Le dialogue philosophique entre Siger de Brabant et Thomas d Aquin. À propos d un ouvrage récent de E. H. Wéber O.P. - article ; n°13 ; vol.72, pg 53-155
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Le dialogue philosophique entre Siger de Brabant et Thomas d'Aquin. À propos d'un ouvrage récent de E. H. Wéber O.P. - article ; n°13 ; vol.72, pg 53-155

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Revue Philosophique de Louvain - Année 1974 - Volume 72 - Numéro 13 - Pages 53-155
The aim of this article is to revise the principal theses defended by Fr. E.H. Wéber in his recent work L'homme en discussion à l'Université de Paris en 1270 (Bibliothèque thomiste, 40), Paris, Vrin, 1 970. The matter at stake in the discussions gravitates around the vigourous philosophical exchanges on the nature of the intellective soul, which brought Thomas Aquinas and Siger of Brabant into conflict at a time when the most serious doctrinal crisis which is felt in the 13th century erupted at Paris University. According to Fr. Wéber, these conflicts are alleged to have led Thomas Aquinas to modify to a noteworthy degree his teaching on the powers of the soul. He is also alleged to have fundamentally revised his noetics and even to have gone so far as to remould Book II of his Summa contra Gentiles. The author here brings to bear, in these difficult questions, all of the corrections necessary. In regard to the doctrine of the powers of the soul, we cannot doubt but that right from the start of his teaching career, Thomas considered the human soul as subsisting and essentially intellective. The evolution of his thought consisted, not in abandoning the real distinction between the essence of the soul and its intellective power, as Fr. Wéber thinks, but rather in the will to bring into line his conception of the soul with the requirements of Aristotle's forma corporis. Furthermore, the evolution which Fr. Wéber believes he has discovered in Thomas' noetics is due especially to the fact that this historian has not observed that the learned Saint always held that the synergy of the res and of the intellect are indispensable for all cognitive acts. The textual exegesis proposed by Fr. Wéber is thus often and seriously erroneous. We should add that the presentation of the doctrines of Siger and Averroes is also frequently vitiated by flagrant errors. As for the arguments put forward in support of a remoulding of Bk. II of the Summa contra Gentiles, they are utterly irrelevant.
Le propos de cet article est de soumettre à révision les principales thèses défendues parle P. E.H. Wéber dans son récent ouvrage, L'homme en discussion à l'Université de Paris en 1270 (Bibliothèque thomiste, 40), Paris, Vrin, 1970. L'enjeu des discussions gravite autour des vigoureux échanges philosophiques sur la nature de l'âme intellective, qui ont opposé Thomas d'Aquin et Siger de Brabant au moment où éclate à l'Université de Paris la plus grave crise doctrinale qu'elle ait connue au XIIIe siècle. Selon le P. Wéber, ces débats auraient amené Thomas d'Aquin à modifier sensiblement sa doctrine des puissances de l'âme. Il aurait aussi profondément remanié sa noétique et aurait même été jusqu'à refondre le livre II de sa Summa contra Gentiles. L'auteur apporte ici, sur ces difficiles questions, toutes les mises au point nécessaires. En ce qui concerne la doctrine des puissances de l'âme, on ne peut douter que, dès le début de son enseignement, Thomas considérait l'âme humaine comme subsistante et essentiellement intellective. L'évolution de sa pensée a consisté, non dans l'abandon de la distinction réelle entre l'essence de l'âme et sa puissance intellective, comme le pense le P. Wéber, mais bien plutôt dans la volonté d'accorder sa conception de l'âme avec les exigences de la forma corporis d'Aristote. D'autre part, l'évolution que croit découvrir le P. Wéber dans la noétique de Thomas, est surtout due au fait que cet historien n'a pas remarqué que le saint docteur a toujours tenu la synergie de la res et de l'intellect comme indispensable à tout acte cognitif. L'exégèse des textes proposée par le P. Wéber est donc souvent et gravement fautive. Il faut ajouter que la présentation des doctrines de Siger et d'Averroès est, elle aussi, fréquemment entachée d'erreurs flagrantes. Quant aux arguments avancés en faveur d'une refonte du livre II de la Summa contra Gentiles, ils sont dépourvus de toute pertinence.
103 pages

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Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Extrait

Bernardo Carlos Bazán
Le dialogue philosophique entre Siger de Brabant et Thomas
d'Aquin. À propos d'un ouvrage récent de E. H. Wéber O.P.
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 72, N°13, 1974. pp. 53-155.
Citer ce document / Cite this document :
Bazán Bernardo Carlos. Le dialogue philosophique entre Siger de Brabant et Thomas d'Aquin. À propos d'un ouvrage récent de
E. H. Wéber O.P. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 72, N°13, 1974. pp. 53-155.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1974_num_72_13_5779Abstract
The aim of this article is to revise the principal theses defended by Fr. E.H. Wéber in his recent work
L'homme en discussion à l'Université de Paris en 1270 (Bibliothèque thomiste, 40), Paris, Vrin, 1 970.
The matter at stake in the discussions gravitates around the vigourous philosophical exchanges on the
nature of the intellective soul, which brought Thomas Aquinas and Siger of Brabant into conflict at a time
when the most serious doctrinal crisis which is felt in the 13th century erupted at Paris University.
According to Fr. Wéber, these conflicts are alleged to have led Thomas Aquinas to modify to a
noteworthy degree his teaching on the powers of the soul. He is also alleged to have fundamentally
revised his noetics and even to have gone so far as to remould Book II of his Summa contra Gentiles.
The author here brings to bear, in these difficult questions, all of the corrections necessary. In regard to
the doctrine of the powers of the soul, we cannot doubt but that right from the start of his teaching
career, Thomas considered the human soul as subsisting and essentially intellective. The evolution of
his thought consisted, not in abandoning the real distinction between the essence of the soul and its
intellective power, as Fr. Wéber thinks, but rather in the will to bring into line his conception of the soul
with the requirements of Aristotle's forma corporis. Furthermore, the evolution which Fr. Wéber believes
he has discovered in Thomas' noetics is due especially to the fact that this historian has not observed
that the learned Saint always held that the synergy of the res and of the intellect are indispensable for
all cognitive acts. The textual exegesis proposed by Fr. Wéber is thus often and seriously erroneous.
We should add that the presentation of the doctrines of Siger and Averroes is also frequently vitiated by
flagrant errors. As for the arguments put forward in support of a remoulding of Bk. II of the Summa
contra Gentiles, they are utterly irrelevant.
Résumé
Le propos de cet article est de soumettre à révision les principales thèses défendues parle P. E.H.
Wéber dans son récent ouvrage, L'homme en discussion à l'Université de Paris en 1270 (Bibliothèque
thomiste, 40), Paris, Vrin, 1970. L'enjeu des discussions gravite autour des vigoureux échanges
philosophiques sur la nature de l'âme intellective, qui ont opposé Thomas d'Aquin et Siger de Brabant
au moment où éclate à l'Université de Paris la plus grave crise doctrinale qu'elle ait connue au XIIIe
siècle. Selon le P. Wéber, ces débats auraient amené Thomas d'Aquin à modifier sensiblement sa
doctrine des puissances de l'âme. Il aurait aussi profondément remanié sa noétique et aurait même été
jusqu'à refondre le livre II de sa Summa contra Gentiles. L'auteur apporte ici, sur ces difficiles questions,
toutes les mises au point nécessaires. En ce qui concerne la doctrine des puissances de l'âme, on ne
peut douter que, dès le début de son enseignement, Thomas considérait l'âme humaine comme
subsistante et essentiellement intellective. L'évolution de sa pensée a consisté, non dans l'abandon de
la distinction réelle entre l'essence de l'âme et sa puissance intellective, comme le pense le P. Wéber,
mais bien plutôt dans la volonté d'accorder sa conception de l'âme avec les exigences de la forma
corporis d'Aristote. D'autre part, l'évolution que croit découvrir le P. Wéber dans la noétique de Thomas,
est surtout due au fait que cet historien n'a pas remarqué que le saint docteur a toujours tenu la
synergie de la res et de l'intellect comme indispensable à tout acte cognitif. L'exégèse des textes
proposée par le P. Wéber est donc souvent et gravement fautive. Il faut ajouter que la présentation des
doctrines de Siger et d'Averroès est, elle aussi, fréquemment entachée d'erreurs flagrantes. Quant aux
arguments avancés en faveur d'une refonte du livre II de la Summa contra Gentiles, ils sont dépourvus
de toute pertinence.Le dialogue philosophique entre
Siger de Brabant et Thomas d9 Aquin
A propos d'un ouvrage récent de E. H. Wéber O.P. (1)
Les controverses philosophiques autour de la nature de l'âme
intellective qui engagèrent Thomas d' Aquin et les principaux repré
sentants de l'« averroïsme » parisien, fournissent le thème de ce livre.
L'intérêt de l'ouvrage est accru du fait que l'auteur croit trouver
dans ces luttes doctrinales de 1269-1270 la clef qui expliquerait une
certaine évolution dans la psychologie de saint Thomas. Le but de
l'ouvrage est clairement annoncé : « Discerner quel fut l'impact sur
Thomas d'Aquin des vigoureux échanges philosophiques que lui a
permis la rencontre de Maître Siger, telle est l'ambition de la présente
étude» (p. 10).
La méthode de recherche est aussi exposée avec toute la clarté
désirable. Il s'agit d'abandonner l'idée préconçue que l'anthropologie
de Thomas est un bloc donné d'avance, sans fissures et sans les tâtonne
ments propres à une pensée qui se cherche et qui est capable de renoncer
à des vues établies précédemment, si elles se sont avérées insuffisantes
face à de nouvelles exigences doctrinales. L'analyse chronologique
des œuvres de Thomas touchant la nature de l'âme est une exigence
de cette méthode. Il ne s'agit pas de déterminer une évolution dans
le vide, mais de voir comment elle répond à une situation historique
concrète : le défi lancé par les aristotéliciens hétérodoxes de l'Université
de Paris. C'est pourquoi « pareille lecture des textes de Thomas d'Aquin
doit être conduite sous un double rapport : a) au regard des idées
qu'en 1270 Maître Siger fait brillamment valoir et 6) par la mise en
(!) Edouard-Henri Wéber O.P., L'homme en discussion à l'Université de Paris en
1270. La controverse de 1270 à l'Université de Paris et son retentissement, sur la pensée de
8. Thomas d'Aquin (Bibliothèque Thomiste, XL). Un vol. 25x16 de 327 pp. Paris,
Vrin, 1970. 54 Bernardo Carlos Bazdn
comparaison des textes thomistes de 1270 avec ceux qui leur sont
antérieurs. Il s'agit, en somme, d'appliquer un principe herméneutique
opposé à celui qu'a si stérilement mis en œuvre la méthode seolastique
et qui noyait les différences entre textes pour les atténuer et finalement
les dissoudre sous un flot de subtilités» (p. 11). C'est donc l'idée d'un
« dialogue philosophique » (p. 16) entre Siger et Thomas que le P. Wéber
avance comme la notion capable d'expliquer les précisions subies par
la doctrine de Thomas sur l'âme intellective. Cette idée de dialogue
doit permettre, en même temps, l'établissement du rôle joué par Siger
dans l'histoire de la philosophie au XIIIe siècle.
Le but et la méthode ainsi déterminés, l'œuvre du P. Wéber présente
le schéma suivant :
I. La controverse de 1270 comme dialogue
1. Siger de Brabant : a) Les documents
b) La doctrine sur l'âme intellective
2. Thomas d'Aquin : a) Les textes témoins de la discussion
b) La doctrine des puissances de l'âme
IL La nouvelle position de Thomas en 1270 sur les deux grands thèmes de la con
troverse :
1. L'âme et l'intellect
2. L'objet intelligible
Nous nous proposons d'examiner ici trois thèses centrales de
l'auteur : la notion de dialogue philosophique entre Siger et Thomas,
l'évolution de la doctrine de saint Thomas touchant les puissances
de l'âme et la nature de l'intellect, enfin la nature de l'objet intelligible.
Autour de ces thèses nous examinerons aussi quelques points de
méthodologie et d'histoire littéraire qui sont en étroite relation avec
elles.
I. La controverse comme dialogue
L'idée de "dialogue philosophique" entre Sig

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