De l ontologie à la théologie. Lecture du livre Z de la «Métaphysique» d Aristote - article ; n°88 ; vol.90, pg 445-485
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De l'ontologie à la théologie. Lecture du livre Z de la «Métaphysique» d'Aristote - article ; n°88 ; vol.90, pg 445-485

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Revue Philosophique de Louvain - Année 1992 - Volume 90 - Numéro 88 - Pages 445-485
Book Z constitutes the turning-point of Aristotle's Metaphysics. The author shows how Aristotle, by means of a series of reductions that follow one on the other, sets out from the affirmation of the numerous meanings of being and continues to progress to the threshold of theology envisaged as the site of the final reply to the ontological problem. The heart of this progression, the coherence of which maintains itself from a protological perspective that constantly returns, consists in the characterisation of substance as quiddity, and hence, by means of the essential simplicity of quiddity in the proper sense, as form, while the composite, on the other hand, is only substance in a derived and secondary sense. In the final analysis, this metaphysical procedure, when taken inversely, nevertheless raises the crucial question of the capacity of the theological, i.e. of being in its first and supreme meaning, to found being in its totality, which is where the author discovers the prime quandary of aristotelian metaphysics as an onto-theology. (Transl. by J. Dudley).
Le livre Z constitue la plaque tournante de la Métaphysique d'Aristote. L'auteur montre comment, via une série de réductions qui s'enchaînent, Aristote, parti de l'affirmation des multiples sens de l'être, y progresse jusqu'au seuil de la théologie envisagée comme le site de la réponse terminale au problème ontologique. Le cœur de cette progression, dont la cohérence se soutient d'une perspective protologique constamment reconduite, consiste dans la caractérisation de la substance comme quiddité et, de là, moyennant l'essentielle simplicité de la quiddité proprement dite, comme forme, tandis que le composé n'est, pour sa part, substance qu'en un sens dérivé et secondaire. A terme, ce parcours métaphysique pose toutefois, pris à rebours, la question cruciale de la capacité du théologique, c'est- à-dire de l'être au sens premier et suprême, à fonder l'être dans son ensemble, où l'auteur repère l'aporie par excellence de la métaphysique aristotélicienne comme onto-théologie.
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Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Gilbert Gérard
De l'ontologie à la théologie. Lecture du livre Z de la
«Métaphysique» d'Aristote
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 90, N°88, 1992. pp. 445-485.
Abstract
Book Z constitutes the turning-point of Aristotle's Metaphysics. The author shows how Aristotle, by means of a series of
reductions that follow one on the other, sets out from the affirmation of the numerous meanings of being and continues to
progress to the threshold of theology envisaged as the site of the final reply to the ontological problem. The heart of this
progression, the coherence of which maintains itself from a protological perspective that constantly returns, consists in the
characterisation of substance as quiddity, and hence, by means of the essential simplicity of quiddity in the proper sense, as
form, while the composite, on the other hand, is only substance in a derived and secondary sense. In the final analysis, this
metaphysical procedure, when taken inversely, nevertheless raises the crucial question of the capacity of the theological, i.e. of
being in its first and supreme meaning, to found being in its totality, which is where the author discovers the prime quandary of
aristotelian metaphysics as an onto-theology. (Transl. by J. Dudley).
Résumé
Le livre Z constitue la plaque tournante de la Métaphysique d'Aristote. L'auteur montre comment, via une série de réductions qui
s'enchaînent, Aristote, parti de l'affirmation des multiples sens de l'être, y progresse jusqu'au seuil de la théologie envisagée
comme le site de la réponse terminale au problème ontologique. Le cœur de cette progression, dont la cohérence se soutient
d'une perspective protologique constamment reconduite, consiste dans la caractérisation de la substance comme quiddité et, de
là, moyennant l'essentielle simplicité de la quiddité proprement dite, comme forme, tandis que le composé n'est, pour sa part,
substance qu'en un sens dérivé et secondaire. A terme, ce parcours métaphysique pose toutefois, pris à rebours, la question
cruciale de la capacité du théologique, c'est- à-dire de l'être au sens premier et suprême, à fonder l'être dans son ensemble, où
l'auteur repère l'aporie par excellence de la métaphysique aristotélicienne comme onto-théologie.
Citer ce document / Cite this document :
Gérard Gilbert. De l'ontologie à la théologie. Lecture du livre Z de la «Métaphysique» d'Aristote. In: Revue Philosophique de
Louvain. Quatrième série, Tome 90, N°88, 1992. pp. 445-485.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1992_num_90_88_6756De l'ontologie à la théologie
Lecture du livre Z de la «Métaphysique» d' Aristote
Aristote ouvre le chapitre 1 de Z par l'affirmation des multiples
sens de l'être en renvoyant sur ce point à A 7. Or que trouvons-nous
en A 7? Aristote y distingue quatre sens de l'être: tout d'abord Y être
par accident et Vêtre par soi, à quoi il adjoint ensuite Y être comme
vrai et Y être comme puissance et comme acte. Toutefois, en E 2-4,
où il reprend la même problématique des multiples sens de l'être,
Aristote en vient à écarter du champ de sa recherche l'être par accident
d'une part et l'être comme vrai d'autre part, expliquant, en ce qui
concerne le premier, «qu'il n'est l'objet d'aucune spéculation» (1026
b 3-4), que donc il ne saurait y avoir de science le concernant, car il
est foncièrement contingent et instable tandis que «toute science se
propose ... ou ce qui est toujours ou ce qui est le plus souvent» (1027
a 20-21) 1, et, pour ce qui est du deuxième, qu'il est seulement «dans
la pensée», «une affection» de celle-ci, et «non dans les choses»,
et qu'à ce titre il est «un être différent des êtres au sens propre» qu'il
ne fait que redoubler dans la pensée (cf. 1027 b 25 - 1028 a 4) 2.
Restent donc l'être comme puissance et comme acte, qui fera l'objet
du livre 0, et l'être par soi. C'est ce dernier qui doit nous retenir
ici.
1 Cette thèse doit être correctement entendue: elle ne veut bien entendu pas dire
qu'il ne peut y avoir aucune science de l'accident en tant que tel, car il y a bel et bien une
science du nombre ou de la santé par exemple. Mais ce qu'il n'y a pas — et c'est ce
qu' Aristote veut dire ici — c'est une science de ce qu'une chose est par accident: la
science d'un objet donné, quel qu'il soit, n'envisage jamais que ce qui découle de son
essence, soit l'ensemble de ses déterminations nécessaires et constantes; elle ne saurait
par contre envisager ce qui lui advient accidentellement. — Pour une discussion plus
approfondie de ce point, cf. A. Urbanas, La notion d'accident chez Aristote. Logique et
métaphysique, Montréal-Paris, Bellarmin-Les Belles Lettres, 1988, pp. 177 sqq.
2 Nous reviendrons sur le problème soulevé par la conception de la vérité exposée
en 0 10, soit le vrai comme «l'être par excellence»: cf. ci-dessous, note 5. 446 Gilbert Gérard
Qu'est-ce qu'Aristote entend donc par l'être par soi (ôv Ka0'
aôxô)? Revenons à À 7. L'être par soi d'une chose y est d'emblée
opposé à son être par accident (cf. 1017 a 7-8: xô uèv ... xô ôè ...); il
désigne donc ce que la chose est en vertu de sa nature ou de son
essence propre, soit sa constitution ontologique nécessaire et perman
ente, comme pour Socrate d'être un homme ou pour le blanc d'être
une couleur. Or, affirme Aristote, «l'être par soi se dit de toutes les
acceptions indiquées par les types de catégories» (1017 a 22-23). Cette
thèse peut de prime abord surprendre, car on serait assez spontané
ment tenté de faire correspondre l'être par soi à la seule première caté
gorie, celle de substance (ouata), et de considérer les autres catégories
— quantité, qualité, relation etc.. — comme les modes de l'être par
accident. Toutefois, en procédant de la sorte, non seulement on contre
viendrait à la lettre même du texte aristotélicien (lequel, de plus, n'est
pas unique: qu'on se reporte à E 2, 1026 a 33-b 2, où, dans un même
contexte de différenciation des sens de l'être, Aristote distingue nett
ement l'être par accident et l'être au sens des catégories), mais, en outre,
on oublierait que si c'est bien de la substance qu'il y a premièrement et
absolument essence (xi êcm), il y a cependant aussi «d'une certaine
manière» une des autres catégories, comme l'affirme en toute
clarté Aristote en Z 4, 1030 a 18-27: «Car, écrit-il, même pour la
qualité, nous pourrions demander ce qu'elle est, de sorte que même la
qualité rentre dans les essences, bien que ce ne soit pas de façon
absolue...». Ainsi, fort de cette référence à Z 4, il semble que nous
puissions dire que si l'être par soi au sens strict ne s'applique bien qu'à
ce qui est substance, au sens large, par contre, il inclut tout autant ce
qui est de l'ordre de l'accident dans la mesure où, «d'une certaine
manière» 3, l'accident possède lui aussi une nature déterminée.
Ceci étant précisé, l'affirmation d'Aristote en 1017 a 22-23 se
comprend alors aisément; elle revient à dire que tout être — aussi bien
les accidents que les substances — relève par soi, c'est-à-dire en vertu
de son essence ou de sa nature, de l'une des dix catégories et qu'il est
donc, en dernière analyse, soit une substance, soit une quantité, soit une
qualité etc. C'est d'ailleurs ce que soutient en toute clarté un passage
des Topiques auquel renvoie D. Ross dans son commentaire de A 7 4 et
dans lequel Aristote s'exprime de la façon suivante: «Et il est de soi
3 Nous aurons à revenir sur le sens — capital — de cette réserve.
4 Cf. W.D. Ross, Aristotle's Metaphysics, I, Oxford, Clarendon, 1924, p. 307. De V ontologie à la théologie 447
évident qu'en signifiant ce qu'est (xi eau) la chose, on signifie tantôt
la substance, tantôt la qualité, tantôt l'une des autres catégories. Quand,
en effet, se trouvant en présence d'un homme, on dit que ce qu'on a
devant soi est un homme ou un animal, on indique ce qu'il est, et on
signifie une substance; mais quand, se trouvant en présence d'une
couleur

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