La doctrine de saint Thomas sur l individuation des substances corporelles - article ; n°29 ; vol.51, pg 5-41
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1953 - Volume 51 - Numéro 29 - Pages 5-41
37 pages

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Publié le 01 janvier 1953
Nombre de lectures 49
Langue Catalan
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Joseph Bobik
La doctrine de saint Thomas sur l'individuation des substances
corporelles
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 51, N°29, 1953. pp. 5-41.
Citer ce document / Cite this document :
Bobik Joseph. La doctrine de saint Thomas sur l'individuation des substances corporelles. In: Revue Philosophique de Louvain.
Troisième série, Tome 51, N°29, 1953. pp. 5-41.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1953_num_51_29_4428doctrine de saint Thomas La
sur l'individuation
des substances corporelles
Introduction
On a beaucoup écrit ces dernières décades sur le problème
de l'individuation des substances corporelles d'après saint Tho
mas (1). Mais, bien que les travaux consacrés à cette question soient
de grande valeur, la notion de materia quantitate signata (le prin
cipe d'individuation) n'a pas encore été suffisamment précisée.
Pour y parvenir, différents points sont à étudier. En quoi consiste
exactement le problème de l'individuation ? Quel est le rôle de la
matière première dans ? Quel est celui de la quant
ité, de la forme substantielle ? Pourquoi saint Thomas écrit-il en
certains passages de ses oeuvres que le principe d'individuation
est la matière considérée avec des dimensions interminées, tandis
qu'en d'autres il dit que c'est la matière avec des dimensions
terminées ? Comment, enfin, doit-on comprendre l'expression:
materia quantitate signata ? Telles sont les questions qui vont nous
occuper et auxquelles nous allons essayer de répondre.
I. Les conditions de la possibilité interne de l'individu matériel
I. Le problème. Le problème est posé ici par le fait qu'il
existe de multiples individus spécifiquement identiques. Pourquoi
Azor et Médor sont-ils distincts, alors que ce sont tous deux des
<*' Cf., p. ex., Aimé FOREST, La structure métaphysique du concret selon
saint Thomas d'Aquin, Paris, Vrin, 1931; Etienne GlLSON, L'esprit de la philo
sophie médiévale (Gifford Lectures, 1931-32), vol. 1, chapitre X; Louis De Raey-
MAEKER, Philosophie de l'être, Louvain, 1947; M.-D. ROLAND-GOSSELIN, Le c De 6 Joseph Bobik
chiens ? Pourquoi vous et moi, qui sommes également hommes,
sommes-nous distincts l'un de l'autre ? Pourquoi toute substance
corporelle est-elle distincte de toute autre, quelle appartienne ou
non à la même espèce que cette autre ? La réponse qui saute aux
yeux : « Je suis distinct de vous, parce que je suis né de mes parents
et vous, des vôtres », bien qu'elle soit valide jusqu'à un certain
point, n'est pas immédiatement pertinente. Le problème n'est pas:
quelle est la cause ou quelles sont les causes extrinsèques qui pro
duisent cet homme individuel ou cet arbre individuel ? C'est plutôt :
quelles sont les causes ou les principes intrinsèques à cet individu
qui en rendent possible la production par sa cause extrinsèque ?
Quels principes intrinsèques à cet individu rendent intelligible le
fait qu'il est un individu, séparé dans son être de tout ce qui n'est
pas lui, chacun de ces autres êtres étant d'ailleurs à son tour un
individu ? Les causes extrinsèques, efficiente et finale, sont, bien
sûr, requises pour rendre compte de sa production et de son dé
veloppement dans l'être. Ces causes extrinsèques présupposent
cependant la possibilité intrinsèque de leur effet.
Selon saint Thomas, l'individu doit, pour être intelligible, être
indivis en soi-même et distinct de tout autre individu <a). Or, si
ente et essentia» de S. Thomas d'Aqxxin, Le Saulchoir, Kain (Belgique), 1926;
Joseph B. WALL, The Mind of St. Thomas on the Principle of Individaation, dans
The Modern Schoolman, vol. 18 0940-41), pp. 41-44; Umberto Degl'Innocenti,
// pensiero di San Tommaso sal principio d'indioiduazione, dans Divus Thomas
(Piacenza), vol. 45 (1942), pp. 35-81.
