Mémoire sémantique, conceptuelle ou lexicale ? - article ; n°40 ; vol.9, pg 41-73
34 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Mémoire sémantique, conceptuelle ou lexicale ? - article ; n°40 ; vol.9, pg 41-73

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
34 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Langages - Année 1975 - Volume 9 - Numéro 40 - Pages 41-73
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 82
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Guy Denhiere
Mémoire sémantique, conceptuelle ou lexicale ?
In: Langages, 9e année, n°40, 1975. pp. 41-73.
Citer ce document / Cite this document :
Denhiere Guy. Mémoire sémantique, conceptuelle ou lexicale ?. In: Langages, 9e année, n°40, 1975. pp. 41-73.
doi : 10.3406/lgge.1975.2298
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1975_num_9_40_2298DENHIÈRE Guy
Université de Paris VIII
Équipe de recherches
« Études des acquisitions chez l'homme »,
associée au CNRS.
MÉMOIRE SÉMANTIQUE,
CONCEPTUELLE OU LEXICALE?
Dans la mesure où les psychologues ne se limitent plus à l'étude de
l'apprentissage et de la mémorisation de listes de mots, mais commencent à
s'intéresser à l'acquisition et à la rétention de matériels verbaux complexes,
structurés selon les règles syntaxiques et sémantiques d'usage de la langue,
ils sont amenés à se tourner vers les disciplines, plus ou moins voisines de la
psychologie, qui traitent également du langage : philosophie, logique, linguis
tique et informatique.
Pour nécessaire que soit cette démarche, elle ne doit pas conduire la
psychologie à abandonner les méthodes d'investigation qui sont les siennes et
qui lui ont permis de se développer. Ainsi, si le linguiste tente d'expliquer la
compétence du sujet, le psychologue reste, quant à lui, fondamentalement
attaché à la performance (v. D. Dubois, 1972). De même, si des informatic
iens, travaillant dans le domaine de l'intelligence artificielle, parviennent à
élaborer des programmes qui simulent le comportement d'individus normale
ment intelligents, il revient au psychologue de prouver la pertinence psycho
logique des hypothèses (explicites ou implicites) émises par les informaticiens
(v. Hoc, 1972 ; Hunt, 1968 ; Vergnaud, 1967).
Pour ce qui est de la mémoire sémantique, la ligne de partage entre la
linguistique, l'informatique et la psychologie n'apparaît pas toujours avec
netteté (v. Kintsch, 1974).
En premier lieu, le psychologue peut difficilement ignorer les modèles de
compétence formulés par les linguistes lorsqu'il propose un modèle de perfo
rmance (v. D. Dubois, dans ce même numéro). En second lieu, le terme de
mémoire sémantique, son acception la plus fréquemment utilisée
aujourd'hui, a probablement été employé pour la première fois (v. Tulving,
1972) par un informaticien, Quillian (1967, 1968, 1969). Dès 1968, un
ouvrage entier décrit des programmes consacrés au « traitement de l'info
rmation sémantique » (Minsky, 1968). En troisième lieu, les informaticiens
sont nécessairement amenés à prendre en considération les travaux linguis
tiques lorsqu'ils construisent des programmes permettant un dialogue en
langage naturel entre l'homme et la machine (v. Newell, 1973).
Cette interdépendance entre les trois disciplines considérées apparaît
clairement lorsqu'on examine les travaux réalisés ces quinze dernières années.
Ainsi, l'essentiel des programmes réalisés jusqu'au début des années 60 se
résume à des procédures automatiques d'analyse syntaxique (v. Bobrow,
1963). A titre d'illustration on peut citer le programme de Yngve (1961),
qui consiste à produire des phrases syntaxiquement correctes, indépendam
ment de toute préoccupation sémantique.
Avec les premiers programmes de question-réponse en langage naturel
(BASEBALL, de Green, Wolf, Chomsky et Laughery [1963] ; SAD-SAM,
de Lindsay [1963, 1973]), apparaît la nécessité de stocker en mémoire une
certaine quantité d'information. Cette information, limitée à des domaines
spécifiques et restreints (le baseball pour le premier, les liens de parenté pour
le second), doit être organisée selon des règles explicites qui rendent possibles
41 définition et l'utilisation de procédures destinées à retrouver l'information la
pertinente par rapport à la question posée. Si ces programmes, et d'autres du
même genre, ne sont plus seulement des programmes d'analyse syntaxique,
l'analyse sémantique n'y joue qu'un rôle secondaire.
