Lieux et temps de l acculturation politique - article ; n°1 ; vol.297, pg 387-400
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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1994 - Volume 297 - Numéro 1 - Pages 387-400
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Catherine Duprat
Lieux et temps de l'acculturation politique
In: Annales historiques de la Révolution française. N°297, 1994. pp. 387-400.
Citer ce document / Cite this document :
Duprat Catherine. Lieux et temps de l'acculturation politique. In: Annales historiques de la Révolution française. N°297, 1994.
pp. 387-400.
doi : 10.3406/ahrf.1994.1846
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1994_num_297_1_1846LIEUX ET TEMPS DE
L'ACCULTURATION POLITIQUE
Les articles ici réunis offrent de premiers jalons et directions d'enquête
pour un programme de recherche consacré aux voies de l'acculturation
politique dans la France révolutionnaire. On s'y efforcera de repérer les
conditions d'éveil des comportements politiques et d'en suivre les processus
d'apprentissage dans les lieux et instances de leur développement. Cette
recherche interroge sur les agents de la socialisation politique, les facteurs
qui la stimulent ou qui la freinent, les étapes d'une évolution non linéaire
comportant assimilation d'un savoir, perception d'enjeux conflictuels
sociaux ou politiques, construction d'une identité politique, acquisition d'une
compétence. Ces processus doivent être analysés dans leurs composantes
(démarche cognitive, adhésion affective, accès au jugement évaluatif), dans
leurs effets sur les pratiques individuelles et relations interpersonnelles, enfin
dans la nature des liens sociaux (solidarités ou rejets, procès d'inclusion
ou exclusion) dont ils sont générateurs. Sociétés populaires, assemblées
générales de sections ou assemblées électorales apparaîtront ainsi comme
des constructions sociales intermédiaires productrices de fortes identités
politiques, mais aussi et nationales. Reste que, dans une conjoncture
de guerre extérieure et d'insurrections civiles, l'entrée en politique a pu
être constitutive, soit de repli, soit d'ouverture aux espaces, annonçant
par là des attitudes de longue durée de refus ou d'intégration à la nation
républicaine.
GÉOGRAPHIES DE LA POLITIQUE
Ces projets de recherche doivent beaucoup aux récents acquis d'import
antes synthèses. L'enquête conduite sur la sociabilité politique révolution
naire sous la direction de Jean Boutier et Philippe Boutry (Atlas de la
Révolution française, tome VI, Les sociétés politiques, 1992) fournit l'inven- 388 CATHERINE DUPRAT
taire des quelque 6000 clubs et sociétés populaires constitués entre 1789
et l'an II. Les étapes chronologiques et la distribution régionale de cette
vague massive de fondations, puis le tableau des résurgences ultérieures
des sociétés et cercles constitutionnels de l'an VI et l'an VII construisent
une cartographie dynamique de l'organisation des espaces de la sociabilité
politique. Tous ne sont pas pour autant des aires d'adhésion au pouvoir
central. On observe au contraire sans surprise la coïncidence des aires fédé
ralistes avec les pôles précoces d'implantations de sociétés, alors que figurent
en creux les espaces, pauvres en structures associatives, de la France de
l'Ouest, du Nord-Est et des hautes terres méridionales du Massif central,
France des résistances ou de l'indifférence. La richesse des matériaux
collectés permet la projection cartographique de réseaux polynucléaires
d'affiliations et correspondances, l'analyse d'aires de recrutement et de
structures sociales des personnels, en milieu rural comme urbain, enfin
une approche des pratiques militantes, tant par le rythme des séances que
celui des émissions d'adresses et autres formes d'intervention.
Dans une brillante présentation de la problématique et des apports
de l'enquête, ses auteurs ne manquent pas de situer la sociabilité révolu
tionnaire dans certains legs des structures associatives d'Ancien Régime,
mais c'est pour souligner que les traits de rupture et novation l'emportent
sur les mutations, adaptations et transitions formelles. La sociabilité nouvelle
est ainsi singularisée par l'ampleur de son extension, la spécificité de son
objet politique, sa tendance à s'imposer comme exclusive de toute autre
pratique associative (sociétés littéraires, académies, chambrées, loges et
confréries se sont trouvées progressivement éteintes ou dissoutes), enfin
par le déploiement public de ses activités, la publicité des séances s 'étant
instaurée dans nombre de sociétés depuis 1790, avant que toutes y soient
astreintes par la Convention en brumaire an II. Pour les auteurs, c'est
essentiellement à cette diffusion massive d'une nouvelle sociabilité que serait
due « une étape décisive dans la constitution, en France, d'une culture
politique de type moderne ».
Tout autre est le champ de Michel Vovelle lorsqu'il s'interroge à son
tour sur le procès d'acculturation politique opéré dans le temps court de
la décennie révolutionnaire et son façonnement, à chaud, d'un espace
national (La découverte de la politique. Géopolitique de la Révolution franç
aise, 1993). La transposition de certains outils de la sociologie politique
contemporaine le conduit à affiner l'interprétation des indicateurs utilisés
par les anthropologues. Privilégiant spatialisation et dynamique de conquête
des espaces, il confronte des cartes d'implantation et diffusion des phéno
mènes politiques à des tableaux ou représentations cartographiques de diffé
rents éléments structurels aptes à éclairer le sens et les formes des processus
politiques. Sont ainsi conjugués facteurs anthropologiques, démographiques,
socio-économiques et culturels (structures familiales, densité de peuplement, LIEUX ET TEMPS DE L'ACCULTURATION POLITIQUE 389
propriété, mode d'exploitation, niveau de développement, alphabétisation,
etc.). Cette histoire politique enracinée dans une histoire totale interroge
sur le « comment », mais aussi le « pourquoi ». Quels enjeux ont fait entrer
les Français en politique? Pourquoi à tel moment, ici et non ailleurs,
pourquoi ces diversités de supports et formes d'expression, ces adhésions,
ces inerties ou ces refus ? Dans la dialectique du temps court et de la longue
durée, en quoi certaines structures préexistantes à l'événement ont-elles
pu conditionner le jeu des attitudes et le sens des engagements politiques ?
La problématique initiale de cette analyse de la politisation comme
phénomène de masse et procès de diffusion spatiale explique la place faite
à l'étude de certaines séquences originelles médiatrices de prises de cons
cience et vecteurs de dynamique : revue des prémices de l'événement révo
lutionnaire, puis d'épisodes à forte charge symbolique et impact propagateur
(courants de la Grande Peur, dynamique des fédérations, ondes de diffusion
des arbres de la liberté), enfin de soulèvements ruraux aux formes et enjeux
divers, mais tous générateurs de prises de conscience et solidarités vécues.
Plutôt qu'à partir des indicateurs de tests électoraux et de participations
aux scrutins, c'est dans les réponses aux sollicitations ou agressions de
certains temps forts, ou « moments de vérité », que Michel Vovelle repère
les étapes de la maturation d'une opinion publique. Au nombre de ces
événements « structurants », le schisme du serment constitutionnel,
Varennes et ses suites, les réactions au poids de la guerre, l'ébranlement
de la crise fédéraliste, les opérations conduites par les armées révolution
naires intérieures sur les deux tiers du territoire, les actions conjointes de
répression, surveillance et pédagogie politique volontariste du gouvernement
révolutionnaire et de ses agents, enfin l'offensive déchristianisatrice et sa
réception.
Pour une saisie des phénomènes de politisation à l'œuvre dans la France
révolutionnaire, la source principale utilisée est le gigantesque corpus des
adresses reçues par la Convention entre nivôse et thermidor an II, source
massive de quelque 15000 pièces dont 12000 ont été traitées. La carto
graphie des lieux d'émission révèle que la France qui parle — France
présumée politisée — est loin d'être, à cette date, la seule

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