À l origine, le un et le deux sont-ils nécessairement des nombres ? À propos du monisme et du dualisme - article ; n°78 ; vol.63, pg 280-294
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

À l'origine, le un et le deux sont-ils nécessairement des nombres ? À propos du monisme et du dualisme - article ; n°78 ; vol.63, pg 280-294

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue Philosophique de Louvain - Année 1965 - Volume 63 - Numéro 78 - Pages 280-294
15 pages

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Eugène Minkowski
À l'origine, le un et le deux sont-ils nécessairement des nombres
? À propos du monisme et du dualisme
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 63, N°78, 1965. pp. 280-294.
Citer ce document / Cite this document :
Minkowski Eugène. À l'origine, le un et le deux sont-ils nécessairement des nombres ? À propos du monisme et du dualisme.
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 63, N°78, 1965. pp. 280-294.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1965_num_63_78_5306A l'origine, le un et le deux
sont-ils nécessairement des nombres?
A propos du monisme et du dualisme
Gaston Bachelard a qualifié de problème désespéré la contro
verse séculaire entre le réalisme et le rationalisme. Des problèmes
de cet ordre ne manquent pas. Celui qui oppose le monisme au
dualisme en est un incontestablement. Pour désespérés qu'ils soient,
nous n'arrivons pourtant pas à les mettre simplement de côté. Ils
continuent à nous tourmenter et ce tourment nous ramène à eux.
Il nous stimule même et c'est un travail qui, quoi qu'en disent les
apparences, ne demeure pas entièrement stérile.
Le problème du monisme et du dualisme, pour ce qui est de
la neuro-psychologie en particulier, m'a préoccupé depuis toujours.
Dans un de mes tout premiers mémoires, publié avant la première
guerre mondiale encore et ayant pour thème : Le parallélisme
psycho'physiologique, je me suis heurté déjà à lui. J'écrivais, entre
autres, que si les faits psychiques apparaissent dans cette optique,
la chaîne causale des faits neurologiques se refermant sur elle-
même, comme épiphénomènes, il eût été une erreur que de les
considérer comme tels. Vus sous cet angle, ils le deviennent, mais
cela les caractérise car, de par leur nature, ils s'inscrivent en faux
contre pareille conception. Beaucoup plus tard, je publiais dans
la Revue internationale de philosophie une étude : Naître et prendre
naissance (1). Cette fois-ci, préoccupé toujours par ce « un » et par
ce « deux » en tant que nombres, je cherchais à contourner cette
'difficulté en parlant de « phénomènes représentatifs » ; l'idée était
que toute attribution, sous forme des deux premiers nombres égale-
P> 2? année, n° 5, 15 octobre 1939, pp. 116-127. an et le deux 281 Le
ment, pour pouvoir en général se préciser, prenait naissance non
plus dans le quantitatif mais dans le qualitatif, exigeait par consé
quent des phénomènes qui lui donnaient naissance, qui ainsi, de
par cette filiation, se trouvaient intimement liés ou si l'on veut,
étaient appelés à apparaître simultanément, de sorte que par la
suite on s'écartait de cette donnée si, de l'extérieur cette fois-ci,
on appliquait le facteur paraissant plus simple et plus élémentaire,
comme le sont le un et le deux, à ce qui était plus complexe. On
faisait fausse route de cette manière et on aboutissait à des pro
blèmes insolubles, à des problèmes désespérés.
On ne leur échappe pourtant pas, on y revient toujours ; et
cette ténacité même avec laquelle ils s'imposent, est quand même
significative, prête à réflexion. C'est ainsi qu'à travers mes nomb
reuses publications, je revenais toujours à ce problème, aux divers
aspects sous lesquels il peut se présenter, aux données essentielles
auxquelles, chemin faisant, il touche. Il y a quelques années, je
rédigeais encore une étude que j'intitulais : Mono-dualisme, étude
qui n'a point vu le jour ; le titre choisi indiquait pourtant ce que
je cherchais à mettre en évidence : non plus une opposition sta
tique du monisme et du dualisme, mais un va-et-vient constant
entre les deux, comme le veut au fond le dynamisme fondamental
de la vie. A l'arrière-plan se profilait pourtant l'opposition statique
dont il vient d'être question, sorte de conciliation plus ou moins
boiteuse, dès lors, entre les deux termes de cette opposition. C'est
ainsi qu'est né le désir de me pencher une fois de plus sur ce
problème, de passer en revue les réflexions qu'il m'a suggérées,
les données et les interrogations en face desquelles il m'a placé.
Vaine entreprise si on a en vue la solution d'un problème déses
péré ; mais peut-être quand même méditation utile, voire féconde.
A ce propos, je mentionnerais volontiers en passant le phéno
mène de l'expression. C'est une corrélation toute particulière qui
s'ouvre sur un monde qui lui est propre. Deux termes à première
vue : l'exprimant et l'exprimé, mais qui, tout en accusant une
différence de nature, sont si intimement liés l'un à l'autre qu'il
n'est guère possible de les disjoindre pour les opposer par la suite.
Bien que deux, ils se trouvent compris dans le même mouvement.
Cela fait qu'ils circonscrivent un monde qui leur est propre, comme
nous venons de le dire, monde qui dans sa spécificité revendique
une place à part et irréductible, dans la mesure où nous cherchons 282 Eugène
à appréhender la réalité vivante. Nous le voyons pénétrer de plus
en plus dans nos conceptions, aussi bien générales que celles qui
ont trait d'une façon plus particulière à la vie, dans la biologie
par exemple. Mais nous ne saurions insister davantage ici sur ce
point <8).
Nous venons de parler de monisme et de dualisme. Sur la
grande arène de la vie, ce problème ne se pose pas. Nous nous
y mouvons sans nous préoccuper de savoir à laquelle des deux
séries des faits admis par le dualisme, appartiennent les facteurs
qui entrent en jeu. Il est bon de rappeler à ce propos que quand
nous mettons en train un mouvement, celui de la marche par
exemple, cela va tout seul, peut-on dire. Nous ne nous préoccu
pons point ni de nos pulsions volitionnelles, ni encore moins des
muscles que nous devons faire fonctionner. Cela ne serait qu'une
gêne pour le mouvement à exécuter. Nous l'exécutons directement
d'une façon correcte. Apprendre à marcher est tout autre chose
que connaître les mécanismes neuro-musculaires qui sont appelés
à entrer en jeu. Cela fait que la distribution entre mouvements
dits volontaires et mouvements réflexes, admise, à bon escient du
reste, par la neuro-psychologie, n'est point de mise sur ce plan.
La grâce, l'habileté, la précision, la rapidité des mouvements s'ac
quièrent d'une tout autre façon.
Pourtant, nous ne nous mouvons point sur cette arène de la
vie à l'aveuglette. Nous y établissons des relations avec nos semb
lables, avec le monde et avec nous-mêmes, nous répondons
comme il sied aux appels que la vie lance, en nous enrichissant
des enseignements et des expériences que nous recueillons sur ce
plan. Nous y déployons quantité d'activités appropriées, sans de
nouveau les décomposer en facteurs isolés. Cela va tout seul,
dirions-nous volontiers de nouveau, sans toutefois interpréter ce
« aller tout seul » comme un simple laisser-aller de notre part,
mettant en cause notre initiative, notre savoir-faire, notre personne.
Facteurs affectifs, facteurs intellectuels, y prennent part dans une
large mesure. Des corrélations s'établissent ainsi et nous en tirons
profit pour notre façon de faire précisément. A ces données, posi
tives et fondamentales, nous sommes toujours ramenés, quelles que
14 ' •
(*> Cf. Caractères essentiels de l'expression. Compte rendu du Congres de
Psychiatrie et de Neurologie de langue française (Anvers, juillet 1962). un et le deux 283 Le
soient les conceptions et les constatations que la pensée, dans sa
marche incessante, en nous enrichissant de son côté, met à jour.
Sur ce plan, nous parlerons également à l'occasion de matér
ialistes et de spiritualistes, mais ces termes sont employés ici dans
leur acception plus « pratique » que ce n'est le cas dans une posi
tion qui se veut philosophique. Spiritualistes dans cette dernière
position, les individus peuvent se montrer en fait passablement mat
érialistes. Là on peut pécher par excès, dans un sens comme dans
l'autre. Le matérialisme ne voudra plus dire qu'un attachement
excessif a

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents