Nouvelles recherches de spéléologie et de topographie crétoises - article ; n°1 ; vol.84, pg 189-220
36 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Nouvelles recherches de spéléologie et de topographie crétoises - article ; n°1 ; vol.84, pg 189-220

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
36 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1960 - Volume 84 - Numéro 1 - Pages 189-220
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Paul Faure
Nouvelles recherches de spéléologie et de topographie
crétoises
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 84, livraison 1, 1960. pp. 189-220.
Citer ce document / Cite this document :
Faure Paul. Nouvelles recherches de spéléologie et de topographie crétoises. In: Bulletin de correspondance hellénique.
Volume 84, livraison 1, 1960. pp. 189-220.
doi : 10.3406/bch.1960.1556
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1960_num_84_1_1556FAimrc 189 Paul
NOUVELLES RECHERCHES DE SPÉLÉOLOGIE
ET DE TOPOGRAPHIE CRETOISES
I. Zeus Diklaios el les cités de la région de Silia
II faut bien reconnaître que, si le massif du Diktè, lieu de la naissance de
Zeus, est localisé avec précision par les géographes antiques (1) au voisinage du
cap Salmonis ou Salmonion, l'actuel cap Sidero, à l'extrémité orientale de l'île
de Crète, aucun auteur ne nous assure positivement qu'il soit né là dans une
grotte. Les seuls témoignages que l'on puisse alléguer sont les suivants :
1° Apollonios de Rhodes, Argonautiques (vers 240 av. J.-G.) I 507-511 :
Q'i δέ [se. Κρόνος και 'Ρέα] τέως μακάρεσσι θεοΐς Τιτήσιν άνασσον
οφρα Ζευς έτι κούρος, έτι φρεσί νήπια είδώς
Δικταΐον ναίεσκεν ύπο σπέος, οι δέ μιν ουπω
Γηγενέες Κύκλωπες έκαρτύναντο κεραυνω
βροντή τε στεροπη τε ' τα γαρ Διί κΰδος όπάζει.
2° Apollodore, Bibliolhèque (vers 50 après J.-G.) Τ, 1, 5 :
Όργισθεΐσα δέ επί. τούτοις 'Ρέα παραγίνεται μεν εις Κρήτην, όπηνίκα τόν Δία
εγκυμονούσα ετύγχανε, γεννά δέ εν άντρω της Δίκτης Δία, και τούτον δίδωσι
τρέφεσθαι Κούρησί τε και ταΐς Μελισσέως παισι νύμφαις 'Αδράστεια τε και "Ιδη.
3° Etymologicum Magnum (xe siècle après J.-G.), v° Δίκτη. L'auteur, après
avoir cité Aratos (Phaenom. 33) Δίκτω εν εύώδει ορεος σχεδόν Ίδαίοιο (2),
(1) Strabon Χ, 478; Ptolëmée III, 15, 6; Ftavennatis Anongmi Cosmographia V, 21. Leur
témoignage est confirmé par le récit de Ja fondation du sanctuaire d'Athèna Minois au pied du
Dikté et sur le cap Salmonis (Apollonios de Rhodes, IV, 1636-1693) et par les cartes italiennes
du xve au xvne siècle. Sur la localisation du Dikté, références et discussions principalement dans
les articles de J. Toutain, RHR 64, 1911, 277-291 ; R. C. Bosanquet et R. W. Hutchinson, BSA 40
(1939-1940), 60-77 ; M. Guarducci, /. Cr. III, p. 5-17, Dictaeum fanum.
(2) II convient de citer, pour comprendre la glose, le début et la fin de la phrase, v. 32-36 :
(Kynosoura et Ilélikè) μίν (se. Δία) τότε κουρίζοντα
Δίκτω εν εύώδει, ορεος σχεδόν Ίδαίοιο
αντρω έγκατέθεντο και έτρεφον εις ένιαυτόν,
Δικταΐοι Κουρήτες δτε Κρόνον έψεύδοντο. 190 PAUL FAURE
ajoute : άπο του τό Δίκτον. Ε'ίρηται παρά το τέκω, τίκτω, τίκτα τίς ούσα, άπο
του εκεί τεχθήναι τον Δία.
Il faut avouer que c'est mince, vague ou faux.
Car lorsqu'Apollonios mentionne le Δικταΐον σπέος il ne parle pas de la
naissance de Zeus, mais de son enfance (κούρος... νήπια) et de son séjour (ναίεσκεν)
parmi les Cyclopes. Bien plus, dans tous les passages des Argonautiques que l'on
allègue d'ordinaire (I, 1130 ; II, 1236 ; III, 134) il n'est question que de l'antre
de l'Ida près d'Axos.
Quant à Apollodore, dont le compromis fait naître Zeus dans un antre du
Diktè et le fait élever par Adrasteia et par Ida, il se pourrait qu'il confondît, comme
tous les mythographes antiques, les deux montagnes. Témoins Aratos, Virgile et
Nonnos, entre autres (1). Déjà, les commentateurs anciens du premier, ses scho-
liastes et Strabon (2), protestaient contre le rapprochement du « Diktos parfumé »
et du massif de l'Ida et rattachaient le mot άντρω du vers 34 des Phénomènes
aux mots ορεος σχεδόν Ίδαίοιο du vers 33. Virgile (Géorgiques, IV, 152) men
tionne l'éducation (pavere) du roi du ciel sous l'antre dictéen, mais les Abeilles
et les Courètes situent la scène dans l'Ida (cf. Golumelle IX, 2). Chez Nonnos
(Dionysiaca, II, 695 ; VIII, 114 et 178 ; XIII, 243-246 ; XLVI, 14) les mots Ida
et Diktè sont absolument interchangeables : Δικταΐος, appliqué ou non aux
termes qui désignent une caverne, est, chez lui, généralement une épithète de
nature, synonyme de Κρητικός. Ainsi procédait déjà Callimaque (Hymne à Zeus, 47)
qui faisait bercer Zeus dans l'Ida par les Méliennes du Diktè, Δικταΐαι Μελίαι.
Ainsi procédaient Apollonios de Rhodes et Aratos, à la même époque.
Rien à tirer de la notice de Γ Etymologicum Magnum, tributaire des scholiastes
d'Aratos. Encore moins de Suidas, qui ne glose même pas l'expression Δικταΐον
σπήλαιον.
Il sullit donc de s'en tenir aux indications des plus anciens auteurs de Κρητικά,
Agathoklès de Babylone (ou de Cyzique) et Néanthès de Cyzique que cite Athénée
(375 F), Épiménide le théologien que suit Diodore (V, 70), Staphylos que cite
Strabon (X, 475), du ve au Ier siècle avant J.-C. : Zeus est né sur le Diktè, επί της
Δίκτης, et son sanctuaire, ιερόν, est voisin de la petite ville de Praisos (3). Cepen-
(1) Pour Lucien (Dialogue des dieux marins, 15, 4), l'antre du Diktè est celui où Zeus conduit
par la main Europe qu'il vient de ravir : pure fantaisie littéraire, qui n'a rien à voir avec la nais
sance de Zeus, et qui résulte d'une simple confusion, puisque l'union de Zeus et d'Europe a lieu
à Gortyne, selon toute la tradition antique ; Δικταΐον est ici l'équivalent de Κρητικόν, comme
chez Lycophron, 1300 (cf. Ovide, Melam. Ill, 2).
(2) Commenlariorum in Aralum reliquiae, éd. Maass, Berlin, 1898, p. 346-317 (schol. in
Phœnom. 33). Strabon, X, 478, critiquant Aratos, situe le Diktè à 1000 stades à l'Est de l'Ida.
Disons que la confusion des Anciens tient peut-être au fait que le mot δίκτη ou δίκτος, de la
même famille que Δίκτυννα et δίκταμνον, semble bien avoir désigné « la montagne » en étéo-
crétois : cf., outre le scholiaste cité, Callimaque, Hymne à Artémis 198-199, Solin, Collect. 9,
8 et les toponymes modernes mentionnés dans Κρητικά Χρονικά 1951, 141 et 1954, 15, 1.
(3) Nous ne tiendrons aucun compte, malgré les compilateurs modernes, des témoignages de
Moiros de Byzance (Athénée, 491 B), qui ne mentionne pas le Diktè, et de « Boio de Delphes »
(Anton. Liberalis, Métamorphoses, 19) qui ne parle que de la Crète, et dont le récit se réfère à
l'antre de l'Ida : on le sait maintenant avec certitude depuis ma découverte de la partie secrète DE SPELEOLOGIE ET DE TOPOGRAPHIE CRETOISES 191 RECHERCHES
dant, si, impressionnés par la synthèse de Virgile et d'Apollodore, nous pensons
que Zeus recevait dans cette région un culte de caverne analogue à celui de l'Ida,
alors nous tâcherons de confronter les données des géographes antiques avec ce
que nous apprend l'exploration spéléologique.
Strabon, X, 478, localise dans le voisinage (πλησίον) de Praisos, et à 100 stades
seulement du cap Samonion, le Diktè ; Ptolémée, III, 15, met le Diktè (55° 30)
aux trois cinquièmes de la distance Hierapytna (55° 15)-Itanos (55° 40). Comme
nous savons où se trouvent les ruines de ces trois cités, il suffît de prendre une
carte et une règle graduée pour constater immédiatement que le chiffre de Strabon
nous reporte à la latitude du mont Modhi, dont le cône domine effectivement toute
la région d'Itanos et de Palaiokastro, et que les chiffres de Ptolémée nous mettent
à la longitude de Praisos, situé sur trois faibles eminences à 9 kilomètres à vol
d'oiseau au Sud du golfe de Sitia. On ne saurait attribuer une exactitude rigoureuse
à des données aussi simplifiées. Néanmoins, comme les deux géographes ne sont
pas absolument d'accord, il convient d'aller voir successivement la région du
Modhi et celle de Praisos.
Remarquons tout d'abord que l'hymne de Palaiokastro (1) qui évoque, en
même temps qu'il invoque, le Jouvenceau suprême, Fils de Kronos, se borne à
nommer le mont Diktè et non pas une grotte : « Vers le Diktè, en cet anniversaire,
porte tes pas »,
Δίκταν ες ένιαυτον ερπε.
Constatons, en second lieu, que le sanctuaire où on l'a trouvé, en 1904, est dans
une plaine, appelée Roussolakkos et jadis Έλεία, à 600 mètres de la mer, entre
la hauteur de Kastri, au Nord, et le mont Petsophas, au Sud. A 350 mètres au Sud
du temple, s'ouvre un abri sous roche, dit aussi Petsophas (2), du nom de la falaise
rocheuse où il se trouve. C'est une petite cavité de 3 m. 50 de hauteur

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents