Nouvelles visions du Monde

Gaujous Didier

Description

Un court article pour présenter une nouvelle projection cartographique de notre Terre, qui nous invite à un voyage dans sa Big History !

Sujets

• Cartographie
• Monde
• Histoire
• Big History
• Afrique

Informations

• Publié par: DGaujous
• Publié le: 21 janvier 2013
• Nombre de lectures: 129
• Langue: Français

Extrait

Nouvelles visions du Monde
Didier Gaujous
Janvier 2013

Notre Terre est ronde, donc, pas facile à coucher sur du papier. Les projections ne manquent pas, chacune avec leurs défauts et leurs qualités.
Comme l’ont indiqué de nombreux auteurs, chaque projection induit une vision déformée du Monde : Mercator, Robinson, Mollweide, Peters,
Buckminster Fuller, Bone, il y en a pour tous les goûts.
Nous vous proposons dans cet article d’explorer une projection originale, dite en « sous-bocks »:


Projection Didier Gaujous

Par rapport à de nombreuses autres, notre monde y est peu déformé et garde des proportions correctes. De plus, son avantage vient du fait qu’en
juxtaposant les deux « sous-bocks », on obtient les « images des quatre coins du Monde », qui chacune nous donne un point de vue différent, nous
invite à raconter un pan de l’Histoire de la Terre et de l’Homme.
La première, euro centrée, sera l’occasion de redécouvrir l’histoire classique des civilisations
La seconde met en valeur les terres australes, et nous raconte l’histoire des continents
La troisième nous montre l’immensité du Pacifique, nouvel espace stratégique
La quatrième fait émerger au centre du Monde deux géants : l’Amérique du Sud et l’Afrique. Après une balade au gré des grands fleuves, c’est par
l’histoire de l’Afrique et du Nil que nous finissons notre parcours.
1

1. La Vielle Europe : retour aux sources
Cette première vision rapproche au cœur du Monde
l’Eurasie et l’Amérique du Nord.
Elle nous raconte l’Histoire classique:
C’est à partir du Proche Orient, où elle naît il y a 5000
ans, que l’écriture gagne tout le bassin méditerranéen et
l’Europe du Nord (1), embrassant les peuples indo
2
européens : Grecs, Latins, Celtes, Germains et Slaves. 3
1 Vers l’an mil, de courageux Vikings, à la faveur d’un
4
réchauffement climatique, s’installent sur la Terre Verte
voisine, le Groenland. (2).
Au rythme des grandes invasions et à travers le contrôle
de la route de la soie, les peuples des steppes assurent
un lien commercial avec la lointaine Chine et le monde
Indien (3). En 1453, les Turcs prennent pied à

Constantinople, l’ancienne Byzance. Piquée au vif, inspirée
par les inventions chinoises de la boussole, de la poudre, de l’imprimerie, l’Europe renaît et part à la conquête des Amériques (4), de l’Asie, de l’Afrique
et même du lointain pôle sud, atteint en 1911 par le norvégien Amundsen, tradition viking oblige.
Depuis qu’ils étaient entrés dans l’histoire, les pays européens étaient finalistes des « grands jeux » mondiaux : Grèce-Italie, Espagne-Portugal,
eme
France-Allemagne, Angleterre-Russie... Chacun à son tour établissait son hégémonie sur la planète. Mais au XX siècle, les guerres deviennent
globales et l’impérialisme européen s’effondre. Le centre de gravité du monde franchit l’Atlantique.
Rêvant à une nouvelle Pax Romana, l’Europe tente depuis cinquante ans de reprendre une place significative par une ouverture à l’est et dans l’espace
méditerranéen. Nouveau souffle ou râle d’un vieillard affaibli ?
Les yeux éblouis par la réussite de sa fille, les Etats-Unis, la vielle Europe a trop longtemps négligé le dynamisme de ses voisins méridionaux et
orientaux, et les nouveaux enjeux autour de l’Arctique. Il lui faut maintenant repartir sur les routes de la soie et de l’ambre, et sur les voies
commerciales Vikings, revenir aux sources, en quelque sorte.

