L épistémologie de Mgr Léon Noël - article ; n°35 ; vol.52, pg 349-415
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1954 - Volume 52 - Numéro 35 - Pages 349-415
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Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Georges Van Riet
L'épistémologie de Mgr Léon Noël
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 52, N°35, 1954. pp. 349-415.
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Van Riet Georges. L'épistémologie de Mgr Léon Noël. In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 52, N°35,
1954. pp. 349-415.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1954_num_52_35_4503L'épistémologie de Mgr Léon Noël
problème quarante au aspects long Les de lecteurs de ans épistémologique: sa leur des pensée, de développement, études notre tantôt Revue nuancées, c'est pour ont ici des la même pu tantôt défendre idées prendre qu'il pour de contre connaissance, a Mgr préciser publié Noël les interprépendant certains sur tout le
tations parfois divergentes qu'on en avait données.
Au lendemain de sa mort, des voix autorisées ont rappelé la
simplicité et la finesse du grand universitaire, l'audace et la pru
dence du Président de l'Institut supérieur de Philosophie, l'âme
profondément religieuse du prêtre que fut Mgr Noël (1). Pour notre
part, nous voudrions rendre un respectueux hommage à notre ancien
maître en retraçant, avec l'objectivité de l'historien, les lignes domi
nantes de sa position épistémologique et en la situant dans l'e
nsemble de l'épistémologie thomiste contemporaine.
Rappelons d'abord quelques faits et quelques dates. Léon
Noël est né à Malines le 14 mars 1878. On aime relever que le
choix de son prénom fut déterminé par l'élection toute récente
(20 février) au siège pontifical, de Léon XIII, le pape de la restau
ration thomiste. C'est sous la conduite de Mgr Désiré Mercier que
Léon Noël commença, en 1894, ses études de philosophie ; le
20 juillet 1899, il conquit le titre de Maître Agrégé de l'Ecole Saint-
Thomas, titre qu'il fut le tout premier à porter. Après ses études
au Grand Séminaire de Malines (1899-1901) et à la Faculté de
Théologie de l'Université de Louvain (1901-1905), il fut adjoint au
corps professoral de l'Institut. Pendant sa première année d'en-
<*> L. DE RaeyMAEKER, In memoriam Monseigneur Léon Noël, dans Rev. Phil,
de Louvain, t. 51 (1953), pp. 521-6; Mgr Léon Noël, Ancien président de l'Institut
Supérieur de Philosophie, dans Revue Générale Belge, 1954, pp. 449-58. — A. MANS
ION, In memoriam Prof. Mag. Monseigneur Leon Noël, dans Tijdschrift voor
Philosophie, t. 15 (1953), pp. 699-706. Georges Van Riet 350
seignement, il suppléa Mgr Mercier pour le cours de psychologie ;
en octobre 1906, après le départ du Fondateur de l'Institut, il reprit
le cours de critériologie, mais l'établit d'emblée à un autre niveau,
en traitant de « questions approfondies » dont l'objet était renou
velé chaque année ; en 1908, il y ajouta l'encyclopédie de la phi
losophie. D'autre part, il fit pendant plusieurs années, à partir de
1906, un « exposé scientifique du dogme catholique », il dirigea
de 1911 à 1922 le Cercle apologétique, et depuis 1922 il professa
un cours de philosophie de la religion destiné aux étudiants de
la Faculté de Théologie. Il devint professeur émérite en 1948 et
est décédé à Louvain le 19 octobre 1953.
De ces quelques indications, retenons que l'intérêt de Mgr
Noël semble se porter à la fois vers la psychologie, l'épistémo-
logie et la religion. On le voit s'occuper par exemple de psychologie
religieuse et d'apologétique, c'est-à-dire de critique de la con
naissance religieuse. De même, lorsqu'il aborde des questions de
psychologie, il insiste sur l'aspect épistémologique qu'elles pré
sentent <2). Il ne faudra donc pas s'étonner si, en épistémologie,
il tient à s'appuyer sans cesse sur les données immédiates de la
conscience et s'il ne témoigne guère d'intérêt pour les a construc
tions » de l'esprit, grandioses parfois, mais dépourvues d'attaches
dans l'expérience, plus humble sans doute, que chacun peut faire
pour son compte. Il sera utile de se souvenir de cette disposition
d'esprit ; elle explique pour une part ce que Mgr Noël retiendra
dans les philosophies modernes, et ce qu'il s'efforcera de dégager le thomisme. Le témoignage de la conscience sera toujours
pour lui le critère dernier, par rapport auquel il jugera de la valeur
de toutes les constructions de l'esprit.
