Negociator et mercator dans le discours cicéronien : essai de définition - article ; n°1 ; vol.7, pg 367-405
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1981 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 367-405
39 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Madame Claire Feuvrier-
Prevotat
Negociator et mercator dans le discours cicéronien : essai de
définition
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 7, 1981. pp. 367-405.
Citer ce document / Cite this document :
Feuvrier-Prevotat Claire. Negociator et mercator dans le discours cicéronien : essai de définition. In: Dialogues d'histoire
ancienne. Vol. 7, 1981. pp. 367-405.
doi : 10.3406/dha.1981.1443
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1981_num_7_1_1443DHA 7 1981 367 - 405
NEGOTIATOR ET MERCATOR
dans le discours cicéronien : essai de définition.
La perspective dans laquelle se place cette étude (0 est volontairement
limitée. Comme l'indique son titre, il s'agit d'un essai de définition des te
rmes negotiator et mercator dans l'oeuvre de Cicéron. Il ne saurait donc être
question pour nous, ni d'étudier les milieux d'affaires, ni de faire une étude
sociologique des hommes d'affaires, ce qui nécessiterait la mise en oeuvre
d'une masse de documents de nature diverse. Nous nous proposons seulement
de répondre à quelques questions simples. Que signifient negotiator et mercat
or dans le discours cicéronien ? Comment ces termes fonctionnent-ils dans le
texte ? Nous aident-ils à comprendre les structures socio-économiques de la
République romaine finissante ? Questions simples, et sur lesquelles il semble
que beaucoup ait été écrit (2). C'est vrai. Il n'en demeure pas moins, qu'au fil
des lectures consacrées à ces questions, il est difficile de se défaire d'une im
pression persistante d'ambiguïté et de confusion 0). On mesure qu'il s'agit de
termes désignant des groupes socio-économiques importants mais difficiles à
préciser, qui échappent à une conceptualisation claire.
Il nous a semblé qu'on pouvait peut-être gagner en précision, en étu
diant de manière systématique et exhaustive, les divers emplois de negotiato-
res et en contrepoint ceux de mercatores. En effet les occurrences de negotia-
tores sont beaucoup plus nombreuses, et beaucoup plus riches en renseigne
ments, dans le discours cicéronien, que celles de mercatores qui paraissent
plus marginales. Mais l'étude simultanée permet la mise en évidence des diffé
rences et par là-même enrichit considérablement la réflexion.
Le champ d'étude exclusivement cicéronien peut paraître limité, mais il
est d'importance, et s'il a son unité propre et sa spécificité, il est bien clair
que les quelques résultats auxquels nous arriverons ne sont pas imputables au
seul Cicéron, mais à l'ensemble des groupes dirigeants de son temps.
Avant d'entreprendre ce travail, il n'est pas sans intérêt de faire un rapi
de rappel des principales significations qui ont été données à ces termes et
dont aucune ne paraît s'imposer vraiment aujourd'hui.
L'étude de référence est bien entendu, celle de J. Hatzfeld qui, en 1919,
publiait Les trafiquants italiens dans l'Orient hellénique : à partir d'une im
portante documentation épigraphique et littéraire, il étudie l'expansion et
les activités des negotiatores dans l'Orient grec à l'époque républicaine et aux
deux premiers siècles de l'Empire. Oeuvre fondamentale, dont les principaux
résultats sont si connus qu'il est inutile même de les évoquer ; ce que nous
voulons seulement relever ici, c'est la démarche de J. Hatzfeld : bien qu'il uti
lisât constamment et presque exclusivement le terme latin negotiatores, il
n'en fait à aucun moment une étude systématique. Sa démarche est autre : Claire FEUVRIER-PRÉVOTAT 368
il définit un champ d'étude, qu'il détermine, et qu'il qualifie comme étant ce
lui des negotiatores : il adopte, on pourrait même dire qu'il intègre totalement
le vocable latin à une réalité qu'il définit comme étant celle des hommes d'af
faires, et donc des negotiatores.
