Mémoire, mythe et doxa de l état en Algérie. L étoile nord-africaine et la religion du « watan » - article ; n°1 ; vol.30, pg 82-92
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Mémoire, mythe et doxa de l'état en Algérie. L'étoile nord-africaine et la religion du « watan » - article ; n°1 ; vol.30, pg 82-92

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Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1991 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 82-92
Memory, myth and doxa of the state in Algeria. The Etoile Nord-Africaine and the « Watan » religion, Omar Carlier.
The Etoile Nord Africaine, Messali Hadj's nationalist movement, has been banned from history since 1962 when the National Liberation Front acceded to power in Algeria. The front has advocated a philosophy of history « in action » and constructed a national religion which excluded the losers. This struggle for memory lost some intensity after the October 1988 events, and since of 1989, the Etoile Nord-Africaine has reappeared in the forefront of the Algerian historical stage.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 109
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Omar Carlier
Mémoire, mythe et doxa de l'état en Algérie. L'étoile nord-
africaine et la religion du « watan »
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°30, avril-juin 1991. pp. 82-92.
Abstract
Memory, myth and doxa of the state in Algeria. The Etoile Nord-Africaine and the « Watan » religion, Omar Carlier.
The Etoile Nord Africaine, Messali Hadj's nationalist movement, has been banned from history since 1962 when the National
Liberation Front acceded to power in Algeria. The front has advocated a philosophy of « in action » and constructed a
national religion which excluded the losers. This struggle for memory lost some intensity after the October 1988 events, and since
of 1989, the Etoile Nord-Africaine has reappeared in the forefront of the Algerian historical stage.
Citer ce document / Cite this document :
Carlier Omar. Mémoire, mythe et doxa de l'état en Algérie. L'étoile nord-africaine et la religion du « watan ». In: Vingtième
Siècle. Revue d'histoire. N°30, avril-juin 1991. pp. 82-92.
doi : 10.3406/xxs.1991.2377
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1991_num_30_1_2377:
MYTHE ET DOXA MÉMOIRE,
DE L'ÉTAT EN ALGÉRIE
L'ÉTOILE NORD-AFRICAINE
ET LA RELIGION DU WAT AN
Omar Carlier
À Pierre Nora
L'Etoile Nord-Africaine a été interdite lointain ou du plus proche hier. Rares sont
d'histoire en Algérie de 1962 à 1989. Car celles où l'histoire politique nationale est
la religion du Watan, forme locale du aussi paradoxalement présente et absente,
culte de la nation, ne pouvait qu'exclure mobilisée dans la conscience immédiate et
coupée de sa genèse. Nous voudrions vérifier pour hérésie Messali Hadj et les siens
dès lors que le FLN au pouvoir prônait cette hypothèse en nous interrogeant sur le
une histoire « en action ». Omar Carlier statut mnésique, à la fois mythique et po
détaille cet enjeu de mémoire qui a fo litique de l'Etoile Nord- Africaine 2, cette
rtement rebondi depuis octobre 1988. organisation « nationaliste révolutionnaire »
née en 1926 en France au sein de l'émigra
tion algérienne autour d'un programme d'iIl n'est pas de société historique sans
ndépendance et indissolublement liée au nom « écriture de l'histoire », pas d'acteur
de son leader charismatique, Messali Hadj 3, politique sans idéologie ostensible, pas
dans le discours historique de l'Etat algérien. de peuple sans mythe, pas de groupe sans
sans conflit de mémoire1. Rares sont c
ependant les sociétés qui entretiennent avec 2. Désormais ENA ou Etoile.
leurs récits d'identité et d'origine une relation 3. Omar Carlier, « La première Etoile Nord-Africaine,
1926-1929», Revue algérienne des sciences juridiques, économiques et aussi problématique que celle de la société politiques, 4, 1972 ; « Individus, groupes et propagandisme le
algérienne avec les siens, aux limites mêmes procès de politisation de l'émigration algérienne en France à
l'entre-deux-guerres (1932-1936)», Alger, DES de sciences de sa durée, qu'il s'agisse du passé le plus politiques, 1976. Voir les thèses de Kamel Bouguessa, « Emig
ration et politique. Essai sur la formation et la politisation
de la communauté algérienne en France à l'entre-deux-guerres
mondiales», thèse de 3e 1. Michel de Certeau, L'écriture de l'Histoire, Paris, Galli cycle, Université de Paris VI, 1979 et
de Mme Hamed, « Immigration maghrébine et activités polimard, 1975 ; Maurice Halbwachs, La mémoire collective, Paris,
PUF, 1968 ; Pierre Nora, « Entre et histoire. La tiques en France, de la première guerre mondiale à la veille
du Front populaire », thèse de 3e problématique des lieux », dans Pierre Nora (dir.), L«j lieux de cycle, Université de Paris
VII, 1979. Voir également les biographies de Mohamed Harbi, mémoire, Paris, Gallimard, tome 1, 1984 ; François Furet, Penser
« Messali, pionnier malheureux de la révolution algérienne », la dévolution française , Paris, Gallimard, 1983 ; Georges Balandier,
Le détour. Pouvoir et modernité, Paris, Fayard, 1985. dans Les Africains, Paris, Jeune Afrique, tome 9, 1977, et
82 MÉMOIRE D'ÉTAT EN ALGÉRIE
Mais cette première relation à l'objet nous Privée de souvenirs directs par la configu
renvoie à deux registres qui le traversent ration même du régime, mais pourvue de
constamment : celui qui s'inscrit dans l'ordre récits par le savoir de ses clercs, l'histoire
des « passions », au sens de Zeldin, celui qui officielle s'est trouvée d'emblée confrontée
se construit dans l'ordre du mythe1. C'est à une contradiction entre le devoir d'écriture
qu'il n'est guère de société contemporaine et le devoir de censure.
— au moins dans l'espace islamo-méditer- L'un des paradoxes du statut de l'ENA
ranéen — dont le destin ait été pareillement dans le discours de l'Etat reste en effet que
marqué par la colonisation et la décoloni cette association politique fut longtemps
sation, dont l'être et le paraître doivent tant occultée par le système des médias, alors
au poids de la guerre2. Toute remémoration, que sa fonction historique et politique était
même lorsqu'elle n'est pas ritualisée en reconnue dans les textes officiels. Silence
commémoration, passe nécessairement par prolongé d'un côté, consécration immédiate
le sas de la guerre et réactive le souvenir de l'autre. Quelles sont donc les raisons de
des occupations et des humiliations. Toute cette présence-absence du premier parti na
relation à l'histoire introduit une problé tionaliste algérien dans la vision historique
du pouvoir ? Qu'en est-il de cette contramatique de la perte et du manque qui donne
plus de force encore aux désirs et aux diction symptomatique d'une gêne, d'une
schémas du retour à soi, dans un travail de ambiguïté, d'un refoulement ? Notre hypot
tous les mimétismes et de toutes les mé hèse de départ est que la « censure » est à
moires3. la fois nécessaire et impossible. Nécessaire
L'Etoile Nord-Africaine peut d'autant au contrôle du principe de légitimation du
moins éviter cette pression de l'idéologique pouvoir, mais impossible en raison du ca
et du fantasmatique qu'elle a répondu pré ractère complexe de la « question des ori
cisément naguère à une menace de dépos gines », à la fois aimantée et refoulée. Cette
session par un « envoi en possession ». C'est tension n'est pas réductible à une simple
à ce titre que nous l'étudierons ici, comme instrumentation de l'histoire par le pouvoir,
« révélateur », comme « symptôme ». Non elle révèle les difficultés de toute une classe
pas comme une organisation « réelle » politique, installée dans un système appelé
concrétisant des processus « réels », dont les à durer, à maîtriser son propre passé, à
faits de mentalité sont évidemment partie contrôler son propre contrôle, à dominer sa
prenante, mais comme « problème » travail propre idéologie prescriptive, le nationa
lant la mémoire du pouvoir, comme « trace lisme4. Elle n'est pas pour autant spécifique
mnésique » participant d'un imaginaire et des systèmes à parti unique. Marc Ferro
d'une culture politique à la fois clivés et souligne à juste titre que dans toutes les
partagés, toujours actifs et toujours actuels. cultures, « le principe de légitimité se r
Pas plus que la mémoire de parti, la mémoire etrouve à la racine des oublis de l'histoire
officielle » 5. d'Etat ne saurait échapper au mythe de
l'origine qui est aussi celui de son origine.
O LE SILENCE DES MÉDIAS
Benjamin Stora, Messali Had/, 1898-1974, Paris, Le Sycomore, II n'aura pas fallu moins d'un quart de
1982. siècle pour que l'Etoile Nord-Africaine et 1. Theodore Zeldin, Histoire des passions françaises 1848-
1945, Fontenay-sous-Bois, Recherches, 1978 ; Mircea Eliade, son symbole, Messali Hadj, retrouvent droit Aspects du mythe, Paris, Gallimard, 1963 ; Claude Lévi-Strauss,
Anthropologie structurale, Paris, Pion, 1958. Egalement Raoul
Girardet, Mythes et mythologies politiques, Paris, Le Seuil, 1986.
2. La plus longue et la

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