Etat de santé des bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire en 2002
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Bulletin d’information en économie de la santée n° 76 - Décembre 2003 questions d’économie de la santé résultatsL’état de santé des bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire Repèresen 2002Les résultats présentés sont issus de l’en-Philippe Le Fur, Marc Perronninquête santé et protection sociale réali-sée par le CREDES en 2002 (ESPS 2002). Deux ans après la mise en place de la CMU, l’enquête santé et protection sociale Cette enquête, effectuée tous les deux (ESPS) a permis de relever en 2002 les caractéristiques sociales et d’état de santé ans, permet d’interroger un échantillon de plus de 900 bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire (CMUC), soit 5,2 % des enquêtés. d’environ 20 000 personnes représentatif des assurés sociaux et de leur famille. Les Cette population plutôt jeune et féminine comporte une forte proportion de chô-interrogations portent essentiellement meurs et vit pour l’essentiel dans des ménages d’employés et d’ouvriers. L’état de santé général des personnes bénéficiant de la CMUC est nettement moins bon que sur l’état de santé, la consommation celui du reste de la population. Ces personnes déclarent davantage de troubles de soins, la protection sociale et les opi-mentaux ou du sommeil, d’affections de l’oreille, de maladies infectieuses, d’affec-nions sur la santé et le système de soins.tions de l’appareil respiratoire ...

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Bulletin d’information en économie de la santée q uestions
d’économie de la santé
n° 76 - Décembre 2003
résultats
L’état de santé des bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire Repères en 2002 Les résultats présentés sont issus de l’en-Philippe Le Fur, Marc Perronnin quête santé et protection sociale réali-sée par le CREDES en 2002 (ESPS 2002). Deux ans après la mise en place de la CMU, l’enquête santé et protection sociale Cette enquête, effectuée tous les deux(ESPS) a permis de relever en 2002 les caractéristiques sociales et d’état de santé ans, permet d’interroger un échantillonde plus de 900 bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire (CMUC), soit 5,2 % des enquêtés. d’environ 20 000 personnes représentatif des assurés sociaux et de leur famille. Les Cette population plutôt jeune et féminine comporte une forte proportion de chô-interrogations portent essentiellementmeurs et vit pour l’essentiel dans des ménages d’employés et d’ouvriers. L’état de santé général des personnes bénéficiant de la CMUC est nettement moins bon que sur l’état de santé, la consommation celui du reste de la population. Ces personnes déclarent davantage de troubles de soins, la protection sociale et les opi-mentaux ou du sommeil, d’affections de l’oreille, de maladies infectieuses, d’affec-nions sur la santé et le système de soins. tions de l’appareil respiratoire et du système nerveux central. Dans ce travail, nous étudions l’état Une proportion non négligeable des enquêtés (4,5 %) disent ne pas bénéficier de la de santé des bénéficiaires de la cou-CMUC alors que le niveau déclaré de leur revenu le leur permettrait. Il apparaît que verture maladie universelle complé-l’état de santé de cette population est légèrement meilleur que celui des bénéficiai-mentaire (CMUC) et le comparons à res de la CMUC, expliquant peut-être qu’elle n’ait pas encore fait la démarche pour celui du reste de la population. L’étaty avoir droit. Quant à l’état de santé des personnes dont les revenus sont légérement au-dessus du plafond fixé, il est intermédiaire, se situant entre celui des bénéficiaires de santé des personnes déclarant de de la CMUC ou susceptibles d’en bénéficier et celui des personnes disposant de re-faibles revenus, mais ne disposant pas venus plus élévés. de la CMUC, est également abordé.
CENTREDERECHERCHE,DÉTUDEETDEDOCUMENTATIONENÉCONOMIEDELASANTÉ
Adresse : 10, rue Vauvenargues 75018 Paris Téléphone : 01 53 93 43 02/17 Télécopie : 01 53 93 43 50 E-mail : document@credes.fr Web : www.credes.fr
Directrice de la publication : Dominique Polton
Rédactrice en chef : Nathalie Meunier
Maquettiste : Franck-Séverin Clérembault
ISSN : 1283-4769
Diffusion par abonnement : 60 euros par an
Prix du numéro : 6 euros
En ligne sur www.credes.fr
10 à 15 numéros par an
Maladies déclarées des bénéficiaires et des non-bénéficiaires de la CMUC (hors problèmes dentaires et troubles de la vue)
Appareil génito-urinaire
Appareil circulatoire Os-articulation Peau Mal. endocrines, nutrition Appareil digestif
Système nerveux
Le taux de personnes déclarant des troubles mentaux est plus élevé de 76 % parmi les bénéficiaires de la CMUC que dans l'ensemble de la population, à âge et sexe comparables.
Appareil respiratoire Maladies infectieuses Oreille Troubles mentaux, sommeil 50 40 30 20 100 0,901,10 1,30 1,50 1,70 1,90 Pourcentage de la population concernéeIndice à âge et sexe comparables Bénéficiaires de la CMUCNon-bénéficiaires de la CMUC Source : ESPS 2002
C E N T R EDE RECHERCHE,D’ETUDE ET DE DOCUMENTATION EN ECONOMIE DE LA SANTE
L’état de santé de bénéficiaires d
e la couverture maladie universelle complémentaire en 2002
er Depuis le 1janvier 2000, la couverture maladie universelle permet aux ména-ges les plus pauvres de bénéficier d’une complémentaire maladie gratuite.A par-tir des données de l’enquête santé et pro-tection sociale menée en 2002 (cf. enca-dré ci-dessous), nous comparons l’état de santé des bénéficiaires de la CMU complémentaire (CMUC) à celui du reste de la population. Nous nous inté-ressons également aux personnes dont le revenu se situe autour du seuil de revenu fixé pour bénéficier de cette couverture. Cette étude a pour objectif d’alimenter, avec des données plus récentes, de pré-cédentes analyses qui ont montré à la fois un recours aux soins plus élevé des bénéficiaires de la CMUC par rapport aux non-bénéficiaires en 2000 et 2001 (Girard-Le Gallo, 2002) et le moins bon état de santé de cette population en 2000 (Raynaud, 2003).
L’Enquête Santé
et Protection Sociale (ESPS 2002)
L’enquête sur la santé et la protection 2 sociale (ESPS) est représentative des ménages dont un des membres au moins est assuré à l’un des trois prin-cipaux régimes d’Assurance maladie (régime général, régime des professions indépendantes ou régime agricole). Ces trois régimes représentent 95 % des ménages ordinaires (hors institutions) de France métropolitaine.
L’enquête permet tous les deux ans de relever, auprès d’environ 20000 per-sonnes (20834 individus en 2002), des données sur l’état de santé, le recours aux soins, la consommation de biens médicaux, l’hospitalisation, la couver-ture santé ainsi que de nombreuses ca-ractéristiques socio-démographiques (âge, sexe, occupation professionnelle, milieu social, revenu…). Des questions d’opinion sont également posées: auto-évaluation de l’état de santé individuel, motif de renoncement aux soins... A partir de 2000, un certain nom-bre de questions relatives àla CMU complémentaire ont été introduites dans l’enquête.
L’enquête combine la méthode de l’entretien téléphonique (ou de l’entre-tien enface-à-face, si les coordonnées téléphoniques ne sont pas trouvées) et celle des questionnaires auto-admi-nistrés.
État de santé des bénéficiairesde la CMUC en 2002
Les bénéficiaires de la CMUC : une population jeune qui cumule de nombreux facteurs de précarité
L’enquête ESPS est réalisée auprès des ménages disposant d’une adresse per-sonnelle individuelle en France métropo-litaine et dont un membre au moins est assuré social. De ce fait, sont exclues les personnes résidant en institution (mai-sons de retraite, hôpital…) ainsi que les personnes les plus précaires qui ne dis-posent pas d’un domicile fixe. Les per-sonnes les plus démunies ne sont donc pas représentées. En 2002, 5,2% des personnes ayant participé à l’enquête dé-clarent disposer d’une couverture com-plémentaire CMU. Cette proportion est inférieure à celle de 7,5% obser-vée au 31décembre 2002 (Boisguérin, 2003), pour les raisons évoquées ci-dessus notamment.
Cette population qui est jeune, à peine 31 ansd’âge moyen (40ans pour les autres enquêtés) et relativement fémi-nisée (57% contre 51 %), comporte de nombreux enfants: 27% ont moins de 16 ans ; ils sont 17 % dans le reste de la population. Par contre, il y a peu de personnes âgées de 65 ans et plus, moins de 5% contre 18% dans le reste de la population.
