Le rationnel et l argumentation. À propos du « Traité de l argumentation » de Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca - article ; n°7 ; vol.70, pg 404-418
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Le rationnel et l'argumentation. À propos du « Traité de l'argumentation » de Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca - article ; n°7 ; vol.70, pg 404-418

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Description

Revue Philosophique de Louvain - Année 1972 - Volume 70 - Numéro 7 - Pages 404-418
The Rational and Argumentation.
The work being analysed has a double subject : the art of persuading and convincing and the function of this art in law, morals, and philosophy. In our opinion philosophy and also, to a great extent, morals and even law, are domains of knowledge of what is true, good and just, and not a ground of agreement about what is more likely than ..., better than ... and more just than ... We emphasize, too, that the book inventories the τόποι, i.e. the « places » where one finds premisses, the premisses themselves and directions concerning their choice and use rather than the forms of reasoning used by rhetors. If we make these forms explicit, we establish that rhetoric commits us to employ forms of reasoning with a universal usage.
L'ouvrage analysé a un double sujet. Il expose l'art de persuader et de convaincre. Mais il signale aussi le rôle de cet art en droit, en morale et en philosophie. A notre avis la philosophie de même que, dans une large mesure, la morale, voire le droit, sont tout de même des domaines de la connaissance du vrai, du bon et du juste et non pas des terrains d'entente sur le plus vraisemblable que ..., le meilleur que ... et le plus juste que. Nous soulignons également que le livre inventorie plutôt les τόποι, « endroits » où l'on trouve des prémisses, les prémisses mêmes et les conseils de leur choix et de leur utilisation que les formes de raisonnement employées par les rhéteurs. Si l'on explicite celles-ci, on s'aperçoit que la rhétorique nous renvoie elle aussi à des formes de raisonnement d'usage universel.
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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georges Kalinowski
Le rationnel et l'argumentation. À propos du « Traité de
l'argumentation » de Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 70, N°7, 1972. pp. 404-418.
Abstract
The Rational and Argumentation.
The work being analysed has a double subject : the art of persuading and convincing and the function of this art in law, morals,
and philosophy. In our opinion philosophy and also, to a great extent, morals and even law, are domains of knowledge of what is
true, good and just, and not a ground of agreement about what is more likely than ..., better than ... and more just than ... We
emphasize, too, that the book inventories the τόποι, i.e. the « places » where one finds premisses, the premisses themselves and
directions concerning their choice and use rather than the forms of reasoning used by rhetors. If we make these forms explicit, we
establish that rhetoric commits us to employ forms of reasoning with a universal usage.
Résumé
L'ouvrage analysé a un double sujet. Il expose l'art de persuader et de convaincre. Mais il signale aussi le rôle de cet art en droit,
en morale et en philosophie. A notre avis la philosophie de même que, dans une large mesure, la morale, voire le droit, sont tout
de même des domaines de la connaissance du vrai, du bon et du juste et non pas des terrains d'entente sur le plus
vraisemblable que ..., le meilleur que ... et le plus juste que. Nous soulignons également que le livre inventorie plutôt les τόποι, «
endroits » où l'on trouve des prémisses, les prémisses mêmes et les conseils de leur choix et de leur utilisation que les formes de
raisonnement employées par les rhéteurs. Si l'on explicite celles-ci, on s'aperçoit que la rhétorique nous renvoie elle aussi à des
formes de raisonnement d'usage universel.
Citer ce document / Cite this document :
Kalinowski Georges. Le rationnel et l'argumentation. À propos du « Traité de l'argumentation » de Chaïm Perelman et Lucie
Olbrechts-Tyteca. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 70, N°7, 1972. pp. 404-418.
doi : 10.3406/phlou.1972.5684
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1972_num_70_7_5684Le rationnel et l'argumentation
A propos du «Traité de l'argumentation»
de Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca (*)
La seconde édition du Traité vient douze ans après la première (1).
Elle mérite d'autant plus d'être remarquée et méditée qu'elle s'insère
dans les nombreux travaux d'édition de M. Perelman dont l'influence
va s' élargissant (2) et que nous nous trouvons en face d'un ouvrage
dont la portée dépasse de beaucoup le terrain de la rhétorique, art
de persuader sinon de convaincre, et de la topique, et se révèle franche
ment philosophique.
1. Du rationnel en philosophie, en morale et en droit
II y va en effet de la capacité humaine de connaissance et partant
de la vérité. Les auteurs ne sont ni agnostiques ni sceptiques. Ils adop
tent néanmoins dans le domaine de la philosophie, de la morale et
(*) 2e éd., Bruxelles, Université Libre de Bruxelles, Éditions de l'Institut de Sociol
ogie, 1970, un volume 23 X 15,5 de 734 p. (Collection de sociologie générale et de
philosophie sociale).
(!) La première édition a paru à Paris, aux Presses universitaires de France, en
1958, en deux volumes.
(2) Les travaux d'éditions de M. Perelman sont fort variés. Président du Centre
National de Recherches de Logique, d'un côté, il joue un rôle prépondérant dans le Comité
de direction de Logique et Analyse et, de l'autre, il publie les travaux du Centre, tel le
volume La règle de droit, Bruxelles, Ets E. Bruylant, 1971. Président aussi de la section
juridique de ce centre, il publie, depuis, 1961, date de la parution de Fait et Droit, les
résultats des travaux de la section qu'il dirige, notamment les Études de logique juridique
qui en sont à leur IVe volume. Il est de plus co-éditeur des Travaux du Centre de Philo
sophie du Droit de V Université Libre de Bruxelles, dont L'Égalité, Bruxelles, Ets E. Bruyl
ant, 1971. Outre tout cela, M. Perelman a publié, seul ou avec Mme L. Olbrechts-Tyteca,
plusieurs volumes se situant dans la même ligne que leur Traité de V argumentation,
notamment Rhétorique et philosophie, Paris, PUF, 1952 (en collaboration avec L. Olbrechts
Tyteca); Justice et raison, Paris, PUF, 1963, réédité par les Presses universitaires de
Belgique, 1970; Droit, morale et philosophie, Paris, L.G.D.J., 1968; Eléments d'une
théorie de l'argumentation, Bruxelles, PUB, 1968 ; et Le champ de l'argumentation, Brux
elles, PUB, 1971. rationnel et V argumentation 405 Le
du droit, comme nous allons le voir, une espèce de relativisme quasi-
conventionnel. Car le problème de la connaissance et de la vérité
ne trouve pas, selon eux, partout la même solution. Il en est ainsi
du fait qu'il existe diverses zones de la pensée humaine.
Il y a d'abord la zone de la pensée hvpothético-déductive, zone
qu'occupent principalement la logique et la mathématique avec leurs
systèmes formalisés. M. Perelman et Mme Olbrechts-Tyteca ne sont
pas suffisamment explicites pour qu'on sache si cette zone est d'après
eux une zone de la connaissance au sens strict, défini par É. Gilson
comme la rencontre spécifique de deux existants, ou simplement une
zone où s'exerce la puissance constructrice de la pensée de l'homme.
Mais, sans aucun doute, c'est une zone de la démonstration, de la con
trainte intellectuelle, de la certitude. Si l'on admet les axiomes et les
règles d'inférence, on ne peut pas ne pas admettre les théorèmes. Nos
auteurs insistent sur le fait qu'ici triomphe la logique dite formelle (3).
Vient ensuite la zone des sciences expérimentales, cette fois-ci
indubitablement une zone de la connaissance, de la vérité, de la démonst
ration aussi, mais de la démonstration spécifique : par vérification
expérimentale.
Ces deux zones constituent le champ des méthodes et preuves
logico-expérimentales que nos auteurs laissent à dessein de côté.
Leur attention se concentre sur le secteur où ces méthodes et ces preuves
ne trouvent plus d'application. C'est le secteur du droit, de la morale
et de la philosophie. Si le rationnel était limité au logico-expérimental,
le secteur en question serait un secteur de l'irrationnel. Or, en réalité,
il n'en est rien. Le secteur du droit, de la morale et de la philosophie
a sa rationalité propre comme les secteurs respectifs des sciences
formelles, d'une part, et des sciences expérimentales, de l'autre. On
a déjà essayé de le montrer en recourant à la théorie des jugements
de réalité et des jugements de valeur. Mais on a finalement échoué
parce que la distinction entre les deux catégories de jugements est
floue. Où finit le jugement de réalité — demandent nos auteurs —
et où commence le de valeur ? Personne ne peut donner de
réponse satisfaisante et convenablement justifiée. Heureusement, « ce
qu'une logique des jugements de valeur a en vain essayé de fournir,
(8) Au sujet du terme « logique formelle » voir notre communication Le raisonne
ment juridique et la logique juridique {Logique et analyse 13(1970), Actes du Colloque
de Bruxelles (22-23 décembre 1969), pp. 3-18), p. 13s., note 7). 406 Georges Kalinowski
à savoir la justification de la possibilité d'une communauté humaine
dans le domaine de l'action, quand cette justification ne peut être
fondée sur une réalité ou une vérité objective, la théorie de l'argumenta
tion contribuera à l'élaborer (...)»(4). C'est un désir, un espoir, une
promesse — l'emploi du futur l'indique. Ce désir sera-t-il satisfait?
... Cet espoir ne sera-t-il pas déçu? ... Cette promesse, pourra-t-elle
être tenue ? ... Sommes-nous sur la bonne voie ? Devons-nous vraiment
quitter le terrain de la connaissance et de la vérité pour philosopher
et nous donner des règles morales et juridiques? N'y a-t-il pas une
connaissance pratique et une vérité pratique qui sont d'ailleurs con
naissance et vérité tout autant que la connaissance et la vérité dites
théoriques et auxquelles on confère l'épithète de « pratiques » unique
ment pour souligner qu'elles visent la direction de l'action humaine ?
Pour notre part, nous avons ess

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