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Pour jouer un rôle qui compte! Un guide d’introduction aux politiques sur la santé et aux moyens d’influer sur elles Étude de cas : La stratégie de ressourcement pour le mieux-être des Autochtones Historique : Au cours des années 1980, les Autochtones de l’Ontario furent confrontés à de graves problèmes de santé et de bien-être dans leurs communautés, notamment la violence familiale. Dans les années 1980, ce problème fut considéré comme une question urgente pour l’ensemble de la communauté et à dimension intergénérationnelle. De plus, il était clair que bon nombre d’approches existantes de la violence familiale étaient inefficaces pour réduire le niveau de violence familiale chez les Autochtones. Souvent, les solutions qui avaient eu des effets positifs dans le reste de la population étaient culturellement inadaptées aux communautés autochtones. Les façons dont elles étaient conçues et appliquées ne parvenaient pas à répondre aux problèmes spécifiques associés à la violence dans la communauté autochtone. Cela s’explique par le fait que la violence familiale dans les communautés autochtones a une histoire et un contexte différents. Après la colonisation, les communautés autochtones subirent une assimilation forcée. L’harmonie et le bien-être des communautés autochtones en furent affectées, et souvent entièrement détruites. Les familles subirent un grand niveau de stress, qui perdura parfois pendant plusieurs générations. La question de la ...

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Pour jouer un rôle qui compte!
Un guide d’introduction aux politiques sur la santé et aux moyens d’influer sur elles
© 2005 ROLE
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Étude de cas
Étude de cas : La stratégie de ressourcement pour le mieux-être des Autochtones
Historique :
Au cours des années 1980, les Autochtones de l’Ontario furent confrontés à de graves problèmes de santé et
de bien-être dans leurs communautés, notamment la violence familiale. Dans les années 1980, ce problème
fut considéré comme une question urgente pour l’ensemble de la communauté et à dimension
intergénérationnelle. De plus, il était clair que bon nombre d’approches existantes de la violence familiale
étaient inefficaces pour réduire le niveau de violence familiale chez les Autochtones. Souvent, les solutions
qui avaient eu des effets positifs dans le reste de la population étaient culturellement inadaptées aux
communautés autochtones. Les façons dont elles étaient conçues et appliquées ne parvenaient pas à
répondre aux problèmes spécifiques associés à la violence dans la communauté autochtone. Cela s’explique
par le fait que la violence familiale dans les communautés autochtones a une histoire et un contexte
différents.
Après la colonisation, les communautés autochtones subirent une assimilation forcée. L’harmonie et le bien-
être des communautés autochtones en furent affectées, et souvent entièrement détruites. Les familles
subirent un grand niveau de stress, qui perdura parfois pendant plusieurs générations.
La question de la violence familiale ne pouvait pas être abordée séparément des autres problèmes de santé et
de bien-être des communautés autochtones. Beaucoup de collectivités vivaient dans des conditions extrêmes
de pauvreté et de chômage. Les conditions de vie dans la plupart des communautés autochtones étaient d’un
niveau médiocre. Les logements surpeuplés, la mauvaise santé, le chômage chronique et un sentiment
d’isolement par rapport aux structures sociales, économiques et politiques du reste de la société ont
exacerbé un stress pouvant entraîner la violence. Un autre facteur était l’abus d’alcool et de drogues. Selon
une étude (Frank, Sharlene (1992) : Family Violence in Aboriginal Communities: A First Nations Report ),
l’abus d’alcool était fréquent dans 93 % des communautés autochtones et l’abus de drogues, dans 81 %
d’entre elles.
Par ailleurs, le système scolaire résidentiel a contribué à la violence intergénérationnelle. Les enfants
victimes de mauvais traitements à l’école étaient davantage susceptibles de développer de mauvaises
compétences parentales et, une fois devenus adultes, de reproduire cette violence dans leur famille (ibidem).
Les problèmes de santé et de bien-être des communautés autochtones étaient compliqués par le flou sur les
attributions du gouvernement en matière de fourniture de soins de santé aux Autochtones. Dans les années
1980, la politique de santé concernant les Autochtones relevait de l’administration des Services médicaux
au sein de Santé Canada, et était très influencée par Affaires indiennes et du Nord Canada. Avec
l’apparition de réductions budgétaires au milieu des années 1980, on constata de plus en plus clairement les
réelles lacunes dans la prestation équitable de services de santé dans les communautés autochtones. De plus,
les défenseurs de la cause des Autochtones ont souligné le besoin d’exempter les soignants, et plus
particulièrement les sages-femmes autochtones qui offrent des services traditionnels de poursuites
judiciaires en vertu de la Loi de 1993 sur les professions de la santé réglementées (LPSR). Certaines
organisations des Premières Nations attachèrent beaucoup d’importance à l’élaboration de politiques de
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santé particulières aux Autochtones qui combleraient les lacunes en matière de soins de la santé et
exempteraient les fournisseurs de soins de santé autochtones offrant des services traditionnels de la
législation provinciale.
Le
mauvais niveau de santé des communautés avait un impact sur la santé des Autochtones dans les
collectivités. Une nouvelle stratégie était nécessaire pour lutter contre les niveaux alarmants de mauvaise
santé et de violence familiale dans les communautés autochtones de l’Ontario.
Mesures prises :
Occasions et organisations :
Trois groupes d’organisations correspondant à trois grandes orientations de l’action de défense ont pris la
tête de la réponse aux problèmes de santé et de violence familiale :
La Union of Ontario Indians (UOI) et la Ontario Federation of Indian Friendship Centres (OFIFC),
avec le ministère de la Santé de l’Ontario (MSO) ont ciblé les questions liées à la mauvaise santé et
à l’accès insuffisant aux services de santé pour les Autochtones, ainsi que les préoccupations quant
à l‘impact des initiatives de la province en matière de réglementation des professions de santé.
Les organisations provinciales et territoriales des Premières Nations et des Autochtones, avec le
Secrétariat des affaires autochtones de l’Ontario (SAAO) ont appuyé l’élaboration du cadre final de
la politique des relations provinciales avec les communautés autochtones. Jusque là, les attributions
du gouvernement dans la réponse aux problèmes de santé et de violence familiale chez les
personnes d’origine indienne n’était pas suffisamment claire.
La Ontario Native Women’s Association (ONWA) et le Ontario Women’s Directorate (OWD)
étaient surtout impliqués dans la question de la violence familiale. Au cours des années 1980, le
gouvernement de l’Ontario s’est trouvé confronté au problème de la violence familiale en général
(dans
toutes
les communautés, autochtones ou non) de la province.
Le gouvernement, sous le
leadership de David Peterson, adopta une stratégie interministérielle de cinq ans comportant des
programmes d’éducation et de prévention à propos de la violence contre l’épouse et des violences
sexuelles.
Cette approche multi-ministérielle a été menée par le Ontario Women's Directorate,
organisme créée sous le Ministère de Citoyenneté.
Par conséquent, bon nombre d'organisations, y
compris la Ontario Native Women's Association, ont reçu des subventions de recherche et
d'élaboration de programmes.
Deux rapports de recherche des organisations autochtones :
Plusieurs facteurs combinés suscitèrent une réponse du gouvernement de l’Ontario à la violence dans les
communautés autochtones. En 1989, l’Ontario Native Women’s Association, organisation sans but lucratif,
coordonna et remit au gouvernement un rapport intitulé « Breaking Free » (se libérer). Ce rapport,
aboutissement de 18 mois de travail, abordait les abondantes données sur la violence familiale dans les
communautés autochtones. Il reprenait les résultats d’études indiquant que 8 femmes autochtones sur 10 en
Ontario avaient personnellement été l’objet de violence familiale. Parmi elles, 87 % avaient été victimes de
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blessures physiques et 57 % avaient été victimes d’agression sexuelle. Cette étude fournissait ainsi des
indications sur le niveau alarmant de violence au sein des communautés autochtones. Elle indiquait aussi le
besoin de :
consulter davantage les communautés autochtones visant en réserve ou hors des réserves;
examiner le niveau de la violence familiale, ses causes et ses solutions.
