Monnaies de Raphia - article ; n°18 ; vol.6, pg 57-68
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Monnaies de Raphia - article ; n°18 ; vol.6, pg 57-68

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Description

Revue numismatique - Année 1976 - Volume 6 - Numéro 18 - Pages 57-68
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 25
Langue Français

Extrait

Yaakov Meshorer
Monnaies de Raphia
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 18, année 1976 pp. 57-68.
Citer ce document / Cite this document :
Meshorer Yaakov. Monnaies de Raphia. In: Revue numismatique, 6e série - Tome 18, année 1976 pp. 57-68.
doi : 10.3406/numi.1976.1744
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_1976_num_6_18_1744Yaakov MESHORER
MONNAIES DE RAPHIA
(PL III-VII)
La ville de Raphia se trouve sur la côte de Palestine au sud
de Gaza et sur l'ancienne route maritime (Via Maris) qui reliait
l'Egypte à la Syrie. Les conditions naturelles défavorables du litto
ral et l'absence d'un port naturel n'ont guère favorisé le développe
ment de cette ville comme ce fut le cas pour ses voisines du nord,
Gaza et Ascalon. Raphia n'a jamais été une ville importante et
peut être considérée tout au plus comme un gros village.
Raphia, qui n'est jamais mentionnée dans la Bible, se trouve
être nommée plusieurs fois dans les documents égyptiens de
l'époque de Séti Ier ainsi que le papyrus d'Anastasi, et encore
dans les documents assyriens du temps de Sargon II. Durant
l'époque hellénistique elle se trouve mentionnée incidemment
chez Diodore de Sicile (74,20) et chez Polybe (82-86; 5). Le seul
fait « historique » mentionné dans les textes comme ayant eu lieu
à Raphia est le mariage de Ptolémée V avec la fille d'Antiochos III
(193 av. J.-C). Elle est également mentionnée par Flavius Josèphe
comme une des villes côtières conquises par Alexandre Jannée au
début du premier siècle av. J.-C. (Ant. 357, 13), et reconstruite
par Gabinius en 63-54 av. J.-C. (Ant. 88, 14).
A partir de cette date on ne trouve absolument plus mention de
Raphia dans les sources et c'est justement vers cette époque que
des monnaies y ont été frappées. Ce n'est que plus tard qu'elle se
trouve mentionnée de nouveau par les historiens byzantins.
Ainsi donc à l'époque romaine, durant les ne et ine siècles de
notre ère, lorsque des monnaies provinciales ont été frappées
à Raphia, cette ville avait peu d'importance et c'est sans doute la
raison pour laquelle on ne trouve aucune référence historique la
concernant. Le fait que des monnaies aient été frappées dans une 58 YAAKOV MESHORER
ville si peu importante durant le règne de Marc Aurèle et jusqu'à
l'époque de Philippe Père et Fils (177-245 A.D.) peut donc être
considéré comme inattendu.
Les monnaies de Raphia ont trois traits caractéristiques
essentiels :
a. Elles sont rares.
b.exécutées grossièrement.
c. Les symboles qui y figurent sont tous rattachés à un seul
et même culte.
Les deux premières caractéristiques s'expliquent par le fait
que la ville étant petite et peu développée, des artistes d'un niveau
élevé ne s'y trouvaient pas, et qu'il n'était sans doute pas nécessaire
de produire une grande quantité de monnaies.
La troisième caractéristique, le culte de Raphia, reste le seul
et unique sujet qu'il soit possible d'analyser en détail de tout ce qui
concerne la ville à l'époque romaine. En effet ce culte païen tel
qu'il nous apparaît sur les monnaies constitue l'unique témoignage
en notre possession pour cette époque.
Les symboles qui figurent sur les monnaies de Raphia sont :
A. Divinités. 1. Léto.
2. Apollon.
3. Artémis.
4. Dionysos.
5. Isis.
6. Osiris.
7. Tyché.
8. Zeus.
B. Autres symboles (en motif unique) :
1. Corbeau portant la couronne égyptienne.
2.dans son nid sur un arbre.
3. Sphinx (Griffon?).
L'étude minutieuse de l'ensemble des personnages et des
symboles montre que tous se rapportent à un seul et même culte,
celui « d'Apollon-Dionysos » tel qu'il se manifeste dans le monde
hellénistique et romain ouvert aux influences égyptiennes.
Selon la tradition homérique, Apollon et Artémis sont des
jumeaux nés de Léto et de Zeus. Cette tradition est attachée à
Délos. Une gréco-orientale rattache Léto à la Déesse DE RAPHIA 59 MONNAIES
Mère de l'Asie Mineure, Lato. Ce nom a été transformé par les
grecs en Léto. Cette tradition accepte Apollon et Artémis comme
les enfants jumeaux de Léto, et est attachée aux colons grecs de
l'Asie Mineure.
Par contre selon des traditions postérieures rapportées par
Hérodote (156, 2) d'après une source égyptienne, Apollon (identifié
à-Horus), et Artémis (identifié à Boubastis) étaient les enfants
de Dionysos (identifié à Osiris) alors que Léto n'était que leur
nourrice.
Tous les personnages mentionnés par ces deux versions figurent
sur les monnaies de Raphia et il est bien possible que les deux
traditions, la grecque homérique et celle influencée par le monde
égyptien, aient été acceptées à Raphia. A l'époque romaine le
mélange des divers cultes et religions était fréquent, et de nouveaux
syncrétismes se formaient constamment au point d'oblitérer
complètement leurs origines; la signification du nouveau culte
orientalise de l'époque romaine était sans doute complètement
différente de la signification qu'avait ce même culte en Grèce
quelques siècles plus tôt.
Les mystères du culte d'Apollon et de Dionysos confondus ont
pour origine Delphes et leur propagation à Raphia a été probable
ment due aux colons venant de Delphes. A des éléments
locaux égyptiens s'y sont introduits.
1. Léto. Elle figure sur les monnaies, toujours de la même manière,
assise sur un siège avec près d'elle Artémis derrière, et Apollon
devant.
2. Apollon. Il figure de plusieurs manières :
a. Comme homme jeune, debout, nu, près d'un trépied sur lequel
s'enroule un serpent et tenant dans sa main une branche de myrte
(e.g. monnaies 32, 34).
b. Jeune homme nu, ressemblant à Dionysos, la tête appuyée
sur une main et tenant dans l'autre une branche de myrte
(monnaies 30, 31).
c. Jeune homme nu, debout, appuyé d'une main sur une
colonne sur laquelle est posée une cithare, et tenant de l'autre
une branche de myrte (ou plectrone ?) ; à côté en bas un corbeau
(n°46).
3. Arlémis. Figurée comme une jeune chasseresse, habillée
d'une tunique courte, elle tient dans une main un arc et de l'autre 60 YAAKOV MESHORER
elle tire une flèche du carquois suspendu à son épaule. Quelquefois
elle paraît courir (n° 45), quelquefois elle marche (n° 43) et quelquef
ois elle se tient debout (n° 42).
4. Tyché. La patronne de Raphia figure comme une femme
portant une couronne et tenant une corne d'abondance. Dans sa
main droite elle tient un petit Dionysos, mettant ainsi en évidence
les rapports de cette Tyché à Léto et au culte spécifique du
Dionysos de Raphia qui s'identifie avec Apollon.
5. Zeus. Il apparaît sur les monnaies de Raphia assis sur un siège,
tenant un sceptre d'une main, et de l'autre une petite Niké qui
lui présente une couronne. A ses côtés un aigle (n° 40). Sa présence
sur ces monnaies se rattache sans doute au culte de Dionysos et
d'Apollon confondus : d'après la tradition classique, tous les deux
sont enfants de Zeus.
6. Isis. Seule sa tête est représentée sur les monnaies. Elle est
identifiée par trois saillies — la couronne Hem-Hem — et par les
trois points en dessous, qui pourraient représenter trois têtes de
lions. Cette représentation grossière marque l'extrême dégradation
du style sur les monnaies de Raphia et ce n'est que grâce à la
logique d'une part et de l'autre à un effort d'imagination que nous
pouvons reconnaître la tête d'Isis sur ces monnaies (50, 51). (Voir
Isis clairement représentée sur les monnaies de la ville voisine
d'Ascalon (A. Bellinger : Numismatic Studies 3, ANS, New York,
1940, PI. XXV, 15). Sous l'influence de la tradition syncrétiste
gréco-égyptienne, Isis est identifiée à Déméter mère d'Artémis
(Boubastis) et d'Apollon (Horus). On a donc l'impression que toutes
les traditions, l'occidentale aussi bien que l'orientale étaient
accueillies au sein du culte de Raphia et les divinités de ces dive

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