Marseille XXe : de la dominante italienne à la diversité maghrébine - article ; n°1 ; vol.11, pg 9-19
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Description

Revue européenne de migrations internationales - Année 1995 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 9-19
Marseille XXe siècle : De la dominante italienne à la diversité maghrébine
Emile TEMIME
Marseille a toujours été une ville de migration. Mais il s'agissait pour l'essentiel jusqu'à la fin du XXe siècle d'une migration de proximité à dominante italienne. L'arrivée de travailleurs coloniaux, surtout nord-africains, correspond au « repli impérial » esquissé dans la première moitié du XXe. Cette migration à dominante algérienne est importante pour l'ensemble de l'économie française, mais aussi pour l'économie du Maghreb qu'elle soutient financièrement. La place primordiale prise récemment dans la cité par les minorités nord-africaines est pourtant singulièrement complexe, marquée à la fois par le taux de chômage élevé qui affecte des travailleurs sans qualification et par la naissance d'un négoce à ramifications internationales.
20th-Century Marseilles. From Italian Predominance to North African Diversity
Emile TEMIME
Marseilles has always been a city of migrations. But until the late 19th century, this mainly concerned Italians moving to Marseilles from neighboring areas. The arrival of workers from the colonies, especially the North African ones, is an example of the « imperial retreat » which began in the first half of the 20th century. This migration, dominated by Algerians, is important not only for the whole of the French economy, but also for the economies of the Maghreb, which it supports fïnancially. The primordial place the North African minorities have recently taken in the city is, nevertheless, singularly complex. It is characterized both by a high rate of joblessness among unskilled workers and by the birth of a trading system with international ramifications.
Marsella en el siglo XX. De la dominación italiana a la diversidad magrebina
Emile TEMIME
Marsella ha sido siempre una ciudad de migraciones. Pero hasta finales del siglo XIX se trataba esencialmente, de una migración proveniente de paises vecinos con predominancia italiana. La llegada de trabajadores coloniales, especialmente de los africanos del norte, corresponde a un « repliegue imperial » esbozado en la primera mitad del siglo XX. Esta migración con predominancia argelina es importante para el conjunto de la economía francesa y también para la economía del Magreb, que Francia apoya financieramente. La posicíon primordial tomada recientemente en la ciudad por las minorías de Africa del Norte es no obstante singularmente complejo, marcado a su vez por el alto porcentaje de desempleo que afecta a los trabajadores sin calificación y por el surgimiento de un negocio con redes internacionales.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Émile Temime
Marseille XXe : de la dominante italienne à la diversité
maghrébine
In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 11 N°1. Marseille et ses étrangers. pp. 9-19.
Citer ce document / Cite this document :
Temime Émile. Marseille XXe : de la dominante italienne à la diversité maghrébine. In: Revue européenne de migrations
internationales. Vol. 11 N°1. Marseille et ses étrangers. pp. 9-19.
doi : 10.3406/remi.1995.1441
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_1995_num_11_1_1441Résumé
Marseille XXe siècle : De la dominante italienne à la diversité maghrébine
Emile TEMIME
Marseille a toujours été une ville de migration. Mais il s'agissait pour l'essentiel jusqu'à la fin du XXe
siècle d'une migration de proximité à dominante italienne. L'arrivée de travailleurs coloniaux, surtout
nord-africains, correspond au « repli impérial » esquissé dans la première moitié du XXe. Cette
migration à dominante algérienne est importante pour l'ensemble de l'économie française, mais aussi
pour l'économie du Maghreb qu'elle soutient financièrement. La place primordiale prise récemment
dans la cité par les minorités nord-africaines est pourtant singulièrement complexe, marquée à la fois
par le taux de chômage élevé qui affecte des travailleurs sans qualification et par la naissance d'un
négoce à ramifications internationales.
Abstract
20th-Century Marseilles. From Italian Predominance to North African Diversity
Emile TEMIME
Marseilles has always been a city of migrations. But until the late 19th century, this mainly concerned
Italians moving to Marseilles from neighboring areas. The arrival of workers from the colonies,
especially the North African ones, is an example of the « imperial retreat » which began in the first half
of the 20th century. This migration, dominated by Algerians, is important not only for the whole of the
French economy, but also for the economies of the Maghreb, which it supports fïnancially. The
primordial place the North African minorities have recently taken in the city is, nevertheless, singularly
complex. It is characterized both by a high rate of joblessness among unskilled workers and by the birth
of a trading system with international ramifications.
