Notes sur l histoire de la traduction automatique - article ; n°28 ; vol.7, pg 40-48
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Description

Langages - Année 1972 - Volume 7 - Numéro 28 - Pages 40-48
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 30
Langue Français

Extrait

M. Maurice Gross
Notes sur l'histoire de la traduction automatique
In: Langages, 7e année, n°28, 1972. pp. 40-48.
Citer ce document / Cite this document :
Gross Maurice. Notes sur l'histoire de la traduction automatique. In: Langages, 7e année, n°28, 1972. pp. 40-48.
doi : 10.3406/lgge.1972.2096
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1972_num_7_28_2096MAURICE GROSS
Paris-VIII, Vincennes
NOTES SUR L'HISTOIRE
DE LA TRADUCTION AUTOMATIQUE
Cette étude rassemble des réflexions et commentaires suscités dans
les milieux informatiques et linguistiques (et d'autres aussi d'ailleurs)
par le développement, puis la disparition de la Traduction Automatique.
La fermeture des derniers centres américains consacrés aux mêmes
recherches, par suite de la décision de la National Science Foundation d'en
cesser le financement (cf. le célèbre rapport Pierce [P] qui constitue le
document officiel sur lequel cette décision a été basée), la récente réor
ganisation du Centre d'Études pour la Traduction Automatique de Grenoble
(C.E.T.A.), permettent aujourd'hui de prendre un certain recul par rapport
à cette activité.
La présente note n'a aucune intention prospective et ne prétend pas
non plus compléter aujourd'hui le rapport dans lequel Bar-Hillel dès 1960
[B.-H.] prévoyait la faillite des tentatives de réalisation pratique de la T.A.
Nous nous limitons ici à présenter quelques faits et à en proposer une inter
prétation partielle.
L'histoire de la T.A. reste à faire. De plus, il est vraisemblable qu'elle
ne peut pas être séparée de l'histoire de l'intelligence artificielle, donc d'un
secteur de l'informatique. Dans les deux cas, une croyance commune (et
gratuite) a permis à diverses activités de se développer de façon specta
culaire. Les ordinateurs effectuent en effet des opérations arithmétiques
avec une efficacité bien supérieure à celle des calculateurs prodiges de foire,
et ils sont capables de retrouver quasi instantanément à l'intérieur d'un
énorme fichier certaines informations qu'un archiviste mettrait beaucoup
de temps à localiser. La mise en service des premiers ordinateurs a donc
pu faire penser un moment que ces machines pourraient simuler des opé
rations que des animaux (être humains ou animaux inférieurs) effectuent
sans difficulté apparente.
La théorie de la calculabilité qui est une branche de la logique mathémat
ique a pu, par certains aspects terminologiques, renforcer ce mythe. Cette
théorie affirme que toute procédure mécanique (i.e. tout algorithme) peut
être représentée par une machine de Turing, c'est-à-dire par un calcula
teur idéalisé extrêmement simple. Certains processus humains paraissent
algorithmiques (e.g. la construction des phrases), ils sont représentables
par des machines de Turing, a fortiori par des ordinateurs. Cette adéquation 41
de la théorie aux faits n'est que terminologique, la notion théorique de
calculabilité est en effet très éloignée de la pratique algorithmique. La
relation entre la théorie de la machine et les processus humains apparaît
donc une vue de l'esprit philosophiquement limitée, elle n'est d'aucune
aide dans la description informatique des processus, mais elle a certain
ement contribué à faire naître des espoirs maintenant déçus. Car il est
apparu que des activités psychologiques courantes et apparemment simples,
comme épeler un mot ou reconnaître une forme géométrique simple ne
pouvaient pas être décrites algorithmiquement, donc simulées sur ordinateur
avec leur généralité quotidiennement observable.
Les chercheurs qui se sont orientés dans ces disciplines ont encore
affirmé que les limites de leurs constructions pourraient être étendues par
une augmentation de la vitesse et de la taille de la « mémoire » des ordina
teurs. La situation est aujourd'hui beaucoup plus claire, les machines, qui
sont devenues d'une « puissance » extrême, n'ont que des facultés extr
êmement restreintes, alors que les processus psychologiques les plus élément
aires apparaissent comme ayant une complexité insoupçonnée. Cette
complexité appartient à une échelle totalement différente de celle où
opèrent les machines. Les progrès acquis en linguistique au cours des dix
dernières années donnent un exemple clair de cette différence. L'examen
des grammaires traditionnelles les plus complètes a pu conduire des ingé
nieurs à envisager leur utilisation pour analyser automatiquement des
phrases, mais les grammaires formalisées de 1972 ne leur laissent aucun
espoir de cette sorte; il n'existe aujourd'hui aucun analyseur automatique
(ni aucun projet d'en construire) qui pourrait mettre en œuvre les données
complexes qui continuent à s'accumuler en syntaxe et dont on pourrait
espérer qu'il fournira des analyses aussi « bonnes » que celles qu'un élève
du secondaire exécute au moyen d'une grammaire rudimentaire. Nous
pensons qu'il faut voir là la raison essentielle de la croissance puis de la
chute de la T. A.
La Traduction Automatique (T.A.) a pris un départ brillant dans les
années 50 du fait de l'intérêt qu'un certain nombre de personnalités lui
portaient. Aux États-Unis, le sénateur Humphrey y voyait un moyen
d'injecter des crédits dans l'étude des langues modernes, à une période où
son pays souffrait d'un grave manque d'intérêt dans ce domaine. La même
attitude prévalait sans doute dans la direction scientifique de nombreux
gouvernements.
Les premières études de T.A. éliminèrent quelques idées grossièrement
inefficaces : la T.A. comme problème de cryptographie, de théorie de l'info
rmation, de « compression de l'information », de construction d'un nouvel
espéranto (machinois, langue-pivot, etc.). Il semblait dès lors que la T.A.
fût un problème conjoint de linguistique et d'informatique. En fait, les
rapports entre ces disciplines s'articulent autour des quatre centres suivants :
1. Une « linguistique mathématique » consistant en applications de méthodes
statistiques à différents éléments du langage (lettres, sons, mots, etc.).
2. L'analyse plus ou moins automatisée des structures des langages arti
ficiels ou des langues naturelles et leurs rapports mutuels.
3. Les aides mécaniques à la traduction dont certains aspects sont ana
lysés dans le rapport Pierce où les conclusions sont négatives. D'autres
aspects beaucoup plus modestes (utilisation de dictionnaires mécanisés
par exemple) ont été bien moins étudiés.
4. La Traduction Automatique, qui se propose de produire sur des bases
commerciales un produit fini utilisable.
Les points 1, 3 constituent des activités limitées où les résultats vont
en s'améliorant lentement. 42
Le point 2 comporte un certain nombre d'aspects théoriques (mathé
matiques et linguistiques) de haut niveau scientifique et se développe con
stamment.
Ainsi en U.R.S.S. et dans les pays de l'Est les recherches poursuivies
sous l'étiquette T. A. correspondent toutes aux points 1, 2 et 3, et consistent
surtout en études théoriques de linguistique formelle des langues naturelles,
l'utilisation de calculateurs électroniques en étant d'ailleurs pratiquement
absente.
Le point 4 jouit d'un statut particulier puisqu'il s'agit d'une opération
à caractère industriel dont l'intérêt pratique est évident, et qui, pour cette
raison, a suscité l'enthousiasme des commanditaires. De plus, il s'agit d'un
projet par tout ou rien, une traduction rudimentaire n'offrant en général
aucun intérêt.
Aux États-Unis et dans les pays de l'ouest, l'attitude commune a été
de considérer qu'il s'agissait d'un problème de développement, c'est-à-dire
d'adaptation de la linguistique à l'informatique et vice versa. Mais les
conditions d'un développement dans le domaine de la T.A. sont très parti
culières car il est difficile de soutenir que les connaissances théoriques sous-
jacentes aient beaucoup à voir avec la T.A. En effet, la linguistique tradi
tionnelle orientée vers la philologie, l'enseignement des langues et les
prescriptions nor

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