La théorie stoïcienne de la passion chez Chrysippe et son évolution chez Posidionius - article ; n°27 ; vol.75, pg 393-435
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1977 - Volume 75 - Numéro 27 - Pages 393-435
Passion is contrary to the rational nature of man and breaks up his interior harmony. In it lies evil. Chrysippus and Posidonius are agreed in this regard. For Chrysippus man is responsible for his misfortune. Affectivity being only a mode of reason, passion appears as the appetite or voluntary rejection of an object confused with good or evil. In Posidonius' analysis behaviour according to the passions results not only from intellectual deficiency, but from the violence of the irrational powers which have not been trained or accustomed to submit themselves to reason. The « psychopathic » constitution of the individual explains furthermore certain irrational and non-rationalisable modes of behaviour.
La passion est contraire à la nature rationnelle de l'homme et rompt son harmonie intérieure. C'est en elle que réside le mal. Chrysippe et Posidonius s'accordent sur ce point. Pour Chrysippe, l'homme est responsable de son malheur. L'affectivité n'étant qu'un mode de la raison, la passion apparaît comme l'appétit ou le rejet volontaire d'un objet confondu avec le bien ou le mal. Dans l'analyse posidonienne, le comportement passionnel résulte non seulement d'une déficience intellectuelle, mais de la violence des puissances irrationnelles qui n'ont pas été « dressées » ni habituées à se soumettre à la raison. La constitution « psychopathique » de l'individu expliquerait par ailleurs certaines conduites irrationnelles irrécupérables.
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Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Anne Glibert-Thirry
La théorie stoïcienne de la passion chez Chrysippe et son
évolution chez Posidionius
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 75, N°27, 1977. pp. 393-435.
Abstract
Passion is contrary to the rational nature of man and breaks up his interior harmony. In it lies evil. Chrysippus and Posidonius are
agreed in this regard. For Chrysippus man is responsible for his misfortune. Affectivity being only a mode of reason, passion
appears as the appetite or voluntary rejection of an object confused with good or evil. In Posidonius' analysis behaviour according
to the passions results not only from intellectual deficiency, but from the violence of the irrational powers which have not been
trained or accustomed to submit themselves to reason. The « psychopathic » constitution of the individual explains furthermore
certain irrational and non-rationalisable modes of behaviour.
Résumé
La passion est contraire à la nature rationnelle de l'homme et rompt son harmonie intérieure. C'est en elle que réside le mal.
Chrysippe et Posidonius s'accordent sur ce point. Pour Chrysippe, l'homme est responsable de son malheur. L'affectivité n'étant
qu'un mode de la raison, la passion apparaît comme l'appétit ou le rejet volontaire d'un objet confondu avec le bien ou le mal.
Dans l'analyse posidonienne, le comportement passionnel résulte non seulement d'une déficience intellectuelle, mais de la
violence des puissances irrationnelles qui n'ont pas été « dressées » ni habituées à se soumettre à la raison. La constitution «
psychopathique » de l'individu expliquerait par ailleurs certaines conduites irrationnelles irrécupérables.
Citer ce document / Cite this document :
Glibert-Thirry Anne. La théorie stoïcienne de la passion chez Chrysippe et son évolution chez Posidionius. In: Revue
Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 75, N°27, 1977. pp. 393-435.
doi : 10.3406/phlou.1977.5944
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1977_num_75_27_5944théorie stoïcienne de la passion La
chez Chrysippe
et son évolution chez Posidonius
II n'est philosophie plus banalisée sans doute que le stoïcisme
et il le doit incontestablement à son idéal moral d'apathie. Le cliché
populaire le plus répandu de cette sagesse est celui du surhomme
au cœur de pierre inaltérable.
Nous nous sommes interrogée sur le sens que pouvaient avoir
les concepts de passion et d'apathie dans le monisme psychologique
rationaliste de Chrysippe, sans doute le plus grand philosophe de
l'ancien stoïcisme, celui dont les travaux nous sont les mieux connus
et qui influença l'histoire plus que n'importe quel autre scholarque.
C'est également sa pensée que reflètent les définitions stoïciennes du
Fie pi naQ&v, attribué faussement à Andronicus de Rhodes1.
Si l'âme est raison de part en part, comme semble le poser ce
stoïcien, la passion ou l'irrationnel ne peut être qu'un mouvement
de la raison contraire à la raison elle-même. Par conséquent, l'apathie
est l'absence de tels mouvements et, positivement, la disposition où
la raison se trouve quand elle se conforme à ce qu'elle est.
Dans une philosophie aussi systématique que le stoïcisme, où,
comme dans un grand vivant, chaque partie renvoie au tout et n'est
viable que par lui, il est utopique de vouloir accéder à une com
préhension pleine et concrète de la notion de passion en la déracinant.
