La guerre à l Institut - article ; n°67 ; vol.43, pg 338-345
9 pages
Français

La guerre à l'Institut - article ; n°67 ; vol.43, pg 338-345

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
9 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1940 - Volume 43 - Numéro 67 - Pages 338-345
8 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1940
Nombre de lectures 27
Langue Français

Extrait

La guerre à l'Institut
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 43° année, Deuxième série, N°67-68, 1940. pp. 338-345.
Citer ce document / Cite this document :
La guerre à l'Institut. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 43° année, Deuxième série, N°67-68, 1940. pp. 338-345.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1940_num_43_67_4034Jfy
f ^ V
338
La guerre à l'Institut.
Les armées allemandes, on le sait, attaquèrent la Belgique le
10 mai 1940. Dès le soir de ce jour des bombes furent lancées surfla
ville de Louvain par des avions ennemis ; le lendemain, il en tomba
quelques unes dans le voisinage immédiat de l'Institut et, entre autres,
dans le jardin du Séminaire Léon XIII, brisant fenêtres et portes.
La population de la ville fut évacuée par ordre militaire dans la soi
rée du 11 et la journée du 12. Louvain devait faire partie d'une ligne
défensive partant d'Anvers et rejoignant la Meuse à Namur, mais
cette ligne fut bientôt abandonnée à la suite de l'effondrement des
armées françaises qui tenaient le cours supérieur de la Meuse.
Les troupes anglaises et belges qui occupaient Louvain se replièrent
vers l'Ouest dans la soirée du jeudi 16 mai. Ce même soir, le
commandant d'une batterie allemande installée dans une position do
minant la ville, s'assurait auprès des habitants de l'endroit de la po
sition exacte de la bibliothèque de l'Université, construite, on le sait,
par souscription internationale et surtout américaine après l'incendie
de l'ancienne bibliothèque en 1914 par les Allemands. Ayant bien
identifié la tour, très visible de l'endroit où il se trouvait, il fit poin
ter ses pièces et envoya sur le but de son choix quelques salves d'obus
incendiaires, jusqu'à, ce qu'il vît la fumée s'élever à côté de la tour.
Le feu fit rage toute la nuit dans le dépôt de livres accumulé par
25 ans d'efforts. Au matin il était aussi parfaitement détruit que
l'avait été, un quart de siècle auparavant, le trésor qu'il remplaçait.
Perte immense et irréparable. Il restait sans doute à l'Université quel
ques bibliothèques particulières, telle la Bibliothèque de l'Institut. Ce
pendant, en raison même de l'importance prise par la bibliothèque cen
trale, on avait fait peu d'efforts pour l'accroître et même toutes les
collections de périodiques reçues depuis 1894 par la Revue avaient été
jointes au fonds commun et ont ainsi péri, elles aussi, dans les flam
mes.
Le lendemain, le 17 mai, les troupes allemandes occupèrent Louv
ain. Quelques jours plus tard, l'armée belge, isolée par la re
traite de ses alliés, acculée à la mer, était obligée de se rendre. Après
l'armistice français, l'année académique fut achevée au cours de l'été,
daris les auditoires encore ouverts à tous les vents ; ils ne furent re
mis en état que pour la rentrée d'octobre.
Les premières années de l'occupation allemande passèrent; à l'U
niversité, dans une sorte de morne tranquillité. Quelques essais d'im- SUPERIEUR DE PHILOSOPHIE J 339 ti'lNSTITUT
mixtion de l'ennemi dans les affaires académiques restèrent sans
suite, en présence de 4a décision calme mais ferme des chefs de
l'Université. Les efforts de la propagande nationale-socialiste n'eu
rent; auprès des étudiants, aucun succès appréciable ; l'Université
réussit à maintenir intactes la dignité et la liberté de son enseignement.
Cependant, au printemps de 1943, les autorités allemandes pré
tendirent "imposer aux étudiants une période de travail forcé au ser
vice de îa soi-disant défense de 1 Europe. Elles avaient compté, pour
transmettre leurs ordres, sur la collaboration des Universités ; devant
un refus formel, elles voulurent obtenir communication des listes
d'inscription ; devant un nouveau refus, elles se saisirent de ces
