Intentionnalité de l être et Métaphysique de la participation - article ; n°63 ; vol.42, pg 385-410
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1939 - Volume 42 - Numéro 63 - Pages 385-410
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Publié le 01 janvier 1939
Nombre de lectures 39
Langue Français
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Extrait

André Hayen
Intentionnalité de l'être et Métaphysique de la participation
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 42° année, Deuxième série, N°63, 1939. pp. 385-410.
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Hayen André. Intentionnalité de l'être et Métaphysique de la participation. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 42° année,
Deuxième série, N°63, 1939. pp. 385-410.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1939_num_42_63_3970Intentionnalité de l'être
et
Métaphysique de la participation
Après avoir longtemps prêté à de faciles caricatures, la théorie
scolastique de 1* intentionnel semble retrouver de plus en plus,
aujourd'hui, la faveur qu'elle avait perdue. C'est justice, et c'est
tout profit pour la philosophie moderne. On pourrait le prouver
en étudiant la notion d'intentionnel, l'importance de son rôle et
la fécondité de son application dans les oeuvres de Husserl, et
chez les philosophes et psychologues qui s'en inspirent. L'article
que voici voudrait établir la même thèse en se plaçant à un point
de vue différent. Il recherchera chez un très vieux philosophe,
saint Thomas d'Aquin, la lumière et la cohérence que peut ap
porter cette notion à une métaphysique soucieuse à la fois de la
rigueur des enchaînements systématiques que revendique à bon
droit l'idéalisme, et de la fidélité à l'expérience que professe
loyalement le réalisme docile à toutes les exigences qu'elle im
pose à la pensée.
Le lecteur voudra bien, cependant, ne pas demander à ces
pages de justifier l'objectivité historique de la thèse qu'elles pré
sentent. Elles ne font en effet que résumer un livre à paraître
prochainement et qui développera plus attentivement les données
historiques sur lesquelles repose l'interprétation du thomisme que
nous allons succinctement exposer. Notre seule ambition est de
présenter un résumé cohérent avec lui-même et qui ne s'écarte
pas manifestement des principes classiques de saint Thomas.
* * *
Le postulat idéaliste facilite grandement la tâche du philo
sophe en éliminant d'emblée toute transcendance. La métaphy- 386 André H ay en
sique réaliste, au contraire, doit affronter un double problème :
le problème du monde réel, extérieur à ma conscience ; le pro
blème d'un Dieu réel, personnel et supérieur à mon esprit.
Dans la philosophie de l'Ecole, la théorie des species inten
tionnelles permet de résoudre à peu de frais le premier de ces
deux problèmes. Elle explique en effet l'objectivité de notre con
naissance du monde en reliant à l'extériorité de ce monde l'inté
riorité de notre conscience, moyennant la ressemblance aux choses
en soi de la species immanente de ces choses.
A plus d'un philosophe, cette explication parut purement ver
bale. Qu'est-ce, en effet, que l'esse intentionale que l'on attribue
à la species et qui s'oppose à naturale de la chose? Qu'est-ce
que la « ressemblance » de la species à la chose ? Reste d'ailleurs
à résoudre, ne l'oubliez pas, le second problème, beaucoup plus
grave, de la transcendance de Dieu.
Nous nous garderons, en effet, de perdre de vue ce second
problème. Car la théorie de l'intentionnel n'échappera pas aux
reproches ni aux railleries dont on l'accable, sans s'ériger en une
doctrine métaphysique rendant compte à la fois de la transcen
dance relative du monde extérieur et de la transcendance absolue
de Dieu.
Assurément, dans bien des manuels, et parfois même chez de
bons auteurs qui sur ce point n'ont pas poussé à fond leur pensée,
la théorie de l'intentionnel ne représente qu'une vaine échappat
oire.
Dans la métaphysique thomiste, au contraire, elle occupe une
place de choix et s'insère au cœur même d'un système solide et
cohérent : la doctrine de la participation et de l'analogie de l'être.
De cette importance, dans le thomisme, de la notion d'inten
tionnel, on voudrait donner brièvement quelques indices pour mont
rer ensuite un peu moins sommairement comment « l'intentionna-
lité » de l'être matériel et de tout être fini permet de résoudre le
double problème du monde et de Dieu.
§ 1 . — La place centrale de l'intentionnel
dans la philosophie thomiste.
1 . Le vocabulaire de saint Thomas. — Sous la plume de saint
Thomas, le terme d'intentionnel revêt bien des sens divers. Il y a
peu d'années, un excellent article du P. Simonin les démêlait et lntentionnalité de l'être et participation 387
les classait soigneusement. Les sens distincts des termes d'inten-
tio, intentionale , etc., ont cependant d'étroites relations entre eux.
L'examen du vocabulaire de saint Thomas montre que dans sa
pensée les concepts d'intention volontaire et d'attention ont une
d' étroite affinité ; de même les concepts intentio instrumentale et
d'intentio de connaissance ; d'intention volontaire et d'intentio
instrumentale ; d'intentio de connaissance et d'intention volont
aire.
Une même propriété se retrouve, en effet, dans ces diverses
intentiones, dans l'activité d'un instrument comme dans celle de
la volonté, comme dans celle de la connaissance objective, et
cette propriété commune est une tendance vers un au-delà de la
volonté qui fixe son attention ou s'élance vers sa fin, de l'instr
ument qui obéit à l'impulsion de sa cause principale, du sens ou
de l'intelligence qui atteignent un objet distinct et extérieur.
Cette tendance résulte d'une motion, ou d'un dépassement :
l'instrument, le sens, l'intelligence, la volonté sont porteurs d'une
force qui les entraîne parce qu'elle leur est supérieure.
Il devient dès lors possible de préciser le sens général des
concepts dintentionnalité et de présence intentionnelle.
On appellera intentionnalité d'un être la présence dans cet
être, d'une force ou d'une perfection (dans une métaphysique de
l'acte, ces deux termes sont exactement synonymes, et signifient
tous deux un principe d'activité) qui le dépasse et l'entraîne au-
delà de lui-même.
Ce dépassement, cet entraînement, à son tour, demande à
être précisé par la définition de la présence intentionnelle. Est
intentionnellement présente à un être une perfection qui ne se
confond point avec lui (sinon il y aurait présence par pure ident
ité, au sens où Dieu est présent à soi-même), et qui n'est cepen
dant pas radicalement distincte de lui (sinon la présence se réduir
ait à une pure contiguïté spatiale). D'un mot parfaitement net :
la présence intentionnelle d'une perfection à un être est une ident
ité réelle, mais imparfaite, entre cet être et cette perfection. D'un
mot enfin, aussi net et plus complet : puisque dans une métaphys
ique de l'acte toute identité est nécessairement identité active,
la présence intentionnelle d'une perfection à un être se définira
par l'identité active, mais imparfaite de cet être à cette perfection.
Cette dernière définition permet de préciser le rapport étroit,
analytique (au sens scolastique, mais non pas exactement au sens 388 André Hay en
kantien) entre les concepts d' intentionnalité, de tendance et de
participation.
L' intentionnalité d'un être, telle qu'on vient de la définir par
l'identité active mais imparfaite de cet être et de la perfection
qui lui est intentionnellement présente, est exactement la tendance
de cet être vers cette perfection qui l'attire par sa motion dyna
mique (i. e. per modum causae finalis). Une perfection intentio
nnellement présente à un être est donc présente et agissante en
cet être à la manière d'une cause finale.
D'autre part, l'intentionnalité ainsi définie est aussi exacte
ment, mais sous un autre aspect, la participation (i. e. particu-
laris receptio actus superioris qui ad alterum pertinet) par un être
de la perfection qui lui est intentionnellement présente. Une per
fection intentionnellement pr

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