Ce rapport eut un impact sur les communautés autochtones. Selon un représentant d’une organisation
autochtone, le rapport de l’ONWA a eu le résultat suivant :
Nous avons été ostracisés par les dirigeants autochtones. Nous avons été durement critiqués : les hommes
autochtones venaient nous voir et étaient très rudes avec nous pour avoir donné l’impression que tous les
hommes indiens battaient leur femme… Mais à côté de ces critiques, nous avons aussi reçu des
compliments de plusieurs Chefs, et des femmes bien sûr, et j’ai entendu pendant plusieurs heures des gens
m’exprimer leur gratitude parce qu’ils pouvaient enfin sortir de leur enfermement, que nous avions tracé un
chemin et qu’ils pouvaient maintenant discuter ouvertement des problèmes dans leur communauté.
En 1990, l’organisation communautaire Manotsaywin Nanotoojig, dont le mandat était de fournir des
renseignements sur la santé, le ressourcement et la violence familiale aux communautés autochtones de
l’Ontario, publia un rapport indiquant que la moitié des familles du secteur de Sudbury étaient le théâtre de
violence familiale. La publication de ce rapport donna encore plus de poids aux conclusions du rapport
« Breaking Free » de l’ONWA.
Réponse favorable du gouvernement :
En 1990, le ministre responsable de la Condition féminine et le ministre responsable des Affaires
autochtones donnèrent la réponse officielle du gouvernement au rapport « Breaking Free » de l’ONWA. Ils
dirent que « la consultation des groupes et communautés autochtones est un élément crucial de l’élaboration
d’une stratégie cohésive et culturellement adéquate pour répondre à la violence familiale chez les
Autochtones ». Par ailleurs, en novembre 1990, le rapport de la Direction générale de la condition féminine
de l’Ontario intitulé « La violence contre les femmes : Initiatives de prévention de la violence conjugale »,
souligna la nécessité d’une stratégie spécifique de lutte contre la violence familiale chez les Autochtones. La
Direction générale de la condition féminine de l’Ontario fut chargée de constituer un sous-comité sur les
questions autochtones impliquant plusieurs ministères du gouvernement pour commencer à apporter une
réponse à ce problème.
Élaboration conjointe d’une stratégie :
Le processus fut retardé de plusieurs mois, en 1990, par les élections provinciales qui portèrent au pouvoir
le NDP. En juin 1991, le Aboriginal Family Violence Joint Steering Committee fut enfin créé, dans lequel
étaient représentés onze ministères et agences de l’Ontario et huit organisations autochtones. Le comité était
chargé d’élaborer une stratégie complète favorisant le ressourcement et les modes de vie positifs dans les
communautés autochtones de l’ensemble de l’Ontario.
En juillet 1991, sept des organisations autochtones rencontrèrent des représentants de neuf ministères
provinciaux pour explorer les possibilités de collaboration. Cette réunion, organisée à Toronto, était appelée
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la « Réunion pour discuter de l’élaboration d’une stratégie de lutte contre la violence familiale chez les
Autochtones ». Les organisations autochtones indiquèrent plusieurs conditions préalables au processus
conjoint avec le gouvernement de l’Ontario :
l’initiative devait être centrée sur les Autochtones et leur être destinée, le gouvernement ne jouant
qu’un rôle administratif;
l’initiative devait être orientée vers l’action, viser le long terme et être suffisamment large pour
examiner des causes profondes et pour permettre aux communautés d’envisager le ressourcement de
façon holistique, sachant que ce serait processus un à long terme, au-delà du gouvernement actuel;
le comité devait avoir un co-président autochtone et les organisations autochtones devaient participer à
la désignation de l'instance détenant la responsabilité principale de l’initiative au sein du
gouvernement;
qu’on donne le temps et les ressources nécessaires pour organiser une réunion des Autochtones avant
les réunions conjointes;
que pendant l’élaboration d’une stratégie, on n’oublie pas la réponse aux besoins immédiats, mais au
contraire qu’on la renforce.