De nombreux indicateurs économiques et sociaux des bénéficiaires de la CMUC démontrent que la précarité de cette population apparaît sur différents critères.
Ainsi, on relève un taux de chômage dé-claré de plus de 52 % parmi la population active (actifs travaillant et chômeurs), alors qu’il atteint 8% dans le reste de la population. Environ 60 % des adul-tes bénéficiaires de la CMUC ont arrêté leurs études avant le lycée ; ils sont 50 % dans le reste de la population. Les fa-milles monoparentales y sont six fois plus nombreuses (23% des ménages contre
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moins de 4%) et les ménages compor-tant plus de 5 personnes, cinq fois plus représentés (9% des ménages contre 2 %).D’autre part, 8 bénéficiaires sur 10 vivent dans des ménages d’employés ou d’ouvriers, alors qu’ils sont à peine 5 sur 10 dans le reste de la population. Enfin, 1 bénéficiaire de la CMUC sur 5 vit du RMI.
Les bénéficiaires de la CMUC déclarent 20 % d’affections de plus que le reste de la population.
En moyenne, les personnes qui disposent de la CMU complémentaire déclarent 2,3 troubles de santé et les autres 2,6. Le nombre de maladies déclaré augmentant de manière importante avec l’âge, cette sous-déclaration n’est qu’apparente. En effet, à âge et sexe comparables, les bé-néficiaires de la CMUC déclarent 20 % d’affections de plus que le reste de la population. Etant donné les différences de structures par âge et sexe des deux populations, dans la suite de ce travail, les commentaires porteront principale-ment sur les résultats corrigés de l’effet de l’âge et du sexe.
De nombreux bénéficiaires de la CMUC déclarent présenter des troubles mentaux ou du sommeil
Certaines affections sont particulière-ment fréquentes chez les bénéficiaires de la CMUC (cf. graphique p. 1).Ainsi, à âge et sexe comparables, ils sont 1,8 fois plus nombreux à déclarer des trou-bles mentaux ou du sommeil que les non-bénéficiaires. Il s’agit pour l’es-sentiel d’insomnies et de dépressions. Les maladies de l’oreille, notamment la surdité et les otites, sont également particulièrement fréquentes.Viennent ensuite les maladies infectieuses, toutes globalement plus fréquentes, et les mala-dies de l’appareil respiratoire avec deux fois plus de personnes atteintes de bron-chite ou d’angine et 20 % de personnes de plus souffrant d’asthme. Les troubles du système nerveux central, essentielle-ment les migraines, sont également plus souvent rencontrés.
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L’état de santé de bénéficiaires d
e la couverture maladie universelle complémentaire en 2002
La fréquence des autres affections estblement liée à une insuffisance des soinsmées par les fumeurs est peu différent soit à peine plus élevée, soit similaire aupréventifs dans cette population.dans les deux populations : 14,3 cigaret-reste de la population. Seule exception,tes par jour chez les personnes disposant les troubles de la vue qui sont nettementChez les adultes, les écarts de morbiditéde la CMUC et 13,6 chez les autres. moins souvent déclarés par les personnessont plus marqués. Pour les adultes jeu-disposant de la CMU complémentaire.nes, âgés de 16 à 39 ans, les écarts les Des indicateurs de santé très détériorés chez les bénéficiaires Cet écart peut s’expliquer par le fait queplus importants concernent : les troubles de la CMU complémentaire l’on déclare plus facilement les maladiesmentaux ou du sommeil (deux fois plus ou troubles de santé que l’on soigne.de bénéficiaires de la CMUC concernés), Or peu de bénéficiaires de la CMUC,les maladies infectieuses, celles de l’ap-Dans l’enquête ESPS 2002, nous dispo-comme d’ailleurs peu de personnes ayantpareil respiratoire