La psychologie est-elle la science du comportement ? - article ; n°98 ; vol.68, pg 174-192
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1970 - Volume 68 - Numéro 98 - Pages 174-192
19 pages

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Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gérard de Montpellier
La psychologie est-elle la science du comportement ?
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 68, N°98, 1970. pp. 174-192.
Citer ce document / Cite this document :
de Montpellier Gérard. La psychologie est-elle la science du comportement ?. In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième
série, Tome 68, N°98, 1970. pp. 174-192.
doi : 10.3406/phlou.1970.5547
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1970_num_68_98_5547La psychologie est-elle
la science du comportement ?
La plupart des psychologues et probablement aussi certains phi
losophes répondraient sans doute aujourd'hui affirmativement à cette
question. Mais il n'est pas sûr que la notion de comportement soit
entendue dans le même sens par tous ceux qui utilisent cette expression,
de telle manière que la question posée en appelle immédiatement
une autre : qu'est-ce que le comportement?
La publication récente (x) des rapports et des discussions consacrés
au comportement, lors du Symposium de l'Association de Psychologie
scientifique de Langue française, tenu à Rome, en mars 1967, nous
donne l'occasion de revenir sur ce problème, auquel nous avions déjà
consacré naguère une brève étude dans cette même revue (2).
Dans les termes du langage courant, la notion de comportement,
synonyme de celle de conduite, évoque celle d'action ou de perfor
mance, concernant, d'une manière ou de l'autre, les relations de l'o
rganisme avec son milieu ou encore du sujet avec son monde. On parle
de conduite bien ou mal adaptée au milieu, efficace ou déficiente,
heureuse ou malheureuse, novatrice ou routinière, intelligente ou
maladroite. C'est toujours une certaine manière d'agir ou de faire,
mettant en jeu ou concernant le sujet ou l'organisme dans son unité
totale, bien qu'effectuée à l'intervention de mécanismes limités et
partiels, qui se trouve ainsi qualifiée et visée.
Comme on le sait, cette expression très ancienne, mais un peu
imprécise, du langage familier, a été reprise par certains psychologues,
au début de ce siècle, pour caractériser l'objet de la psychologie,
entendue comme science positive.
La psychologie scientifique, en effet, née dans la seconde moitié
du XIXe siècle et considérée, à ses débuts, comme la science des
faits ou données d'expérience immédiate (Wundt), dont le sujet serait
(x) Le comportement, Parie, P.U.F., 1969.
(2) 6. de Montpellier, Qu'est-ce que le comportement ?, dans Revue philosophique
de Louvain, 1947, t. 45, pp. 45-59. La psychologie, science du comportement ? 175
le seul observateur — par opposition à celle des faits ou données
d'expérience médiate, plus ou moins rationalisés et souvent fort
éloignés des données vécues, mais objectivement communicables par
l'intermédiaire du langage symbolique et abstrait, caractérisant l'objet
des sciences physiques et naturelles — cette psychologie de la « vie
intérieure» allait devenir, au cours des premières décades du XXe s.,
la science du comportement, mais le terme pris, cette fois, dans un
sens beaucoup plus restreint et précis que celui du langage familier.
C'est Henri Piéron, semble-t-il, qui le premier, en 1908, se sert
du terme « comportement » pour désigner « l'activité des êtres et leurs
rapports sensori-moteurs avec le milieu », activité devant faire l'objet
de « recherches évolutives sur le psychisme des organismes » (3).
Mais c'est sans doute J.B. Watson, psychologue américain, qui,
dans un article désormais célèbre, publié en 1913 (4), propose de définir
la psychologie comme la science du comportement (Behaviorism), en
entendant ce terme dans un sens strictement objectif.
Selon Watson, en effet, le doit être considéré
comme une réaction objectivement observable à des excitants éga
lement objectivement observables. C'est donc le couple séquentiel
excitant-réaction qui définit la notion de comportement. Mais les
termes de cette relation devant être, l'un et l'autre, « objectivement
observables», leur définition devait nécessairement en faire des phé
nomènes physiques.
Dans ce cas, en effet, que pourrait-on observer objectivement,
durant l'exécution d'une action ou d'une performance, sinon des
attitudes, des gestes, accompagnés éventuellement d'émissions vocales
ou sonores, des mouvements d'ensemble du corps ou de certains organes
particuliers, des changements morphologiques ou qualitatifs appar
aissant au niveau de certains appareils réactionnels (mimiques,
changements de coloration du visage, sourire, larmes, etc.)?
Par ailleurs, les excitants considérés comme les déterminants des
réactions devant être également objectivement observables, du moins
en principe, ne peuvent être que des systèmes de stimulation physique
externe (onde lumineuse ou sonore, forme spatiale ou structure tem-
(3) Leçon d'ouverture à l'École Pratique des Hautes Études, intitulée : L'évo
lution du psychisme et V étude objective du comportement, publiée dans la Revue du Mois
(mars 1908, pp. 291-310).
(4) J.B. Watson, Psychology as the Béhaviorist Views it, dans Psychological Review,
1913, t. 20, pp. 168-177. 176 Gérard de Montpellier
porelle d'excitation, pression mécanique, composition chimique de
corps), d'une part, des états physiologiques constituant des sources
d'excitation interne, mais objectivement identifiables en principe,
d'autre part (excès ou manque de certaines substances donnant lieu
à des états de tension, par exemple).
Au comportement ainsi défini, Watson ajoutait cependant deux
caractères, qu'il considérait comme importants pour différencier le
point de vue de la science psychologique de celui des autres sciences
naturelles : le caractère adaptatif et le caractère global.
Le comportement apparaît, en effet, comme une réaction adapt
ative, dans la mesure où il rétablit un équilibre détruit par l'action
de l'excitant. Que celui-ci soit d'origine externe ou interne, son action
provoque dans l'organisme un certain état de déséquilibre : la réaction,
en supprimant l'excitant, amène un retour à l'équilibre. Mais c'est
également à l'intervention d'un mécanisme purement physique ou
physiologique (homéostasis) que s'effectue ce retour à l'équihbre par
la suppression de l'excitant.
Le comportement présente, d'autre part, un caractère global,
qui permet de le caractériser et de l'identifier, non pas à partir de
mécanismes effecteurs de nature physiologique spécifiques et stri
ctement déterminés, mais à partir de la « structure » réactionnelle
d'ensemble qu'il possède et qui permet de le désigner par des termes
du langage courant, tels que : marcher, parler, écrire, saluer, etc.,
se référant à des « actions », dont le schéma demeure relativement
stable, en dépit de variations d'aspects et de caractères particuliers
plus ou moins grandes.
De ces deux caractères, le second apparaît sans doute comme
pouvant permettre de distinguer, dans une certaine mesure, le point
de vue de la psychologie de celui des autres sciences naturelles (5).
Mais est-il spécifiquement propre à la psychologie? Ne l'a-t-on pas
introduit également en biologie, en physiologie, voire en physique,
à la suite d'observations issues des travaux de la Gestalttheorie,
notamment ?
(s) C'est également ce caractère que Piéron considère comme différentiel, dans la
définition qu'il donne de la psychologie dans son ouvrage consacré à la Psychologie
expérimentale, publié en 1926 : « II n'y a de science que du comportement, de l'activité,
des réactions globales des organismes envisagées dans leur ensemble, cette science con
stituant la psychologie» (Paris, A. Colin, p. 16). La psychologie, science du comportement ? 177
Par ailleurs, le caractère global n'est-il pas susceptible de variations
de degrés ? Où mettre alors la limite entre un aspect global, qui serait
étudié en psychologie et un aspect parcellaire, qui le serait en physio
logie?
Dans un important ouvrage intitulé : Introduction à la psychologie,
entièrement consacré à la discussion de l'objet de la psychologie scien

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