Esthétique «thomiste» ou esthétique «thomasienne»? - article ; n°2 ; vol.97, pg 312-335
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1999 - Volume 97 - Numéro 2 - Pages 312-335
St. Thomas has left us no treatise on beauty. His aesthetics, if they exist, are implicit. As a result, the commentator who aims to set out the thought of St.Thomas on beauty can only present a hypothetical reconstruction. Setting out the esthetics of St. Thomas amounts therefore for the commentator to taking part, whether he wishes to or not, in the tradition that claims to a greater or lesser extent to be that of Aquinas, namely the «Thomist» tradition. From the strictly historical point of view it is illusory to wish to grasp the aesthetics of Thomas himself. This article puts forward a possible reconstruction of the aesthetics of St. Thomas. It sets out firstly the objective ontological conditions attributed by Thomas to the beautiful: proportion, perfection and clarity. The question of the transcendality of beauty is then treated. Finally, the problem of its subjective apprehension is approached. (Transi, by J. Dudley).
Saint Thomas n'a laissé aucun traité sur le beau. S'il existe chez lui une esthétique, celle-ci n'est qu'implicite. Il s'ensuit que le commentateur qui ambitionne d'exposer la pensée de saint Thomas sur le beau ne peut en présenter qu'une reconstruction hypothétique. Exposer l'esthétique de Thomas revient donc pour le commentateur à prendre part, qu'il le veuille ou non, à la tradition qui se réclame à plus ou moins juste titre de l'Aquinate: la tradition «thomiste». Vouloir saisir l'esthétique «thomasienne», d'un strict point de vue historique, relève de l'illusion. Le présent article propose une reconstruction possible de l'esthétique de saint Thomas. Il expose d'abord les conditions ontologiques objectives que Thomas attribue au beau : la proportion, la perfection et la clarté. Il traite ensuite la question de sa transcendantalité. Finalement, il s'intéresse au problème de son appréhension subjective.
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Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 60
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pascal Dasseleer
Esthétique «thomiste» ou esthétique «thomasienne»?
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 97, N°2, 1999. pp. 312-335.
Abstract
St. Thomas has left us no treatise on beauty. His aesthetics, if they exist, are implicit. As a result, the commentator who aims to
set out the thought of St.Thomas on beauty can only present a hypothetical reconstruction. Setting out the esthetics of St.
Thomas amounts therefore for the commentator to taking part, whether he wishes to or not, in the tradition that claims to a
greater or lesser extent to be that of Aquinas, namely the «Thomist» tradition. From the strictly historical point of view it is illusory
to wish to grasp the aesthetics of Thomas himself. This article puts forward a possible reconstruction of the aesthetics of St.
Thomas. It sets out firstly the objective ontological conditions attributed by Thomas to the beautiful: proportion, perfection and
clarity. The question of the transcendality of beauty is then treated. Finally, the problem of its subjective apprehension is
approached. (Transi, by J. Dudley).
Résumé
Saint Thomas n'a laissé aucun traité sur le beau. S'il existe chez lui une esthétique, celle-ci n'est qu'implicite. Il s'ensuit que le
commentateur qui ambitionne d'exposer la pensée de saint Thomas sur le beau ne peut en présenter qu'une reconstruction
hypothétique. Exposer l'esthétique de Thomas revient donc pour le commentateur à prendre part, qu'il le veuille ou non, à la
tradition qui se réclame à plus ou moins juste titre de l'Aquinate: la tradition «thomiste». Vouloir saisir l'esthétique
«thomasienne», d'un strict point de vue historique, relève de l'illusion. Le présent article propose une reconstruction possible de
l'esthétique de saint Thomas. Il expose d'abord les conditions ontologiques objectives que Thomas attribue au beau : la
proportion, la perfection et la clarté. Il traite ensuite la question de sa transcendantalité. Finalement, il s'intéresse au problème de
son appréhension subjective.
Citer ce document / Cite this document :
Dasseleer Pascal. Esthétique «thomiste» ou esthétique «thomasienne»?. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série,
Tome 97, N°2, 1999. pp. 312-335.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1999_num_97_2_7152«thomiste» ou esthétique Esthétique
«thomasienne» ?
Les pages qui suivent portent sur ce qu'il est convenu d'appeler
F «esthétique de saint Thomas». Nous disons bien: «ce qu'il est
convenu d'appeler». En effet, U. Eco l'a jadis souligné, l'existence
même d'une esthétique chez saint Thomas est problématique1. C'est ce
que nous avons voulu refléter dans le titre, en réservant le qualificatif de
«thomiste» à la tradition qui se réclame à plus ou moins juste titre de
saint Thomas et, comme il est coutumier aujourd'hui, le de
«thomasien» à la pensée de saint Thomas lui-même dans sa littéralité.
On se demandera assez légitimement comment parler de quelque
chose dont l'existence même est discutée. Il n'y a guère qu'une solution
à ce problème. Comme les thomistes l'ont toujours fait, hélas sans tou
jours s'en rendre compte, il suffit de parler, non pas de l'esthétique de
saint Thomas, mais d'une certaine reconstruction hypothétique de ce que
celle-ci aurait pu être, si Thomas l'avait voulu. Car c'est bien là que
réside le problème: saint n'a quasiment rien écrit directement à
propos du beau. Certes, des concepts comme pulchrum et pulchritudo se
rencontrent continuellement dans son œuvre, mais il ne consacre que très
peu de pages à expliciter précisément en quel sens il les entend.
On trouve des annotations concernant le beau dans le Commentaire
des Sentences de Pierre Lombard. Le problème est qu'il s'agit d'une
œuvre de jeunesse: le commentaire de Thomas y est encore très littéral
et servile; sa pensée y est visiblement toute dominée par celle de son
maître Albert le Grand. Ce n'est pas là qu'on peut espérer trouver une
quelconque pensée originale de l'Aquinate sur le beau.
Les pages les plus abondantes qu'il ait consacrées à ce thème se
trouvent dans son Commentaire du De divinis nominibus, au chapitre 4,
lectio 5, 6 et 7. Il ne s'agit cependant à nouveau que d'un commentaire,
mais où, cette fois, Thomas montre une volonté manifeste de s'appro
prier la doctrine qu'il commente. Plus d'une fois, son commentaire se
1 Cfr Eco (U.), Le problème esthétique chez Thomas d'Aquin, trad, de l'italien par
M. Javion, Paris, 1993. Esthétique «thomiste» ou esthétique «thomasienne»? 313
démarque des propos du Pseudo-Denys. On l'y devine à la fois fasciné
par les propos de Deny s mais par ailleurs fort mal à l'aise face au tour
volontiers métaphorique que prend le De divinis nominibus et qui
s'accorde fort mal avec l'aristotélisme viscéral de Thomas. On sait en
effet que l'aristotélisme va largement l'emporter dans son œuvre de
maturité, même si, en affirmant ceci, nous ne voulons pas y exclure la
persistance d'une profonde inspiration néoplatonicienne. À cet égard, le
Commentaire du De divinis nominibus constitue d'ailleurs sans doute le
moment le plus néoplatonicien de l'évolution de sa pensée.
On trouve les derniers textes sur le beau, et les plus importants,
dans l'œuvre d'ultime maturité de Thomas: il s'agit bien sûr de la
Somme théologique. C'est ceux-là qu'il faut interroger en priorité si l'on
veut connaître sa pensée personnelle à propos du beau. La Somme n'est
en effet plus en aucune manière un commentaire et on a donc là l'assu
rance de ce que Thomas s'y exprime en son propre nom. Le problème
cette fois est que ces textes sont décidément fort peu nombreux et très
courts. Il s'agit de la réponse à la première objection de l'article 4 de la
question 5 dans la prima pars, de la réponse à la troisième objection de
l'article 1 de la question 27 dans la prima secundae et d'un extrait du
corps de l'article 8 de la question 39 dans Imprima pars.
Le beau n'était donc visiblement pas au cœur des préoccupations
les plus immédiates de Thomas, même si celui-ci fait un constant usage
de concepts comme pulchrum et pulchritudo. On pourrait alors se
demander pourquoi consacrer un article à parler du beau chez saint Tho
mas. La réponse est simple. Une telle attention se trouve légitimée par
l'importance que ces quelques textes ont eue dans l'histoire postérieure
du thomisme. Saint Thomas, tout le monde le sait, a suscité une tradi
tion, qui s'est confinée essentiellement dans les milieux catholiques,
voire dans les milieux ecclésiastiques: la tradition thomiste. Celle-ci
s'est fait fort, non seulement de commenter saint Thomas, mais d'adapt
er sa pensée aux problématiques toujours nouvelles qui ont vu le jour au
cours de l'histoire. Cette tradition n'a jamais vraiment disparu. Même
aux époques où le thomisme est le moins présent dans le paysage philo
sophique, comme c'est le cas par exemple au xvme et au xixe siècle, sa
tradition a toujours été maintenue, avec plus ou moins de bonheur, dans
l'ordre dominicain. Les deux moments de l'histoire où le thomisme a été
le plus présent dans le débat philosophique sont ce qu'on a appelé la
seconde scolastique au xvie et au xvue siècle avec Cajetan, Jean de
Saint-Thomas, Banez, Vasquez et, dans une certaine mesure, Suarez, et 3 14 Pascal Dasseleer
la troisième scolastique, la néo-scolastique contemporaine, qui est
d'ailleurs à l'origine de la fondation de Y Institut supérieur de philoso
phie, et qui prendrait naissance avec l'Encyclique Aeterni patris du pape
Léon XIII en 1879 et se terminerait en gros au début des années I9602.
Nous disions donc que les quelques textes laissés par Thomas sur le
beau avaient acquis une importance considérable dans la tradition tho
miste. En réalité, c'est surtout la troisième scolastique qui s'est attelée à
extraire une esthétique des textes de l'Aquinate. En effet, les thomistes
ont eu pour souci essentiel de réactualiser la pensée de Thomas en la
confrontant à des problématiques contemporaines toujours nouvelles. Ce
fut exemplativement le cas de l'École de Louv

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