Médicaments de la petite enfance à l aube du XVIIe siècle, à propos du journal de Jean Héroard, médecin de Louis XIII - article ; n°302 ; vol.82, pg 351-361
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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1994 - Volume 82 - Numéro 302 - Pages 351-361
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 41
Langue Français

Extrait

Robert Labeÿ
Médicaments de la petite enfance à l'aube du XVIIe siècle, à
propos du journal de Jean Héroard, médecin de Louis XIII
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 82e année, N. 302, 1994. pp. 351-361.
Citer ce document / Cite this document :
Labeÿ Robert. Médicaments de la petite enfance à l'aube du XVIIe siècle, à propos du journal de Jean Héroard, médecin de
Louis XIII. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 82e année, N. 302, 1994. pp. 351-361.
doi : 10.3406/pharm.1994.4075
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1994_num_82_302_4075A propos du journal de Jean Héroard,
médecin de Louis XIII
Médicaments
de la petite enfance
à l'aube du XVIIIe siècle *
et A qui de Madeleine deux compte ouvrage la fin êtres de plus que Foisil, : l'automne Jean de son 3 Héroard, qui préfacier, 000 porte pages, 1989, qui l'enfant Pierre la l'uvre lui Librairie a Chaunu, à consacré bout à travers Fayard de qualifie vingt-six bras l'espace éditait depuis de ans « et un grand de le 1978 énorme temps, sa livre, » vie, i.
Le travail de l'équipe dirigée par M. Foisil ne s'est pas limité à la
transcription du texte original dans son intégralité ; il s'accompagne
d'une analyse de son contenu, relevé minutieux par Héroard de tout ce qui
concerne la vie de chaque jour du Dauphin, puis roi. D'abord, l'hygiène
journalière : horaires de sommeil et de veille, horaire des repas, avec
leur composition, état des humeurs et des excrétions, pouls, etc. Ensuite,
l'évolution comportementale et psychologique avec l'acquisition de la
marche, du langage et de l'écriture, des multiples disciplines qui font
partie de l'exercice du métier de gentilhomme et de roi, avec la musique,
la danse, le maniement des armes, la chasse, la politique. Plus de trois
cents pages sont consacrées à des analyses qui projettent un éclairage
nouveau sur les murs de la haute société aux premières années du
XVIIe siècle. Les tableaux du régime alimentaire noté au jour le jour de
1607 à 1624 pour aboutir à une vue synthétique de la constitution des
repas, pour ne citer que ce chapitre, matérialisent comment à partir
Communication présentée à la Société d'Histoire de la Pharmacie les 3 juin et 1er dé
cembre 1991.
* L'orthographe du Journal a été respectée, y compris la transcription phonétique du
parler du Dauphin dont on se souviendra qu'il éprouvait des difficultés de prononciation
attribuées à une langue trop grosse. Pour la plupart des autres citations, l'orthographe a
été actualisée.
1. Sous la direction de Madeleine Foisil, Journal de Jean Héroard, médecin de Louis
XIII, Fayard, Paris, 1989, p. 19.
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, XLI, N° 302, 3e TRIM. 1994. 352 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
d'une information fractionnée, d'une base de données, il est possible de
construire un système cohérent et logique de connaissance. D'autres
informations restaient à traiter, comme y invite M. Foisil.
La présente étude porte sur l'allaitement et les médicaments de la
petite enfance, celle-ci étant définie par la période allant de la naissance
à l'âge de sept ans, lorsque le petit homme au comportement d'abord
proche de l'animal, atteint l'âge de raison et se trouve brusquement
considéré comme un presqu'adulte soumis aux contraintes sociales et
religieuses de son temps.
Jean Héroard est né en 1551 à Montpellier dans une famille protes
tante et médicale. A dix-huit ans, il suit les armées, où il exerce le métier
de soldat pendant deux années. En 1571, il s'inscrit à la Faculté de
Médecine de Montpellier, qu'il quittera après trois années d'études, cur
sus habituel à cette époque. Il entre ensuite au service des Grands, puis
des rois Charles IX, Henri III et enfin Henri IV. Médecin, il est aussi
vétérinaire il publie un ouvrage sur le cheval et chirurgien. La date
de sa conversion au catholicisme est inconnue. On ne peut s'empêcher de
penser à son propos à son aîné de quarante ans, Ambroise Paré (1509-
1590), l'éminent chirurgien qui fut suspecté d'appartenir à la religion
calviniste accusation sans doute fausse, sans que cela atténue ses
sympathies huguenotes, qui lui confèrent une ouverture d'esprit absente
chez les catholiques en ces temps proches de 1 edit de Nantes 2. Chez
Héroard également, l'analyse critique est présente, comme on le verra,
en dépit des contraintes sociales et intellectuelles inhérentes à sa charge
de médecin du roi.
Il mourut d'épuisement le 8 février 1628 à soixante-dix-sept ans, bel
âge pour l'époque.
C'est donc un homme du XVIe siècle, imprégné de l'effervescence de la
Renaissance plutôt que de la rigueur classique, contemporain d'Ambroise
Paré, voire de Montaigne (1533-1592) plus que de Guy Patin (1600-
1672), de Pierre Dionis (1650-1718) et de Molière (1622-1673). Harvey
ne découvrira la circulation sanguine qu'en 1628, le Discours de la
Méthode est de 1637. Pour les médicaments, le tartre stibié, l'émétique,
est de 1630 et lecorce de quinquina n'apparaîtra en Europe qu'en 1632.
La Pharmacopée Parisienne ne sera éditée qu'en 1639. On fera donc
référence à celle de Jean de Renou publiée en latin en 1608 et dont la
traduction, Le Grand Dispensaire Médical, verra le jour en 1624.
Pour s'efforcer de comprendre les décisions thérapeutiques d'Hé-
roard, on fera appel à sa culture médicale qui va d'Hippocrate à Guille-
meau, chirurgien et accoucheur (1550-1609). On s'attachera aussi à en
dégager les constantes qui, pour certaines, s'étendent jusqu'à la première
2. P. Dumaître. Ambroise Paré, Perrin, Paris, 1986, p. 271. DE LA PETITE ENFANCE AU DÉBUT DU XVIIIe SIÈCLE 353 MÉDICAMENTS
moitié de notre siècle. Pourquoi faire appel à Nicolas Lémery et à sa
Pharmacopée Universelle (1697) plutôt qu à Trousseau et Pidoux et à leur
Traité de thérapeutique et de matière médicale (1875), qui conserve sur
de nombreux points les modes de pensée d'Héroard ? Enfin, l'image du
corps et la médecine populaire se sont reflétés jusqu'à nos jours dans
des proverbes qui correspondent à l'état d'esprit de l'entourage avant
tout féminin du Dauphin : de sa mère, la reine, à la remueuse, l'esprit
n'est pas tellement différent de celui de nos grands-mères. Aussi donne
rons-nous l'un de ces proverbes pour titre à chacun de nos développe
ments 3.
Le Journal ne nous apprend pas grand chose sur l'apothicaire du
Dauphin, Claude Guérin. Son nom apparaît le 22 janvier 1602 et disparaît
après le 17 janvier 1612. En l'absence d'Héroard, il prit note des faits
marquants intégrés ensuite dans le Journal. Son âge, sa formation,
diplôme, sa situation familiale restent dans l'obscurité. Selon l'étude
exhaustive de Maurice Bouvet sur les apothicaires royaux, il fut apothi
caire du Dauphin de 1601 à 1610, au traitement annuel de 500 livres,
puis du roi de 1610 à 1624 ; il partageait cette charge avec quatre confrèr
es, exerçant donc par cinquième, et recevait 1 000 livres par an 4. Il
possédait un alambic et des balances, ses instruments de prédilection
paraissent bien être les mortiers aussi bien pour les préparations galéni-
ques que pour la pâtisserie et la confiserie, car, comme on le verra, il
règne sur le sucre.
« Médecin et sage-femme toujours au goût de la dame »
Le Dauphin naquit au château de Fontainebleau le 21 septembre
1601, à quatorze heures dans la lune nouvelle, à dix heures (du matin)
et demie et demy quart à ma montre faicte à Abbeville par M. Plantard
(p. 370).
Aucun personnage de la cour ne voulut manquer l'événement et c'est
au sein d'une foule en aimable désordre que Marie de Médicis accoucha,
assistée par Louyse Boursier, sage-femme jurée du Châtelet, alors à
l'apogée de sa renommée. Praticienne d'un immense prestige, sollicitée
par les plus nobles familles de France, elle publia en 1609 son uvre
capitale, dédiée à la reine, sous un titre qui, selon les habitudes de

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