Pharmaciens poètes français de la Renaissance (Congrès de Dubrovnik - 1959)  - article ; n°163 ; vol.47, pg 239-245
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Pharmaciens poètes français de la Renaissance (Congrès de Dubrovnik - 1959) - article ; n°163 ; vol.47, pg 239-245

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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1959 - Volume 47 - Numéro 163 - Pages 239-245
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 79
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Eugène-Humbert Guitard
Pharmaciens poètes français de la Renaissance (Congrès de
Dubrovnik - 1959)
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 47e année, N. 163, 1959. pp. 239-245.
Citer ce document / Cite this document :
Guitard Eugène-Humbert. Pharmaciens poètes français de la Renaissance (Congrès de Dubrovnik - 1959) . In: Revue d'histoire
de la pharmacie, 47e année, N. 163, 1959. pp. 239-245.
doi : 10.3406/pharm.1959.8210
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1959_num_47_163_8210la gloire
- de Thibaut Lespleigney
- de Paul Contant
- de Pierre Maginet
Jtnarmaciens poètes Irançais
de la Ivenaissance
(Congrès de Dubrovnik 1959)
Ne vous semble-t-il pas qu'assez longtemps en France et peut-être
ailleurs, la pharmacie et la littérature aient fait mauvais ménage ?
Entre elles exista certains jours un climat de méfiance entretenu par
les pamphlets de Symphorien Champiar, de Lisset Benancio, de Gui
Patin et autres médecins jaloux de quelques apothicaires cossus, par
les mordantes railleries d'un Molière, ce malade que ne guérissaient
point les remèdes, et au xvni siècle par une poussière de producers
de vaudevilles et de nouvelles mirlitonesques.
Ces temps sont révolus, et il n'est pas à démontrer qu'après la
réforme de Germinal les railleurs ne trouvèrent plus l'occasion d'exer
cer leur verve parfois malsonnante contre les disciples et contre cer
tains attributs de Galien.
Donc la paix est faite aujourd'hui. Mais une autre question se
pose : la mésentente existait-elle à l'origine, ou bien s'agit-il d'une
brouille passagère ?
Ce sont les pharmaciens d'avant Pourceaugnac qui vont nous
répondre eux-mêmes, car, au lieu d'alimenter la littérature en tant
que sujets passifs comme cela advint à leurs successeurs, ils l'ont
souvent nourrie au titre d'auteurs et plus particulièrement de poètes,
Bien mieux, ils ont dans leurs écrits célébré leur art avec une fer
veur et une réussite inégalées.
Sans remonter aux moines apothicaires du Moyen-Age, par
exemple à Walafrid Strabo et à Floridus Macer, respectivement au
teurs des poèmes botaniques latins VHortulus et le De Viribus her- 240 FEUILLETON DE LA REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
barum, nous pouvons faire état d'une remarquable floraison poétique
qui se place entre le règne de Louis XII et celui de Louis XIV. Il
s'agit notamment des uvres de Guillaume Bunel, Jacques Grévin,
Lucas Tremblay, René Bretonnayau, Thibaut Lespleigney, Sonnet de
Courval, Paul Contant, Pierre Maginet, Louis de Fontenettes.
Cette enumeration n'est pas limitative. Elle ne comprend point
tous les poetae minores dont certaines pièces seraient de nature à nous
charmer. Malgré cela, nous ne pouvons, dans le cadre de cette brève
communication, étudier tous les auteurs que nous venons de citer (1).
Pour Bunel par exemple, nous nous bornerons à rappeler qu'il était
régent à l'Université de Toulouse et qu'il a publié en 1613 un traité-
formulaire de la peste en vers curatifs et préventifs... D'autre part.
Grévin, Bretonnayau, Courval et Fontenettes sont des médecins.
L'un d'eux, Sonnet de Courval, est assez connu pour avoir composé
la célèbre Satire Ménippée, dans laquelle il prend visiblement parti
contre la nouvelle pharmacopée chimique. Quant à Fontenettes, son
Hippocrate dépaysé, édité en 1654, est encore un pamphlet virulent
contre ces « corrosifs minéraux sortant de l'enfer », qui font « chan
celer les cervelles ».
Nous allons donc limiter aujourd'hui notre brève étude à l'ex
amen des uvres des trois poètes que sont de vrais pharmaciens de la
Renaissance, Lespleigney, Contant et Maginet.
Le « Promptuaire » de Thibaut Lespleigney.
Ce Lespleigney, originaire de Vendôme, fut un des premiers
apothicaires attachés à une armée, puisqu'il remplit cet office au
cours de la malheureuse campagne de François Ier en Italie. A son
retour il exploita une officine à Tours et plus tard une autre à Genève,
où il avait dû se réfugier après avoir embrassé la religion réformée.
Il publia en 1537 son Promptuaire des médecines simples en
rithme joieuse (2), qui est une pharmacopée versifiée.
C'est une uvre vivante, précédée d'un rondeau et couronnée
par une ballade, l'un et l'autre dédiés à Notre-Dame (Lespleigney
n'avait pas encore écouté Calvin ! ) Il y raconte ses mésaventures en
Italie comme pourvoyeur de médicaments et « marchand de figues »,
il égayé son sujet de quelques anecdotes ou bien le corse dans le sens
dramatique, par exemple en flétrissant les assassins du dauphin Franç
ois, fils de François Ier, qu'on croyait à la «olde de Charles-Quint :
(1) Nous avons déjà attiré l'attention sur tous ces poètes dans trois articles des
Annales Pharmaceutiques Françaises publiés sous notre pseudonyme « Docteur Ox »
(novembre et décembre 1937, janvier 1938).
(2) Le docteur Paul Dorveaux en a donné une réédition en 1899. Au recto du présent feuillet:
Frontispice du « Second Eden » de Paul Contant.
Chassés du Paradis, Adam et Eve créent
eux-mêmes un second Eden. leur jardin
botanique.
(Voir pp. 241-243)
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tue« mftfa^icstiienfiortiïeeôoiiè! Au recto du présent feuillet:
Le « Promptuaire » de Lespleigney.
(Titre de l'édition de 1538)
(Voir pp. 240-241)
Revue H.P. 1959 Pl# XXI POÈTES FRANÇAIS DE LA RENAISSANCE 241 PHARMACIENS
O faulse conspiration,
Demonique inspiration,
Cogitation maudite,
Execration interdicte !
Cette imprécation saisissante figure naturellement dans le cha
pitre consacré à l'arsenic.
Dans celui de l'ollébore, il indique un bon tour à faire :
Quant tu seras en compagnie,
Si quelqu'un s'endort d'aventure,
Prends de la drogue toute pure
Et qu'elle soit en pouldre fine.
...Mets la pouldre subtillement
En son nalz, puys soudainement
Ouste toy. Tantoust remuer
Le voirras, et esternuer
Cinquante foys d'une séquelle :
« ...Hat-the hot ! Maudict soit le fol !
« Hat'the hot ! Voz fiebvres quartaines
« hot ! vous serrent les veines ! »
Lors chacoun de luy sorira...
C'est dans les termes les plus affectueux que Lespleigney avait
dédié son Promptuaire à ses confrères tourangeaux :
A vous (mes frères de Tours appoticaires,
...Pharmacopoles et bons aromataires),
Salut et joy e soit en prospérité...
...Vous trouverez quelques joieuses fables,
Car la matière est de triste propos.
...Elles serviront à l'esprit d'interpos
En luy rendant gracieuse liesse
Quant quelque ennuy luy aura faict impos.
S'il eût vécu au xxe siècle, Lespleigney aurait sans doute écrit
de préférence :
Quand quelque impôt lui aura fait ennui...
Le « Jardin et Cabinet poétique » de Paul Contant.
Né à Poitiers vers 1585, Paul Contant était fils de Jacques qui,
comme lui avait été, tout à la fois : et « Contant », et apothicaire,
et huguenot, et collectionneur et poète.
Il n'est pas indifférent de savoir que Paul Contant possédait,
annexé à son officine, un très riche cabinet d'histoire naturelle. C'est
en effet cette collection qui lui a inspiré son premier et charmant
poème le Jardin et Cabinet poétique, imprimé pour la première fois
en 1609 et incorporé en 1628 dans les uvres complètes du père et
du fils. 242 FEUILLETON DE LA REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
C'est l'époque où la pharmacie, se détachant des arts voisins,
prend conscience de sa personnalité et de sa valeur. Et tandis que
Jean de Renou rédige, en sa pharmacopée, les nouveaux statuts mo
raux et scientifiques de la profession, Paul Contant en tête

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