La liberté humaine d après Henri Bergson - article ; n°38 ; vol.35, pg 190-219
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1933 - Volume 35 - Numéro 38 - Pages 190-219
30 pages

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Publié le 01 janvier 1933
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Langue Français
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Blaise Romeyer
La liberté humaine d'après Henri Bergson
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 35° année, Deuxième série, N°38, 1933. pp. 190-219.
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Romeyer Blaise. La liberté humaine d'après Henri Bergson. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 35° année, Deuxième
série, N°38, 1933. pp. 190-219.
doi : 10.3406/phlou.1933.2793
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1933_num_35_38_2793La liberté humaine
d'après Henri Bergson
clair faits « La » que '. liberté l'on constate est donc il un n'en fait, est et pas parmi de plus les
Nous possédons désormais le livre où l'on voit se dresser
les sommets du bergsonisme2. Le moment semble ainsi venu
de faire le point en examinant, à la lumière de ce dernier
ouvrage3, quel est le sens profond de cette riche philosophie.
Hormis les intéressés \ qui se devaient de protester et
de lui dénier toute valeur, l'on s'accorde assez généralement
à en exalter ou du moins à en reconnaître les mérites cr
itiques. Des coups puissants portés par Henri Bergson aux
idoles de l'heure, déterminismes et « scientisme » ', idéa-
1 Essai sur les données immédiates de la conscience, p. 168. Paris, Alcan, 1889.
2 Les deux sources de la morale et de la religion, in-8" de 346 pages. Paris,
Alcan, 1932. Prix: 25 francs.
J Cette méthode s'impose de par le bon sens et de par l'équité. Car, mieux
que personne, Henri Bergson sait où tendaient ses principaux ouvrages: Essai...,
Matière ei Mémoire, L'Evolution créatrice. Mieux que personne, il avait qualité
pour le faire entendre, comme il l'a fait dans Les deux sources. Est-il besoin, au
reste, de noter qu'il faut avoir sérieusement approfondi toute son œuvre antérieure
pour pénétrer le sens du dernier livre? Il y a là une causalité réciproque. Mais
l'essentiel demeure : au fruit se reconnaît la valeur du germe.
4 Tels: F. Le DANTEC dans Contre la Métaphysique, Paris, Alcan, 1912; J. Sa-
GERET, La vague mystique, Paris, Flammarion, 1920; M. BOLL, Attardés et Pré
curseurs, Paris, Chiron, 1921.
5 Notamment dans l'Essai, au chapitre troisième. La liberté humaine d'après Henri Bergson 191
lisme subjectif 6, intellectualismes vicieux 7, l'on n'a pas
manqué de se réjouir. D'autres idoles malfaisantes se trou
vent sérieusement mises à mal dans Les deux sources : la
forme sociologiste de l'athéisme, les théories diverses de la
morale sans Dieu, les prétentions d'une certaine Psychopat
hologie à livrer le fin mot des phénomènes mystiques. C'est
l'aspect négatif des services rendus par l'œuvre bergsonienne.
Venant après ou avec ceux de Maine de Biran, Ravais-
son, Jules Lachelier et Jules Lagneau, Emile Boutroux, Léon
Ollé-Laprune, Edouard Le Roy et Maurice Blondel, William
James et Newmann, les services de Bergson à la saine phi
losophie se sont avérés puissamment efficaces. Il n'est guère
donné, en effet, aux philosophes de métier de connaître des
succès de librairie pareils à ceux obtenus par le Maître de
la « philosophie nouvelle ». C'est qu'il domine par le don
de parler et d'écrire, que sa pensée jaillit de sa vie même,
qu'une éclatante sincérité la rend éminemment prenante.
Mais, en somme, si la critique bergsonienne des idoles
régnantes s'est montrée si opérante, cela tient principalement
à la bonté positive des intuitions de l'homme qui a rajeuni
la philosophie. De ces fécondes il nous faut ici
scruter le sens, apprécier la valeur, dégager les points restés
implicites et, au besoin, marquer les lacunes. Tout d'abord
sur la grande question de la liberté humaine 8.
La première en date des intuitions bergsoniennes est
celle de la liberté. Déterminer sa signification précise et sa
valeur exacte est chose plutôt malaisée. Car, sur ce point
6 Spécialement dans Matière et Mémoire. Spiritualiste avéré, Bergson est plu
raliste, hétérogénéiste et théiste, point idéaliste subjectif ou solipsiste ni panthéiste.
Sa fidélité aux données de l'expérience le préserve de sombrer en de faux sys
tèmes.
7 A ne considérer que ses formules explicites, Bergson a l'air de combattre
le principe intellectualiste. Au fond, ce sont ses déviations rationalistes à base
innéiste ou sensualiste qu'il démolit.
8 Cet article, en effet, entre dans le chapitre premier d'un ouvrage en pré
paration sur le sens et la valeur du bergsonisme. 192 Blaise Romeyer
comme sur d'autres, Bergson suggère plutôt qu'il ne définit.
Et c'est normal, puisqu'il doit, pour rester fidèle à sa mé
thode, susciter chez le lecteur une intuition qui se rapproche
de la sienne autant qu'il se peut. Il nous semble néanmoins
que, sans abandonner quoi que ce soit des exigences du pro
cédé expérimental, sans rien rabattre de ses critiques, sans
g 'écarter de son point de vue dynamique, il aurait pu choisir
des formules plus caractéristiques du véritable libre arbitre
humain. Celles qu'il a choisies ne signifieraient-elles, comme
certains le croient 9, qu'une spontanéité quelconque, et point
cette élection volontaire ou cette maîtrise psychologique con
stitutive du franc arbitre humain? Tout est là. Or, un loyal
examen de ce problème nous mène à la solution que voici :
la théorie bergsonienne de la liberté renferme tout ce qui est
essentiel à la véritable notion du libre arbitre ; mais il faut,
pour s'en rendre compte, étudier tous ses écrits, les inter
préter sans préjugés, discerner entre une conception fausse,
par lui réfutée, du libre arbitre, et la conception qui se prend
de l'expérience interne.
Nous allons, pour permettre à chacun de se former là-
dessus un jugement motivé, rassembler les éléments de la
doctrine de Bergson sur le vouloir libre, examiner sa critique
du double déterminisme physique et psychologique, puis, en
montrant quelle fausse théorie du libre arbitre il rejette, fo
rmuler notre conclusion.
9 Entre autres: un auteur critique dans Rev. philosophique (1890, 1, p. 536);
C. COIGNET, De Kant à Bergson, p. 93 (Paris, Alcan, 1911); J. Benda, Le Berg-
sonisme, pp. 72-80 (Paris, Mercure de France, 1912); A. FARCES, La philosophie
de M. Bergson, pp. 117-120 (Paris, Bonne Presse, 1912); J. MarITAIN, La philo
sophie bergscnienne, pp. 342-351 (Paris, Rivière, 1930); G. DUMESNIL, La Sophis-
Lquc contemporaine, pp. 49-51 (Paris, Beauchesne, 1912); R. BeTTHELOT, Un r
omantisme utilitaire, t. 2, Le pragmatisme chez Bergson, pp. 339-346 (Paris, Alcan,
1913); H. HôFFDING, La philosophie de Bergson, p. 115 (Paris, Alcan, 1917); G. Ro-
DSIGJES, Bergsonisme et moralité, pp. 46-47 (Paris, Chiron, 1922); R. JoLIVET, Essai
sur le Bergsonisme, p. 149, p. 157 (Lyon, Vitte, 1931). La liberté humaine d'après Henri Bergson 193
Doctrine bergsonienne du vouloir libre
Bien que le mot liberté se trouve, par un usage très large
de l'analogie lu, usité chez Bergson pour signifier ce fonds
d'indétermination qui est caractéristique- de la vie univers
elle n, cependant, quand il désigne les décisions du voul
oir humain, c'est un mode privilégié d'indétermination ou
de spontanéité qu'on lui fait exprimer. Mode spirituel. Car,
« chez l'homme, être pensant, l'acte libre peut s'appeler
une synthèse de sentiments et d'idées, et l'évolution qui y
conduit une évolution raisonnable » 12. Essentiellement supé
rieure « à la spontanéité sensible » i;i, la spontanéité du vou-
10 Fort légitime en soi, cet usage a pu en tromper plus d'un parmi les inter
prètes qui ont accusé Bergson de confondre indétermination ou spontanéité et
liberté. li ne commet pas si piètre confusion et sauvegarde le caractère propre
de cette indétermination du vouloir en quoi consiste le libre arbitre humain.
Mais il a soin de la rattacher à l'immense réalité de la spontanéité vitale.
11 En ce sens, la « durée pure » de l'Essai, le « souvenir spontané » de Mat
ière et Mémoire, l'« élan vital » de L' Evolution créatrice, l'« aspiration » et l'« émot
ion cré

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