Les implications de ces conditions étaient aussi clairement exprimées. On notait que « le centrage sur les
Autochtones exigera des changements fondamentaux des relations entre les Autochtones et le
gouvernement » et que « les différences de point de vue entre les parties doivent être traitées ouvertement
dès qu’elles émergent ». On soulignait aussi que « le maintien de cette orientation pourra exiger des
changements fondamentaux du processus habituel d’élaboration de politiques ».
Il y eut aussi une discussion lors de cette première réunion sur la nécessité de consulter les communautés
autochtones pour élaborer une stratégie, et sur le financement et les ressources requis pour l’appliquer. On
décida que les ministères impliqués rechercheraient des financements supplémentaires pour la consultation.
Reconnaissance de la part du gouvernement :
Quelques semaines après la première réunion conjointe, le premier ministre Bob Rae signa avec les
dirigeants des Premières Nations de l’Ontario une
Déclaration de relations publiques.
Cette déclaration
représentait la reconnaissance officielle par l’Ontario que « le droit inhérent à l’autonomie vient du Créateur
et de l’occupation antérieure du territoire par les Premières Nations » et que « les relations entre l’Ontario et
les Premières Nations doivent être basées sur le respect de ce droit » (4 août 1991). C’était la première fois
qu’un gouvernement du Canada reconnaissait officiellement le droit inhérent des Autochtones à
l’autonomie. La Déclaration avait l’appui des organisations provinciales et territoriales des Premières
Nations et des Autochtones. La Déclaration eut un effet bénéfique sur la négociation des diverses questions
en mettant en place une stratégie en matière de violence familiale et de santé chez les Autochtones.
Consultations menées par les Autochtones :
Les organisations autochtones parvinrent à convaincre les représentants du gouvernement du Joint Steering
Committee de les laisser réaliser leurs propres consultations, puisque c’était elles qui savaient le mieux
comment travailler avec leurs propres communautés et que la diversité entre communautés exigeait
différentes approches selon les situations et les circonstances. Au cours de réunions ultérieures du
Aboriginal Family Violence Joint Steering Committee, le cadre de référence d’une consultation de
l’élaboration de stratégies fut énoncé et fut approuvé par toutes les organisations et ministères impliqués.
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En avril 1992, le gouvernement de l’Ontario affecta 700 000 $ au financement des organisations
autochtones participant au Joint Steering Committee pour mener des consultations de grande envergure dans
leurs communautés sur la violence familiale, définir des priorités et élaborer une stratégie. La consultation
permit d’entendre les avis de 6 000 personnes (victimes, divers membres de la communauté et fournisseurs
de services) représentant 250 communautés autochtones. Cette initiative fut la plus grande consultation des
Autochtones entreprise dans la province de l’Ontario.
Les thèmes récurrents des consultations étaient le manque de services ou de programmes offerts par les
fournisseurs de services tant autochtones que non autochtones dans les réserves et à l’extérieur de celles-ci
pour contrer efficacement la violence familiale. Les services non autochtones existants étaient considérés
comme culturellement inadéquats ou inadaptés aux besoins des peuples autochtones; on pensait que les
services étaient souvent limités par le manque de ressources humaines et financières. On mentionnait
beaucoup la nécessité d’une approche holistique et intégrale de la violence familiale et la volonté de
contrôler les programmes et services au niveau local.
Les organisations autochtones publièrent un rapport intitulé
Aboriginal Family Violence: Consolidated
Report of Community Consultations.
Ce rapport indiquait les conclusions détaillées des consultations et
formulait des recommandations. Dans la partie concernant les orientations futures, il fournissait aussi les
domaines à aborder pour élaborer une stratégie de lutte contre la violence familiale :
1.