par la force ; ce ne fut que pour constater que, faute de toute in
dication d'adresse, ces listes ne peuvaient leur servir à rien. Entre
temps, les listes d'adresses avaient été mises en lieu sûr et, mis en
demeure de les fournir, le Recteur s'y refusa une fois de plus ; il fut
arrêté et condamné à deux ans de prison. Durant les mois qui sui
virent, la chasse aux réfractaires vint colorer la vie universitaire
d'une atmosphère de conspiration : inscriptions truquées, examens
clandestins, se doublèrent de nombreuses évasions vers le « maquis ».
Dans ces conditions, l'année académique 1943-44 se poursuivit tant
bien que "mal jusqu'en avril. A la fin du mois commença le bombar
dement systématique des chemins de fer par l'aviation alliée ; deux
attaques faites de jour causèrent de graves dégâts dans les quartiers
plus ou moins voisins de la gare de formation de Louvain. DanS la
nuit du 11 au 12 niai, une puissante escadre aérienne était sans doute
destinée à achever l'œuvre commencée mais, par une tragique fa
talité, au lieu de se porter sur le chemin de fer, le poids de
l'attaque se porta sur le centre de la ville et, pendant 35 longues mi
nutes, une pluie de grosses bombes s'abattit depuis le Mont-César
jusqu'à la rue de Namur, sans compter quelques points aberrants.
Ce fut un désastre. Nos plus belles églises, St Pierre, St Michel, Ste
Gertrude, en partie détruites avec plusieurs des admirables- œuvres
d'art qu'elles contenaient ; de nombreuses maisons entièrement écroul
ées, la plupart des immeubles plus ou moins gravement endommagés,
à commencer par le célèbre Hotel de Ville ; le nouvel Institut -de
physique totalement anéanti, le Collège du St Esprit aux trois quarts
ruiné de même que l'Institut de zoologie et le Collège Bellarmin ; les
Halles gravement atteintes ainsi que l'Institut de Spoelbergh. Par bon
heur le nombre des victimes ne fut pas très élevé, mais un grand
nombre de personnes se trouvant sans abri durent quitter Louvain. 340
Au milieu de ces malheurs l'Institut ne subit que des dommages re
lativement réduits, mais la vie académique dut être suspendue pour
toute l'Université pendant plusieurs mois ; seuls les examens, publics
ou clandestins, se traînèrent péniblement au cours de l'été. Le lende
main même de la catastrophe, dans la nuit du 12 au 13 mai, un nou
veau bombardement, mieux réussi, avait encore ajouté de nouveaux
dégâts, limités au voisinage du chemin de fer. Il en avait été de mê
me un peu plus tard, d'une attaque de jour, après laquelle il n'y eut
plus de bombardements, les Allemands ayant renoncé à réparer les
installations ferroviaires.
Grâce à l'exploitation rapide de la victoire de Normandie, la l
ibération de la Belgique se fit presque sans coup férir. Le 4 septemb
re, dans l'après-midi, une avant-garde anglaise eut raison, en quel
ques heures, avec l'aide de la population, des tirailleurs allemands
restés dans la ville. Ceux-ci avaient encore causé de sérieux dégâts
en faisant sauter certains ponts de la Dyle ; l'intervention des civils
les empêcha heureusement d'accomplk entièrement leur oeuvre de
destruction. Tout cependant n'était pas fini. Dès le mois d'octobre,
les bombes volantes, dernier signe de rage de l'ennemi vaincu, com
mencèrent à passer dans le ciel de Louvain ; quelques-unes churent
sur la ville ; l'Institut eut encore sa part de carreaux brisés et de
portes enfoncées par le souffle des explosions. Malgré tout, malgré
les difficultés des communications et de ravitaillement, les cours fu
rent repris en janvier 1945. Vers la fin de ïnars, les attaques allemands
devinrent plus rares et bientôt la splendide offensive du printemps
détruisait pour toujours leur foyer.
Rendons hommage aux armées qui, avec l'aide de Dieu, ont dé
livré la Belgique d'une abjecte tyrannie. Rendons grâces à la Pro
vidence miséricordieuse qui a daigné faire qu'au sortir d'une aussi
effroyable mêlée notre Université et notre Institut se retrouvent
debout malgré leurs blessures.
Il est vrai, *ie nombreuses difficultés, économiques surtout, nous
attendent. Pourraient-elles être pires que celles dont nous sorto

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents