Le sacré dans le cours de Heidegger sur «L Ister» de Hölderlin - article ; n°3 ; vol.95, pg 395-436
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Description

Revue Philosophique de Louvain - Année 1997 - Volume 95 - Numéro 3 - Pages 395-436
A partir des leçons sur l'hymne holderlinien Ulster, le présent article considère l'interprétation heideggérienne des «asiles» du Sacré, de la loi du «dépaysement comme accoutumance au chez-soi», et de l'essence du «feu». En fin de parcours, il examine les rapports Hôlderlin-Hegel et Hôlderlin- Heidegger.
Setting out from the lectures on Hôlderlin' s hymn The Ister, this article considers Heidegger's interpretation of «asylums» of the Sacred, of the law of «exile as familiarization with one's home», and of the essence of «fire». Finally, it examines the relationship of Hôlderlin to Hegel and of Hôlderlin to Heidegger. (Transl. by J. Dudley).
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Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 68
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Emilio Brito
Le sacré dans le cours de Heidegger sur «L'Ister» de Hölderlin
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 95, N°3, 1997. pp. 395-436.
Résumé
A partir des leçons sur l'hymne holderlinien Ulster, le présent article considère l'interprétation heideggérienne des «asiles» du
Sacré, de la loi du «dépaysement comme accoutumance au chez-soi», et de l'essence du «feu». En fin de parcours, il examine
les rapports Hôlderlin-Hegel et Hôlderlin- Heidegger.
Abstract
Setting out from the lectures on Hôlderlin' s hymn The Ister, this article considers Heidegger's interpretation of «asylums» of the
Sacred, of the law of «exile as familiarization with one's home», and of the essence of «fire». Finally, it examines the relationship
of Hôlderlin to Hegel and of Hôlderlin to Heidegger. (Transl. by J. Dudley).
Citer ce document / Cite this document :
Brito Emilio. Le sacré dans le cours de Heidegger sur «L'Ister» de Hölderlin. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième
série, Tome 95, N°3, 1997. pp. 395-436.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1997_num_95_3_7044sacré dans le cours de Heidegger sur Le
«L'Ister» de Hôlderlin
Dans le cours du semestre d'été 1942, cherchant à montrer com
ment il faut penser le «retour au foyer», Heidegger se penche sur
l'hymne de Hôlderlin qui nomme l'Ister1. Il n'a pas l'intention d'«expli-
quer» ce poème, mais seulement de livrer des «annotations»: points de
répère, signaux pour l'attention, points d'arrêt pour la réflexion (HH
ls.)2. La réflexion concerne le fleuve, mais aussi ce qui distingue l'Ister
en face des autres cours d'eau: pour Hôlderlin, l'Ister («Ister» est le
nom grec du Danube, HH 10) est vraiment le fleuve de la terre natale. A
plusieurs reprises, les remarques heideggériennes rencontrent le thème
du Sacré, centre de notre étude. Des trois parties du présent article, la
première présente brièvement, en guise d'introduction, la première par
tie des leçons sur L'Ister. La seconde expose, plus en détail, la dernière
partie dudit cours3. La troisième partie de l'article contient nos propres
«annotations» au sujet du thème étudié.
I. Introduction: l'essence du fleuve
L'hymne à l'Ister nomme au début un «maintenant» et un «ici»:
«Maintenant viens, o feu!», «mais c'est ici que nous voulons bâtir».
Les appelants, qui crient ici «maintenant», sont eux-mêmes des appelés:
1 Cf. M. Heidegger, Hôlderlins Hymne «Der Ister» (= Gesamtausgabe, t. 53, cité:
HH), Francfort, 1984, 156.
2 Cf. W. Biemel, Zu Heideggers Deutung der Ister-Hymne, in Heidegger Studies,
3/4 (1987/88), 41-60, spéc. 41-42.
3 Nous ne présentons ici que la première et la troisième parties du cours intitulé
Hôlderlins Hymne «Der Ister», consacrées à Hôlderlin. Sur la deuxième partie, qui traite
de l'interprétation de l'homme dans Y Antigone de Sophocle, on peut consulter: T.-V. Hri-
bar, Das ethische Wesen der Antigone. Die Zwiesprache zwischen Heidegger und
Sophokles, in D. PapenfuP et O. Pôggeler (éd.), Zur philosophischen Aktualitât Heidegg
ers, tome 3, Francfort, 1992, 43-53; St. Bohlen, Die Ùbermacht des Seins. Heideggers
Auslegung des Bezuges von Mensch und Natur und Hôlderlins Dichtung des Heiligen,
Berlin, 1993, 326-334. 396 Emilio Brito
ils sont appelés par le feu qui vient (HH 5). Ils sont appelés au «métier
de poète»: ils viennent de l'Indus, d'où vient Bacchus dont les poètes
sont les prêtres (HH 6s.). Le maintenant, qu'appellent ces appelés, n'est
rien qu'on puisse historiquement dater. Il est ce qui est envoyé, il est
événement (HH 8s.). L'ici est l'ici pour un là-bas: les appelants viennent
de là-bas de l'Indus et de l'Alpheus, et veulent bâtir ici près de l'Ister
(HH 9s.).
Habiter, c'est résider, demeurer. En séjournant, l'homme trouve la
quiétude, le repos dans la constance de la propre essence. Dans la quié
tude, l'essence de l'homme est conservée dans son inviolabilité. Le mot
grec pour cette sainteté (Heiligkeit) inviolable du lieu est asylia. Aussi
Hôlderlin parle-t-il des «asiles» de l'homme, des lieux dans lesquels la
vie de la Nature (c'est-à-dire du Sacré) «se concentre»4. Le fleuve «est»
toujours l'endroit (Ortschaft)5 qui règne sur le séjour de l'homme sur
terre. Ce lieu est attribué à l'homme comme son bien; mais cette attr
ibution demande une appropriation: le lieu doit être obtenu par un
voyage (HH 23s.).
Le voyage (Wanderschaft)6 cherche à conquérir la terre comme
«base» du séjour chez-soi (des Heimischen). Pour Hôlderlin, observe
Heidegger, la terre n'est pas la production d'un créateur et pas non plus
la «vallée de larmes» (au sens chrétien), simple passage vers l'au-delà,
pas davantage l' ici-bas qui conquiert son caractère d'ici-bas par la néga
tion de ce qui est au-delà et reste ainsi intriqué dans la distinction méta
physique entre l'ici-bas sensible et l'au-delà supra-sensible (HH 35s.).
La terre est, pour Hôlderlin, «déesse» (HH 38). Le fleuve, qui rend la
terre labourable, habite et permet d'habiter. Il révèle par là l'essence du
lieu et du voyage. Il est le lieu du voyage et le voyage du lieu (HH 39).
Il est le lieu du voyage, parce qu'il détermine le «là-bas» et «l'ici», où
aboutit l'accoutumance au pays, mais d'où celle-ci prend aussi son
départ en tant qu'accoutumance (HH 42). Le fleuve occupe lui-même un
lieu, il est son lieu. Mais le fleuve est tout aussi essentiellement voyage
du lieu. L'essence du lieu où l'accoutumance au pays prend son départ
et trouve son arrivée, est telle que ce lieu est en route. L'essence de ce
voyage est le fleuve. Or le lieu n'est pas la simple succession du là et de
4 HH 23, 33, 35.
5 Le terme Ortschaft désigne l'essence du lieu (das Wesen des Ortes). Cf. HH 31.
6 Heidegger désigne par le terme Wanderschaft l'essence remplie de la Wanderung
(migration), de même qu'il désignait par Ortschaft celle du lieu (HH 35). sacré selon Heidegger dans «Ulster» de Hôlderlin 397 Le
l'ici: le lieu antérieur reste conservé dans le lieu ultérieur; et celui-ci a
déjà déterminé celui-là7.
Les fleuves, tels que Hôlderlin les poématise — comme l'unité du
séjour et du voyage — , ne sont ni accidents de la nature ni éléments
constitutifs du paysage, mais pas non plus des hommes ou des dieux et
encore moins des «symboles» pour la vie humaine8. Dans leur parcours
s'annonce ce que Hôlderlin appelle «l'insoutenable» (das Ungeheure), à
savoir «comment le dieu et l'homme s'accouplent, et comment, sans
être limitée, la puissance de la Nature (le Sacré) et ce qu'il y a de plus
intérieur dans l'homme aboutissent dans la colère à une unité» (HH 33).
Le fleuve fait que l'homme acquiert un chez-soi grâce au passage par ce
qui est étranger et dépayse, et il dévoile ainsi le fond essentiel de l'his-
torialité de l'homme (HH 60s.). C'est en vue de cette accoutumance au
chez-soi, que Hôlderlin poursuit son dialogue avec des poètes grecs;
s 'attachant à ceux-ci, tout en les laissant demeurer dans leur différence,
il cherche à parvenir de ce qui est étranger à ce qui est propre (HH
61s.)9.
II. Le feu qui enflamme le poète
Le chant de Sophocle (HH 63-152) et les hymnes aux fleuves de
Hôlderlin (HH 1-62, 153-206)10 poétisent la même chose: l'accout
umance au chez-soi. Mais ils ne pas l'identique, parce que Grecs
et Allemands sont historialement de façon différente (HH 153). Hôlderl
in exprime cette différence dans la lettre à Bôhlendorff (4.12.1801). Il
n'y est pas question de simples règles esthétiques, mais de la poésie telle
qu'elle se définit d'après ce qui doit être dit poétiquement: l'accout
umance au pays (HH 153s.).
Le poète — Hôlderlin le sait — ne parvient à être chez soi dans ce
qui lui est propre qu'au bout d'une traversée poétiqu

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