L'hypothèse générale qui guide ces travaux consiste à distinguer la
structure de surface d'une phrase de sa structure profonde, cette dernière
devant permettre l'appréhension des relations logiques et des distinctions
sémantiques entre les concepts énoncés en surface. De manière schématique,
la première opération réalisée par l'ordinateur consiste à analyser la phrase
qui lui est soumise en fonction d'un ensemble ordonné de règles syntaxiques.
Le résultat de cette analyse se présente sous la forme d'un arbre « étiqueté »,
explicitant les relations logico-grammaticales implicites dans la forme de
surface. Cette structure profonde, sous forme d'arbre, est alors soumise à une
interprétation sémantique. La composante sémantique ne sert qu'à inter
préter ce qu'a généré la composante syntaxique, conformément à la concep
tion classique de la grammaire generative (v. Chomsky, 1960). On remar
quera que la plupart des recherches psycholinguistiques réalisées à la même
époque s'inspirent largement du même modèle linguistique (v. Epstein,
1961 ; Miller, 1962 ; Marks et Miller, 1964 ; Mandler et Mandler, 1964).
1. La mémoire sémantique.
Dans le domaine informatique, l'impossibilité d'élaborer des pr
ogrammes « acceptables » en suivant ce schéma (v. Matthews, 1962 ;
Pétri CK, 1965) conduit à une rupture. Les programmes ultérieurs renversent
la perspective prédominante jusque-là et accordent à la sémantique un rôle
beaucoup plus important : il en est ainsi des écrits par Quillian
(1968, 1969), Raphael (1968), Schank (1971, 1972) qui, à des degrés divers,
utilisent des considérations sémantiques pour guider l'analyse syntaxique.
« Input » linguistique
*~ Analyse
du langage
« Input »
analysé
Mémoire Illustration non autorisée à la diffusion i
í Sémantique ►
« Output >
i
Générateur
de langage
« Output » linguistique
Figure 1. Schéma simplifié du « Teachable Language Comprehender »
de Quillian (1969), d'après Anderson et Bower (1973, p. 78).
42 Un fait qu'il nous paraît important de souligner ici à propos des pr
ogrammes de Quillian et de Schank est qu'ils ne traitent de la mémoire
— sémantique pour le premier, conceptuelle pour le second — que dans la
mesure où elle leur est nécessaire à l'élaboration d'un modèle de compré
hension du langage naturel par la machine.
Comme le montre la figure 1, Quillian postule que la compréhension
d'une phrase (ou d'un texte) met en jeu la « connaissance du monde », telle
qu'elle est stockée en mémoire à long terme par les individus. De manière
explicite, il rejette la conception de Katz et Fodor (1963) pour qui l'info
rmation sémantique nécessaire à la compréhension de tout discours ne mett
rait en jeu chez le sujet qu'une partie très restreinte de sa connaissance du
monde (v. Quillian, 1968, pp. 231-233). Il rejette l'explication de la signif
ication d'un mot à l'aide d'un nombre restreint de traits sémantiques « uni
versels » tels que ± concret, ± animé, ± masculin. Il en est de même de la
signification d'une phrase, qui, selon Katz et Fodor, s'obtiendrait par :
a) la signification des items lexicaux, b) leurs relations logiques telles
qu'elles sont décrites par la structure syntaxique profonde et, c) un ensemble
de règles sémantiques de projection. On peut remarquer ici que les prin
cipaux modèles de compréhension du langage, comme les principaux modèles
de mémoire sémantique (Kintsch, 1972 ; Rumelhart, Lindsay et Norman,
1972) n'expriment pas la signification d'un item lexical en termes de traits
sémantiques.
Les expériences de Collins et Quillian (1969, 1970, a, b, 1971) ont
suffisamment fait connaître le modèle d'organisation de la mémoire sémant
ique proposé par Quillian pour qu'il ne soit pas nécessaire de le décrire en
détail. Dans ce modèle, comme le soulignent Bell et Quillian (1971), « tout
peut être défini en terme de poin

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents