elle emploie
sont simples et peu compliqués ; et c'est aussi un triomphe pour M. Clairaut
de voir que la vérité enlevé tous les suffrages, et le vôtre principalement qui est
du plus grand poids qu'on puisse imaginer. La Connexion qu'ont toutes les
matières celestes nous procure sans doute l'avantage d'admirer incessamment une
partie de vos recherches sur ce sujet ; si la loy de la gravitation suffit dans un
endroit du ciel, malgré la diversité des diffère ns cas, il y a bien lieu de croire
qu'elle suffit aussi dans tous les autres points, et qu'elle seule produit les déran-
gemens observés dans les planètes supérieures. Nous venons en dernier lieu de
mettre sur le tapis une matière (14), sur laquelle je dirois que vous avez de très
grands droits (15), s'il n'étoit vrai que vous en avez sur toutes. Les rames appliquées
aux plus grands vaisseaux seroient utiles dans bien des cas : mais il seroit question
de les appliquer par une méchanique particulière, qui permit de les otter avec la
plus grande facilité ou de faire en sorte qu'elles ne troublassent pas le jeu des
canons ; ou bien il faudroit au lieu des rames imaginer quelqu'autre chose qui
en tint lieu. On peut sur cela se livrer à bien des examens et le tout peut engager
dans des discussions curieuses de Méchanique, meslées de Géométrie. Mais peut-on
en exiger de plus profondes et de plus sublimes, de quelqu'autre que de vous ?
Soyez persuadé que c'est la manière dont je pense, et que personne au monde
n'est plus véritablement ni avec une plus parfaite et une plus haute consideration
que je le suis
Monsieur,
Votre très humble
et très obéissant serviteur
Bouguer.
à Paris rue d

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