Ordinateur et manuscrits : Propositions pour une généalogie des textes - article ; n°2 ; vol.1, pg 122-139
19 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Ordinateur et manuscrits : Propositions pour une généalogie des textes - article ; n°2 ; vol.1, pg 122-139

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
19 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Médiévales - Année 1982 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 122-139
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 25
Langue Français

Extrait

Monsieur Guy Jacquesson
Ordinateur et manuscrits : Propositions pour une généalogie des
textes
In: Médiévales, N°2, 1982. pp. 122-139.
Citer ce document / Cite this document :
Jacquesson Guy. Ordinateur et manuscrits : Propositions pour une généalogie des textes. In: Médiévales, N°2, 1982. pp. 122-
139.
doi : 10.3406/medi.1982.900
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1982_num_1_2_900GuyJACQUESSON
ORDINATEUR ET MANUSCRITS
Propositions pour une généalogie des textes.
1. — Pourquoi l'ordinateur.
Il y a certes bien des années déjà que l'éditeur de textes, aux prises
avec un volumineux corpus, enseveli sous les variantes et les sigles, a songé
à utiliser les ressources de l'ordinateur pour la manipulation de ses
fichiers, rêve de remplacer les bouts de papiers griffonés par le clavier et
la bande magnétique... Le remarquable ouvrage de Dom F ROGER (1)
dont je me suis souvent inspiré au cours de mon travail en témoigne assez.
Mais depuis 1967, les progrès de l'informatique dans le domaine des
matériels ont été si considérables que les conditions d'une telle utilisation
en ont été complètement bouleversées. Ce qui, voilà seulement une dizaine
d'année n'était envisageable que dans le cadre d'un «laboratoire de
recherche», ou d'un institut spécialisé doté de très gros moyens financiers
est aujourd'hui — j'espère en convaincre le lecteur — à la portée, sinon de
n'importe qui, du moins de tout chercheur capable d'y sacrifier par
moments son téléviseur et de dépenser (tout de même ! ) quelque 15000 F.
C'est qu'en effet avec l'apparition des circuits intégrés et du
microprocesseur, la commercialisation depuis 4 ou 5 ans de
(1) DOM J. FROGER : <la critique Au textes « mm nOêmUom», Dmmoé
1968.
122 les «GAMMA 55» et autres «GE 425» illustrant par «micro-ordinateurs»,
exemple l'ouvrage cité plus haut, font désormais figure de diplodocus :
taille immense et cervelle réduite !
Le présent article voudrait montrer aux médiévistes non-informatic
iens, — ou même quelque peu suspicieux à l'égard de ces machines que
l'on dit volontiers menaçantes... — un aspect de ce qu'il est possible de
faire avec un ordinateur pas plus encombrant qu'une bonne machine à
écrire, et qui d'ailleurs lui ressemble beaucoup extérieurement.
Je ne prétends nullement d'ailleurs, je tiens à être clair là-dessus,
apporter du nouveau en ce qui concerne la théorie de la critique textuelle
(2), ni fournir au chercheur harassé la panacée d'un programme utilisable
tel quel pour n'importe quelle édition critique ! il s'agit plutôt de présenter
un exemple pouvant avoir une valeur «pédagogique» en quelque sorte,
puisqu' aussi bien le « corpus » sur lequel j'ai mis au point le programme ici
présenté est en grande partie ARTIFICIEL, et ceci pour des raisons que je
détaillerai plus loin.
Mais je voudrais profiter de cet exemple pour donner à des
non-spécialistes quelque idée de ce qui peut se faire en ce domaine : le fait
qu'il s'agisse de textes médiévaux et non d'équations du Nième degré leur
rendra, je l'espère, plus agréable cette incursion dans les contrées sauvages
où rôde le binaire... Enfin, je voudrais insister sur le fait que le travail
présenté n'est qu'une première étape dans un projet plus ambitieux. J'ai
constamment dû, en relisant mon programme pour rédiger ces lignes,
résister à la tentation de modifier ceci ou cela... Il y aurait, notamment des
améliorations à apporter pour obtenir un traitement plus rapide et sur une
plus grosse quantité de données à la fois : j'ai en chantier d'autres versions.
2. — Corpus et méthode
Ayant travaillé plusieurs années sur les versions manuscrites du
(2) on trouvera chez DOM FROGER (op. dt) pp. 1(MJ oa boa apoat de
l'histoire de ces méthodes.
123 4 Chevalier de la charrette» de Chrétien de Troyes (3), et ayant effectué
quelque temps après ma «reconversion» dans l'informatique, un de mes
objectifs fut aussitôt de reprendre de manière plus exhaustive et plus
rigoureuse peut-être, grâce à la machine, l'analyse des variantes à laquelle
je m'étais déjà livré, et de vérifier si possible par ce moyen certaines de mes
hypothèses, à savoir : que le MS de l'ESCORIAL, peu étudié, et
indirectement, loin d'être tronqué ou déformé comme on l'avait peut-être
un peu vite «catalogué», pourrait bien, au contraire, constituer l'unique
représentant d'un état de texte plus ancien, et plus frustre que celui de
l'admirable version qu'en donna GUIOT, et que l'on confond trop
souvent, à mon avis, avec l'œuvre de Chrétien lui-même... s Ce qui conduit
d'ailleurs assez vite à d'impertinentes réflexions sur l'utilisation des termes
d'« amour courtois» et de «roman de la chevalerie»... Mais ceci est (pour le
moment» une autre histoire (4). Il était donc tentant de faire faire à la
machine, en profitant au maximum de sa rigueur et son obstination, une
comparaison minutieuse des divers états du texte, pour essayer d'en
dégager une généalogie possible, et voir si son verdict confirmerait mes
propres conclusions.
Autant le dire tout de suite : je n'en suis pas encore là... Quelques
essais m'ont rapidement convaincu qu'il n'était pas question de s'attaquer
d'emblée à ce vaste problème : avant de se fier aux résultats fournis par la
machine, il fallait bien évidemment trouver le moyen d'écrire un
programme dont je pourrais être sûr. Et le plus simple pour cela était de
renverser la situation : appliquer ledit programme à une généalogie
connue, pour en tester le fonctionnement. Pas de généalogie plus sûre que
(3)GUY JACQUESSON : < revolution dun roman médiéval à travers tes
copies : le synopsé des mss du Chevalier de la Charette», thèse de 3° cycle,
Paris XIII, 1979.
(4) j'ai pu également me convaincre du fait que les datations de mots des
dictionnaires spécialisés ne font trop souvent que reprendre des erreurs
anciennes leur conférant à la longue une valeur de référence tout-à-fait
contestable... Ainsi, lorsque mes manuscrits présentaient des mots bien
différenciés (ex. : «chandoiles»/«candelabres»), les dictionnaires me
renvoyaient régulièrement à «Chrétien de Troyes, Ch. de la Ch., 1160»
assimilant ainsi sans sourciller une œuvre à une version manuscrite — ce
qui est déjà abusif... — mais attribuant du même coup à un auteur et à une
époque un mot qui n'est peut-être que le fait d'un copiste... ayant travaillé
un siècle plus tard I
124 celle que l'on fabrique soi-même... J'ai donc, délibérément, fabriqué une
pseudo-traduction manuscrite dont les vicissitudes — et pour cause ! — me
seraient parfaitement connues et modifiables au besoin, tant dans leur
nature que dant leur enchaînement chronologique. Je me suis ensuite
attelé à l'élaboration d'un programme permettant à la machine de
retrouver, classer et énoncer automatiquement TOUTES les variantes,
pour finalement proposer les divers stemmas possibles. De cette façon, la
validité de la démarche pouvait être vérifiée sans aucune ambigiiité, et il
serait possible de s'attaquer ensuite à des problèmes réels sur une base
suffisamment solide.
C'est de cette seule expérimentation sur un corpus ARTIFICIEL qu'il
s'agit ici. De l'exposé d'une démarche et non des résultats d'une recherche
menée sur des textes réels. Mais je pense que ceci présente déjà quelque
intérêt, de par les perspectives qui s'en trouvent ouvertes.
La méthode utilisée pour l'analyse des variantes et l'établissement du
stemma — l'algorithme du programme en quelque sorte — est celle dite
des « FAUTES COMMUNES », tejle que la présente DOM FROGER dans
l'ouvrage déjà cité et auquel, une fois encore, je renvoie le lecteur. Disons
simplement ici que cette méthode présente pour le traitement automatique
l'

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents