LAUTOMEDICATION AU COURS DES AFFECTIONS BUCCO-DENTAIRES EN MILIEU URBAIN IVOIRIEN. Résultats dune
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L’AUTOMEDICATION AU COURS DES AFFECTIONS BUCCO-DENTAIRES EN MILIEU URBAIN IVOIRIENRésultats d’une enquête dans la région d’AbidjanSOUAGA K.*, ADOU A.*, AMANTCHI D.*, KOUAME P.*, ANGOH Y.*L’automédication en général et au cours des affections motif de la consultation,bucco-dentaires en particulier a été maintes fois évo- - le nom ou la description du ou des médicaments ainsi quée. Si des études ont été menées dans certaines spé- que leur origine éventuellement,cialités (2,3,6,7) pour en quantifier l’ampleur, il n’en est - les raisons qui ont conduit à l’utilisation de médica-ments sans avis médical.pas de même en odonto-stomatologie.Dans le cadre de la pratique odonto-stomatologique en RESULTATSCôte d’Ivoire, l’observation de nombreux cas compliquésAu total 418 patients dont 256 de sexe masculin ont étéen rapport avec l’automédication nous a amenés à effec-tuer une étude dans la région d’Abidjan afin de : interrogés, soit un sexe ratio de 1,58 en faveur des- préciser l’ampleur de cette pratique, hommes.La moyenne d’âge est de 26,9 ans avec des extrêmes à- savoir les médicaments les plus utilisés,- déterminer les origines de ces médicaments et, 15 ans et à 60 ans.- connaître la répartition de cette pratique en fonction 1 - Motifs de consultationdu sexe et des couches socio-professionnelles.La douleur a été le motif de la consultation dans 354 casMATERIEL ET METHODE (soit 84,69 %). Dans 34 cas (soit 8,13 %) le motif a étéune tuméfaction jugale.Dans les ...

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LÕAUTOMEDICATION AU COURS DES AFFECTIONS BUCCO-DENTAIRES EN MILIEU URBAIN IVOIRIEN RÈsultats dÕune enquÍte dans la rÈgion dÕAbidjan
SOUAGA K.*, ADOU A.*, AMANTCHI D.*, KOUAME P.*, ANGOH Y.*
LÕautomÈdication en gÈnÈral et au cours des affections bucco-dentaires en particulier a ÈtÈ maintes fois Èvo-quÈe. Si des Ètudes ont ÈtÈ menÈes dans certaines spÈ-cialitÈs (2,3,6,7) pour en quantifier lÕampleur, il nÕen est pas de mÍme en odonto-stomatologie.
motif de la consultation, - lenom ou la description du ou des mÈdicaments ainsi que leur origine Èventuellement, - lesraisons qui ont conduit ‡ lÕutilisation de mÈdica-ments sans avis mÈdical.
