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Le sang du corps du droit canon ou des acceptions de l'adage ...

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Le sang du corps du droit canonDroit et Soci(épt.é  52483--1596934)ou des acceptions de l’adage« Ecclesia abhorreta sanguine »*Michèle Bordeaux Résumé**L’auteurAgrégée de sciences naturelles.La doctrine canonique enseignée et transmise donne à l’adage « EcclesiaAgrégée d’histoire du droit. Pro-abhorret a sanguine » une signification restreinte. Elle valorise les vertusfesseur à l’Université de Nantes.de paix et de douceur de l’Institution et la juste sanction dont elle frappeResponsable de l’URA CNRSles actes personnels de violence homicide entre chrétiens. Or l’extension1154 « Droit et Changement so-des exonérations accordées (légitime défense contre les hérétiques, officecial ». Développe et encadre despublic des Princes libérateurs et de leurs soldats) montre les limites detravaux en matière d’histoiredes femmes et des familles, por-l’habituelle traduction de l’adage latin : « L’Église déteste faire couler letant préférentiellement sur lasang. » Le statut du sang dans le corps du droit canon doit au contrairepériode 1930-1950 et les politi-être restitué lato sensu : « L’Église hait le sang qui coule. » Le sang est unques sociales des États fascistesagent polluant et toujours contaminant (ainsi que le sperme, autre liquideet conservateurs.vital). La « communion des sangs » lors d’une relation charnelle (dans ouParmi ses publications :hors mariage) communique une parenté consanguine d’affinité porteuse— Qualifié viol (en collab.), Ge-d’interdit incestueux. L’hérésie... et la foi catholique... se transmettent parnève, Médecine et Hygiène, coll.le sang (statuts espagnols de pureté du sang). Le sang (comme le sperme)« Déviance et Société », 1988 ;— « 7 ans de réflexion : divorcepollue les lieux saints où il serait émis (accouchement, menstrues) etet séparation dans la France decontribue à exclure les femmes du Sacré.Vichy », in Actes du ColloqueDroit et réalités sociales de laActe sexuel – Droit canonique – Femmes – Homicide – Parenté – Sang.sexualité, Toulouse, oct. 1985,Lille, L’espace juridique, 1987.L’auteur renoue ici à propos defiliation et de parenté avec sesrecherches initiales sur le sang :— « Hématologie géographiqueet histoire des coutumes », An-Canon Law's Blood : On some Meanings of the Adage « Ecclesia abhor-nales ESC, Histoire et biologie, 2,ret a sanguine »1969 ;Canonical legal scholars taught and passed on a strict sense for the adageet sur les sources canoniques :« Ecclesia abhorret a sanguine ». It highlights the Church's virtues of— Approche économique de lapeace and kindness and its fair punishment of personal acts of homicidalvie de l’Église, Paris, LGDJ, 1969.violence amongst Christians. However, the number of exonerations* Contribution rédigée à Nantesgranted (self-defence against heretics, public office of Liberator Princesen juin 1993.and their soldiers) points to the limits of the traditional translation of the** Université de Nantes,adage : « The Church abhors shedding blood. » The status of blood in theURA CNRS 1154 « Droit etCanon Law corpus must be understood, rather, in a broad Sense : « TheChangement social »,Chemin de la Censive du Tertre,F-44036 Nantes cedex 01.Summary435
M. BordeauxLe sang du corps du droitcanon ou des acceptions del’adage « Ecclesia abhorret asanguine »1. Nous proposerons des traduc-tions libres des textes canoni-ques latins ne comportant pasd’édition française contempo-raine et des textes espagnols surla pureté du sang.2. Nos sources relèvent essen-tiellement du Corpus juris ca-nonici fixé en 1580, composé duDécret de Gratien, des Décréta-les pontificalees de 1187 à 1234,du Sexte ou 6 Livre de BonifaceVIII 1234-1298, des Clémentinesde Clément V (1298-1317), desExtravagantes de 1484. Cet en-semble de règles ou canons or-donne en principe (malgré deforts espaces de désuétude) lecomportement des clercs et deslaïques chrétiens, la vie sacra-mentelle des communautés etleurs rapports avec les cités sé-culières jusqu’à la promulgationdu Code de droit canonique de1917 (remanié après Vatican IIet mis en application récem-ment -1983-) et des commentai-res et traités anciens et moder-nes référés en bibliographie.Church abhors flowing blood. » Blood pollutes and always contaminates(as does sperm, another vital liquid). « Communion of blood » during thecarnal act (between married or non-married people) creates a consanguineconnection and consequently an incestuous interdict. Heresy as well asCatholic faith are transmitted through blood (Spanish statutes of « bloodpurity »). Blood (like sperm) would pollute holy places were it flow there(childbirth, menses) and thus contributes to the exclusion of women fromthe Sacred.Blood – Canon Law – Carnal act – Consanguinity – Homicide – Women.« Ecclesia abhorret a sanguine ». Cet adage du XVIe siècle, danssa traduction littérale1 « l'Église hait le sang », est censé résumer lathéologie morale de l'Église catholique en matière d’effusion desang. Les commentaires qu’il a suscités de la part des décrétistes etdécrétalistes, des auteurs de traités anciens ou modernes de droitcanon convergent vers une interprétation préférentielle et restric-tive où « l'Église déteste faire couler le sang », valorisant ainsi lepacifisme, la douceur, la lenitas, la vie en opposition à la guerre, laviolence et la mort. Non seulement cette acception doit être ques-tionnée, mais encore nos recherches en histoire de la famille et dela filiation nous ont amenés à tenter de démasquer une acceptionplus large de l’adage, porteuse de fantasmes discriminatoires maispermise par une traduction lato sensu : « l'Église hait le sang quicoule »2.De quel sang s’agit-il ? de sang humain.Le droit canonique conformément à la théologie dogmatique etmorale n’aborde la question du sang du Christ qu’à propos de lapratique sacramentelle et des risques de violation du vin consacré,de pollution du vin consacré.Le sang humain et le sang du Christ s’inscrivent tous les deuxdans la dialectique plus ou moins métaphorique de la vie et de lamort, ils relèvent de la même acception de liquide vital, l’un entre-tenant la vie éternelle, l’autre la vie humaine, l’un la communautémystique, l’autre la communauté terrestre. Mais il reste que le sanghumain relève du don de Dieu créateur. Il s’agit de ne point répan-dre ce don, ni volontairement, ni involontairement. Volontaire,l’effusion entraîne sanction canonique et/ou laïque ; involontaire,elle charrie la pollution.Le sang du Christ est pureté, purification, initiation del’Homme nouveau. Le sang humain, lui, est chargé de mort poten-tielle, d’impureté manifeste dès qu’il s’échappe du corps, qu’ilcoule à l’extérieur du corps alors même qu’il accompagne la vie,comme lors des naissances et des accouchements.454
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