La pompe funèbre de Lavoisier au lycée des Arts - article ; n°156 ; vol.46, pg 230-236
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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1958 - Volume 46 - Numéro 156 - Pages 230-236
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1958
Nombre de lectures 6
Langue Français

Extrait

Pierre Lemay
La pompe funèbre de Lavoisier au lycée des Arts
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 46e année, N. 156, 1958. pp. 230-236.
Citer ce document / Cite this document :
Lemay Pierre. La pompe funèbre de Lavoisier au lycée des Arts. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 46e année, N. 156, 1958.
pp. 230-236.
doi : 10.3406/pharm.1958.8171
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1958_num_46_156_8171LA POMPE FUNÈBRE DE LAVOISIER
AU LYCÉE DES ARTS
lonienne la Neuf rue A Saint-Avoye, Surs l'exemple », Pilâtre et fondateur ou de et à sous Rozier l'instigation de le la nom songeait, première de de « en Musée Franklin, université 1781, », à un vénérable fonder libre, établissement < à la son de Société domicile la qui loge Apol- tiendes de
drait à la fois du cabinet de physique, de la société savante et de la salle de
conférences. Il avait demandé l'appui de l'Académie royale des Sciences,
mais celle-ci semble avoir fait quelques difficultés : peut-être y voyait-elle
un futur concurrent. Voici, en effet, une lettre significative de Pilâtre à
Condorcet, alors adjoint au secrétaire perpétuel, de rouchy :
Le 21 Novembre 1781.
Monsieur le Marquis,
J'apprends avec les plus vives inquiétudes que l'Académie, qui paraissait
accueillir mon projet, vient de refuser de prononcer sur un établissement qui serait
d'autant plus utile qu'elle daignerait y présider. Par quelle étrange fatalité aurai-
je pu démériter dans l'esprit des membres respectables qui la composent. Ma
première démarche, après avoir conçu ce projet, fut de réclamer les conseils de
l'illustre compagnie qui voulut bien nommer cinq commissaires dont la prudence
et les connaissances certifiaient l'exactitude du rapport. Mais les vacances ayant
nécessité un retard, la saison avancée et d'autres circonstances que je suis prêt
à détailler à l'Académie, m'obligeant à ouvrir le Musée, je crus, Monsieur le
Marquis, pouvoir sans indiscrétion solliciter l'autorisation du gouvernement qui,
voyant dans cette entreprise un zèle vraiment patriotique, en permit la publication.
Toujours soumis au sage tribunal qui, seul, peut prononcer sur l'utilité et les
avantages des établissements relatifs aux sciences, j'eus l'honneur, Monsieur le
Marquis, de vous présenter le premier prospectus dans lequel je promet au public
le rapport que la respectacle Académie semblait m'avoir accordé.
L'exécution de mon établissement répondant exactement aux engagements que
j'ai contractés, j'ose espérer que ce sera un titre de plus pour déterminer MM. les
commissaires à venir vérifier d'après les faits, et qu'ils en rendront un compte
capable de mériter l'approbation de l'Académie, que je supplie de vouloir bien
persister dans sa première décision. Si l'établissement ne remplit pas parfaitement
les avantages offerts par le prospectus, alors MM. les commissaires auront droit
de refuser leur rapport et le public ne sera pas dupe d'un exposé qu'on a étayé LA POMPE FUNÈBRE DE LAVOISIER Î31
sur des noms illustres de plusieurs membres de l'Académie. Daignez, Monsieur le
Marquis, être l'appui et l'interprète des sentiments très respectueux avec lesquels
j'ai l'honneur d'être, Monsieur le Marquis,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
PILATRE de ROZIER (1).
Sous le patronage du roi et du comte de Provence, le Musée fut ouvert
en 1783, mais la mort tragique du premier aéronaute, le 15 juin 1785, amen
ait bientôt sa fermeture. Le besoin d'une telle tribune se faisait sans doute
sentir, car le Musée fut vite remplacé par le Lycée (lui-même continué par
l'Athénée en 1803).
L'installation du Lycée au 2 de la rue de Valois, près la rue Saint-
Honoré, suivit de peu la mort de Pilâtre. Il fut fondé le 21 décembre 1785,
chez Maître Mony, notaire, par acte passé entre Monsieur, comte de Pro
