Philosophie et économie politique chez J.-B. Say - Remarques sur les rapports entre un texte oublié de J.-B. Say et son œuvre économique - article ; n°1 ; vol.6, pg 51-66

Jean-Paul Frick

Description

Histoire, économie et société - Année 1987 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 51-66
Abstract Before he was the author of the famous Traité d'économie politique of 1803. J.-B. Say was one of the Décade philosophique, the publication of the Idéologues. So was he one of those people which tried, after Thermidor, to consolidate the ideals of the Revolution. This purpose leads him to write, in 1799, an Utopia : « Olbie ou essai sur les moyens de réformer les mœurs d'un peuple. This work is to-day rather forgotten. Carrying through a point of view which was rather new in France. Say tried to think a free and harmonious society by working up the principles of political economy. So appears Olbie as a philosophical founding writing of the coming economic work of Say - a work which needs so to be readed again.
Abstract Before he was the author of the famous Traité d'économie politique of 1803. J.-B. Say was one of the Décade philosophique, the publication of the Idéologues. So was he one of those people which tried, after Thermidor, to consolidate the ideals of the Revolution. This purpose leads him to write, in 1799, an Utopia : « Olbie ou essai sur les moyens de réformer les mœurs d'un peuple. This work is to-day rather forgotten. Carrying through a point of view which was rather new in France. Say tried to think a free and harmonious society by working up the principles of political economy. So appears Olbie as a philosophical founding writing of the coming economic work of Say - a work which needs so to be readed again.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: HISTOIRE-_ECONOMIE_ET_SOCIETE
• Publié le: 01 janvier 1987
• Nombre de lectures: 55
• Langue: Français
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Extrait