Dans le cadre de la pratique odonto-stomatologique enRESULTATS CÙte dÕIvoire, lÕobservation de nombreux cas compliquÈs en rapport avec lÕautomÈdication nous a amenÈs ‡ effec-Au total 418 patients dont 256 de sexe masculin ont ÈtÈ tuer une Ètude dans la rÈgion dÕAbidjan afin de :interrogÈs, soit un sexe ratio de 1,58 en faveur des - prÈciserlÕampleur de cette pratique,hommes. - savoirles mÈdicaments les plus utilisÈs,La moyenne dÕ‚ge est de 26,9 ans avec des extrÍmes ‡ - dÈterminerles origines de ces mÈdicaments et,15 ans et ‡ 60 ans. - connaÓtrela rÈpartition de cette pratique en fonction du sexe et des couches socio-professionnelles.1 -Motifs de consultation La douleur a ÈtÈ le motif de la consultation dans 354 cas MATERIEL ET METHODE(soit 84,69 %). Dans 34 cas (soit 8,13 %) le motif a ÈtÈ une tumÈfaction jugale. LÕÈtude sÕest dÈroulÈe de novembre 1997 ‡ mai 1998Dans les 30 autres cas (soit 7,18 %), les patients ont dans 9 cabinets dentaires repartis comme suit : 3 du sec-consultÈ dÕautres motifs (dÈtartrage, gÍne, prothËse). teur public dÕAbidjan, 3 du secteur privÈ de la mÍme ville et 3 du secteur public de villes dÈpendant adminis-2 - Utilisation de mÈdicaments trativement dÕAbidjan.Parmi les patients ayant participÈ ‡ lÕÈtude, 228 (soit Les patients ayant participÈ ‡ lÕenquÍte ont ÈtÈ pris au54,54 %) Ètaient depuis au moins 24h sous mÈdication hasard parmi ceux venus consulter au niveau de chaquedont 156 (soit 37,32 %) de leur propre initiative et 72 structure de soins.(soit 17,22 %) sur prescription ou sur recommandation Ont ÈtÈ exclus de cette enquÍte, les patients venusdÕun personnel de la santÈ non spÈcialiste de la cavitÈ buccale (mÈdecin gÈnÈraliste, pharmacien, sage-femme, honorer un rendez-vous, autrement dit, les patients dÈj‡ infirmier). connus dans le cabinet. Les 156 patients sous automÈdication se composent de Chaque patient participant a ÈtÈ soumis ‡ un interro-81 hommes pour 75 femmes. gatoire ayant trait aux items suivants : 3 -Les types de mÈdicaments utilisÈs - lÕÈtatcivil, Les substances mÈdicamenteuses que les patients ont - lemotif de la consultation, utilisÈes peuvent se rÈsumer selon le tableau I ci-aprËs. - lÕutilisationou non de mÈdicaments en rapport avec le Tableau I : Ensemble des mÈdicaments utilisÈs N e A B+ AIN S+ AIN S A BA IN SA ABD Bsait TotalAB = antibiotiques A IN Sou AIN S+ AA pasAINS = Anti-Inflammatoires non stÈroÔdiens AA = Antalgiques antipyrÈtiques Patients 1211 71 5931 410 228 BDB = Bains de bouche % 5,264,82 31,1425,88 26,75 1,754,4 100
FacultÈ dÕodonto-stomatologie - Abidjan - CÙte dÕIvoire. - 22 BP 612 - Abidjan 22
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Chez les patients qui ont fait de lÕautomÈdication, la rÈpartition se fait selon le tableau Il. Tableau II : RÈpartition des mÈdicaments utilisÈs en automÈdication. N e A B+ AIN S+ AIN S A BA IN SA ABD Bsait Total A IN Sou AIN S+ AA pas Patients 54 6142 622 10156 % 3,22,56 39,126,9 20,511,5 6,41 100 4 -Les principes actifs utilisÈs en automÈdicationTableau VI : Les antiseptiques utilisÈs Ils se rÈpartissent dans chaque groupe selon les tableauxcomme bains de bouche III, IV, V et VI. N bde fois% C hlorhexidine1 50 Tableau III : Les antibiotiques H ÈxÈtidine1 50 N bde fois% 5 - Les origines des mdicaments utiliss en automdi-A m oxicilline4 44,45cation Les patients qui ont consultÈ un personnel de la santÈ Spiram ycine3 33,33 avant leur visite au cabinet dentaire se sont procurÈ leurs Spiram ycine+ mÈdicaments dans une officine de pharmacie. 2 22,22 M Ètronidazole Par contre, ceux qui de leur propre initiative se sont administrÈ des mÈdicaments, les ont acquis selon le Total 9100 tableau VII ci-dessous. Tableau VII : Origines des mÈdicaments utilisÈs Tableau IV : Les anti-inflammatoires non stÈroÔdiens en automÈdication Patients % N bde fois% O fficine(pharm acie)86 55,13 A c.A cÈtylsalicylique 54 55,67 et dÈrivÈs (*)o up e rso n n e llefa m ilia leR È se rv e14 8,97 A c.N iflum ique15 15,46D onparentÉ)(am i,34 21,8 M archÈou rue22 14,1 A c.TiaprofÈnique 77,21 Total156 100 D iclofÈnac9 9,29 6 -Les raisons ayant motivlÕautom dication IbuprofËne 1212,37 Les raisons apparentes ayant conduit les patients ‡ faire de Total 97100 lÕautomÈdication peuvent se rÈsumer selon le tableauVIII. Tableau VIII : Motifs de lÕautomÈdication Æ ÆÆ * DÈrivÈs : Finidol, Cafenol, Sedaspir
Tableau V : Les antalgiques antipyrÈtiques
ParacÈtam ol ParacÈtam ol+ codÈÔne ParacÈtam ol+ dextropropoxyphËne Total
N bde fois 28
10
7
45
% 62,22
22,22
15,56
100
30
Patients % D ouleursinsupportables50 32,05 Faute de temps27 17,3 M anquede moyens financiers30 19,23 Peur du chirurgien-dentiste18 11,54 Par habitude20 12,82 A utresraisons (*)11 7,05 Total156 100 Autres raisons : douleurs survenues le week-end, sur insistance dÕun proche,...
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7 -La RÈpartition de lÕautomÈdication en fonction des couches socioprofessionnelles Elle se fait selon le tableau IX ci-aprËs :
Tableau IX : RÈpartition de lÕautomÈdication en fonction des couches socio-professionnelles Patients % C adressup. : Directeurs, 14 8,97 avocats,É C a d re sm o y e n s: pro fe sse u rs 23 14,75 collËges, instituteurs C om m erÁants19 12,18 A rtisans,ouvriers, planteurs33 21,15 ElËves, Ètudiants50 32,05 Sans profession17 10,9 Total156 100
COMMENTAIRES
1 - DÈfinitions de lÕautomÈdication
LÕ auto mÈdic ati onest dÈfi ni ed ansle dict io nna ir e GARNIER-DELAMARRE, comme un traitement pharma-ceutique par un patient de sa propre initiative, sans prescription mÈdicale.
Pour VENULET et coll. (10), lÕautomÈdication est lÕem-ploi dÕagents thÈrapeutiques pour traiter une situation pathologique rÈelle ou imaginaire par des mÈdicaments choisis sans avis mÈdical.
Certains auteurs comme MATILLON Y. et coll. (4) pren-nent lÕautomÈdicati onau sens large du terme et y incluent Ègalement le fait dÕutiliser des mÈdicaments achetÈs sur les conseils dÕun pharmacien.
Compte tenu de lÕorganisation du systËme sanitaire en CÙte dÕIvoire et de lÕimportance quÕy occupent le phar-macien, la sage-femme et lÕinfirmier (e), nous nÕavons pas considÈrÈ comme de lÕautomÈdication, lÕutilisation de mÈdicaments prescrits ou recommandÈs par ceux-ci.
NÕont ÈtÈ pris en compte donc, que les patients ayant pris des mÈdicaments issus de leur rÈserve (ou pharmacie familiale) ou achetÈs de leur propre initiative chez le pharmacien ou ailleurs comme nous le verrons plus loin.
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2 - La mÈthodologie
LÕenquÍte sÕest dÈroulÈe dans la rÈgion dÕAbidjan (capital Èconomique de la CÙte dÕIvoire) cÕest-‡-dire dans la ville dÕAbidjan mÍme et dans trois autres dÈpendant adminis-trativement dÕAbidjan : Dabou, Aboisso et Grandbas-sam). Il sÕagit donc dÕune Ètude rÈalisÈe en milieu urbain : lÕine-xistence dÕutilisation de thÈrapeutiques traditionnelles (photo 1) peut Ítre considÈrÈe comme lÕune des consÈ-quences de ce choix.
Photo 1 : Vente de mÈdicaments traditionnels
Nous avons utilisÈ un questionnaire auquel devait rÈpon-dre chaque patient concernÈ lors dÕun entretien en face ‡ face.
3 - Les motifs de consultation
Les douleurs constituent la principale cause de consul-tation. Notre Ètude ne diffËre pas en cela dÕautres Ètudes (2, 5) effectuÈes sur lÕautomÈdication. Il faut par contre signaler que les tumÈfactions jugales, essentiellement constituÈes par les cellulites dÕorigine dentaire, reprÈsentent un autre motif de consultation non nÈgligeable : elles sont retrouvÈes dans 8,13 % des cas.
4 -LÕampleur de lÕautomÈdication
Le taux dÕautomÈdication (telle que dÈfinie, prÈcÈdem-ment) sÕÈlËve selon notre Ètude ‡ 37,32 % soit un peu plus dÕun patient sur trois. Ce taux est plus ÈlevÈ que ceux de MATILLON Y. et coll. (4) et MENARD G. et coll. (5) qui ont trouvÈ respective-ment 28,4 % et 29,4 %. Par contre, il est plus bas par rapport ‡ ceux de JAQUIER F. et coll. (2), de QUENEAU
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P. et coll. (8) et dÕune Ètude menÈe auprËs dÕÈtudiants de grandes Ècoles de HONG KONG rapportÈe par RUDOLF M. et coll. (9) qui sont respectivement de 57 %, 49,7 % et 72 %. Deux Ètudes menÈes au GABON par PERRET J.L et coll. (6, 7) ont trouvÈ des taux dÕautomÈdication de 50 % et 65 %.
5 - La rÈpartition et les types de mÈdicaments
Les antalgiques antipyrÈtiques anti-inflammatoires ou non, sont les plus concernÈs par lÕautomÈdication : prËs de 88,68 % des patients interrogÈs en ont fait usage. La prÈvalence de ce groupe de mÈdicaments est en rapport avec le motif principal de consultation (la douleur) et le fait que ces mÈdicaments sont en vente libre.
Cette prÈvalence est retrouvÈe dans dÕautres Ètudes (1, 2, 4, 5, 8, 10). Pris isolÈment, les anti-inflammatoires sont plus utilisÈs que les antalgiques antipyrÈtiques dans notre Ètude. DESPRES-DELY C. (1), MATILLON Y. et coll. (4) et MENARD G. et coll. (5) ont trouvÈ le contraire dans leurs Ètudes respectives. Dans chaque classe thÈrapeutique, ce sont respectivement lÕacide acÈtylsalicylique et ses dÈrivÈs et le paracÈtamol qui sont les plus absorbÈs avec des scores de 55,67 % et 62,22 %. Les effets irritant sur le tractus digestif, antiagrÈgant pla-quettaire et immunodÈpresseur des anti-inflammatoires non stÈroÔdiens ne sont plus ‡ dÈmontrer. On comprend dËs lors, les graves risques auxquels sÕexposent les malades qui ne recherchent que lÕeffet antalgique de ces mÈdicaments. Les antibiotiques arrivent en seconde position. Ce sont lÕamoxicilline et la spiramycine qui sont les plus utilisÈes. Ces mÈdicaments sont obtenus, le plus souvent, par reconduction dÕune ancienne ordonnance ou par utilisa-tion des restes dÕun traitement prÈcÈdent voire par achat au marchÈ ou dans la rue. Les antibiotiques obtenus de la sorte, sont utilisÈs de faÁon inadÈquate tant en posolo-gie quÕen durÈe. Ce traitement inadaptÈ a ÈtÈ dÈj‡ soulignÈ par PERRET J.L. et coll. (7) dans le cadre dÕune Ètude sur lÕautomÈdication anti-paludÈenne au GABON.
Nous nÕavons pas notÈ dÕautomÈdication ni par psycho-tropes ni par des drogues diverses comme du cannabis et ses dÈrivÈs, contrairement ‡ JAQUIER F. et coll. (2).
6 -LÕacquisition des mÈdicaments
Plus de la moitiÈ (55,13 %) des patients sous automÈdi-
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cation se sont approvisionnÈs dans une pharmacie. Les autres ont utilisÈ des mÈdicaments issus de leur rÈserve personnelle, dÕun don ou achetÈs au marchÈ ou dans la rue.
Si lÕachat direct en officine et lÕutilisation de mÈdica-ments issus de la pharmacie personnelle ou familiale sont retrouvÈs dans la plupart des Ètudes europÈennes (5, 9, 10) par contre, lÕacquisition de mÈdicaments au mar-chÈ ou dans la rue (photo 2) constitue ‡ notre avis, une spÈcificitÈ de lÕAfrique, voire des pays en dÈveloppe-ment. La lÈgislation sur la vente des substances mÈdica-menteuses nÕy est pas respectÈe. Par ailleurs, en CÙte dÕIvoire comme dans la plupart des pays en dÈveloppe-ment ,il nÕexiste pas de sÈcuritÈ sociale. Seuls les fonctionnaires et les salariÈs dÕentreprises privÈs bÈnÈfi-cient dÕun systËme de prise en charge partielle de la consultation, des frais mÈdicaux et de pharmacie.
Photo 2 : Achat de mÈdicaments modernes au marchÈ
expos saux intemp ries (soleil, pluies...). Tr s souvent, les dates de pÈremption ne figurent pas ou sont illisibles sur les emballages quand celles-ci existent. En rËgle gÈnÈrale, les mÈdicaments sont vendus au dÈtail voire ‡ lÕunitÈ. Ce qui explique que certains patients (4,4 %) ne sachent pas le nom du mÈdicament utilisÈ. Le (ou la) marchand(e) joue ‡ la fois, le rÙle de thÈrapeute et de pharmacien. LÕefficacitÈ et lÕinnocuitÈ de mÈdicaments ainsi achetÈs ne sont pas garanties, les amateurs de ces marchandises particuliËres sont exposÈs ‡ de rÈels dangers (intoxica-tion, altÈration de la fonction rÈnale...).
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7 -Les raisons et la rÈpartition de lÕautomÈdication selon les couches socio-professionnelles
CÕest le caractËre insupportable des douleurs qui le plus souvent amËne les malades ‡ sÕautomÈdiquer. La particu-laritÈ du nerf trijumeau (V) permet dÕexpliquer lÕintensitÈ des douleurs oro-faciales.
Le manque de moyens financiers est en rapport avec les 42,95 % de patients (ÈlËves, Ètudiants et sans profession) qui nÕexercent pas dÕactivitÈ rÈmunÈrÈe. Quant au manque de temps ÈvoquÈ par 17,3 % des patients, il cache une certaine phobie du chirurgien-den-tiste qui est encore perÁu comme celui qui´ arrache les dents et fait mal ´. LÕautomÈdication permet donc de repousser au plus tard possible, la visite chez le spÈ-cialiste. DESPRES-DELY (1992) (1) pense mÍme que lÕautomÈdication constitue une sorte de contestation vis-‡-vis du corps mÈdical et de la relation de pouvoir entre mÈdecin et malade.
Le nombre relativement ÈlevÈ dÕÈlËves et dÕÈtudiants dans cette enquÍte peut sÕexpliquer par le fait que la rÈgion dÕABIDJAN est fortement scolarisÈe. Par ailleurs, lÕenquÍte sÕest dÈroulÈe pendant une pÈriode scolaire ou universitaire.
