Philippe VI de Valois. Début du règne (février-juillet 1328) - article ; n°1 ; vol.95, pg 259-283
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Philippe VI de Valois. Début du règne (février-juillet 1328) - article ; n°1 ; vol.95, pg 259-283

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1934 - Volume 95 - Numéro 1 - Pages 259-283
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1934
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jules Viard
Philippe VI de Valois. Début du règne (février-juillet 1328)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1934, tome 95. pp. 259-283.
Citer ce document / Cite this document :
Viard Jules. Philippe VI de Valois. Début du règne (février-juillet 1328). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1934, tome 95.
pp. 259-283.
doi : 10.3406/bec.1934.449067
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1934_num_95_1_449067PHILIPPE VI DE VALOIS
DÉBUT DU RÈGNE (FÉVRIER-JUILLET 1328)
Le jour de Noël, 25 décembre 1327, vers minuit, Charles IV
le Bel tombait malade et, un peu plus d'un mois après, le
1er février 1328, il mourait1, ne laissant qu'une fille2 et sa
veuve, Jeanne d'Évreux, enceinte. Ainsi, en moins de treize
ans, se posait pour la troisième fois la question de la succes
sion au trône. Si nous nous en rapportions à Jean le Bel3,
Charles IV, sur son lit de mort, aurait pris des dispositions
et désigné Philippe de Valois, son cousin germain, pour être
régent du royaume dans le cas où la reine accoucherait d'un
fils. Si elle donnait le jour à une fille, « les xn pers et les
aultres barons de France » auraient conseil entre eux et don
neraient « le royaume à cil qui le debvroit avoir par droit4 ».
Mais, aucune autre chronique ne faisant allusion à cette der
nière volonté de Charles le Bel 5, nous nous en tiendrons à ce
qu'elles rapportent dans l'ensemble.
Après la mort de Charles IV, comme il n'y avait personne
« qui osast à soy appliquier le nom de roy6 », les barons se
1. Les Grandes Chroniques de France, éd. P. Paris, t. V, p. 303. Le cœur de
Charles IV fut porté chez les Dominicains à Paris [Chronique latine de Guillaume
de Nangis, éd. H. Géraud, t. II, p. 82) et ses entrailles furent inhumées, le 7 fé
vrier, en l'abbaye de Maubuisson-les-Pontoise ( J. Viard, Les journaux du Trésor
de Philippe VI de Valois, n° 1).
2. Marie, qui mourut sans alliance en 1341.
3. Chronique de Jean le Bel, éd. Jules Viard et Eugène Déprez, t. I, p. 91.
4. Froissart, éd. Luce, t. I, p. 83-84, qui, dans sa première rédaction, repro
duit le récit de Jean le Bel, ne dit plus, dans ses autres rédactions, que Charles IV
désigna Philippe de Valois pour être régent si la reine avait un fils [ibid., p. 295).
5. Grandes Chroniques, éd. P. Paris, t. V, p. 305-306, et appendice VI ; Con
tinuation de G. de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 82-84 ; Continuation de Géraud
de Frachet [Rec. des hist, de France, t. XXI, p. 70) ; Continuation de Jean de
Saint-Victor [ibid., p. 688) ; Chronique normande, éd. E. et A. Molinier, p. 36 ;
Chrono graphia regum Francorum, éd. Moranvillé, t. I, p. 292, etc.
6. Grandes Chroniques, ibid., p. 305. 260 PHILIPPE VI DE VALOIS
réunirent pour décider entre quelles mains serait remis le
gouvernement du royaume. Déjà, à la suite de la mort de
Louis X, une assemblée composée de nobles, de prélats, de
docteurs de l'Université et de bourgeois, réunie au début de
février 1317, avait délibéré sur le même sujet ; malgré de
fortes oppositions, la fille de Louis X, Jeanne, avait été ex
clue du trône et il fut posé en principe que les femmes
n'avaient pas le droit de succéder à la couronne1. En 1322,
quand Philippe le Long mourut, il laissait plusieurs filles ;
néanmoins, Charles IV, appuyé sur le précédent établi en
1317, hérita de la couronne au détriment de ses nièces, sans
qu'aucune convention soit intervenue pour les écarter du
trône. En 1328, à la mort de Charles le Bel, le fait avait créé
le droit, et l'opinion semblait bien arrêtée, qu'un homme seul
était digne de ceindre la couronne. Aussi nul ne songea à l'of
frir, soit à la fille du roi défunt, soit à l'une des filles de ses
prédécesseurs, Louis X 2 et Philippe V 3, qui auraient pu faire
valoir leurs droits méconnus antérieurement.