Jean-Paul Frick
Philosophie et économie politique chez J.-B. Say - Remarques
sur les rapports entre un texte oublié de J.-B. Say et son œuvre
économique
In: Histoire, économie et société. 1987, 6e année, n°1. pp. 51-66.
Résumé
Abstract Before he was the author of the famous Traité d'économie politique of 1803. J.-B. Say was one of the Décade
philosophique, the publication of the Idéologues. So was he one of those people which tried, after Thermidor, to consolidate the
ideals of the Revolution. This purpose leads him to write, in 1799, an Utopia : « Olbie ou essai sur les moyens de réformer les
mœurs d'un peuple. This work is to-day rather forgotten. Carrying through a point of view which was rather new in France. Say
tried to think a free and harmonious society by working up the principles of political economy. So appears Olbie as a
philosophical founding writing of the coming economic work of Say - a work which needs so to be readed again.
Abstract Before he was the author of the famous Traité d'économie politique of 1803. J.-B. Say was one of the Décade
philosophique, the publication of the Idéologues. So was he one of those people which tried, after Thermidor, to consolidate the
ideals of the Revolution. This purpose leads him to write, in 1799, an Utopia : « Olbie ou essai sur les moyens de réformer les
mœurs d'un peuple. This work is to-day rather forgotten. Carrying through a point of view which was rather new in France. Say
tried to think a free and harmonious society by working up the principles of political economy. So appears Olbie as a
philosophical founding writing of the coming economic work of Say - a work which needs so to be readed again.
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Frick Jean-Paul. Philosophie et économie politique chez J.-B. Say - Remarques sur les rapports entre un texte oublié de J.-B.
Say et son œuvre économique. In: Histoire, économie et société. 1987, 6e année, n°1. pp. 51-66.
doi : 10.3406/hes.1987.1438
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1987_num_6_1_1438PHILOSOPHIE ET ÉCONOMIE POLITIQUE
CHEZ J.-B. SAY
Remarques sur les rapports
entre un texte oublié de J.-B. Say
et son œuvre économique.
par Jean-Paul FRICK
Résumé Abstract
Avant d'être l'auteur du célèbre Traité d'économie Before he was the author of the famous Traité
politique de 1803, J.-B. Say fut l'un des principaux d'économie politique of 1803. J.-B. Say was one of
animateurs de la Décade philosophique, l'organe des the Décade philosophique, the publication of the
Idéologues. Il figure parmi ceux qui, après Thermidor, Idéologues. So was he one of those people which tried,
travaillent à consolider les idéaux révolutionnaires. after Thermidor, to consolidate the ideals of the Revol
Cette intention se traduira dans la rédaction d'une ution. This purpose leads him to write, in 1799, an
utopie : Olbie ou essai sur les moyens de réformer Utopia : « Olbie ou essai sur les moyens de réformer les
les mœurs d'un peuple - 1799. Ce texte est aujour mœurs d'un peuple. This work is to-day rather forgo
d'hui passablement oublié. Introduisant un point de tten. Carrying through a point of view which was
vue relativement nouveau en France, Say cherche à rather new in France. Say tried to think a free and
fonder la possibilité d'une société libre et harmonieuse harmonious society by working up the principles of par la mise en œuvre des principes de l'économie poli political economy. So appears Olbie as a philosophical
tique. C'est à ce titre qu'Olbie semble fonctionner founding writing of the coming economic work of comme texte philosophique fondateur de l'œuvre éc Say - a work which needs so to be readed again.
onomique à venir et mériter d'être tiré de l'oubli dans
lequel il est tombé.
Le 14 Vendémiaire de l'an VIII, J.-B. Say fait parvenir à l'Institut national un écrit
dont le titre est le suivant : Olbie ou Essai sur les moyens de réformer les mœurs d'une
nation. Il s'agit d'un mémoire rédigé en vue de participer à un concours ouvert par la
Classe des sciences morales et politiques de l'Institut. La question à traiter était la sui
vante : quelles sont les institutions les plus propres à fonder la morale d'un peuple ?
Elle avait déjà été proposée en l'an V, mais la médiocrité des contributions avait incité
les organisateurs à remettre la question au concours.
J.-B. Say, « rédacteur principal » de la Décade philosophique depuis 1794, sera
l'un des huit participants à cette nouvelle version du concours. Il n'obtiendra pas le
prix, car l'attente de la seconde classe de l'Institut sera à nouveau déçue, au point
qu'elle ne décernera pas le prix. Néanmoins, le mémoire de notre auteur sera l'un des
deux à être mentionnés élogie use ment, bien qu'il ne fût pas considéré comme étant le
meilleur.
J.-B. Say publiera cependant Olbie quelques mois plus tard (1800), estimant faire
œuvre utile en un temps où des hommes aux talents éminents avaient conçu « le projet
de fonder la stabilité de la République sur l'observation des règles de la morale ». (Pré
face de la première édition) II s'agira là de sa première publication, si, outre les articles 52 HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ
rédigés pour la Décade, l'on excepte deux courts textes de 1789 et 1794, l'un consacré
à la liberté de la presse, l'autre à Benjamin Franklin.
Quelle place Olbie occupe-t-il dans l'œuvre de J.-B. Say ? Texte plus ou moins
oublié (il n'a été réédité qu'une fois, en 1848, comme élément des Oeuvres diverses),
il ne semble représenter qu'un vague essai journalistique et littéraire, sans commune
mesure avec les grands textes économiques que sont le Traité d'économie politique ou
le Cours complet d'économie politique.
Nous pouvons citer le jugement de Ginguené, rapporteur de la commission chargée
d'examiner les mémoires du concours, pour nous faire une première idée de la nature
du texte : « ... après avoir posé en principe qu'une nation qui connaîtrait et suivrait gé
néralement les règles de la morale, serait la plus heureuse des nations, l'auteur montre
l'application de ce principe dans l'histoire imaginaire d'un peuple, qu'il nomme les
Olbiens, c'est-à-dire les habitants du pays du bonheur. Il suppose ce peuple, un demi-
siècle après la révolution qui, d'esclave qu'il était, l'avait rendu libre, ayant consolidé
l'édifice de sa liberté en changeant par de bonnes institutions ses mœurs ou ses habitu
des et jouissant d'un bonheur parfait.
C'est une espèce d'utopie, dont le cadre, comme on le voit, n'est pas nouveau,
mais qui a, jusqu'à un certain point le mérite de l'exécution et du style » (1).
Quel intérêt attacher à cette utopie ? D'autant plus que le rapport croit devoir
ajouter avec sévérité, qu'elle manque son but : « Elle présente, au lieu de raisonnements,
des tableaux, et met en action ce que d'autres ont mis en théorie et en système : mais
c'est précisément une théorie et un système qu'on demandait ; et il est sensible que ce
sujet multiple et compliqué ne pouvait nullement être approfondi par cette méthode
qui est toute superficielle ».
Ce jugement défavorable n'épuise pourtant pas le contenu ďOlbie, n'en détruit
pas l'intérêt. Ce texte introduit, en effet, une thèse centrale qui, si elle n'a pas retenu
l'attention des membres de la commission, ne peut cependant laisser indifférent le
lecteur des œuvres ultérieures de J.-B. Say.
Qu'est-ce qui explique la prospérité, le bonheur, la moralité des habitants d'Olbie?
Un bon système d'économie politique ! « Quiconque ferait un traité élémentaire d'Eco
nomie politique, propre à être enseigné dans les écoles publiques, et à être entendu par
les fonctionnaires publics les plus subalternes, par les gens de la campagne et par les ar
tisans, serait le bienfaiteur de son pays ». (Olbie, Oeuvres diverses de J.-B. Say, Paris
1848, p. 589, note) Certes, J.-B. Say n'a pas « systématisé » son idée. Il n'en a pas éla
boré la « théorie ». Il a voulu, comme le laisse entendre la préface de l'édition de 1800,
frapper les imaginations, « influer sur l'opinion