Normalisation et gestion de la firme : une approche conventionnaliste - article ; n°1 ; vol.75, pg 113-131
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Revue d'économie industrielle - Année 1996 - Volume 75 - Numéro 1 - Pages 113-131
The aim of the article is to explain how standardization through ISO could labeled the rationale while, on the same time, being the instrument for valadeting the rationale of modern practices of management. The theory of conventions is used to analyse managerial literature on the subject. The standardisation gives rise to three of the basis for modern management. First, it is a vehicle for a shared beliefs regarding the constraints created by the economic environment. Secondly, it modifies corporate governance while creating a rationale for these changes. Finally, it is a system of measurement and evaluation of new practices of management. Once this triple level of analysis as been identified, it is then possible to deduct that, within the grid of the conventionalist theory understanding, standardization could be considered as the root of the underlying structural modifications of the firms.
Cet article a pour objet d'expliquer comment la normalisation de type ISO est rationalisée comme une nécessité imposée au management moderne et devient elle-même moyen de rationaliser des réorganisations dans les entreprises. La théorie des conventions est utilisée comme support et les textes managériaux sur la normalisation comme matériau de l'analyse. On explicite alors les trois niveaux d'enracinement de la normalisation : d'abord elle véhicule une conviction partagée sur les contraintes qu'impose l'environnement économique. En second lieu, elle participe à la modification du gouvernement de l'entreprise et permet de rationaliser ses transformations. Enfin, elle intervient comme système de mesure et d'évaluation des pratiques nouvelles. Ce triple enracinement repéré, la grille de lecture conventionnaliste permet de conclure que la normalisation est autant un système de rationalisation qu'une technique, permettant l'un et l'autre des modifications structurelles sous-jacentes des entreprises.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre-Yves Gomez
Normalisation et gestion de la firme : une approche
conventionnaliste
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 75. 1er trimestre 1996. pp. 113-131.
Abstract
The aim of the article is to explain how standardization through ISO could labeled the rationale while, on the same time, being the
instrument for valadeting the rationale of modern practices of management. The theory of conventions is used to analyse
managerial literature on the subject. The standardisation gives rise to three of the basis for modern management. First, it is a
vehicle for a shared beliefs regarding the constraints created by the economic environment. Secondly, it modifies corporate
governance while creating a rationale for these changes. Finally, it is a system of measurement and evaluation of new practices
of management. Once this triple level of analysis as been identified, it is then possible to deduct that, within the grid of the
conventionalist theory understanding, standardization could be considered as the root of the underlying structural modifications of
the firms.
Résumé
Cet article a pour objet d'expliquer comment la normalisation de type ISO est rationalisée comme une nécessité imposée au
management moderne et devient elle-même moyen de rationaliser des réorganisations dans les entreprises. La théorie des
conventions est utilisée comme support et les textes managériaux sur la normalisation comme matériau de l'analyse. On explicite
alors les trois niveaux d'enracinement de la normalisation : d'abord elle véhicule une conviction partagée sur les contraintes
qu'impose l'environnement économique. En second lieu, elle participe à la modification du gouvernement de l'entreprise et
permet de rationaliser ses transformations. Enfin, elle intervient comme système de mesure et d'évaluation des pratiques
nouvelles. Ce triple enracinement repéré, la grille de lecture conventionnaliste permet de conclure que la normalisation est autant
un système de rationalisation qu'une technique, permettant l'un et l'autre des modifications structurelles sous-jacentes des
entreprises.
Citer ce document / Cite this document :
Gomez Pierre-Yves. Normalisation et gestion de la firme : une approche conventionnaliste. In: Revue d'économie industrielle.
Vol. 75. 1er trimestre 1996. pp. 113-131.
doi : 10.3406/rei.1996.1609
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1996_num_75_1_1609Pierre-Yves GOMEZ
Professeur,
Département d'Économie
Groupe ESC Lyon
NORMALISATION ET GESTION
DE LA FIRME :
UNE APPROCHE CONVENTIONNALISTE
normalisation, Mots clés : Théorie gestion. des conventions, rationalisation, gouvernement d'entreprise,
Key-words : Theory of rationale, governance, standardization, management.
L'analyse de la normalisation trouve une résonance particulière dans le
cadre de l'économie des conventions. Ce programme de recherche
cherche à spécifier, en effet, le rôle que jouent les règles dans l'élaboration du
comportement des acteurs économiques. Le choix de celles-ci, les
justifications qu'elles permettent aux calculs privés construisent un système
de rationalisation des pratiques dont l'étude déplace le centre de gravité des
analyses économiques. La rationalité n'est plus posée comme un attribut
transcendantal et universel des individus, ce sont les processus collectifs et
conventionnels de rationalisation qui importent. Le corpus de conventions qui
trament le tissu social, donne du sens aux comportements, sous réserve d'une
conviction quant à leur généralisation. Ainsi l'économie des est-
elle une économie de la conviction, c'est-à-dire des techniques permettant
qu'une conviction se généralise et devienne règle de rationalisation (1). Il
peut se développer alors un programme de recherche sur les logiques et les
techniques permettant l'enracinement des principes et des représentations qui
conduisent à accepter une convention comme telle.
Reste à circonscrire l'objet de l'analyse. En termes de gestion, la normalisat
ion renvoie à deux acceptions. La première est large, et rend compte de l'e
nsemble des techniques de régulation par les normes explicites ou implicites,
dans l'entreprise et sur les marchés. Elle définit les conditions de ce qui doit
être repéré comme la normalité. De ce fait, elle est proche de la notion de
convention, référentiel de choix. La seconde acception est étroite, et
(1) P.-Y. Gomez, «Des règles du jeu pour une modélisation conventionnaliste», Revue
Française d'Économie, volume X, 3, 1995.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 75, 1" trimestre 1996 \\^ renvoie à une technique particulière qui conduit à émettre des normes explicit
es, considérées comme «ensemble de spécifications techniques» (2).
C'est à cette seconde acception que nous ferons référence, mais il faut
souligner l'articulation entre les deux. Au sens étroit, la normalisation
conduit à isoler, à décrire des pratiques, donc à limiter le champ des
interprétations, en la repérant, par exemple, comme élément du processus
concurrentiel, dans la tradition de l'économie industrielle (3). Mais elle
n'est alors étudiée que comme une technique particulière dans le système
que produit la normalisation au sens large. C'est pourtant sur cette dernière
qu'elle prend appui, et, ainsi, sur les logiques de conviction et d'accord sous-tend. Isoler la normalisation au sens étroit n'est donc qu'une
vue de l'esprit, qu'un travail partiel sur le système d'accord social et de
construction collective de la «normalité».
Cet article s'intéressera à définir en quoi la normalisation se rationalise com
me pratique de management en s 'intéressant plus particulièrement aux normes
de la famille ISO 9000 portant sur les référentiels qualité et conduisant à la
certification des entreprises. Au sens de Foucault, nous cherchons donc à évè-
nementialiser la normalisation c'est-à-dire à parcourir le chemin qui conduit
cette construction sociale conventionnelle, à s'établir comme une évidence
nécessaire orientant les pratiques managériales, générant d'éventuelles dis
cussions sur ses conséquences mais pas sur sa nécessité. Les matériaux sur les
quels nous travaillons sont exclusivement constitués de textes de la littérature
managériale sur la normalisation. Il s'agit donc d'une matière première «bru
te», donnant à voir comment la normalisation de type ISO 9000 se présente
dans le cadre de référence intellectuel des acteurs qui la mettent en place. Ce
sont eux que nous repérons quand ils manipulent à la fois les arguments pour
se convaincre et les instruments pour exercer la normalisation.
Loin d'être une contrainte exogène d'environnement auxquelles les firmes
doivent s'adapter, la normalisation par ISO 9000, apparaîtra alors comme une
construction collective de cet environnement. Nous montrerons comment la
normalisation développe la conviction à son encontre et s'enracine selon trois
niveaux : 1) comme conviction partagée sur la «modernité» des normes,
2) comme technologie de gouvernement de l'entreprise, 3) comme mesure
authentifiant les pratiques effectives.
I. - UNE REPRESENTATION MODERNISTE DE LA GESTION
II n'est pas de pratique de gestion - ni, de manière plus générale, de techno
logie de pouvoir - qui s'impose sans l'existence d'une conviction des acteurs
(2) P. David et S. Greenstein, «The economics of compatibility standard : an introduction to
recent research», Economies of Innovation and New Technology, vol. 1, 1990.
(3) D. Foray, «Standardisation et concurrence : des relations ambivalentes», Revue
d'Économie Industrielle, n°63, 1993.
1 1 4 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 75, Ie' trimestre 1996 sur sa nécessité. En tant que règle, elle s'enracine dans les savoirs jusqu'à
faire disparaître son caractère arbitraire, par la vertu d'une certitude quant à
son universalité.
Une vision trop juridique de la normalisation laisserait croire qu'elle est
une technologie de gestion qui s'abat sur les acteurs, soit comme une
nécessité économique, soit comme un devoir social. Une approche
conventionnaliste cherche au contraire à comprendre comment se construit
et se partage leur conviction sur la nature de la normalisation.
Evénementialiser le phénomène, c'est donc en premier lieu se poser l

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