et de l’appareil ostéo-sons de trois indicateurs synthétiques de faibles revenus, portent des lunettes.articulaire. d’étatde santé. Cette situation ne signifie pas pour autant qu’elles n’en ont pas besoin, puisqu’ellesChez les bénéficiaires de la CMUC deLe premier indicateur est tridimension-déclarent renoncer fréquemment à ac-64 ans on relève une plus grande40 ànel, il rassemble les réponses données quérir des lunettes du fait de leur coûtfréquence des maladies de l’appareil res-par l’enquêté à trois questions précises élevé et de leur mauvaise prise en charge.piratoire, des affections de l’oreille, dessur son état de santé (état de santé gé-On peut donc penser qu’une partie detroubles mentaux ou du sommeil, des ma-néral, existence de maladies chroniques, cette moindre prévalence des troubles deladies du système nerveux, de l’appareilgêne pour raison de santé dans les acti-2 la vue chez les bénéficiaires de la CMUCgénito-urinaire et de l’appareil digestif.vités quotidiennes)cor-. Ainsi, après est liée à des oublis de déclaration.rection des effets d’âge et de sexe, les Deux fois plus de fumeurs parmiadultes bénéficiaires de la CMUC sont les bénéficiaires de la CMUC L’analyse de la morbidité par classe d’âgepresque 4fois plus nombreux que les montre, chez les enfants de moins deautres adultes à déclarer avoir un mauvais 16 ans, peu de différences entre l’étatPrès de la moitié des bénéficiaires de laou très mauvais état de santé (17 % con-1 de santé des bénéficiaires de la CMUCCMUC de plus de 16 ans fument, 46 %tre 6%, indices 3,56 et 0,89). Ils sont et les autres enfants.Toutefois, parmicontre 25% des autres enquêtés. Cettedeux fois plus nombreux à être limités les pathologies suffisamment représen-énorme différence de comportementdans leurs activités habituelles depuis3 tées, on constate une sur-représentationpersiste, voire s’amplifie, à âge et sexeau moins six mois pour des raisons de des affections de l’oreille et des dents.comparables. En revanche, le nombresanté (26 % contre 17 %, indices 2,23 et L’atteinte dentaire précoce est proba-moyen journalier de cigarettes consom-0,96). Enfin, ils sont 40 % d’adultes de plus à déclarer souffrir d’un problème de santé chronique (34 % et 31 %, indices Risque vital moyen et invalidité moyenne 1,41 et 0,98). chez les bénéficiaires et les non-bénéficiaires de la CMUC, selon l’âge 2025 Le deuxième indicateur synthétique 18 d’état de santé relevé à partir de l’enquê-te est bidimensionnel. Il s’agit du risque 1620 vital et de l’invalidité qui correspondent 14 à une note synthétique d’état de santé, 1215 établie par des médecins codificateurs, à partir de toutes les informations sur 10 810 1On notera que l’analyse porte sur un nombre limité d’en-fants bénéficiaires de la CMUC. Sachant que les enfants 6 déclarent peu de maladies, les possibilités d’exploitation sont donc extrêmement restreintes. 45 2Ce module de trois questions résulte d’une réflexion commune de différents organismes de recherche dans le 2 cadre de l’harmonisation européenne des indicateurs de morbidité. 00  La première question est : Comment est votre état de santé ]2] [2à 9][10 - 19][20 - 29][30 - 39][40 - 49][50 - 59]général ? Diriez vous qu’il est : très bon, bon, moyen, mau-vais, très mauvais. Tranches d'âge  La seconde question est : Souffrez-vous d’une maladie ou Risque vital Bénéficiaires de la CMUCInvaliditéBénéficiaires de la CMUCd’un problème de santé chronique ? oui-non. moyen moyenne Non-bénéficiaires de la CMUCNon-bénéficiaires de la CMUC Enfin, la dernière question est : Etes-vous limité depuis au moins 6 mois à cause d’un problème de santé, dans les Source : ESPS 2002 activités que les gens font habituellement ? oui-non.
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la santé et la consommation de soins fi-nière précise si les enquêtés ont ou n’ont Critères d’adhésion 3 gurant sur les questionnaires d’enquête .pas droit au bénéfice de la CMUC (cf. à la CMU complémentaire Ces indicateurs sont, à partir de 16 ans,encadré ci-contre). Par ailleurs, il s’agit La CMU est ouverte aux personnes résidant plus mauvais pour les personnes dispo-des revenus courants qui ne correspon-en France en situation stable et régulière. sant de la CMUC que pour les autres.dent donc pas aux revenus utilisés pour L’adhésion des ménages à la CMU com-Cet écart s’accentue de manière très im-l’octroi de la CMUC, revenus calculés plémentaire (CMUC) se fait sous conditions * de ressources, le plafond de ressources portante au-delà de 30 ans (cf. graphiquesur les ressources de l’année précédant fixé dépendant de la taille du ménage : en page 3).la demande. 2003, 562 € pour une personne seule, 843 € pour deux personnes, 1011 € pour trois personnes, 1 180 € pour quatre personnes Quant au troisième indicateur, il con-Toutefois, on estime qu’ils sont le plus et, à partir de 5 personnes, 224 € de plus siste à demander à toutes les personnessouvent suffisamment bien déclarés pour pour chaque membre supplémentaire. ayant accepté de répondre aux questionsdéterminer différentes populations selon Au moment de l’entrée en vigueur de la sur la santé de noter elles-mêmes leurleur tranche de revenus. L’objectif est CMU complémentaire au 1er janvier 2000, les personnes qui bénéficiaient aupara-état de santé sur une échelle allant deici de différencier à la fois la population vant de l’Aide médicale générale (AMG) 0, très mauvaise santé à 10, excellentequi se situe dans la tranche de revenu ont été basculées automatiquement dans santé. 19 % des adultes bénéficiaires deouvrant droit à la CMUC mais qui dé-le dispositif CMU. Depuis le 1er janvier 2000, les nouveaux bénéficiaires du RMI se voient la CMUC déclarent être en mauvaise ouclare ne pas en bénéficier et 1a popula-automatiquement proposer une inscription très mauvaise santé (note inférieure oution se trouvant juste au-dessus du seuil à la CMU complémentaire. Par contre, les égale à 5) contre 12 % pour le reste defixé pour en bénéficier, afin de comparerpersonnes qui disposent de faibles revenus et qui ne se sont pas inscrites au RMI doi-la population.Après correction de l’effetleur état de santé à celui de la population vent faire valoir leurs droits. de l’âge et du sexe, l’écart entre les deuxcouverte par la CMUC et à celle qui a * Lacondition de ressources est légèrement in-populations s’accroît de manière très im-des revenus plus élevés. férieure au seuil « officiel » de pauvreté tel que défini par l’INSEE. Les simulations réalisées avant portante puisque l’on observe 2,6fois l’instauration de la CMUC, sur la base du panel plus de personnes en mauvaise santéL’intérêt de cette analyse est renforcé européen des ménages, indiquaient que 10 % environ de la population résidant en France parmi les bénéficiaires de la CMUC.par la mise en place d’une aide à la mu-était éligible ; dans les faits, 7,5 % des individus, soit 4,5 millions, sont couverts par la CMUC au tualisation pour les personnes dont les 31 décembre 2002 (Boisguerin, 2003). Au total, l’analyse détaillée de la pré-ressources sont supérieures de moins de 410 % au plafond fixé pour bénéficier devalence des maladies et des différents indicateurs synthétiques d’état de santéla CMUC. Cette aide a été officialiséeâgées que les bénéficiaires de la CMUC montre que les bénéficiaires de la CMUCaprès le lancement de l’enquête, ce quiet les personnes aux revenus plus éle-ont un état de santé nettement moinsn’a pas permis de la prendre en comptevés. Cette part importante de personnes bon que le reste de la population. Cesdans les questions posées en 2002.âgées est due au fait que le plafond fixé résultats sont certainement sous-éva-pour bénéficier de la CMUC est inférieur lués car l’enquête ESPS, comme toutesDans l’enquête, les revenus sont décla-de quelques euros au minimum vieillesse les enquêtes en population générale, nerés soit en valeur, soit par tranche dedont bénéficient les personnes âgées les permet pas d’interroger les personnesrevenu. La tranche de revenu immédia-plus pauvres.Afin, de faciliter la compa-les plus démunies. En effet, celles-ci sonttement supérieure au plafond fixé pourraison entre les différentes populations, souvent difficilement joignables (ab-bénéficier de la CMUC (550pour uneil a été décidé de les exclure. De même, sence de domicile fixe…), ou refusentpersonne seule au moment de l’étude)les enfants de moins de 16 ans qui décla-fréquemment de participer à ce type decorrespond à des revenus compris entrerent pour la plupart peu d’affections et recueil d’informations qui nécessite de550et 690, soit 25 % de plus que ledont l’état de santé semble relativement remplir des questionnaires non adaptésseuil fixé pour une personne seule. Cettepeu différent selon le niveau social sont à leurs préoccupations.population représente 3,8 % de tous lesexclus de la comparaison. L’étude com-enquêtés. parativeconcerne donc uniquement les personnes de 16 à 64 ans. État de santé des personnes Parallèlement, 4,5% des enquêtés ne3 Le risque vital correspond à une probabilité de risque de à faible revenu ne disposantdécès. Il est établi à partir d’une échelle en 6 positions bénéficient pas de la CMUC et déclarent allant de « aucun risque sur le plan vital » à « pronostic pas de la CMUC pourtant vivre dans des ménages dont lesûrement mauvais» (signifiant 80 % de probabilité de décès dans les 5 ans). revenu par unité de consommation est in- L’invalidité s’appuie sur l’existence de maladies chroni-Dans l’enquête, les revenus sont ap-férieur au plafond fixé pour en bénéficier.ques entraînant un handicap permanent. L’échelle utilisée comporte 8 positions, allant de « pas de gêne » à « alite-préhendés à partir des déclarations des ment permanent ». enquêtés. Ils sont donc approximatifsCes deux populations aux revenus pro- Pour calculer le risque vital moyen et l’invalidité moyenne, on applique une pondération basée sur les taux de pension et l’on ne peut en aucun cas considérerches du seuil de la CMU complémentai-octroyés par l’Assurance maladie du Régime général de qu’ils permettent de déterminer de ma-re sont particulières car nettement plus Sécurité sociale.
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n° 76 - Novembre 2003
L’état de santé de bénéficiaires d
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Les populations proches du seuil de laCertaines caractéristiques sont commu-bénéficier compte tenu de leur revenu, CMU sont difficiles à caractériser. En ef-nes à ces deux populations aux revenusceux dont le revenu se situe juste au-des-fet, elles comportent à la fois des person-proches du plafond ouvrant droit à lasus du seuil et enfin ceux qui se situent nes de statut précaire et de statut inter-CMUC, notamment en terme de couver-nettement au-dessus (cf. graphique ci-médiaire, voire des personnes plus aisées.ture sociale.Ainsi, 11 % des personnesdessous). Elles se rejoignent toutefois au niveau dede 16 à 64 ans sont exonérées du ticket leur couverture maladie et par leur fortmodérateur pour raison médicale (7% Enmoyenne, ce sont les bénéficiaires de taux de renoncement aux soins.parmi les plus aisées). Parallèlement,la CMU complémentaire qui déclarent le environ 20 % de ces personnes décla-plus de pathologies (hors problèmes den-rent ne pas bénéficier d’une couverturetaires et troubles de la vue), aussi bien Une population hétérogène, plus souvent exonérée complémentaire maladie, contre moinschez les adultes jeunes que chez ceux de du ticket modérateur et de 7 % de celles vivant dans des ménages40 à 64 ans. sans couverture complémentaire aux ressources plus importantes. Cette absence de couverture complémentaireChez les adultes jeunes ne disposant pas Parmi la population de 16 à 64 ans dontmaladie explique très certainement lede la CMUC, le nombre de maladies les revenus se situent juste au-dessus dufort taux de renoncement aux soins ob-déclarées par personne est peu diffé-seuil ouvrant droit à la CMUC, 44% servédans ces deux populations. En ef-rent quel que soit le revenu par unité de vivent dans des ménages d’ouvriers qua-fet, à âge et sexe comparables, ce sont lesconsommation. Par contre, chez les 40 à lifiés, alors que cette proportion tournepersonnes ne disposant pas de la CMU64 ans, les non-bénéficiaires de la CMUC autour de 25 % chez les bénéficiaires decomplémentaire et déclarant des revenusdont les revenus sont inférieurs au seuil la CMUC et les non-bénéficiaires décla-inférieurs au seuil fixé pour en bénéficierfixé pour y prétendre déclarent nette-rant soit des revenus très faibles (sous lequi déclarent renoncer le plus souvent àment plus d’affections que les autres per-seuil) ou au contraire des revenus nette-des soins, indice 1,85.Viennent ensuitesonnes ne disposant pas de la CMUC. ment supérieurs à ce seuil.les personnes dont les revenus se situent juste au dessus du seuil, indice 1,47, puisL’analyse détaillée des maladies décla-La proportion de chômeurs parmi les ac-les bénéficiaires de la CMUC, indicerées par les adultes ne disposant pas de la tifs (travaillant ou non) est trois fois su-1,38. Les personnes aux revenus plusCMUC, mais dont les revenus sont pro-périeure, 19 %, à celle de la populationélevés renoncent beaucoup moins sou-ches du seuil ouvrant droit à cette prise5 plus aisée. 63 % des personnes ont un ni-vent, indice 0,89.en charge, tend à différencier les per-veau d’études inférieur à celui du lycée,sonnes déclarant des revenus inférieurs soit une proportion légèrement plus im-Un état de santé intermédiaireà ce seuil de celles dont les revenus sont pour les personnes dont le revenu portante que chez les bénéficiaires de lalégèrement supérieurs, en particulier est proche de celui de la CMUC CMUC. Enfin, 30 % d’entre eux viventchez les personnes de 40 à 64 ans.A cet dans des communes rurales contre 23 %âge, les pathologies des personnes aux parmi les personnes les plus aisées.Nous comparons l’état de santé de qua-revenus inférieurs au seuil se rapproche tre populations: ceux qui bénéficientde celle des bénéficiaires de la CMUC, Chez les personnes de 16 à 64 ans nede la CMUC, ceux qui pourraient ennotamment pour les troubles mentaux bénéficiant pas de la CMUC bien que Nombre moyen d’affections déclarées par les adultes déclarant des revenus leur ouvrant droit selon le revenu par unité de consommation en théorie à cette prise en charge, on est frappé par la proportion importante 4,5 4,0 d’étudiants 23% contre 11% dans les 3,5 ménages disposant de revenus situés net-3,0 tement au-dessus du seuil de la CMU. 2,5 Le quart des actifs se déclare chômeur. 2,0 19 %des personnes vivent dans des 1,5 ménages de cadres ou de personnes 1,0 exerçant une profession intermédiaire: 0,5 deux fois plus que parmi les bénéficiaires 0,0 de la CMUC,trois fois plus que parmi40 à 64 ans16 à 39 ans les personnes aux revenus situés justeNon-bénéficiaires de la CMUC Revenus sous le seuil de la CMUC au-dessus du seuil de la CMU, mais deux Bénéficiaires de la CMUCRevenus juste au-dessus du seuil fois moins que parmi les personnes plus Revenus nettement au-dessus du seuil Source : ESPS 2002 aisées.
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ou du sommeil, les maladies du système nerveux, celles de l’appareil respiratoire et les affections digestives.A l’inverse, les pathologies des personnes dont les revenus sont légèrement au-dessus du seuil ouvrant droit à la CMUC semble meilleure et tend à se rapprocher de celle des personnes dont les revenus se 4 situent nettement au-dessus de ce seuil .
Indices à âge et sexe comparables des indicateurs de risque vital, d’invalidité et de santé perçue selon le revenu des personnes âgées de 16 à 64 ans 1,60 Non-bénéficiaires de la CMUC 1,50 1,40 1,30
1,20 Les résultats fournis par les trois indica-teurs d’état de santé figurant sur le ques-1,10 tionnaire santé corroborent ces analyses 1,00 (cf. graphique ci-dessus). En effet, ils montrent une gradation de l’état de san-0,90 Inférieurs Légèrementsupérieurs Nettementsupérieurs té des enquêtés telle que le plus mauvais Bénéficiaires Situation des revenus par rapport au seuil de la CMUC de la CMUC état de santé est relevé pour les bénéfi-ciaires de la CMU, suivi par les person-Indice de l'invaliditéIndice du risque vitalIndice de la note d'état de santé auto-évaluée nes déclarant des revenus inférieurs au Guide de lecture :% et 29 % plus élevés parmi les bénéficiairesles niveaux de risque vital et d'invalidité sont respectivement 58 de la CMUC que dans l'ensemble de la population, à âge et sexe comparables (indices 1,58 et 1,29). seuil de la CMU, puis par celles déclarant La note d'état de santé que s'attribue les bénéficiaires de la CMUC est 6 % plus faible que celle que se donne des revenus légèrement supérieurs à ceSource : ESPS 2002 l'ensemble de la population, à âge et sexe comparables (indice 0,94).seuil et enfin par celles dont les revenus sont nettement supérieurs.ration de l’état de santé de cette popula-mais moins bon que celui des personnes tion. En effet, une étude américaine (ex-plus aisées. * * * périence de la RAND ; Newhouse, 1993) Ce travail met clairement en évidencemenée dans les années 1970 montre queAu total, les études menées sur les com-le plus mauvais état de santé des bénéfi-lorsque l’on octroie à des personnes pau-portements de soins des bénéficiaires 6vres en mauvaise santé une couvertureciaires de la CMU complémentaire, quede la CMU complémentaire doivent ce soit d’un globalement ou par type decomplémentaire maladie gratuite sansprendre en compte leur mauvais état de maladie. Ils déclarent en effet plus sou-avance de frais, on observe une diminu-santé. Un travail spécifique sur les carac-vent être atteints de troubles mentauxtion de leur mortalité par rapport à celletéristiques de leurs consommations de ou du sommeil, d’affections de l’oreille,des personnes disposant d’une couver-soins sera réalisé ultérieurement à partir de maladies infectieuses, d’affectionsture complémentaire, avec une avance ded’une base de données associant les in-respiratoires et de maladies du systèmefrais plus ou moins importante.formations recueillies lors de l’enquête nerveux que les autres personnes qui neESPS 2002 aux prestations versées par la disposent pas de la CMUC.En revanche, il faut souligner que d’aprèsSécurité sociale. les revenus déclarés dans l’enquête, près Ces résultats tendent à confirmerde la moitié des personnes se situant au-Pour en savoir plus qu’une partie d’entre eux s’est inscritedessous du seuil de revenu ouvrant droit Boisguerin B. (2003), La CMU au 31 décembre à la CMUC en raison de leurs besoins deà CMUC, n’en bénéficient pas. En dehors 2002, DREES,Etudes et résultats239,, n° santé, expliquant ainsi l’augmentation ded’erreurs toujours possibles sur le niveau4 pages. leur niveau de consommation (Grignondéclaré de revenus, leur état de santé lé-Girard-Le Gallo I. (2002), Evolution des dépen-ses de soins de ville entre 1999 et 2001 des et al.gèrement meilleur peut expliquer qu’ils, 2003). D’ailleurs, pour ces per-premiers bénéficiaires de la couverture sonnes, la CMUC, mise en place pourn’aient pas encore fait la démarche pour maladie universelle, CNAMTS,Point Stat, n° 36, 8 pages. faciliter l’accès aux soins, semble rempliry avoir droit. Par ailleurs, le fort taux de Grignon M., Perronnin M. (2003), Impact son objectif : plus de 7 personnes sur 10renoncement aux soins déclaré par ces de la couverture maladie universelle complémentaire sur les consommations de déclarent que la CMUC leur a permis depersonnes suggère qu’elles connaissent soins,Questions d’économie de la santé, mieux se soigner. Cette aptitude à mieuxencore mal le dispositif CMU. Enfin,n° 74, CREDES. se soigner permet d’espérer une amélio-les personnes dont les revenus sontNewhouse J.-P. and the Insurance Experiment Group (1993), Free for all? Lessonsfrom légèrement au-dessus du seuil de la the RAND Health Insurance Experiment, 4Ces observations sont confirmées par les différentes CMUC ont un état de santé intermé-Cambridge, Mass.: Havard University Press. analyses des correspondances multiples (ACM) et par les analyses des correspondances binaires réalisées. Celles-cidiaire, puisqu’il est meilleur que celuiRaynaud D. (2003), Impact de la CMU sur la ont confirmé les résultats des analyses descriptives, maisconsommation individuelle de soins, DREES, des bénéficiaires CMUC et des non-bé-n’ont toutefois pas permis de caractériser plus finementEtudes et résultats, n° 229. néficiaires y ayant théoriquement droit ces populations.
Q u e s t i o n sd’ é c o n o m i ed el as a n t é
n° 76 - Novembre 2003
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