vence, le comte d'Artois, le marquis de Montesquiou, le duc de Luynes,
Boutin, le d'Estaing, le duc de Villequier, de Flesselles, le comte de
Montmorin, de Sainte-James, Aubert, le marquis d'Avaray, le comte de Cha-
brillant, Beaujon, le comte de La Châtre, le marquis de Grave, du Lys, de
Bondy, de la Reynière, qui se partageaient en nombre inégal les 50 actions
de 1 .200 livres chacune. Les deux premiers souscripteurs : Monsieur et le
comte d'Artois, firent d'ailleurs don, immédiatement, de leurs vingt actions
à l'établissement. M. du Lys se retira en mars 1786. MM. Boutin et de Fles-
seleles en étaienet les commissaires (2).
Les troubles révolutionnaires vinrent interrompre Factivité du Lycée;
en effet, le 4 novembre 1793, Fourcroy avait fait épurer la société des trois
quarts de ses membres. Mais entre temps, en août 1792, s'était fondée, au
cirque du Palais-Royal, une société concurrente, le Lycée des Arts, soutenu
par Lavoisier (3) et sous l'impulsion du général Desaudray (Ch.-Em. Gau-
lard de Saudray), mathématicien et collaborateur de Borda, Trouville et
Bougainville, et qui en assuma la direction comme secrétaire général. On y
entendait des rapports et des discours et on y distribuait des récompenses.
Le 7 avril 1793, Fourcroy prononçait un discours sur l'Etat actuel des
Sciences et des Arts dans la République Française. Le 5 mai, Berthollet,
pour son procédé de blanchiement des toiles, et David, pour ses ouvrages
patriotiques en peinture pour la gloire de la République, recevaient une
couronne après avoir entendu un discours de Lavoisier sur l'opération natio
nale de la réduction de tous les poids et mesures à une seule mesure univers
elle, l'un des plus grands bienfaits de la Révolution et dont il était si
essentiel de répandre la connaissance et l'intelligence. Dans les séances sui
vantes, on relève des récompenses accordées à Leblanc, Parmentier, Borda,
Halle, Campmas, Valentin Hauy, Peyronnet, Boissy d'Anglas, Lenoir,
(1) Collection P. Lemay.
(2) Minute du contrat (Coll. P. Lemay).
(3) Lucien Scheler : Lavoisier et la Révolution française. Le Lycée des
Arts. Edition corrigée, Hermann, Paris, 1957. REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE 23î
Fortin, etc.. (4 ). On voit que ces réunions étaient empreintes de cette soletv
nité, faite à la fois de naïveté, de grandiloquence et bien souvent d'ineptie,
qui caractérise les fêtes dans les périodes révolutionnaires.
La Terreur passée, on respira et on se permit quelque courage tout en
prenant une assurance contre les représailles possibles en glorifiant quelques
victimes notoires. La première Notice sur la vie et les ouvrages de Lavoisier
est due à l'astronome Jérôme Lalande (5 ) qui, lui du moins, n'avait rien à
se reprocher ; d'un style clair et sobre, elle est fort bien documentée et donne
un excellent raccourci et un idée juste de l'uvre telle qu'on pouvait la
juger à l'époque. Le caractère droit et impartial de Lalande lui suggère des
réflexions pertinentes»
Lavoisier était grand, d'une physionomie gracieuse et spirituelle, d'un carac
tère doux, sociable, obligeant, d'une activité qui s'étendait à tout. Son crédit, sa
réputation, sa fortune et sa place à la Trésorerie lui donnèrent une prépondérance
dont il ne se servait que pour faire le bien, mais qui n'a pas laissé de lui faire des
jaloux.
J'aime à croire qu'ils n'ont pas contribué à sa perte.
Il suffit bien, pour expliquer leur inaction, de considérer la terreur universelle
qui paralysait toute la France et qui étouffait le génie, comme elle émoussait le
sentiment.
Le Lycée des Arts, qui avait déjà envoyé à Lavoisier une couronne de
lauriers quelques jours avant son exécution, devait lui rendre un hommage
solennel. A la séance du 30 Vendémiaire an IV (22 oct. 1795), un éloge
est prononcé par Bouillon-Lagrange (co-signataires: Darcet et Dizé) sous
forme d'un rapport « Sur les progrès de la Chimie et sur ce qu'elle doit aux
travaux de feu Lavoisier ».
« Le tableau que nous venons d'esquisser, dit-il, présente une suite de faits
dont lé nombre et l'importance sont tels qu'on a peine à croire qu'ils appartiennent
à l'histoire d'un seul homme.

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