Lettres de rémission et de main-levée en faveur des enfants mineurs de Robert Estienne, 1552. - article ; n°1 ; vol.1, pg 565-573
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Lettres de rémission et de main-levée en faveur des enfants mineurs de Robert Estienne, 1552. - article ; n°1 ; vol.1, pg 565-573

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1840 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 565-573
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1840
Nombre de lectures 34
Langue Français

Extrait

Jules Quicherat
Lettres de rémission et de main-levée en faveur des enfants
mineurs de Robert Estienne, 1552.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1840, tome 1. pp. 565-573.
Citer ce document / Cite this document :
Quicherat Jules. Lettres de rémission et de main-levée en faveur des enfants mineurs de Robert Estienne, 1552. In:
Bibliothèque de l'école des chartes. 1840, tome 1. pp. 565-573.
doi : 10.3406/bec.1840.461659
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1840_num_1_1_461659'

LETTRES
DE RÉMISSION ET DE MAIN-LEVEE
EN FAVEUR
DES ENFANTS MINEURS DE ROBERT ESTIENNE.
4552.'
L'histoire des Es tienne et les services rendus par ces savants typographes
à l'imprimerie ainsi qu'aux belles-lettres ont été tout récemment l'objet
de recherches consciencieuses et pleines d'intérêt. En 4 858, M. lle-
nouard ', en 4 859 , M. Crapelet 2, ajoutant l'un et l'autre aux notions
recueillies par Maittaire 3 dans le siècle dernier, tout ce que la science b
ibliographique et la connaissance approfondie de l'art de l'imprimerie peu
vent fournir de renseignements positifs et ď observations ingénieuses , sem
blaient avoir épuisé le sujet, et rapporté tout ce qu'il est possible de dire
sur leurs illustres devanciers. Grâce à une découverte inattendue, il nous
est permis d'ajouter à ces monographies presque tout un chapitre d'histoire.
M. Eugène de Stadler , ancien élève de l'École des Chartes, employé aux
archives du royaume, a trouvé dans l'un des registres du Trésor des Char
tes4 la pièce que nous publions ici, et au moyen de laquelle sera dissi
pée désormais l'obscurité qui environnait la fuite de Robert Estienne h
Genève.
Robert Estienne Ier, dans son apologie 3 , a dévoilé tout au long les tra-
1 Annales de l'imprimerie des Estienne , ou Histoire de la famille des Estienne et
de leurs éditions, 2 vol. in-8 >
' Robert Estienne, imprimeur royal, et le roi François Ie', in-8.
3 Stephanorum historia, vitas ipsorum ac libros complectens. Lond. -1709.
4 Registre 264 bis, pièce 285,
5 Réponse aux censures des théologiens de Paris, XIII juillet MDLII.Vov. Renouard,.
pièces justiC, part 2, p. 255.
i. ■ 38 566
casseries que lui suscita la Sorbonně pour s'être avisé de publier les livres
saints sans autorisation de la Faculté. Sa bible imprimée en 1540 avait
ému contre lui une bande de docteurs dont la bile s'échauffa encore par
l'apparition du Nouveau-Testament (4 541), dont la colère tourna en fu
reur lorsque les commentaires de Vatable furent livrés au public (-1545).
Delà des argumentations haineuses, des censures, des calomnies. Pour
échapper à cette guerre dans laquelle ses intérêts et sa réputation souf
fraient d'incalculables dommages, Robert Estienne implora l'assistance de
François Ier; mais, malgré la bienveillante intervention du roi , il crut
s'apercevoir « que la nature des théologiens estoit telle de poursuyvre
jusqu'à la mort ceulx auxquelz ilz.se sont attachez. » Deux déclarations
royales n'avaient pu, du vivant de François Ier, le soustraire aux poursuites
de ses adversaires ; après la mort de son protecteur , il perdit l'espoir et
le courage de résister plus longtemps aux attaques de la violence. Il s'en
fuit à Genève où , par dépit, il abjura sa religion.
C'est ici que commence l'incertitude des biographes sur le compte de
Robert Estienne. Ils ne savent ni l'époque de sa fuite ni les circonstances
dans lesquelles elle eut lieu. Les uns le fout partir dès l'année -1548, les
autres en 155-1 seulement; et comme les registres de Genève consignent
son mariage avec Catherine Duchemin , à la date du \ 4 décembre I 550 ,
ces derniers supposent un voyage préliminaire à Genève, puis un retour a
Paris, puis la fuite définitive. Quant aux enfants, on les perd de vue; on
les retrouve pour leur transmettre la succession paternelle sans difficulté
ni préalable , comme si les biens de l'émigré n'avaient été l'objet d'au
cune atteinte ; enfin on disserte , on conjecture , on se contredit sans ren
contrer la vérité, parce que les éléments manquaient pour l'établir. Voici
îa relation des faits exposés dans leur ordre chronologique d'après le do
cument que nous publions.
Dès le milieu de -1547, année de la mort de François Ier , Robert Es
tienne avait combiné ses plans de retraite. L'entreprise était difficile pour
un homme répandu dans le commerce et dans l'Université, chargé d'une
famille nombreuse en bas âge , surveillé par la malveillance de ses enne
mis. 11 s'y prépara de longue main et avec des précautions infinies :
il commença par mettre son établissement sous le nom de ses enfants ,
comme réalisation de l'héritage qui leur revenait du chef de feue Perrette
Bade, leur mère. Ensuite profitant des relations qu'il avait à Strasbourg
avec les parents de sa femme , auxquels il avait déjà confié l'éducation de
François, l'un de ses fils, il envoya Robert dans la même ville, avec recom
mandation expresse à Conrad Bade, son beau-frère, de le faire passer 567
secrètement de Strasbourg à Lausanne. Trois ans après (1550), Charles,
troisième fils de Robert Estienne, fut également ameué à Lausanne sans
qu'on lui eût appris où on le conduisait; puis, successivement et à de
courts intervalles , François, Jean et Jeanne vinrent rejoindre leurs aines
Robert et Charles , amenés comme ceux-ci dans le plus grand mystère
l'un de Strasbourg, les deux autres dě Paris. 11 ne restait plus avec le
père que Henri, Marie et Catherine. Robert Estienne confia les deux filles
a son frère Charles Estienne , et ; sous prétexte d'aller pour affaires- aux
foires de Lyon, il se mit en route avec Henri, sou premier né, puis se dirigea
vers Genève , où il était arrivé dès le mois de novembre 1 550. Eu sûreté
dans cet asile, il réunit ses enfants autour de lui et les employa chacun
selon ses facultés, dans le nouvel établissement qui devait désormais le
faire vivre sur la terre d'exil. C'est alors qu'il se remaria avec une
femme qui paraîtrait s'avoir aidé- dans son évasion.
Cependant, l'imprimerie de Paris était toujours en activité sous la direc
tion de Charles Estienne : une édition de Térence fut publiée encore sous
le nom de Robert, le 27 novembre -155-1 . L'édii de Chàteaubriant rendu
le 27 juin de la même année vint enfin interrompre les travaux. Une dis
position de cette ordonnance portait que : lous les biens tant meubles
« qu'immeubles de ceulx qui se sont retirez à Genefve pour y demourer
« et résider eulx séparant de l'église » fu sent déclarés appartenir au roi.
En conséquence , saisie fut ordonnée de l'établissement de Robert Es
tienne. C'est alors que Charles Estieane, comme tuteur et curateur des
enfants de son frère, interjeta l'appel qui a motivé la délivrance de nos
lettres de rémission. 11 invoqua au nom de ses neveux et nièces l'acte de
partage qu'avait dressé depuis longtemps la prévoyance de leur père * il fit
valoir en même temps toutes les circonstances spécieuses ou réelles qui
pouvaient militer en faveur des suppliants. Henri П, obtempérant aux
raisons alléguées, déchargea du délit d'émigration les quatre aînés Henri
Robert, Charles et François, et, de plus, dégagea de la main-mise les por
tions respectives de tous les mineurs qui n'avaient pas atteint leur qua
torzième année. L'acte est du mois d'août -1552.
J'ai besoin de donner quelques explications sur les dates que j'ai ass
ignées aux premières circonstances du récit qu'on vient ds lire. Toute ma
chronologie repose sur deux points : l'arrivée de Robert Estienne h Ge
nève en novembre -1550 , et le départ du petit François pour Strasbourg
en -1545. Cette dernière année n'est pas donnée par la lettre môme du
texte où nous lisons au contraire que « environ l'an mil cinq cens qua-
rante-neuf,]eá\t François, alorsâgé de six ans seullement, fut emmené, etc. » 568
IsJais il y a dans cette date une erreur évidente de copie. En effet, François,
qui , comme on le voit quelques lignes plus haut, était âgé

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