Penser l histoire du cinéma autrement : un modèle de crise - article ; n°1 ; vol.46, pg 65-74
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Description

Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1995 - Volume 46 - Numéro 1 - Pages 65-74
Thinking differently about the history of cinema, Rick Altman.
In its beginnings, American commercial cinema had no clear identity. It was poorly differentiated from other types of entertainment such as the circus and the theatre. By studying the crisis that swept the theatre industry in the first years of the 20th century, the slow constitution of the cinema as a specific genre can be traced. Through the struggles of the occupational categories dealing with this new medium, by following the transformation of the terminology designating this new phenomenon, i.e. through a crisis model another way of thinking about the history of cinema comes to light.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Rick Altman
Penser l'histoire du cinéma autrement : un modèle de crise
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°46, avril-juin 1995. pp. 65-74.
Abstract
Thinking differently about the history of cinema, Rick Altman.
In its beginnings, American commercial cinema had no clear identity. It was poorly differentiated from other types of
entertainment such as the circus and the theatre. By studying the crisis that swept the theatre industry in the first years of the
20th century, the slow constitution of the cinema as a specific genre can be traced. Through the struggles of the occupational
categories dealing with this new medium, by following the transformation of the terminology designating this new phenomenon,
i.e. through a crisis model another way of thinking about the history of cinema comes to light.
Citer ce document / Cite this document :
Altman Rick. Penser l'histoire du cinéma autrement : un modèle de crise. In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°46, avril-juin
1995. pp. 65-74.
doi : 10.3406/xxs.1995.3154
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1995_num_46_1_3154PENSER L'HISTOIRE DU CINEMA
AUTREMENT
UN MODÈLE DE CRISE
Rick Altman
Pour Rick Altman, le cinéma est tographique n'est pas un appareil indé
davantage une pratique qu'une technol pendant mais un accessoire au projecteur
ogie. Son histoire est loin d'être de diapositives. Il remplace la boîte qui
linéaire. Le cinéma est-il fils de la pho sert à introduire les diapos, tout en gar
tographie ou du théâtre? À travers ce dant la source lumineuse et le support,
qu'il appelle un modèle de crise, il nous comme aujourd'hui on remplace un
montre combien, au tout début du siè objectif standard par un objectif cinéma
cle, l'identité du nouveau média a été scope. Les diapos et le théâtre constituant
longue à se constituer. Faudrait-il, en le divertissement visuel dominant de
conséquence, en repenser son histoire ? l'époque, la main-d'œuvre ne se limite
que très rarement à la production ou à la
projection du seul cinéma. Au contraire, De 1906 à 1912, époque des pre
mières salles à cinq sous dites non seulement les ouvriers partagent leur
temps entre le cinéma et autre chose, mais nickelodeons, l'industrie théâtrale
il ne leur paraît même pas qu'ils s'occuaméricaine connaît une crise profonde
pent de «cinéma» et d'autre chose, mais liée à l'identité multiple du cinéma. Nous
employons sciemment le terme «cinéma» plutôt de deux formes différentes de view
pour décrire les images projetées pendant ou de show.
les premières années du siècle. La termi
nologie contemporaine présente la chose O LA CRISE DU NICKELODEON
autrement; loin de souligner la particular
ité de ce phénomène nouveau, elle met Le statut légal de ces nouvelles images
tour à tour en avant chacune des carac projetées en mouvement reste pendant
téristiques que le «cinéma» partage avec des années flou, confus et même contrad
les autres formes représentationnelles de ictoire. Pour l'usage du dépôt légal, le
l'époque. Globalement, les termes appli nouveau produit est une suite de photo
qués à ce que nous appelons aujourd'hui graphies. Dans l'État de Delaware, c'est
«cinéma» sont empruntés à des systèmes un cirque. Dans l'Arkansas, c'est une
déjà existants mais applicables au nou exposition. La ville de New York en fait
un common show jusqu'à deux cents veau produit (view, photo, picture, play,
show). Les techniques ne sont pas non spectateurs et une représentation théâ
plus différenciées. Le projecteur trale au-delà des deux cents, alors qu'à
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la Nouvelle-Orléans c'est tout sauf du va de pair avec une explosion dans le
domaine de la technologie. La pénurie théâtre. À Chicago, le nouveau produit est
intégré au picture show (même statut pour dans la production des films forçant les
exploitants à différencier leurs salles non tout divertissement visuel, qu'il y ait «c
inéma» ou pas). On ne s'étonnera donc par les films offerts mais par le dispositif
pas que la textualité cinématographique employé pour les présenter, l'époque du
se confonde avec celle des domaines voi nickelodeon a engendré une panoplie de
sins. Les sujets les plus courants sont pratiques sonores: troupes d'acteurs
empruntés à s'y confondre à d'autres fo parlant derrière le rideau (Humanovo,
rmes de divertissements plus traditionnell Actologue, Ta-Mo-Pic, etc.), son synchron
isé à l'aide d'un phonographe (Camera- es : diapos (vues scéniques et récits), ci
rque (tours de passe-passe, prouesses phone, Chronophone, Cinephone, etc.),
ainsi que narrateurs, musiciens et bruigymnastiques, films d'animaux), théâtre
teurs. populaire (mélodrame, vaudeville, panto
mime) et même photos journalistiques Avec une telle augmentation de la
main-d'œuvre, l'ouverture d'une lutte en (boxe, guerre, informations). L'exploita
tion de ces films n'en fait pas non plus matière de législation ne se fait pas long
un domaine à part, car partout le nouveau temps attendre. Dès le mois de septem
produit s'insère dans des programmes bre 1908 s'ouvre un conflit pour savoir
déjà existants, remplaçant ici un tour de qui, du Syndicat des acteurs, du Syndicat
vaudeville, là une série de diapos et ai des mécaniciens ou de la Fraternelle des
lleurs un lever de rideau théâtral. électriciens (de la puissante Fédération
Les débuts du cinéma commercial aux américaine du travail), aura juridiction sur
États-Unis n'offrent donc pas au cinéma les projectionnistes. Autrement dit, il s'agit
une identité claire et fixe. Au contraire, de savoir si un projectionniste est acteur,
c'est un moment où tous les aspects de mécanicien ou électricien; il ne saurait
ce qu'on appellera par la suite «cinéma» encore s'apparenter directement à l'indust
sont à tel point confondus avec d'autres rie cinématographique, car celle-ci n'existe
pratiques déjà existantes qu'on se pas au niveau syndical. La situation est la
demande si on a encore le droit de parler même pour les sujets que le «cinéma»
de cinéma. Et pourtant, certains aspects s'entête à emprunter aux industries qui
de la nouvelle technologie se révèlent à cherchent à s'emparer des bénéfices de
tel point prometteurs qu'on ne saurait évi la nouvelle formule visuelle: les attrac
ter une longue lutte juridictionnelle. À tions du cirque coexistent avec le récit
l'époque, personne ne fait, il convient de livresque ou théâtral, la boxe côtoie la
le noter, du «cinéma». Plutôt que de sou passion du Christ, la photo fixe partage
ligner l'aspect partagé de leurs activités, l'écran avec le sketch vaudevillesque. Une
les producteurs préfèrent employer une telle textualité d'emprunt révèle à quel
point chacun veut dresser le «cinéma» terminologie nominaliste. Les caméras et
les projecteurs se terminent en «graph», pour un usage différent. D'ailleurs, les
chaque compagnie se distinguant par un attaques des réformateurs montrent
combien le statut légal peut servir d'arme préfixe (bio, camera, cineo, eden, electro,
dans cette lutte. Cherchant à mettre en kineto, motio, opti, projecto, vita, war).
Les systèmes visuels se terminent en danger l'existence même des nouveaux
produits et surtout des nouveaux théâtres, «scope» (bio, kineto, poly, via, vita); les
systèmes sonores en «phone» (camera, les réformateurs aident largement à fixer
l'identité et à faire la publicité des nickechrono, cine, kineto, vita, viva). Or, la
recherche de spécificité terminologique lodeons.
66 CINÉMA ET MODÈLE DE CRISE
L'exploitation des films devient elle se fondent bientôt dans la désignation
aussi concurrentielle. Non seulement les unique de caméra. D'ailleurs, pendant les
films et les autres médias sont mélangés années 1910, un mouvement de standar
au sein des programmes, avec une inte disation technologique assure l'abandon de
dispositifs visuels et sonores concurrentrchangeabilité entre les tours, le vaudeville,
les diapos et les films, mais divers styles iels 2. En même temps, le nouveau média
d'acco

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