2 2. Terres australes : à la recherche du continent perdu
En 1587, Rumold Mercator représente sur sa mappemonde (ci-contre) un immense
continent antipode, la «Terra Australis ». En 1665, Joan Blaeu esquisse dans son
Atlas Maior les contours de la Nouvelle Hollande et de la Nouvelle Zélande : le grand
continent sud n’est plus.
Celui-ci a pourtant bien existé, et voici son histoire :
Gondwana, qui porte le nom d’une région de l’Inde,
est né il y a environ 200 Ma (millions d’années) de la
déchirure progressive d’un supercontinent unique, la
Pangée, en deux mondes séparés par l’océan Téthys:
la Laurasie au nord, le Gondwana au sud.
Il y a 120 Ma, Gondwana commence à se disloquer à
son tour, donnant naissance à l’Afrique, l’Inde,
l’Australie et l’Amérique du Sud, qui, dans un mouvement centrifuge, s’éloignent progressivement vers le nord (1).
Dans ces îles-continents, après la disparition des dinosaures il y a 65 Ma, les mammifères se diversifient: kangourous
en Australie, éléphants en Afrique, paresseux en Amérique du Sud, rongeurs et primates en Laurasie...
Il y a 50 Ma, Inde et
Asie entrent en
collision, puis
l’Afrique s’ancre à l’Eurasie. La Téthys, en se
refermant, laisse une ligne de mers et de montagnes
qui court de l’Espagne à la Chine, marquant le clivage
nord/sud cher à Willy Brant (2). 2
1 Mais la Méditerranée se vide à plusieurs reprises.
1
Les éléphants débarquent, ils deviendront
3 mammouths ; les primates évoluent en Afrique, ils
deviendront des hommes. 1
1
Il y a 3 Ma, l’isthme de Panama lie les Amériques:
lamas et pumas passent au sud, opossums et porcs-
4
épics au nord (3). A ce jour, l’Australie et ses
kangourous se dirigent toujours vers l’Asie.

3 Gondwana conserve aux quatre coins du monde quelques terres au sud du Capricorne. Dans ces savanes australes, les peuples premiers, khoisans
africains, indiens sud-américains, aborigènes australiens ou Maoris néo-zélandais vivent en harmonie avec la nature qu’ils enrichissent de peintures et
de totems extraterrestres. Les hommes du nord en apprécient le climat méditerranéen et y ont introduit la vigne, le mouton, le prolifique lapin, et le
rugby !
Abandonné par ses frères, immense et isolé dans son écrin de glace, l’Antarctique est absent du drapeau olympique comme de celui de l’ONU. Les
Malouines de 1982 (4) nous rappellent pourtant que les anciennes puissances coloniales se battent encore pour affirmer leurs droits sur la Terra
Australis Incognita.
Il est vrai que le coeur de Gondwana n’a pas livré tous ses secrets.

3. Un Monde tellement Pacifique
Lorsque le 28 novembre 1520, Magellan croise le
détroit qui porte son nom, il découvre un océan qu’il
trouve pacifique (1).
La traversée ne lui en sera pas mois fatale, et le 27 5
avril 1521, il tombe sous les flèches empoisonnées des
6
guerriers de Lapu-Lapu, roi d’un minuscule îlot philippin.
L’Océan Pacifique, injustement représenté sur la
2 plupart des cartes, couvre plus du tiers de la surface
du globe. 3
Bordé à l’est par les côtes linéaires et montagneuses
des Amériques, il est limité au nord et à l’ouest par de 1
4
multiples chapelets d’îles, qui marquent l’extrémité des
plaques continentales, submergées depuis la fin de la
glaciation, il y a 12 000 ans.
L’Atlantique grandit de quelques centimètres par an, les
plaques tectoniques principales qui le composent, Pacifique, Antarctique, Nazca et Cocos, s’écartant de part et d’autre de dorsales, dont émergent les
Galápagos et l’Ile de Pâques, avant de plonger sous la ceinture de feu, provoquant désastreux séismes et tsunamis dévastateurs.
Immobiles sous les plaques en mouvement, des points chauds, comme celui situé aujourd’hui sous Hawaï (2), décorent patiemment la surface de l’Océan
d’îlots volcaniques régulièrement alignés sur des milliers de kilomètres.
Durant la dernière glaciation, qui commence il y a environ 100 000 ans, des représentants de notre espèce profitent de la baisse des mers (de plus de
100m) pour occuper l’Asie du Sud Est (Sunda, 3), l’Australie Nouvelle Guinée (Sahul, 4) et pour passer le détroit de Béring vers l’Amérique (5).
4 Il y a environ 5000 ans s’établissent les premières civilisations de Chine. Puis fleurissent de nombreuses autres cultures : Japon, Champa, Khmers,
Java...
De leur côté, entraînés par leur conquête de l’ouest, les Etats-Unis déboulent sur le Pacifique. En 1853, les canonnières du commodore Perry
provoquent le Japon. Les années suivantes, les Marines