Les femmes furent-elles alors exclues du trône en vertu de
la loi salique, comme on l'enseigna pendant longtemps. Le
silence gardé sur cette loi dans les chroniques et les textes
de la première moitié du xive siècle est la preuve la plus con
cluante que l'on n'y pensait pas alors 4. Une autre preuve nous
est encore donnée dans la réponse que Philippe de Valois
1. « Tune etiam declaration fuit quod ad coronam regni Francise, mulier non
succedit » {Cont. de G. de Nangis, t. I, p. 434 ; Grandes Chroniques, t. V, p. 231.
Cf. Servois, Documents inédits sur l 'avènement de Philippe le Long, dans An
nuaire-Bulletin de la Soc. de VHist. de France, 1864, 2e partie, p. 44-79; Paul
Viollet, Gomment les femmes ont été exclues en France de la succession à la cou
ronne, dans Mémoires de V Institut. Académie des inscriptions et belles-lettres,
t. XXXIV, 2e partie, p. 125 à 178, et Paul Lehugeur, Histoire de Philippe le
Long, t. I : Le règne, p. 85 à 93.
2. Louis X avait eu de Marguerite de Bourgogne, sa première femme, Jeanne,
qui, en 1318, épousa Philippe, comte d'Évreux, puis roi de Navarre. Elle mour
ut le 6 octobre 1349. C'est la mère de Charles le Mauvais et de Blanche de Na
varre, dite Belle Sagesse, seconde femme de Philippe de Valois.
3. De son mariage avec Jeanne de Bourgogne, fille d'Othon IV, comte de Bour
gogne, et de Mahaut, comtesse d'Artois, Philippe V eut un fils, mort jeune, et
quatre filles : 1° Jeanne, femme d'Eudes IV, duc de Bourgogne ; 2° Marguerite,
femme de Louis II de Crécy, comte de Flandre ; 3° Isabelle, qui épousa en pre
mières noces Guigues VIII, dauphin de Viennois, puis Jean, baron de Fauco-
gney, en Franche-Comté ; 4° Blanche, religieuse à Longchamp.
4. Voir dans la Genealogia aliquorum regum Francie de Richard Lescot, rédi
gée en 1358 et qui est publiée à la suite de sa Chronique (éd. J. Lemoine. p. 178), PHILIPPE VI DE VALOIS 261
aurait faite en 1337 à Févêque de Lincoln, porteur des lettres
de défi d'Edouard III. Il reconnaissait bien que le roi d'Ang
leterre, comme neveu de Charles IV, devait être roi de
France, car lui n'en était que le cousin ; mais depuis long
temps, ajouta-t-il, la coutume existe dans ce pays que la
femme ne peut avoir le trône 1. Ainsi, Philippe VI lui-même
n'aurait invoqué en sa faveur que la coutume, et non la loi
salique.
Une objection sérieuse pouvait être faite par les partisans
du roi d'Angleterre ; c'est qu'il n'était pas question de mettre
une femme sur le trône de France, mais un homme qui était
le plus proche parent du roi décédé et qui, par conséquent,
avait plus de droits à sa succession que les autres préten
dants. Cette objection dut être faite dans l'assemblée des
nobles réunis pour désigner le futur roi de France 2 ; mais la
fibre du patriotisme, qui sans doute vibra dans leur cœur3,
leur permit d'y répondre. Ne pouvant supporter que le gou
vernement de la France pût passer entre les mains des Ang
lais, ils objectèrent que, la mère d'Edouard III n'ayant au
cun droit au trône, elle ne pouvait transmettre à son fils ce
qu'elle ne possédait pas4. Cette réponse, qui fut considérée
comme la plus raisonnable 5, mit fin aux prétentions du mo
narque anglais, mais ne calma pas sa déception et son ambit
ion. Nous voyons, par des lettres écrites le 28 mars 1328 à
Jean de Haustede, son sénéchal de Gascogne, et à Jean de
la première mention de la loi salique. Cf. Revue critique, 1892, p. 519, et Paul
Viollet, op. cit., p. 125-126.
1. Ohronographia regum Francorum, éd. Moranvillé, t. II, p. 39 : « Dixit ei
ordinationes antiquitus factas in Francia quod videlicet mulier non posset suc-
cedere in regnum. »
2. Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 83. Cf. Grandes
Chroniques, éd. P. Paris, t. V, p. 305, note 1, et appendice n° VI.
3. « Uli de regno Francise non sequanimiter ferentes subdi regimini Anglico-
rum » (G. de Nangis, Ibid. Cont. de Géraud de Frachet, dans Rec. des hist, de
France, t. XXI, p. 70). — « Et encore fu argué qu'il n'avoit onques esté veu ne
sceu que le royaulme de France eust esté soubmis au roy d'Angleterre ne à son
gouvernement » [Grandes Chroniques, ibid., appendice n° VI).
4. « Li royaumes de France est de si grant noblèce qu'il ne doit mies par suc
cession aller à fumelle, ne par consequense à fil de

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