Resumen
Marsella en el siglo XX. De la dominación italiana a la diversidad magrebina
Emile TEMIME
Marsella ha sido siempre una ciudad de migraciones. Pero hasta finales del siglo XIX se trataba
esencialmente, de una migración proveniente de paises vecinos con predominancia italiana. La llegada
de trabajadores coloniales, especialmente de los africanos del norte, corresponde a un « repliegue
imperial » esbozado en la primera mitad del siglo XX. Esta migración con predominancia argelina es
importante para el conjunto de la economía francesa y también para la economía del Magreb, que
Francia apoya financieramente. La posicíon primordial tomada recientemente en la ciudad por las
minorías de Africa del Norte es no obstante singularmente complejo, marcado a su vez por el alto
porcentaje de desempleo que afecta a los trabajadores sin calificación y por el surgimiento de un
negocio con redes internacionales.Revue Européenne
des Migrations Internationales
Volume 11 - N° I
1995
Marseille XXe siècle :
De la dominante italienne
à la diversité maghrébine
Emile TEMIME
Jeter un simple coup d'œil sur l'évolution de la population
marseillaise au cours du XXe siècle, essayer d'aller à l'essentiel, c'est sans doute
mettre l'accent sur des transformations des plus classiques : une augmentation en
nombre qui se continue jusqu'aux années 70, le sommet de la courbe pouvant être
fixé par le dénombrement de 1975 (915 000 personnes recensées), avec des ralenti
ssements — qui ne sont pourtant pas de véritables ruptures d'équilibre — corre
spondant aux deux guerres mondiales, et une diminution relativement rapide à
partir de 1980, le chiffre actuel se situant en deçà des 800 000 habitants. Il n'y a là
rien de bien original, si ce n'est le décalage aisément perceptible par rapport aux
autres grandes villes françaises. Marseille poursuit sa croissance alors que la plu
part l'ont déjà stoppée. Elle amorce d'autant plus brutalement son déclin qu'il se
produit tardivement et qu'il correspond dans le temps à une période de graves
difficultés économiques. Inutile de revenir sur des phénomènes depuis longtemps
connus, si ce n'est pour rappeler que ce recul de la population n'a, en soi, rien
d'étonnant (il est compensé, comme partout, par une croissance démographique de
la zone urbaine périphérique(')) et que son aspect tardif est lié à des accidents de
l'histoire, en particulier à l'arrivée des Pieds-Noirs.
Mais c'est ailleurs, dans le renouvellement rapide et multiforme de ses diverses
composantes, qu'il faut chercher l'originalité de l'évolution démographique à Marse
ille. En l'espace de trois générations, la population s'est transformée de façon
prodigieuse. Des apports successifs et variés ont modifié non seulement les données
numériques, mais aussi les comportements et les rapports sociaux. Le mode d'oc
cupation de l'espace, l'aspect de la cité, le fonctionnement des réseaux ne sont plus
les mêmes que par le passé. Ces changements sont trop profonds et trop complexes
pour que nous puissions les étudier ici dans le détail. Nous ne ferons donc qu'en
esquisser les grandes lignes. 10 Emile TEMIME
UNE TRANSFORMATION RADICALE
SUR TROIS GÉNÉRATIONS
Peut-être, pour aller au plus court, vaut-il mieux aligner quelques chiffres, qui
rendent compte de l'évolution générale de la population marseillaise et des groupes
étrangers résidant à Marseille au cours du XXe siècle, quitte à les faire suivre d'un
rapide commentaire. En 1911, la population totale de la ville serait, selon les
données du recensement, de 550 000 habitants (2). Les étrangers sont au nombre de
1 1 1 000 (donc un étranger pour 5 habitants, ce qui est tout à fait considérable). Les
Italiens, à eux seuls sont autour de 94 000, 17 % du total, les Espagnols, près de
5 000. Les autres nationalités européennes (Suisses, Allemands, Anglais, Belges,
Austro-Hongrois...) sont encore solidement implantés, et jouent dans l'économie
du port un rôle important. Grecs et Turcs (parmi lesquels beaucoup de Levantins)
constituent encore une minorité appréciable. Les Algériens, considérés comme
Français, ne sont pas comptabilisés. Ils seraient environ 2 000, d'implantation très
récente(3). La diversité réelle s'efface devant une écrasante domination italienne
(85 % de l'ensemble des étrangers). Si l'on élargit l'enquête au département, la
proportion s'élève à 88 %(4). Si on se restreint à certains quartiers ouvriers, elle
dépasse 90 % ! Car la répartition des groupes étrangers se fait souvent (on y
reviendra) en fonction du statut social qu'ils occupent dans la cité.
La période d'entre-deux-guerres est encore marquée par un renforcement de
la présence étrangère. Elle doit se situer en 1931 à 25 % de la population totale. On
en restera à des pourcentages approximatifs en tenant compte des incertitudes des
données du recensement dans les années 3O(5). En 1935, alors que s'amorce, en
fonction de la crise, un certain reflux(6), trois constatations s'imposent à nous :
— La population italienne reste considérable — dépassant largement les
100 000 personnes — , mais, proportionnellement, elle occupe une place moindre
que par le passé (15 % environ de la population totale, 62 à 63 % de la population
étrangère). Elle s'est d'ailleurs partiellement renouvelée, comme en témoigne le
nombre des hommes seuls, plus important qu'avant la guerre.
— Deux autres groupes représentent chacun plus de 10 % de la population
étrangère : les Espagnols qui sont, eux aussi, pour l'essentiel, des travailleurs iso
lés ; et surtout de nouveaux arrivés, que l'on identifie au refuge politique, Russes
Blancs, relativement peu nombreux, Arméniens enfin, bien difficiles à comptabilis
er, étant recensés sous des rubriques différentes (ils sont assurément beaucoup
plus dans Marseille que les 20 000 officiellement dénombrés(7)).
— Enfin, le nombre des travailleurs « coloniaux » résidant à Marseille (nous

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