(J) « Oe ratione individu! est quod sit in se indivisum et ab aliis divisum ultima
divisione» (In Boethii De Trin., q. 4, a. 2, ad 3; vol. 28, p. 519 a). Il redit la
même chose en maints autres endroits, par ex. : c De ratione individui duo sunt ;
scilicet quod sit ens actu, vel ens in se vel in alio, et quod sit divisum ab aliis
quae sunt vel possunt esse in eadem specie, in se indivisum existens » (In IV Sent.,
d. 12, q. 1, a. 1, q. 3, ad 3; vol. 10, p. 295 b); «De ratione hypostasis duo necesse
est esse, quorum primum est quod sit per se subsistens et in se indivisa; secun-
dum est quod sit distincta ab aliis hypostasibus ejusdem naturae » (Quaest. dis
putât., De Pot., q. 8, a. 3, ad 7; vol. 13, p. 254 a).
Nous citons les oeuvres de saint Thomas d'après les éditions suivantes:
Comment, in Metaph., éd. Cathala-Spiazzi. in Phys., éd. Léonine. in De anima, éd. Pirotta.
De ente et essentia, éd. Roland-Gosselin, avec indication des pages et des
lignes.
Summa Theoîogiae, éd. Léonine. Contra Gentiles, éd. Léonine.
Pour les autres œuvres, éd. Vives. < L' individuation des substances corporelles 7
l'individu est réellement indivis en soi-même, il doit y avoir en
lui un ou des principes qui rendent compte de cette réelle in
division. De même, si l'individu est réellement distinct de tout
autre, il doit y avoir en lui un ou des principes qui rendent compte
de cette réelle division ou distinction. En fait, l'individu n'est
distinct de tout autre que parce qu'il est indivis en soi. En d'autres
termes, la distinction des autres est une conséquence du fait que
l'individu est indivis en soi. Mais bien que les principes qui ex
pliquent l'indivision m se de la substance corporelle soient en fait
les mêmes que ceux qui rendent compte de la distinction numér
ique des substances corporelles, on les comprend plus aisément
de ce dernier point de vue. Quels sont donc ces principes internes
de la distinction numérique des substances corporelles ?
L'individu est, pour saint Thomas, ou bien un ens in se, ou
bien un ens in alio (3). Il emploie donc le terme « individu » dans
un sens plus large que nous ne le faisons généralement. Pour
nous, un individu signifie d'ordinaire seulement l'individu qui est
aussi un suppôt <4). En d'autres termes, nous appelons individu ce
qui pour saint Thomas est un suppôt.
Traitant de la question de savoir s'il n'y a qu'une hypostase
dans le Christ, saint Thomas remarque que l'emploi de certains
mots ayant trait au vocabulaire de l'individuation est restreint aux
individus substantiels. Ceci implique sans aucun doute que les in
dividus se trouvent également dans les genres autres que celui de
la substance. Ainsi, par exemple, des mots comme hypostase, signi
fiant la substance individuelle, personne, signifiant la substance in-
<•> Voir le texte du Comment, in IV Sent. (d. 12, q. 1. a. 1, q. 3, ad 3) cité à
la note précédente.
<*' James A. McWilliams expose en quelques mots, mais clairement, ce que
signifie un suppôt dans la synthèse thomiste: «A supposit is a real, single,
complete substance. When we say substance we mean c first substance », the
ultimate in the real order, as opposed to c second substance », which is in the
conceptual order. When we say single we mean that the oneness is real, not due
to any grouping by the mind into one unit, that the unit is such independently
of the mind. Complete means that the substantial requisites for the species are
present. Completeness is of two kinds: integral, thus a man whose arm has been
amputated is integrally incomplete; and essential, thus the human soul after the
death of the body is an incomplete human being, an incomplete substance. Here
is the difference between individual and euipposit; the man is a supposit, but the
separated soul, though an individual, is not a supposit ». (The Supposit in the
Inorganic World, dans The Modern Schoolman, vol. 18 (1940-41), p. 5). 8 Joseph
dividuelle de nature rationnelle, suppôt, signifiant le sujet de l'acte
d'exister, se disent d'individus qui rentrent dans le genre de la
substance. D'autres mots, par contre, ne comportent pas cette
restriction: ils signifient des êtres individuels de n'importe quel
genre, substance comprise. Tels sont: singulare, particulare et in-
dividuum.
Les termes qu'on vient de citer ne sont pas seulement appli
cables aux substances individuelles et aux accidents individuels,
ils le sont aussi aux parties de la substance individuelle, qu'il
s'agisse de parties substantielles (parties de la nature individuelle
en tant que nature individuelle) ou de parties corporell

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