Notes sur la navigation indigène aux îles Fidji - article ; n°6 ; vol.6, pg 5-31
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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1950 - Volume 6 - Numéro 6 - Pages 5-31
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1950
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Marie Neyret
Notes sur la navigation indigène aux îles Fidji
In: Journal de la Société des océanistes. Tome 6, 1950. pp. 5-31.
Citer ce document / Cite this document :
Neyret Jean-Marie. Notes sur la navigation indigène aux îles Fidji. In: Journal de la Société des océanistes. Tome 6, 1950. pp.
5-31.
doi : 10.3406/jso.1950.1655
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1950_num_6_6_1655NOTES
SUR LA NAVIGATION INDIGÈNE
AUX ÎLES FIDJI
et Nous qui constituent devons à Vobligeance l'essentiel d'une du R.P. conférence Jean-Marie donnée Neyret à la les Société notes qui des suivent Océa-
nistes au printemps dernier.
Missionnaire Mariste aux îles Fidji depuis 1931, le R. P. Neyret s'est
toujours intéressé aux problèmes de ia navigation indigène dans ces parages.
C'est surtout lors de son séjour à Kadavu, de 1947 à 1949, et dans ses nom
breux voyages à Lakemba dans le Lau, qu'il est entré en contact avec des
populations maritimes.
Le R. P. Neyret entretint des rapports à la fois amicaux et scientifiques
avec le regretté James Hornell, après la parution du premier volume de Canoes
of Oceania qui, pour Fidji, épuise pratiquement la question, du point de vue
descriptif et statique. Tout en ayant beaucoup voyagé, Hornell est surtout un
homme de cabinet qui mesure, décrit, compare, fouille les Musées et les livres
de voyages. Le R. P. Neyret, lui, possède une longue pratique personnelle de
ia conduite en mer et de la manœuvre des pirogues. Ses notes traitent le pro
blème de la navigation fidgienne sous son aspect fonctionnel et dynamique.
C'est à ce titre que ses expériences nous ont semblé intéressantes et particu
lièrement dignes d'être relatées.
Lors de sa récente venue en Europe, le R. P. Neyret apportait avec lui plu
sieurs centaines de dessins concernant les embarcations dans le Pacifique. Il a
en effet poussé plus avant les travaux de l'Amiral Paris et de Hornell, et, dans
ce Corpus naval de l'Océanie, apporte une énorme documentation qui, réfléchie,
commentée et comparée, apporterait certainement des lueurs nouvelles sur le
peuplement du Pacifique. Sa très grande pratique de la navigation lui permet,
en effet, non seulement de comparer des formes mortes mais les procédés et
techniques impliquées par ces formes.
Nous espérons que le Musée de la Marine pourra venir à bout du projet de
faire tirer quelques copies de cet important travail. P. O'R.
Du point de vue de la navigation, les pirogues océaniennes se divi
sent en deux grandes catégories : les monodromes et amphi-
dromes.
1. Pirogues Monodromes. — Celles qui ne naviguent que dans un
seul sens. Lorsqu'elles ont à louvoyer ou à virer de bord, elles reçoivent
donc alternativement le vent d'un bord ou de l'autre, et si elles ont un
balancier, celui-ci se trouve alternativement au vent et sous le vent. SOCIÉTÉ DES OCÈANISTES. 6
C'est de cette manière que naviguent un grand nombre de pirogues
polynésiennes, en particulier celles des Hawaii, des Marquises, des Iles
de la Société, des Iles Cook, Samoa, Tonga, Ellice, Rotuma, ainsi que
celles de la Nouvelle-Zélande.
Plus récemment, la méthode employée à Fidji s'est répandue dans
la Polynésie de l'Ouest, Tonga, Samoa, Cook, Tokelau et Rotuma.
Parfois la méthode était différente pour les pirogues doubles (amphi-
dromes) et les pirogues simples (monodromes) . Tel était le cas à Samoa
et à Rotuma, après l'introduction de la méthode fidjienne dans ces
Archipels.
2. Pirogues amphidr ornes. — Celles qui naviguent indifféremment
dans les deux sens. Lorsqu'elles ont à louvoyer, elles repartent en sens
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. i. — Pirogue du Lau naviguant vent de travers. Embarcation fidjienne typique. Pirogue
monoxyle amphidrome, avec extrémités couvertes. Une caisse étanche surélève le pont.
L'attache du flotteur est commune à Samoa, Tonga et Wallis. Mât mobile de type microné-
nésien, retenu par un arc-boutant de type également micronésien (Gilbert et Mariannes).
Voile latine micronésienne. Le capitaine au gouvernail; un homme à l'écoute; un autre vide
l'eau de la cale. NAVIGATION A FIDJI. /
opposé, de manière à conserver le balancier au vent. Nous indiquerons
la méthode fidjienne au paragraphe spécialement consacré à la façon
de virer de bord.
Les pirogues amphidromes sont meilleures à la voile, car le balancier
étant conservé au vent travaille à la traction et son efficacité est bien
plus grande : il faut, en effet, environ neuf fois plus d'effort pour sou
lever le balancier hors de l'eau que pour l'y enfoncer. Il est donc évi
dent que les pirogues amphidromes peuvent porter une voilure bien
plus considérable que les pirogues monodromes.
C'est de cette manière que naviguaient la presque totalité des piro
gues de Micronésie et de Mélanésie.
Chose digne de remarque : le gréement des pirogues de Fidji est
exactement le même que celui des pirogues micronésiennes. Si d'autres
caractéristiques — forme de la coque, charpente du balancier, et attache
du flotteur — les font rentrer dans la catégorie des pirogues mélanés
iennes, avec quelques emprunts aux pirogues de l'Ouest Polynésien
— forme de l'étrave et de la poupe — , leur système de voilure :
— forme, attache et manœuvre — les classe avec les pirogues micronés
iennes.
DESCRIPTION DU GRÉEMENT DE LA PIROGUE FIDJIENNE.
A. La voile,
ê
On distingue deux espèces de gréement dans les pirogues fidjiennes.
La voile est identique dans les deux cas, mais la mâture est différente.
1° Voile hissée. Laça Vakarewataki. — Le mât, vana, repose sur un
socle, vugakoto (fig. 2 A), qui lui permet de pivoter d'avant en arrière,
grâce à une encoche pratiquée dans le pied du mât : bâti ni kuku, pince
de crabe.
Le mât est retenu par deux haubans, loba, du côté du balancier. Ces
haubans sont fixés à la traverse centrale de manière à ne pas gêner le
mouvement du mât vers l'avant ou l'arrière.
Un arc-boutant, rokoroko, empêche le mât de tomber sur le balancier.
Deux étais, ucuimua, retiennent le mât en avant et en arrière. Ces étais
passent dans un trou pratiqué dans le bordé aux deux extrémités de la
REVUE DES OCÉANISTBS. TOMB II. ' 1 A 8 SOCIÉTÉ DES OCÉÀNISTES.
pirogue : daradara ni ucuimua, le trou pour enfiler le nez de l'extré
mité, et sont amarrés aux traverses extérieures. On peut ainsi facil
ement les allonger ou les raccourcir.
La pomme du mât est une pièce de bois rapportée, domodomo, par
fois d'une forme plate et plus ou moins ovale* dans laquelle a été percé
Wb
Fig. I, fig. a. 329, — A. b, Socle et a3g, du à, mât e,f). vakarewataki. B. Socle du (Cf. mât Hornell, dumuki.
un trou qui sert à faire passer les drisses, vakavakarewa, généralement
au nombre de deux.
Sur les plus grandes embarcations, cette pièce de bois est taillée en
forme d'une paire de cornes, tagaga, entre lesquelles sont passées les
drisses (cf. Hornell, fig. 240).
2° Voile installée sur un mâtereau mobile. Laça dumuki. —
Ce gréement est beaucoup plus simple du fait que le mât est remplacé
par un simple mâtereau, et toutes les manœuvres sont supprimées à
l'exception d'un seul hauban. Ce hauban est amarré à l'extrémité de la
traverse centrale du balancier, et son autre extrémité est attachée au
point de jonction du mâtereau et de la vergue supérieure par un nœud
spécial qui ne peut glisser et qui attache ensemble le mâtereau et la
vergue. La figure 3 nous montre deux spécimens de ce nœud : celui
employé à Bau (A) et celui employé dans le reste de Fidji (B) . Ce der
nier est appelé buk ni uto — nœud de l'arbre à pain — et celui de
Bau : buki vaka Lasakau, nœud à la manière de Lasakau, village de
pêcheurs de Bau.
Une fois ce nœud achevé, la voile et le mâtereau étant étendus sur
le pont de la pirogue, le patron de la pirogue élève ensemble la perche NAVIGATION A FIDJI.
et la voile à force de poignets, puis pose simplement le pied du mâte-
reau dans l'intérieur d'un petit socle (fig. 2 B) composé seulement de
quatre rebords forma

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