C'est au cœur de la physique et de l'éthique qu'elle vit, ensemble ces
disciplines lui confèrent sens et portée; c'est donc elles qu'il faut
scruter. Pour ce faire, on peut aller droit aux textes, témoignages
directs et indirects, ou les interroger à travers l'écran de ce que
d'éminents exégètes modernes en ont pensé et dit. Nous avons adopté
les deux démarches, en privilégiant toutefois celle qui, au delà des
interprétations et des intermédiaires modernes, soumet directement
1 L'édition du texte grec et de sa traduction latine médiévale que nous en avons
établie est sous presse. 394 Anne Glibert-Thirry
les documents à l'analyse. Les interprétations, parfois brillantes, des
spécialistes du stoïcisme constituent sans doute un appoint considérable
pour débrouiller des textes dans bien des cas énigmatiques. Elles n'en
demeurent pas moins des informations de seconde main, souvent con
tradictoires du reste. Le document de base de notre étude sur Chrysippe
est la collection des Stoicorum veterum fragmenta de H. von Arnim,
volumes II et III (sigle: SVF). Ces ouvrages, intitulés respectivement
Chrysippi Fragmenta logica et physica et Chrysippi Fragmenta moralia2,
contiennent non seulement des textes nommément attribués à Chrys
ippe, mais également des fragments qui traitent de la doctrine
stoïcienne en général. H. von Arnim a rassemblé ces derniers sous
le nom de Chrysippe, non parce qu'ils appartiennent, en tant que tels,
à Chrysippe, mais parce qu'ils révèlent une dépendance certaine à
l'égard des théories fondamentales et authentiques du philosophe3.
À moins de renoncer à tout projet d'interprétation du système chry-
sippéen, l'exégète ne peut se passer de ces témoignages. Car les
fragments attribués expressément à Chrysippe, s'ils expriment des
principes fondamentaux de sa doctrine, n'en sont pas moins très
laconiques, souvent hermétiques et relativement rares. Dans bien des
cas ils s'éclairent grâce aux textes stoïciens qui les commentent tout
en les développant. Certes, nous reconnaissons qu'en utilisant la col
lection de von Arnim notre interprétation de la passion, de l'apathie
et des théories connexes de Chrysippe se trouvera fondée sur une
« base mixte » faite de matériaux solides et d'autres qui le sont moins.
On sait que Posidonius n'est pas resté fidèle au radicalisme des
premiers temps du stoïcisme, qu'il a infléchi le rigorisme intellectuel
de Chrysippe vers des solutions plus modérées, plus ouvertes à l'expé
rience. Notre propos n'est pas d'exposer systématiquement la théorie
des passions chez Posidonius, ni sa controverse avec Chrysippe. Bon
nombre d'historiens de la pensée stoïcienne l'ont fait et en gros leurs
lectures concordent4. Cet accord tient sans doute à la cohérence de
la théorie elle-même, et peut-être aussi à la documentation relativement
2 Le vol. III rassemble également les Fragmenta Successorum Chrysippi (Zeno
Tarsensis, Diogenes Babylonius, Antipater Tarsensis, Apollodorus Seleuciensis, Arche-
demus Tarsensis, Boëthus Sidonius, Basilides, Eudromus, Crinis).
3 Cf. H. v. Arnim, op. cit., p. v.
4 Cf. surtout M. Pohlenz, De Posidonii libris «ilepi TiaGrôv», dans Jahrb. f.
class. Phil, Leipzig, Suppl. 24 (1898), pp. 535-634; M. Laffranque, Poseidonios
d'Apamée, Paris, 1964; I. G. Kidd, Posidonius on Emotions, in Problems in Stoicism,
éd. by A. A. Long, London -New York, 1971. La théorie de la passion chez Chrysippe et chez Posidonius 395
importante que le De placitis Hippocratis et Platonis de Galien fournit
à ce sujet. D'autre part, la nouvelle collection des fragments de
Posidonius, publiée à Cambridge en 1972 par L. Edelstein (f) et
I. G. Kidd, n'enrichit pas notre information à cet égard, puisqu'elle
se limite aux textes du De placitis de source nommément posidonienne
et que ces textes-là sont notoires. Toutefois des corrections et des
conjectures intéressantes apportées par la collection à l'ancienne édition
de I. Mûller (Leipzig, 1 874) peuvent éclairer certains passages difficiles
à pénétrer en raison des corruptions qu'ils ont manifestement subies.
Cela étant, nous essayerons de dégager de la théorie posidonienne
des passions les lignes de force qui font son originalité à l'intérieur
de l'école de Zenon et de Chrysippe et d'autre part celles qui l'y
enracinent. Enfin, accessoirement, nous incriminerons certains éléments
de la critique de Chrysippe par Posidonius. En effet, notre analyse de
la théorie chrysipéenne elle-même nous a permis d'élucider certaines
difficultés relevées par Posidonius et qui ne sont des apories insolubles
que pour celui qui délibérément ou non lit mal Chrysippe.
Notre lecture de ne s'appuie que sur des textes qui lui
sont nommément attribu

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