8 -Influence du sexe sur lÕautomÈdication
Les patientes reprÈsentent 38,75 % des patients interro-gÈs. LÕautomÈdication a ÈtÈ retrouvÈe chez 46,3 % dÕen-tre elles, alors quÕelle nÕest que 31,64 % chez les hom-mes. A priori, on peut dire que les femmes sont plus
RESUME
enclines ‡ sÕautomÈdiquer que les hommes. Cette consta-tation a ÈtÈ relevÈe par plusieurs autres Ètudes (4, 5, 10).
CONCLUSION
Notre Ètude comporte certainement des insuffisances, car limitÈe ‡ certains cabinets dentaires de la rÈgion dÕAbid-jan et ‡ des patients pris au hasard. A notre connaissance, il sÕagit dÕune premiËre sur lÕauto-mÈdication en odonto-stomatologie en CÙte dÕIvoire. Nonobstant ses insuffisances, notre Ètude permet dÕavoir une idÈe sur lÕautomÈdication en milieu urbain ivoirien. Elle permet Ègalement de soulever les problËmes de cer-tains mÈdicaments en vente libre et surtout de la lÈgisla-tion sur la dÈtention et la vente de substances mÈdica-menteuses par des personnes non qualifiÈes dans les pays en dÈveloppement.
LÕutilisation anarchique dÕanti-inflammatoires non stÈroÔ-diens, dÕantalgiques, etc... relevÈe par la prÈsente Ètude, souligne les risques encourus par les malades tant en ce qui concerne les troubles digestifs et la sÈlection de sou-ches microbiennes multi-rÈsistantes quÕen ce qui concer-ne les troubles hÈmostatiques notamment lors de nos thÈ-rapeutiques chirurgicales. Il est donc impÈratif de bien mener lÕinterrogatoire et partant, lÕexamen des patients.
Nous recommandons par ailleurs, une extrÍme prudence lors des dÈcisions chirurgicales sur des patients en urgen-ce. Enfin, nous conseillons la mention ´ A ne pas renou-veler ´ sur chaque ordonnance chaque fois que la pour-suite du traitement au-del‡ du dÈlai prescrit nÕest pas envisagÈ.
Une enquÍte a ÈtÈ menÈe pendant 6 mois auprËs de 418 patients ‚gÈs de 15 ‡ 60 ans et venus consulter dans 9 cabinets dentaires de la rÈgion dÕAbidjan. Cette Ètude rÈvËle une automÈdication chez 37,32 % des patients. Les mÈdicaments concernÈs sont par ordre dÈcroissant de frÈquence, les anti-inflammatoires non stÈroÔdiens, les antalgiques et les antibiotiques. Les principales raisons qui mËnent les patients ‡ sÕautomÈdiquer sont lÕintensitÈ des douleurs (dans 32,05 % des cas), le manque de moyens financiers (dans 12,82 % des cas) et la phobie du chirurgien-Dentiste (dans 11,54 % des cas). Si dans la plupart des cas (55,13 %) les mÈdicaments sont acquis dans les officines de pharmacie, une partie non nÈgligeable (14,10 %) est achetÈe au marchÈ ou dans la rue. Les rÈsultats de cette enquÍte sont analysÈs et comparÈs ‡ ceux dÕautres rÈalisÈes dans dÕautres spÈcialitÈs.
Mots-clÈs : AutomÈdication, odontologie-stomatologie, mÈdicaments, anti-inflammatoires.
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SUMMARY Self-medication during oral and dental diseases in Ivorian urban environment results of a survey in the Abidjan area
During six months, a study enclosing 418 patients from 15 to 60 years old, has been realised in nine dental offices of the Abidjan area. Self-medication has been found among 37.32 per cent of the patients. The most concerned medicines are no steroid inflammatories, analgesics and antibiotics. According to this study, the main reasons of the self-medication are the pain, the lack of money, the practice and the fear of the dental surgeon. The medicines are obtained at the chemistÕs or bought at the market or in the street. The results of the study are compared to others did in different specialities.
Key-words : Self-medication, odontology, stomatology, medicines.
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