L idée d ordre dans la philosophie de saint Thomas d Aquin - article ; n°55 ; vol.40, pg 341-384
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L'idée d'ordre dans la philosophie de saint Thomas d'Aquin - article ; n°55 ; vol.40, pg 341-384

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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1937 - Volume 40 - Numéro 55 - Pages 341-384
44 pages

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Publié le 01 janvier 1937
Nombre de lectures 78
Langue Catalan
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Extrait

Comte Amédée de Silva
Tarouca
L'idée d'ordre dans la philosophie de saint Thomas d'Aquin
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 40° année, Deuxième série, N°55, 1937. pp. 341-384.
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de Silva Tarouca Amédée. L'idée d'ordre dans la philosophie de saint Thomas d'Aquin. In: Revue néo-scolastique de
philosophie. 40° année, Deuxième série, N°55, 1937. pp. 341-384.
doi : 10.3406/phlou.1937.3042
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1937_num_40_55_3042L'idée d'ordre dans la philosophie
de saint Thomas d'Aquin
■ Introduction.
Saint Thomas n'a jamais affiché l'ambition d'être appelé phi
losophe. Il se déclare théologien, fervent de la doctrina catholica (1).
Des préoccupations théologiques, apologétiques ou pastorales, selon
les cas, sont le motif dernier de ses efforts, même dans le domaine
philosophique. Du point de vue de la psychologie du maître, aucun
historien ne contestera cette thèse. Mais il en va autrement de la
signification logique ou doctrinale de son œuvre. Sans doute, par
ses intentions les plus foncières et les plus vitales, saint Thomas
se comporte partout en contemplateur de la Vérité divine, même
lorsqu'il descend à la sphère des plus minutieux et des plus humb
les détails de ce monde sensible. Mais son œuvre littéraire cont
ient une foule de considérations purement philosophiques. C'est
le cas également des ouvrages qui sont expressément théologiques.
Personne ne songe à le contester. Mieux que cela, ces pensées
philosophiques ne sont point des réflexions épisodiques, éparses
et sans lien ; elles forment un vrai système philosophique expli
citement organisé.
De nombreux textes montrent que saint Thomas a eu au moins
le dessein de distinguer rigoureusement entre la science révélée et
la science rationnelle <2>. Dans quelle mesure il y a réussi, ce n'est
pas à l'historien comme tel à en juger <3>, mais cela relève dune
<l> Cf. A.-D. Sertillanges, Mélanges thomistes, 1923, p. 175.
<2> Cf. à titre d'exemples : la première question de la Somme théologique ;
5. c. G., I, 2-8; /a //«, 17, 6; //a //<*, 4, 8, 1 ; 5, 2, 3; S. c. G., 2, 4; I, 32, 1 ;
in Trin., 2, 1, 5 et passim; de Ver., 14, 9; de Un. Int. circa finem, etc.
<*' Le point de vue historique est développé dans notre livre qui vient de
paraître chez Herder à Fribourg en Br. : Totale Philosophie und Wir\lichkeit. 342 Amédée de Silva Tarouca
interprétation analytique et logique de la doctrine elle-même. La
présente étude se place exclusivement à ce point de vue. Nous
voudrions montrer que saint Thomas nous a transmis un vrai sys
tème de philosophie organisé autour d'un principe central, à savoir
l'idée de l'ordre théocentrique.
§ 1 . Les quatre sens du mot " ordo ,, chez saint Thomas.
La notion de l'ordre est assez complexe pour justifier une pre
mière question : Dans quel sens précis faut-il entendre le mot
« ordre » ? Dans les textes de saint Thomas nous rencontrons en
effet le même mot « ordre » dans quatre acceptions philosophiques
différentes. « Ordo » désigne chez saint Thomas un phénomène,
une réalité transcendentale, une précision modale et un principe
pratique.
1 . Le phénomène de l'ordre. Pour saint Thomas, il est un ordre
qu'on constate et qui dès lors peut figurer soit comme point de
départ empirique <4) d'une induction, soit comme vérification expé
rimentale d'une thèse établie par voie deductive.
Dans les deux cas, l'ordre comme phénomène ne signifie rien
de plus que la simple constatation d'une convenance réciproque
entre les êtres donnés. D'un côté ce serait une pétition de principe
que- d'affirmer l'existence d'un ordre métaphysique avant d'avoir
prouvé l'existence d'un Principe d'ordre suprême. D'un autre côté,
l'ordre métaphysique, en tant que réalité transcendantale, échappe
à la vérification directe de l'expérience.
En quoi consiste précisément ce phénomène de convenance
réciproque ? Saint Thomas présente comme des constatations les
faits suivants :
a) La nature ne donne pas l'impression d'un chaos, dans lequel
les différents genres et espèces existeraient sans lien, sans relations
réciproques. Le cosmos donne plutôt l'impression d'une hiérar
chie (5) de perfections et d'opérations naturelles « contiguatae » (6),
<4> <t Inveniet enim, si quis diligenter considered. . » (S. c. G., 3, 97). Voir des
tournures de phrases analogues à propos du même phénomène de l'ordre : da Spir.
cr., 5; de An., 18; 5. c. G., 2, 68; in de Cousis, 30, etc.
<s> Une hiérarchie est un ordre disposé d'ordres divers. Voir /a, 108, 2 et ad 1.
l6) (t Naturae enim ordinatae ad invicem sic se habent sicut corpora conti- L'idée d'ordre dans la philosophie de saint Thomas 343
ce qui veut dire : disposées suivant un ordre analogue à celui de
la continuité de l'espace. Entre les essences, qualités et opérations
des êtres naturels on constate une similitude de proportion (7). Si
l'unité de proportion se trouve partout sans déroger à la diversité
réelle des êtres, il doit s'agir d'une unité de gradation. « In rebus
naturalibus gradatim species ordinatae esse videntur » (7a, 47, 2).
« Ordo rerum talis esse invenitur ut ab uno extremo ad alterum
non provenietur nisi per media » (Spir. cr.t 5, 11).
b) Le mouvement des êtres vers l'accomplissement de leurs
perfections échelonnées paraît, en outre, leur être naturel. La réa
lisation de la hiérarchie des proportions paraît répondre à l'incl
ination naturelle, au désir, à l'amour naturel que les choses ont de
devenir ce pour quoi elles sont « nées ». Les êtres auraient donc
un « habitus » naturel à la réalisation de leur ordre, c'est-à-dire de
leurs convenances réciproques.
c) De fait, cet ordre est vraiment réalisé, toujours ou, au moins,
dans la majorité des cas, « sicut in pluribus » (/a, 23, 7, 3).
2. L'ordre comme réalité transcendentale. C'est l'ordre trans
cendental théocentrique qui fournit à la philosophie de saint Tho
mas son principe systématique fondamental. C'est donc ce prin
cipe de l'ordre théocentrique qui est l'objet principal de la pré
sente étude.
Il n'y a pas de comparaison, pas de classification, pas de
science sans un principe accepté comme règle : la science est un
savoir ordonné. Pas d'ordre sans principe d'ordre. « Ubicumque
enim est diversitas graduum, oportet quod gradus considerentur
per ordinem ad aliquod unum principium » (Quaest. disp.de An., 7).
a Ordo semper dicitur per comparationem ad aliquod principium »
(7a, 42, 3). Chaque science se constitue formellement par l'appli
cation d'un principe propre, principe qui est tantôt un principe
de connaissance <8), tantôt un réel <9).
guata » (de Ver., 16, 1). Cf. aussi : I. PegHAIRE, Intellectus et Ratio selon saint
Thomas d'Aquin, Paris-Ottawa, 1936, pp. 180-2.
("' Le phénomène de la convenance réciproque (ordre phénoménal) répond à
la réalité transcendentale (ordre métaphysique) comme l'analogie de proportion
répond à l'analogie de proportionnalité. Voir l'étude de A. VAN LEEUWEN sur
L'analogie des êtres dans cette Revue (1936, XXXIX, n° 51, pp. 293-320; n° 52,
pp. 469-496).
(8) Principium « unde res primo innotescit » (In Met., 5, 17, n° 1022).
(*' « est id a quo aliquid procedit quocumque modo » (/*, 33, 1). 344 . Amédêe de Silva Tarouca
La métaphysique a pour objet matériel l'être en tant qu'être
et pour objet formel la connaissance « ex causis ultimis », c'est-
à-dire les causes mêmes de l'être. « Sapientia mundana, quae dici-
tur philosophia, quae considérât causas inferiores, scil. causas cau-
satas, et secundum eas judicat — et divina quae dicitur theologia,
quae considérât superiores, id est divinas, secundum quas judicat »
(de Pot., 1, 4). Mais il y a « duplex veritas divinorum » (S. c. G.,
1,

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