En effet, dès les premières pages de l'introduction 00, J. Hatzfeld préci
se l'orientation de son travail : il se propose d'étudier l'expansion et l'activité
des Italiens et des Romains, (à l'exclusion des fonctionnaires, des colons, des
soldats, des publicains) qui, isolés ou en conventus, exercent des activités lu
cratives : il les appelle des negotiatores.
Une telle optique implique dès lors une conception très large de negot
iator : c'est l'homme d'affaires aux activités innombrables et diversifiées étu
diées par J. Hatzfeld, dans un chapitre intitulé de manière significative : «les
professions exercées par les negotiatores» (5). Ce sont donc des gens de mét
iers qui exercent des activités commerciales, financières, bancaires, industriell
es, généralement d'envergure. En cela, ils se différencient des mercatores, qui
sont eux aussi, des hommes d'affaires mais de bien moindre importance. Sur
ce plan l'analyse de J. Hatzfeld est très claire : il n'y a pas de différence quali
tative entre negotiator et mercator mais seulement quantitative (").
Ainsi l'attribution du terme latin negotiator à tous les grands hommes
d'affaires, mêlés à toutes sortes d'entreprises lucratives, permet d'isoler un
groupe, celui des negotiatores, dont on peut se demander si on le retrouve
sous cette forme dans les structures socio-économiques de la fin de la Répub
lique. La question se pose en effet de savoir, si cette conception de negotia
tor élaborée à partir de la notion contemporaine d'hommes d'affaires et qui
correspond incontestablement à un mode d'exploitation impérialiste spécifi
que, est adéquate pour l'analyse des negotiatores dans la société romaine du
1er siècle av. J.-C. L'étude de toutes les occurrences devrait permettre d'ap
porter quelques éléments de réponses à cette question qui en tout état de
cause, doit être posée.
Cette conception large du terme negotiator a été généralement adopt
ée, l'est encore V). Toutefois, une autre analyse a été proposée par J. Rougé,
dans Recherches sur l'organisation du commerce maritime en Méditerranée
sous l'Empire romain, Paris 1966.
Insistant à juste titre, sur les transformations sémantiques du terme
negotiator, il définit le negotiator à l'époque républicaine, comme un ban
quier, un financier, un manieur d'argent qui travaille pour son propre compte
et pour celui de possibles bailleurs de fonds 00. Ce n'est que de manière indi
recte que le negotiator est engagé dans des activités commerciales proprement
dites. En revanche, le mercator est un commerçant : il achète et il vend, il est
«le strict équivalent de Vemporos» hellénique 00. J. Rougé s'oppose donc
totalement sur ce point à J. Hatzfeld : il y a une différence de nature entre les D'HISTOIRE ANCIENNE 369 DIALOGUES
activités des negotiatores essentiellement financières, et celles des mercatores
qui sont commerciales. Cette étude de J. Rougé se fondant, pour une bonne
part, sur les sources littéraires, a le grand intérêt non seulement de prendre
en compte les évolutions sémantiques, mais de les mettre en relation avec les
transformations socio-économiques. L'étude, qui reste marginale pour le pro
pos de J. Rougé, pourrait être nuancée et complétée par une analyse plus sy
stématique de tous les emplois de ces vocables (Ю). C'est la condition indis
pensable, nous semble-t-il, pour aborder cette question si importante de la
fonction des hommes d'affaires dans la formation économique et sociale de
la fin de la République 00. Notre part dans ce champ de réflexion se veut
délibérément circonscrite, nous l'avons dit. Nous tentons de définir les negot
iatores et les mercatores dans l'oeuvre de Cicéron, à partir d'une étude des
vocables, de leurs déterminants, de leurs champs lexicaux et sémantiques.
I - ETUDE DE VOCABULAIRE
A) NEGOTIUM - NEGOTIA TOR - NEGOTIARI
Le mot negotiator et la forme verbale negotiari se sont constitués à
partir de negotium dont la formation ne pose pas de problème (12). Ce mot
procède de la forme négative nec-otium c'est-à-dire ne pas avoir de loisirs,
et qui prend le sens d'occupation, d'activité. Ce développement, d'une forme
positive à partir d'une formation négative s'explique selon E. Benveniste,
par une

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