Formulation des principes
2.
Élaboration d’un continuum de programmes et de services
3.
Définition des domaines prioritaires et des ressources nécessaires
4.
Définition des rôles, des responsabilités et des processus sur le long terme.
En passant de la phase de consultation à l’élaboration de la stratégie, le Aboriginal Family Violence Joint
Steering Committee fut rebaptisé Aboriginal Family Healing Joint Steering Committee. Le fait de mettre
l’accent sur le ressourcement et le bien-être plutôt que sur la violence indiquait l’orientation de la stratégie
et les résultats qu’elle visait. Pour formuler une stratégie provinciale complète basée sur les consultations, le
comité directeur s’organisa en groupes de travail conjoints.
Principes directeurs de la Stratégie :
En 1993, le Aboriginal Family Healing Joint Steering Committee publia un rapport intitulé
For Generations
to Come: The Time is Now: A Strategy for Aboriginal Family Healing
. Ce rapport contenait une série de
principes destinés à guider l’élaboration et la mise en oeuvre de la stratégie de ressourcement des familles
autochtones. En fonction des priorités relevées au cours des consultations, il décrivait un continuum de
soins en huit phases, définissait un cadre stratégique et proposait une structure générale de gestion pour la
mise en oeuvre de la stratégie.
Un processus parallèle :
Pendant les années où le Aboriginal Family Violence Joint Steering Committee (renommé Aboriginal
Family Healing Joint Steering Committee) travailla à l’élaboration d’une stratégie de lutte contre la violence
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familiale, il y eut un processus parallèle concernant la question de la santé des Autochtones. En réponse à la
baisse du niveau des services de santé fournis aux communautés autochtones, certaines organisations des
Premières Nations conclurent à la nécessité d’une stratégie distincte pour les besoins de santé des
Autochtones en Ontario. Les organisations autochtones, menées par la Union of Ontario Indians
,
firent du
lobbying auprès du ministère de la Santé de l’Ontario pour la création d’un bureau de coordination des
affaires autochtones. En 1987 fut créée une entité d’une seule personne, et en 1988 le ministère de la Santé
chargea un consultant autochtone de réaliser une étude sur la possibilité d’élaboration d’une politique de
santé spécifique aux Autochtones pour répondre à la demande croissante de services concernant les
communautés autochtones de l’Ontario.
En 1991, un an après l’accession au pouvoir du gouvernement NDP, deux événements apportèrent la
possibilité de l’élaboration d’une politique de santé spécifique aux Autochtones. Structurellement, le
ministère de la Santé a fait de l’entité de coordination des affaires autochtones un Bureau des services de
santé pour les autochtones doté d’un personnel conséquent. Politiquement, l’élaboration d’une politique
« en partenariat et en collaboration » a été inscrite parmi les objectifs internes et les orientations stratégiques
du ministère. Cette déclaration interne fut confirmée par la ministre de la Santé (Frances Lankin) lorsqu’elle
rencontra les organisations autochtones de la province et leur exprima son engagement.
En décembre 1991 eut lieu la première réunion avec huit organisations autochtones/des Premières Nations
et le ministère de la Santé. L’ordre du jour portait sur deux points : pourquoi avait-on besoin d’une politique
de santé applicable aux Autochtones et que devait-on réaliser? Les cinq objectifs clés qui ont émergé de la
première réunion sont :
repérer les moyens d’améliorer l’accès et la participation des Autochtones aux services et la qualité de
ces services;
repérer les moyens d’augmenter la sensibilisation aux questions, aux besoins et aux
traditions culturelles liées à la santé des Autochtones;
définir les priorités des communautés autochtones;
reconnaître et développer les services
de santé conçus par les Autochtones;
mettre sur pied une stratégie visant à répondre aux besoins et aux priorités des Autochtones concernant
la santé, dans le contexte de leur droit inhérent à l’autonomie.
Il fut aussi convenu à cette réunion qu’une consultation des communautés autochtones était nécessaire pour
atteindre ces objectifs. En 1992, le ministère de la Santé signa des accords sur les coûts de cette initiative de
consultation.
Les consultations sur la politique de santé applicable aux Autochtones furent prévues en même temps que
les consultations sur la Stratégie de ressourcement des familles autochtones. Comme les mêmes
organisations étaient impliquées dans les deux processus et que ces deux consultations devaient se faire au
même moment, beaucoup d’organisations décidèrent de consulter leurs communautés et leurs membres sur
les deux questions à la fois. Les organisations utilisèrent les méthodes et les approches qui convenaient le
mieux à la situation de chacune : réunions au niveau régional; ateliers couvrant l’ensemble de l’Ontario;
réunions communautaires; rencontres avec les agences de santé; entretiens avec les détenus autochtones et
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rencontres traditionnelles. Une très vaste gamme de questions émanant de différents points de vue et de
différentes circonstances était abordée dans les consultations.
La fusion des deux processus :
Le Groupe de travail sur la politique de santé comprenant les organisations autochtones et les représentants
du ministère de la Santé se réunirent plusieurs fois pour discuter des résultats des consultations et pour
rédiger un rapport commun. Fin 1993, la Stratégie de ressourcement des familles autochtones et la Politique
de santé applicable aux Autochtones étaient toutes les deux dans la phase finale visant l’approbation du
gouvernement de l’Ontario et des organisations autochtones. La Politique de santé applicable aux
Autochtones fut officiellement adoptée par le Cabinet en tant que politique du gouvernement en 1993. En
1994, le Groupe de travail sur la Politique de santé remit son rapport final, intitulé
Nouvelles Directions : La
politique ontarienne de santé applicable aux Autochtones
. Ce rapport fut approuvé par le ministère de la
Santé et les organisations autochtones en 1994.
En janvier 1994, le Comité ministériel sur la Justice recommanda que le Cabinet de l’Ontario approuve les
deux soumissions à condition qu’on résolve les questions de financement et qu’il y ait des discussions avec
les organisations autochtones sur les « occasions de coordonner et d’intégrer les programmes et services liés
à la politique de santé applicable aux Autochtones et à la Stratégie de ressourcement des Autochtones ». Le
Cabinet décida de combiner les deux initiatives, entre autres pour des raisons fiscales. Selon un membre de
la haute administration au sein du gouvernement :
…Je pensais vraiment que si le ressourcement des Autochtones faisait partie de la santé des Autochtones,
les valeurs des Autochtones sur la santé et leurs positions sur l’amélioration de la santé et la prévention des
maladies en feraient aussi partie.
Face à cette décision du gouvernement, plusieurs organisations autochtones décidèrent de procéder à
l’intégration car elles ne souhaitaient pas l’échec de la stratégie sur les familles autochtones ni de la
politique de santé des Autochtones. Une des organisations autochtones créa l’expression « ressourcement et
mieux-être » pour décrire cette approche intégrée.
Approbation :
Le 15 juin 1994, le Cabinet de l’Ontario approuva la Stratégie de ressourcement pour le mieux-être des
Autochtones, en lui affectant 49,5 millions de $ pour une période de mise en oeuvre de cinq ans. Le montant
final était nettement inférieur à celui demandé dans les deux initiatives, mais dépassait quand même les
prévisions de beaucoup de participants des deux bords de la table de négociation. L’approbation de la
Stratégie fut annoncée à l’Assemblée législative de l’Ontario le 20 juin, la veille du Jour de solidarité à
l’égard des Autochtones.
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Résultats :
La Stratégie de ressourcement pour le mieux-être des Autochtones (SRMA) fut lancée en 1994. Elle
représente une approche unique des questions de santé et de ressourcement au Canada;
c’est le type
d’initiative qu’encourage la Commission royale sur les peuples autochtones.
Le processus d’élaboration et de mise en oeuvre de la Stratégie et des documents associés fut crucial pour les
fondements conceptuels de la SRMA. La Stratégie devait :
suivre une approche holistique et inclusive (tenir compte des besoins spirituels, physiques, mentaux
et émotionnels des personnes, des familles et des communautés, et ce pour tous les Autochtones
quel que soit leur statut);
aborder les problèmes et les occasions correspondant à différents âges (du stade prénatal à la
vieillesse);
mettre en oeuvre un continuum de soins : promotion de la santé, prévention des maladies,
programmes/services de traitement (curatifs) et rééducation.
La Stratégie de ressourcement pour le mieux-être des Autochtones (SRMA) est une initiative de politiques
et de services qui réunit les Autochtones et le gouvernement de l’Ontario dans un partenariat unique pour
promouvoir la santé et le ressourcement des Autochtones. Elle favorise et promeut l’intégration d’approches
traditionnelles et culturellement adéquates pour le ressourcement et le mieux-être des communautés
autochtones avec des stratégies contemporaines, tout en appuyant un meilleur accès des Autochtones au
type de soins et de services que la plupart des autres Ontariens considèrent comme allant de soi. Une
caractéristique importante de la Stratégie est que les programmes et services sont conçus, assurés et gérés
par les Autochtones eux-mêmes. Cette autonomisation est un aspect essentiel de la promotion du mieux-être
dans les communautés autochtones, en s’efforçant d’atteindre l’autonomie par l’usage d’enseignements
traditionnels et culturels et par des valeurs de façon à les enraciner dans le passé. Grâce aux efforts des
participants de la Stratégie, de plus en plus d’Autochtones bénéficient de l’amélioration des soins. La
SRMA a également permis la création de plus des 650 emplois dans la communauté autochtone,
construction de facilités et le développement d’une capacité de gestion et de planification de programmes.
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Bibliographie :
Dudziak, Suzanne,
Politics and Process of Partnership – A Case
Study of the AHWS
; Thèse de doctorat de
la Faculty of Social Work, University of Toronto, 2000.
Ontario Native Women’s Association,
Breaking Free: A Proposal for Change to Aboriginal Family
Violence
; décembre 1989, Thunder Bay, Ontario.
Site Web de la Stratégie de ressourcement pour le mieux-être des Autochtones:
www.ahwsontario.ca
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Phases de l’élaboration
Définition du besoin d’une stratégie spécifique aux
Autochtones pour faire face à la violence familiale
Constitution d’un comité directeur mixte (10 ministères
provinciaux et 8 organisations autochtones)
Définition et approbation du mandat
Consultations communautaires par les organisations
autochtones
Retraite
Suite à la consultation, les principes directeurs de la
stratégie sont approuvés par les dirigeants autochtones et le
gouvernement de l’Ontario
Élaboration d’une stratégie
Aval des dirigeants autochtones pour la Stratégie
Envoi de la version préliminaire de la politique de santé au
Cabinet de l’Ontario pour approbation
Définition du besoin d’une politique de santé applicable
spécifiquement aux Autochtones de l’Ontario
Constitution d’un Groupe de travail sur la politique de
santé (le ministère de la Santé et 8 organisations
autochtones)
Définition et approbation d’un ensemble d’objectifs
Consultations communautaires par les organisations
autochtones
Retraite
Aval des dirigeants autochtones pour la version
préliminaire de la politique de santé
Deuxième retraite
Deuxième vague de consultations des communautés
Envoi de la version préliminaire de la politique de santé
au Cabinet de l’Ontario pour approbation
Les deux initiatives sont fusionnées par le gouvernement de l’Ontario
L’Assemblée législative de l’Ontario annonce la Stratégie pour le ressourcement et le mieux-être des Autochtones
(SRMA)
Réunion d’un nouveau comité directeur de la SRMA pour discuter des réaffectations budgétaires, élaborer des voies de
financement et négocier des accords-cadres de mise en oeuvre
Premier appel à propositions et début de la mise en oeuvre
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