Outils ethnographiques de Patagonie : emmanchement et traces d utilisation - article ; n°1 ; vol.15, pg 297-307
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Description

Travaux de la Maison de l'Orient - Année 1987 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 297-307
Deux questions mettant en cause la validité de certaines études fonctionnelles en préhistoire sont posées ici. Une fois qu'un outil a perdu son manche, peut-on retrouver sa forme complète grâce à la seule étude morphologique et microscopique de sa partie « dure » active ? L'étude même d'un outil complet et emmanché peut-elle mener à la connaissance exacte de sa fonction si elle n'est pas accompagnée d'une observation de son maniement ? À ces questions importantes l'enquête ethnographique apporte parfois de surprenantes réponses. Les grattoirs en pierre sont identiques sur un territoire de 2 000 km de long, en Patagonie et en Terre de Feu ; ces artefacts, une fois emmanchés, deviennent cependant des outils totalement différents. Deux grattoirs identiques, emmanchés de la même façon, peuvent de surcroît être maniés de façon différente, ce qui a pour effet de les marquer de traces d'usure différentes. Ainsi toute comparaison ethnographique doit-elle être faite en tenant compte de l'énorme variation des réponses possibles à un même besoin technique.
This article examines two ideas questioning the validity of certain functional studies in prehistory. If a tool has lost its handle, is it possible to reconstruct its overall shape simply by a morphological and microscopical study of its working edge? And even if the tool is complete with handle, is it possible to find out exactly what it was used for without seeing how it was used? Ethnography sometimes provides surprising responses to these important questions. For example, stone-end scrapers which appear to be morphologically the same over a 2 000 km area in Patagonia are quite different from one another once they are seen with their hafts. Two identical end-scrapers which are hafted in the same way may be used in different manners (producing different micro-traces). Therefore ethnographic comparisons to archaeological material must be made bearing in mind the great variety of functional solutions available for a given technical need.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Maria Estela Mansur-
Franchomme
Outils ethnographiques de Patagonie : emmanchement et traces
d'utilisation
In: La Main et l’Outil. Manches et emmanchements préhistoriques. Table Ronde C.N.R.S. tenue à lyon du 26 au 29
novembre 1984, sous la direction de D. Stordeur. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux,
1987. pp. 297-307. (Travaux de la Maison de l'Orient)
Résumé
Deux questions mettant en cause la validité de certaines études fonctionnelles en préhistoire sont posées ici. Une fois qu'un outil
a perdu son manche, peut-on retrouver sa forme complète grâce à la seule étude morphologique et microscopique de sa partie «
dure » active ? L'étude même d'un outil complet et emmanché peut-elle mener à la connaissance exacte de sa fonction si elle
n'est pas accompagnée d'une observation de son maniement ? À ces questions importantes l'enquête ethnographique apporte
parfois de surprenantes réponses. Les grattoirs en pierre sont identiques sur un territoire de 2 000 km de long, en Patagonie et
en Terre de Feu ; ces artefacts, une fois emmanchés, deviennent cependant des outils totalement différents. Deux grattoirs
identiques, emmanchés de la même façon, peuvent de surcroît être maniés de façon différente, ce qui a pour effet de les
marquer de traces d'usure différentes. Ainsi toute comparaison ethnographique doit-elle être faite en tenant compte de l'énorme
variation des réponses possibles à un même besoin technique.
Abstract
This article examines two ideas questioning the validity of certain functional studies in prehistory. If a tool has lost its handle, is it
possible to reconstruct its overall shape simply by a morphological and microscopical study of its working edge? And even if the
tool is complete with handle, is it possible to find out exactly what it was used for without seeing how it was used? Ethnography
sometimes provides surprising responses to these important questions. For example, stone-end scrapers which appear to be
morphologically the same over a 2 000 km area in Patagonia are quite different from one another once they are seen with their
hafts. Two identical end-scrapers which are hafted in the same way may be used in different manners (producing different micro-
traces). Therefore ethnographic comparisons to archaeological material must be made bearing in mind the great variety of
functional solutions available for a given technical need.
Citer ce document / Cite this document :
Mansur-Franchomme Maria Estela. Outils ethnographiques de Patagonie : emmanchement et traces d'utilisation. In: La Main et
l’Outil. Manches et emmanchements préhistoriques. Table Ronde C.N.R.S. tenue à lyon du 26 au 29 novembre 1984, sous la
direction de D. Stordeur. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1987. pp. 297-307. (Travaux de la
Maison de l'Orient)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/mom_0766-0510_1987_act_15_1_1722OUTILS ETHNOGRAPHIQUES DE PATAGONIE
EMMANCHEMENT ET TRACES D'UTILISATION
Maria Estela MANSUR-FRANCHOMME
RÉSUMÉ : Deux questions mettant en cause la validité de certaines études fonctionnelles en préhistoire
sont posées ici. Une fois qu'un outil a perdu son manche, peut-on retrouver sa forme complète grâce
à la seule étude morphologique et microscopique de sa partie « dure » active ? L'étude même d'un outil
complet et emmanché peut-elle mener à la connaissance exacte de sa fonction si elle n'est pas accompagnée
d'une observation de son maniement? À ces questions importantes l'enquête ethnographique apporte
parfois de surprenantes réponses. Les grattoirs en pierre sont identiques sur un territoire de 2 000 km
de long, en Patagonie et en Terre de Feu; ces artefacts, une fois emmanchés, deviennent cependant
des outils totalement différents. Deux grattoirs identiques, emmanchés de la même façon, peuvent de
surcroît être maniés de façon différente, ce qui a pour effet de les marquer de traces d'usure différentes.
