Lettres de R.-F. Le Men à F. -M. Luzel - article ; n°1 ; vol.44, pg 279-292
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Annales de Bretagne - Année 1937 - Volume 44 - Numéro 1 - Pages 279-292
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Publié le 01 janvier 1937
Nombre de lectures 20
Langue Français

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Lettres de R.-F. Le Men à F. -M. Luzel
In: Annales de Bretagne. Tome 44, numéro 1-2, 1937. pp. 279-292.
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Lettres de R.-F. Le Men à F. -M. Luzel. In: Annales de Bretagne. Tome 44, numéro 1-2, 1937. pp. 279-292.
doi : 10.3406/abpo.1937.1762
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1937_num_44_1_1762LETTRES DE K.F. LE MEN
A F.-M. LUZEL
Quimper, le 29 juin 1866.
Il existe un livre trop peu répandu en France qui est tout
simplement un des plus beaux livres qui aient été composés
en aucune langue. Ce livre s'appelle le Barzaz Breiz c'est-à-
dire Bardits bretons. C'est un recueil de poésies, de chants
populaires bretons rassemblés et traduits par M. Théodore
Hersart de la Villemarqué avec une science, un dévouement
et un patriotisme digne de tout éloge. A travers les cam
pagnes armoricaines, sur les landes et les monts, dans les
bois, sur les bords de la mer, dans les chaumières et dans
les châteaux, aux pardons et aux veillées d'hiver, M. de la
Villemarqué a opiniâtrement poursuivi son but, étudiant
la langue, les mœurs et les coutumes et interrogeant partout
le peuple breton, le riche et plus souvent le pauvre et le
mendiant, le sabotier dans sa hutte isolée au milieu des
bois, le sauvage pillawer dans les Montagnes Noires (lisez
d'Are), le pâtre couché et chantant à l'ombre d'une pierre
druidique, le pêcheur sur sa barque, la grand'mère filant sur
le seuil de sa porte, la jeune fille revenant du pardon, le
tad coz (chef de la famille) au foyer de la veillée et jusqu'aux!
enfants dans leurs jeux... ,.. 280 LETTRES A F. -M. LTJZEL
Le Barzaz Breiz renferme une abondante et admirable mois
son de ces poésies dont quelques-unes sont au-dessus de tout
éloge. Dans quel livre du Nord ou du Midi, d'où qu'il vienne,
trouverez-vO'US rien de plus fort, de plus sombre, de plus
terrible que la Peste d'Elliant ? Quelles magnifiques et
superbes épopées que le Tribut de Nomenoé et Morvan
Lez Breiz ? J'ai moi-même recueilli la plupart des chants
publiés par M. de la Villemarqué avec quelques différences
souvent. Mais je préfère ne donner ici que des poésies com
plètement inédites.
Panch ar Moal (Revue de la Paphlagonie, 1858 d)) .
Je livre à vos réflexions cette tartine de votre ami qui
m'amènent tout naturellement à vous parler de la chanson
du petit pâtre du même auteur.
Il serait bon de demander à la V. ce qu'est devenu le Ms.
des poésies du barde Guinclan, qu'il prétendait avoir décou
vert en 1838. Le Journal des Débats, si je ne me trompe,
avait publié sur cette découverte un article commençant à
(1) Ce sont là deux extraits d'un article publié par Luzel dans la Revue
Française, d'août à octobre 1858, sous son nom véritable, et non sous le pse
udonyme de « Fanch ar Moal » qu'il prenait souvent; la citation de Le Men est
exacte • il s'est borné à souligner les mots science, dévouement, patriotisme,
digne de tout éloge, et, vers la fin, (j'ai) moi-même (recueilli); le rappel de cet
article enthousiaste semble, d'après la lettre suivante, avoir été désagréable
à Luzel ; cependant il avait écrit lui-même à de la Villemarqué en 1861 :
« Votre Barzaz-Brelz a toujours été une des plus grandes admirations de ma
vie, il m'accompagne partout, et, pour moi, il n'existe pas de plus beau livre
en aucune langue; je le dis et le répète tous les jours à ceux gui ne le
connaissent pas, et je l'ai moi-même écrit quelque part. » (La Villemarqué, sa
vie et ses œuvres, Paris, 1926.)
Ce même éloge figure dans un travail manuscrit de Luzel, de 1850, qui se
trouve à la Bibliothèque municipale de Rennes; ce manuscrit montre que dès
cette époque certains soupçonnaient de la Villemarqué d'avoir modifié ou
même composé certaines pièces. Parmi ces mêmes papiers de Luzel se trouve
un sonnet en breton, qui. paraît inédit, daté de 1861, et exprimant la même
admiration.
L'article de la Revue Française a été reproduit, moins les textes, dans la
revue L'Hermine, d'octobre à décembre 1904. LETTRES A F. -M. LUZEL 281
peu près ainsi : « Un jeune élève de l'école des Chartes vient
de découvrir, etc., etc. ». Vous voyez que dès ses plus tendres
ans il a eu des tendances Mac-Phersonniques W.
Quimper, le 10 juillet 1866.
Vous me demandez où j'ai déniché les Revues d'Asie-
Mineure dont je vous ai envoyé des extraits. Vous êtes bien
curieux. Vous n'ignorez pas que je suis dénicheur par état.
Sachez seulement que je ne les tiens pas de la V. et je ne
vous les ai pas adressées pour vous faire de la peine. Il est
bien possible que la V. ne connaisse pas ces articles.
Il est certain qu'il serait utile d'avoir un nouveau Penn
Sturier. J'ai bien souvent rêvé de l'organisation d'un Comité
dans l'intérêt de la langue et de la littérature bretonne.
J'aurais voulu que ce comité composé d'un certain nombre
de personnes dévouées au breton et orné d'un chef sérieux
s'occupât surtout de la réimpression des livres bretons
devenus rares ou de la publication des travaux Ms. inédits.
Il me semble qu'une pareille institution n'est pas impossible.
On trouverait un certain nombre de membres associés ou
souscripteurs qui paieraient les frais des publications qui
seraient faites. On rendrait de cette manière un véritable
service à la langue bretonne : car je ne prétendrais pas
borner nos publications aux travaux qui existent en France,
mais il y aurait en Angleterre une mine féconde à exploiter.
Rien ne serait plus facile que de nous mettre en relation
(1) C'est le 28 octobre 1835 que le Courrier Français publia la note suivante :
« M. Delaville-Marqué, attaché à l'école des Chartes, et fils du député du
môme nom, vient de retrouver dans une église des montagnes noires, près de
Morlaix, les poésies de l'ancien barde Quin-Clan... Ces poésies écrites en bas-
breton sont du v« ou vie siècle. Quin-Clan était le Merlin des Bretons, si ce
n'est même le véritable Merlin des Chroniques chevaleresques ». Sur l'histoire
de cette prétendue découverte, v. Largillière, Annales de Bretagne, XXXVII,
p. 294. LETTRES A F. -M. LUZEL 282
avec nos voisins d'Outre-Manche. Il faut l'avouer à l'exception
du Barzas Breiz, de Sainte-Nonne et de Sainte-Triphine, qu'a-
t-on fait pour le breton? Rien ou presque rien, et je pré
tends qu'une grammaire bretonne est encore à faire. Quant
aux dictionnaires ce sont des lambeaux pleins de trous. C'est
quand, nous aurons tous les textes anciens à notre disposition
que nous pourrons réellement étudier notre langue. Je crois
que la V. a assez profité du Breton, maintenant il serait à
désirer que quelqu'un pût lui faire comprendre qu'il est
temps de dépouiller le vieux Pemn Sturier et que l'heure
est venue de contribuer sinon de sa science au moins de
sa popularité à l'avancement des études bretonnes; si je le
voyais, je lui soufflerais bien cela. Je ne vois pas qui pourr
ait le lui faire entendre à Quimperlé. Quant à nommer un
autre Penn Sturier, je crois que la chose serait assez difficile.
Je ne vois que M. Troude qui pût accepter cet honneur.
Mais hélas, M. Troude est trop inconnu. 11 nous faut pour
avoir des adhérents posséder un homme populaire. La V.
ferait parfaitement notre affaire s'il le voulait W
* * *
Quimper, le 12 juillet 1866.
Entre ces gens [La Villemarqué et son groupe] il y a
avant tout association politique et religieuse. Avec de pareils
sentiments on ne fait pas du breton. Malheureusement il
est difficile en Bretagne de compter sans eux, parce qu'en
leur pouvoir est l'influence et l'argent. Or, on ne fait pas
(1) La fin de cette lettre contient la « traduction d'un chant populaire »
adressée à Le Men par un « ami qui voyage en ce moment dans l'Oberland ».
C'est l'histoire d'un soldat de Strasbourg qui, entendant résonner la trompe des
Alpes, déserte, est repris, et adresse quelques paroles à ses camarades au moment
d'être fusillé. Les manuscrits de Luzel de la Bibliothèque municipale de Rennes
contiennent une poésie intitulée Mar

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