Rapport de la Réunion de l’Effort Conjoint OMS/OIT pour la Santé et la Sécurité au
Travail, Abidjan, 28-30 mai 2001
INTRODUCTION
Les problèmes de santé et sécurité au travail auxquels fait face l’Afrique sont multiples. Au
moment où les risques traditionnels tels que l’exposition aux bruits et à la poussière ne sont
pas encore pris en compte d’une manière effective, les nouveaux risques, tels que
l’importation des produits toxiques, le nombre d’heures devant les écrans d’ordinateurs, le
stress au travail y sont introduits. Le fardeau des problèmes de santé liés au travail est par
conséquent élevé et varie d’une sous-région, d’un pays et d’une communauté à l’autre.
Dans le même temps, l’on observe une mutation importante des ressources humaines.
L’économie des pays n’a pas permis l’intégration complète des ressources humaines dans le
développement économique, et un énorme secteur informel s’est constitué au cours des
années. Les estimations actuelles attestent qu’en Afrique plus de 60% de forces vives se
trouvent dans le secteur informel. Beaucoup d’enfants ont intégré la population active, les
privant souvent d’éducation et de la vie d’enfant. Pour ces groupes de travailleurs, les
conséquences de la pauvreté telles que la malnutrition, l’habitat précaire et le manque de
soins de santé de base sont combinés aux méfaits des mauvaises conditions de travail.
Pour toutes ces raisons, l’OMS et le BIT ont décidé de joindre leurs efforts pour renforcer les
capacités des pays dans le domaine de la Santé et Sécurité au travail, tant dans le secteur
formel qu’informel, à travers l’Effort Conjoint OMS/BIT pour la Santé et Sécurité au Travail
en Afrique, récemment formalisé à Harare.
La réunion du 28 au 30 mai 2001 devait servir de base pour le renforcement d’un réseau
d’institutions et agences des pays africains, les rapprochant les unes des autres. Un accent
devait être spécialement mis sur le développement des projets pilotes pour la Santé et la
Sécurité au travail dans le secteur informel, dans des villes d’Afrique centrale et de l’ouest.
Les objectifs de la réunion et les résultats attendus étaient les suivants :OBJECTIFS
Objectif général
Déterminer des axes stratégiques d’intervention pour la protection de la santé et la
sécurité au travail dans le secteur informel avec un accent spécial sur le renforcement
des réseaux en Afrique.
Objectifs spécifiques
Définir des axes stratégiques d’intervention pour la protection de la santé et la sécurité
des travailleurs dans le secteur informel des pays africains;
Elaborer des plans d’action nationaux pour la santé et la sécurité des travailleurs du
secteur informel;
Identifier un réseau de potentiels centres d’excellence d’Afrique et d’ailleurs.
Résultats attendus
Des axes stratégiques d’intervention en vue de la protection de la santé et la sécurité
des travailleurs du secteur informel en Afrique définis;
Des plans d’action nationaux pour la santé et la sécurité des travailleurs du secteur
informel élaborés;
Un réseau de potentiels centres d’excellence sur la Santé et Sécurité au Travail
identifié;
PARTICIPANTS (Voir Liste des participants en annexe 1)
• Participants de pays d’Afrique centrale et de l’ouest : Bénin, Burkina Faso, Côte
d’Ivoire, Mali, Niger, République Démocratique du Congo et Tchad
• Représentants de l’OMS/AFRO et de l’OMS/HQ
• Représentant de l’OIT/EMAO d’Abidjan
• Représentants de centres francophones de formation et de recherche en santé et
sécurité au travail (Bénin, France, Suisse)
La réunion a consisté pour la première partie à la présentation des activités de l’OMS/AFRO
et des expériences des pays participants en santé et sécurité au travail. La seconde partie a
consisté en l’identification des axes stratégiques d’intervention dans le secteur informel,
suivie de l’élaboration d’un plan d’action type. La dernière partie a porté sur les
communications des experts des centres francophones en Santé au travail et des discussions
sur les centres potentiels de formation et le réseau de formation à distance. (Voir Programme
en annexe 2).CEREMONIE D’OUVERTURE
La cérémonie d’ouverture a été ponctuée de trois allocutions. Il s’agit de l’allocution du
Représentant de l’OMS en Côte d’Ivoire, celle du représentant de la Directrice Régionale du
BIT pour l’Afrique et enfin, l’allocution d’ouverture du Ministre de la Santé Publique de la
Côte d’Ivoire.
Dans son intervention, le Docteur Mame Thierno ABY SY, représentant de l’OMS en Côte
d’Ivoire, a souligné que l’emploi, lorsqu’il est exercé dans des conditions sanitaires
défavorables, peut être un facteur de mortalité, de maladies, d’accidents, d’incapacités et de
détresses psychologiques. Il a par ailleurs fait remarquer que sous l’effet de la pauvreté
grandissante, les groupes vulnérables que sont les enfants, les femmes et les vieillards, se
réfugient dans le secteur informel où aucune protection formelle en matière de santé et de
sécurité au travail n’est assurée. Le Docteur SY a fait ressortir la nécessité d’intégrer la
composante santé au travail avec celle des soins primaires et de promotion de la santé en
général. Il a en outre indiqué que la santé en Afrique est aujourd’hui en situation d’urgence et
que les actions de recherche, de formation, et d’interventions multisectorielles qu’appellent
la santé et la sécurité au travail nécessitent le soutien de la communauté internationale.
S’agissant de Mr Toudjida ANDEMEL, après avoir présenté les excuses de la Directrice
Régionale du BIT pour l’Afrique qu’il représentait, il a dans son allocution souligné que la
présente rencontre constituait une preuve de la poursuite du partenariat entre l’OMS et le
BIT dans la recherche constante d’un cadre de promotion de la santé et la sécurité au travail.
Ce partenariat se traduit à travers la coopération technique qui constitue l’un des moyens du
BIT pour favoriser le respect des normes internationales du travail et consolider le tripartisme
et le dialogue social. Il a par la suite insisté sur le fait que le secteur informel ne peut être
appréhendé que par une approche coopérative compte tenu de sa pluralité et de la
dissémination de ses effectifs, plutôt que par une tentative de suivi et de prises en charge
individuelles.
Dans son allocution d’ouverture, le Ministre de la Santé Publique a mis l’accent sur
l’attention que le Gouvernement ivoirien attache à tout ce qui touche à l’intérêt des
travailleurs, notamment leurs conditions de travail et de vie. Il a insisté sur la nécessité de
faire respecter les normes relatives à la surveillance médicale des travailleurs avant de
souligner que la santé au travail ne devrait plus être sous la responsabilité exclusive du
Ministère chargé du travail. Aussi, le Ministre de la santé publique a-t-il indiqué qu’il prendra
les contacts avec son homologue du travail en vue de la mise sur pied d’un comité conjoint
Ministère de la Santé publique/Ministère du travail pour s’occuper des questions de santé et
de sécurité au travail. Il a enfin assuré aux participants que les recommandations de l’atelier
seront appliquées en Côte d’Ivoire.
SEANCE D’INTRODUCTION
Après la cérémonie d’ouverture, Mme E. ANIKPO N’TAME, Directrice de la Division des
Environnements Sains et du Développement Durable de l’OMS/AFRO a introduit le contexte
de la santé et la sécurité au travail en région africaine. Elle a souligné le fait que malgré
l’importance des accidents de travail et des maladies professionnelles, l’intensification des
risques pour les travailleurs, ce secteur reste la parent pauvre des politiques dedéveloppement sanitaire en Afrique. De même, les institutions ne répondent pas
adéquatement au secteur informel pourtant en forte progression et qui est un secteur refuge
pour des populations vulnérables. Elle a ensuite mis l’accent sur la nécessité d’accorder une
priorité au programme de santé au travail et a mentionné l’intensification de la collaboration
entre l’OMS et l’OIT pour la protection de la santé et la sécurité des travailleurs. Les
objectifs de l’atelier ont ensuite été présentés et malgré le fait qu’ils semblaient ambitieux,
elle a exprimé sa confiance, au vu de la qualité des participants, à l’atteinte de ceux-ci.
Après la présentation des participants, Mme Anikpo a présenté le bureau des séances :
Jour 1
Président : Dr Kounandi (Côte d’Ivoire)
Rapporteurs : Représentants du Bénin et du Burkina Faso
Jour 2
Présidente : Dr Niandou (Niger)
Rapporteurs : Représentants du Mali et de la Côte d’Ivoire
Jour 3
Président : Prof Fayomi (Bénin)
Rapporteurs : Représentants de RDC et du Tchad
Le programme de travail a été adopté.
COMMUNICATIONS
Les communications ont porté respectivement sur les présentations des activités de la santé et
de la sécurité au travail dans le secteur informel par le Dr Nitcheu, la présentation de l’Institut
Universitaire Romand de santé au travail par le Dr Droz et les expériences des pays en
matière de sécurité et santé au travail.
Dr G. Nitcheu, Point Focal en Santé et Sécurité au travail à l’OMS/AFRO, a articulé son
intervention sur les caractéristiques du secteur informel et des travailleurs du secteur
informel, avant d’aborder les principes d’intervention dans ce secteur. Elle a ensuite présenté
les différentes activités menées par l’OMS/AFRO en Santé et sécurité au travail. Elle a
mentionné notamment l’étude sur l’organisation des services de santé au travail au sein des
Ministères de la santé des pays de la région africaine et les axes d’activités qui s’en sont
dégagées, la réunion OMS/BIT tenue en mars 2001 à Harare qui a donné lieu à
l’identification de quatre aires de collaboration et enfin les projets pilotes dans le secteur
informel dans 5 villes anglophones actuellement mis en œuvre dans la ville de Cape Town.
A la suite du Dr Nitcheu, le Dr Droz a présenté la structure de son institution en mettant
l’accent sur les activités relatives à la formation, à la recherche, aux expertises et à la
promotion de la santé au travail.
En ce qui concerne les expérienc