Ainsi toute comparaison ethnographique doit-elle être faite en tenant compte de l'énorme variation des
réponses possibles à un même besoin technique.
ABSTRACT : This article examines two ideas questioning the validity of certain functionnal studies in
prehistory. If a tool has lost its handle, is it possible to reconstruct its overall shape simply by a
morphological and microscopical study of its working edge ? And even if the tool is complete with handle,
is it possible to find out exactly what it was used for without seeing how it was used ? Ethnography
sometimes provides surprising responses to these important questions. For example, stone-end scrapers
which appear to be morphologically the same over a 2 000 km area in Patagonia are quite different
from one another once they are seen with their hafts. Two identical end-scrapers which are hafted in
the same way may be used in different manners (producing different micro- traces). Therefore ethnographic
comparisons to archaeological material must be made bearing in mind the great variety of functional
solutions available for a given technical need.
Les modes de préhension et les possibilités d'emmanchement des outils lithiques ont toujours
intéressé, voire intrigué, les préhistoriens. Si l'on appelle « outil » la seule pièce lithique
taillée ou polie, nous savons que, très souvent, celle-ci ne constitue qu'une partie -dite
« active »- d'une pièce majeure, l'outil complet, constitué d'une ou plusieurs pièces lithiques
et du manche.
Nous nous voyons ainsi confrontés aux problèmes de la morphologie et de la fonction du
manche. Est-il possible de connaître l'aspect de l'outil entier à partir de l'étude morphologique
de sa partie active? Et lorsque le manche est connu, est-ce que sa forme présuppose de sa
fonction ? Les outillages de Patagonie peuvent aider à répondre, au moins en partie, à ces questions.
Les grattoirs de la dernière grande industrie, le Patagoniense, commencée il y a quelques
cinq mille ans et prédécesseur probable de l'industrie des Tehuelche et des Selk'Nam, sont
toujours semblables du point de vue morphologique : de petites dimensions (moyenne entre
2,5 et 4,5 cm), sur lame ou parfois sur éclat de forme appropriée, ils ont une retouche semi-
abrupte écailleuse ou lamellaire sur l'une des extrémités qui détermine un front convexe ou
semi-circulaire, généralement régulier. Les deux bords latéraux de la lame sont aussi retouchés.
La Main et l'Outil : manches
et emmanchements préhistoriques
TMO 15, Lyon, 1987 M.E. MANSUR-FRANCHOMME 298
L'uniformité morphologique de ces grattoirs laisse penser a priori qu'ils étaient emmanchés
et utilisés d'une manière plus ou moins semblable. Cependant les exemples ethnographiques
de la même région indiquent le contraire. Cette constatation a des conséquences fondamentales,
du point de vue théorique, quant au rôle que doit jouer l'inférence ethnographique dans
l'interprétation des outillages préhistoriques.
Les Indiens qui habitaient le secteur oriental de Patagonie continentale et de la Grande
île de Terre de Feu (du pied oriental des Andes jusqu'à la côte Atlantique) à l'époque de
la Conquête sont décrits, à partir du XVIe siècle, dans les récits des voyageurs européens et
des missionnaires. La population n'était pas homogène, ni physiquement ni culturellement.
Le continent et les plaines du nord de la Grande île de Terre de Feu étaient habités par
des indiens pédestres, grands marcheurs, chasseurs de guanacos. Les canaux méridionaux de
la Grande île et des archipels étaient peuplés par les « nomades de la mer » (Emperaire,
1955), chasseurs d'oiseaux et de mammifères marins et cueilleurs de fruits de mer qui ont
laissé d'importants amas coquilliers le long des côtes.
Parmi les Indiens du continent appartenant au grand groupe Tehuelche, des populations
différentes peuvent être distinguées sur le plan linguistique. Les Tehuelche septentrionaux du
sud de la province de Neuquén et du fleuve Colorado parlaient le Gününa Kù'ne ; on ne
sait rien sur la langue des groupes qui habitaient à l'est du Neuquén jusqu'au Colorado. Les
Tehuelche méridionaux qui vivaient au sud du fleuve Chubut jusqu'au Santa Cruz parlaient
le Téwsën, tandis qu'au sud du Santa Cruz et jusqu'au Détroit de Magellan la langue, au
sens strict, était le Tehuelche (R. Casamiquela, comm. pers., Rio Gallegos, 1984).
La Grande île de Terre de Feu et les archipels du sud étaient habit&

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