Pour bien situer l'œuvre de Mgr Noël dans l'ensemble du
mouvement néothomiste, il est utile de prendre quelques repères.
En gros, on peut distinguer la période de 1850 à 1900 et celle qui
va de 1900 à 1940. Au XIXe siècle, on traite presque exclusivement
du scepticisme ; au XXe siècle, on veut défendre le réalisme contre
<2> Dans sa thèse d'agrégation, La conscience du libre arbitre, publiée en
1899, on lit: « En affirmant a priori, avant examen, que tout ce que la conscience
affirme est réel, on ouvre la porte large au scepticisme... Il est plus prudent,
croyons-nous, et plus scientifique de ne rien préjuger avant l'examen de la
question. Sans doute, nous croyons spontanément à la liberté, mais il faut tra
duire cette première affirmation au tribunal de la réflexion » (pp. 180-1). L' épistémologie de Mgr Léon Noël 351
l'idéalisme. A cette différence dans les problèmes envisagés s'ajoute
une différence très nette dans l'attitude que l'on adopte à l'égard
des adversaires. Le changement, tant du climat que de la problé
matique, qui se réalise au tournant du siècle, est dû à l'innovateur
de génie que fut Mgr Mercier. Disciple de Mercier, Mgr Noël
demeure fidèle à l'inspiration de son maître, et réussit « à appro
fondir et à prolonger le sillon qu'il a tracé » (3). C'est cette évo
lution que nous tenterons d'esquisser.
* • *
Et d'abord, tournons-nous un moment vers le XIXe siècle. Aux
thomistes de cette époque, les philosophes modernes apparaissent
comme des sceptiques. Ils nient en effet les vérités les plus él
émentaires, telles que les premiers principes, l'objectivité de la
pensée, l'existence du moi ou du monde. Devant de tels advers
aires, l'attitude la plus commune est celle de l'homme ordinaire
qui, tout simplement, refuse de philosopher si la philosophie doit
conduire à de pareilles aberrations. « Avant de commencer les
recherches, écrivait Balmès, la philosophie et le bon sens con
tractent alliance et se promettent de marcher d'accord... Je ne
veux pas me mettre en lutte avec la nature ; si je ne peux être
philosophe sans cesser d'être homme, j'abandonne la philosophie
et je me range du côté de l'humanité » (4). En ce qui concerne le
problème critique, les thomistes refusent d'entamer un dialogue
avec les modernes ; ils veulent mettre d'emblée hors de discussion
au moins les « trois vérités primitives », à savoir le principe de
contradiction, l'aptitude de l'esprit à connaître la vérité, l'existence
du moi. Ces vérités, d'après eux, sont immédiatement évidentes ;
celui qui voudrait les contester, les affirme exercite dans cette né
gation même. Une simple rétorsion dialectique renverse donc les
prétentions des sceptiques et rend illusoire le fameux problème
de la connaissance.
Mgr Mercier inaugure une nouvelle attitude à l'égard du pro
blème critique ; il s'occupe encore principalement du scepticisme,
mais fait déjà une place à la justification critique du réalisme.
A ses yeux, le problème peut être abordé avec une sincérité
<*' Note sur le € problème» de la connaissance, dans Annales de l'Institut
Supérieur de Philosophie, t. Ill (I9I3), p. 666.
<*> J. BALMES, Philosophie fondamentale, 1846, Uvre premier, nOi 339, 342. 352 Georges Van Riet
radicale ; il est digne d'intérêt ; au lieu de reprocher simplement
aux sceptiques de sombrer dans la contradiction ou de nier la l
umière en plein jour, Mercier se propose de chercher « plutôt où
est la portée sérieuse du débat entre le dogmatisme et le scepti
ci

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