Politiques de l État-nation grec vis-à-vis de la diaspora - article ; n°3 ; vol.17, pg 9-22
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Description

Revue européenne de migrations internationales - Année 2001 - Volume 17 - Numéro 3 - Pages 9-22
Politiques de l'État-nation grec vis-à-vis de la diaspora.
Michel Bruneau.
La diaspora grecque est antérieure à l'existence de l'État-nation qui lui doit beaucoup. Bien que la nécessité d'une politique de cet État vis-à-vis de la diaspora soit apparue très tôt, sa mise en œuvre a tardé. Cela est dû non seulement aux difficultés rencontrées par l'État grec jusqu'après la seconde guerre mondiale, mais surtout à sa logique d'expansion territoriale dans la péninsule des Balkans et dans l'archipel, ainsi qu'à la nécessité d'installer sur son territoire et d'intégrer plus d'un million de réfugiés d'Asie Mineure et de Thrace orientale. Cette politique, apparue après la guerre civile, visait à éviter la disparition de l'identité chez les Grecs d'Amérique du Nord, menacés d'assimilation, et à les inciter à aider économiquement la Grèce en difficulté. Elle n'a pris une certaine ampleur qu'à partir des années 1980-90, au cours desquelles ont été mises en place des institutions destinées à développer les liens avec la diaspora (Secrétariat et Conseil des Grecs à l'étranger). Pour que ces institutions jouent pleinement leur rôle d'animation et de coordination des réseaux d'un Hellénisme mondialisé, il faudrait les rendre véritablement indépendantes de l'État qui, actuellement est leur bailleur de fonds quasi exclusif et a une vision trop centralisatrice.
Politics of the Greek Nation State with regard to the diaspora.
Michel Bruneau.
The greek diaspora existed even before the Nation-State which owes her much. Although it very early appeared as necessary to establish a policy of this State towards the diaspora, it took a long time enforcing it. This is due not only to the difficulties which the Greek State came up against until after the Second World War, but mostly to its logic of territorial expansion in the Balkan peninsula and in the islands, as well as to the need to settle on its territory and integrate more than one million refugees from Asia Minor and Eastern Thrace. This policy, which appeared after the Civil War, meant to prevent the loss of identity among Greeks in North America, who ran the risk of assimilation, and to encourage them to provide economical aid to an ailing Greece. It did not acquire significance until the eighties and nineties, when some institutions were created in order to develop the links with the diaspora : General Secretariat for the Greeks Abroad, World Council of Hellenes Abroad. In order for those institutions to fully play their parts, organizing and coordinating the networks of a globalized Hellenism, they would need to be made truly independant from the greek government which is now virtually their sole source of funds and has a too centralizing aim.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michel Bruneau
Politiques de l'État-nation grec vis-à-vis de la diaspora
In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 17 N°3. pp. 9-22.
Citer ce document / Cite this document :
Bruneau Michel. Politiques de l'État-nation grec vis-à-vis de la diaspora. In: Revue européenne de migrations internationales.
Vol. 17 N°3. pp. 9-22.
doi : 10.3406/remi.2001.1792
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_2001_num_17_3_1792Résumé
Politiques de l'État-nation grec vis-à-vis de la diaspora.
Michel Bruneau.
La diaspora grecque est antérieure à l'existence de l'État-nation qui lui doit beaucoup. Bien que la
nécessité d'une politique de cet État vis-à-vis de la diaspora soit apparue très tôt, sa mise en œuvre a
tardé. Cela est dû non seulement aux difficultés rencontrées par l'État grec jusqu'après la seconde
guerre mondiale, mais surtout à sa logique d'expansion territoriale dans la péninsule des Balkans et
dans l'archipel, ainsi qu'à la nécessité d'installer sur son territoire et d'intégrer plus d'un million de
réfugiés d'Asie Mineure et de Thrace orientale. Cette politique, apparue après la guerre civile, visait à
éviter la disparition de l'identité chez les Grecs d'Amérique du Nord, menacés d'assimilation, et à les
inciter à aider économiquement la Grèce en difficulté. Elle n'a pris une certaine ampleur qu'à partir des
années 1980-90, au cours desquelles ont été mises en place des institutions destinées à développer les
liens avec la diaspora (Secrétariat et Conseil des Grecs à l'étranger). Pour que ces institutions jouent
pleinement leur rôle d'animation et de coordination des réseaux d'un Hellénisme mondialisé, il faudrait
les rendre véritablement indépendantes de l'État qui, actuellement est leur bailleur de fonds quasi
exclusif et a une vision trop centralisatrice.
Abstract
Politics of the Greek Nation State with regard to the diaspora.
Michel Bruneau.
The greek diaspora existed even before the Nation-State which owes her much. Although it very early
appeared as necessary to establish a policy of this State towards the diaspora, it took a long time
enforcing it. This is due not only to the difficulties which the Greek State came up against until after the
Second World War, but mostly to its logic of territorial expansion in the Balkan peninsula and in the
islands, as well as to the need to settle on its territory and integrate more than one million refugees from
Asia Minor and Eastern Thrace. This policy, which appeared after the Civil War, meant to prevent the
loss of identity among Greeks in North America, who ran the risk of assimilation, and to encourage them
to provide economical aid to an ailing Greece. It did not acquire significance until the eighties and
nineties, when some institutions were created in order to develop the links with the diaspora : General
Secretariat for the Greeks Abroad, World Council of Hellenes Abroad. In order for those institutions to
fully play their parts, organizing and coordinating the networks of a globalized Hellenism, they would
need to be made truly independant from the greek government which is now virtually their sole source
of funds and has a too centralizing aim.Revue Européenne des Migrations Internationales, 2001 (17) 3 pp. 9-22
l' Etat-nation grec Politiques de
vis-à-vis de la diaspora
Michel BRUNEAIP
Qu'est ce que la diaspora grecque ?
C'est seulement depuis les années 1970 que la Grèce a cessé d'être un pays
d'émigration pour devenir un pays d'immigration, à cause de la chute de son taux de
croissance démographique et de l'élévation du niveau de vie moyen de ses citoyens.
C'est également depuis les années 1980 que le thème de la diaspora est apparu dans la
société et la vie politique grecque. Il a été l'objet d'une préoccupation croissante pour
l'État grec, qui a de plus en plus cherché à l'organiser dans les années 1990. La
diaspora est alors devenue une dimension majeure de la nation grecque, qui compte un
peu plus de 10 millions d'habitants sur son territoire national pour 4 à 6 millions en
diaspora, c'est-à-dire de personnes se réclamant d'une identité grecque dans le monde.
Comme les Chinois, les Juifs, les Arméniens ou les Libanais, les Grecs sont un
« peuple-monde » (global tribe) qui peut, grâce aux réseaux de sa diaspora, chercher à
tirer profit de la mondialisation en marche en ce début du XXIe siècle.
Si le terme grec de diaspora désigne étymologiquement toute forme de
dispersion, il n'a pris son sens actuel qu'appliqué à la dispersion des communautés
juives, évoquée dans la traduction grecque de la Bible dite de la Septante. Ensuite, par
extension, il a été appliqué à d'autres dispersions de peuples plus ou moins contraintes,
dont celle des Grecs à partir de la prise de Constantinople par les Turcs ottomans
(1453). Une diaspora est une forme d'existence d'une nation, elle se définit par rapport
à elle et par rapport à un éventuel État-nation. Il ne faut pas oublier que la diaspora
grecque a précédé l' État-nation et que ce sont les intellectuels de la diaspora qui ont
œuvré pour le mouvement de renaissance nationale, notamment A. Koraïs à Paris et la
Philiki Etairia, dont le siège principal était à Odessa. Les Grecs de la diaspora ont
Directeur de Recherche au CNRS, UMR « Migrations Internationales, Territorialités,
Identités » (MITI), Bordeaux. Bruneau@msha.u-bordeaux.fr 10 Michel BRUNEAU
envoyé, à plusieurs reprises, des hommes combattre pour défendre la patrie, pendant
les guerres balkaniques, les première et seconde guerres mondiales. Ils ont aussi
largement financé les institutions culturelles et d'éducation après la guerre
d'indépendance, pendant tout le XIXe siècle. Sur le plan économique, leur contribution a
été importante à travers les revenus de la marine marchande, les transferts et
investissements des emigrants. En 1956, par exemple, 76 % des ressources invisibles
de la Grèce provenaient de la marine et des emigrants, 13 % seulement du tourisme. Ce
n'est qu'après 1960 que leur importance va considérablement diminuer, à cause de la
croissance très forte du tourisme et de la contribution de plus en plus grande des
programmes européens à l'amélioration des infrastructures (après 1980).
Au cours des années 1930, puis après la seconde guerre mondiale, lorsque le
territoire de l'État grec a pris sa forme actuelle, le vocabulaire concernant l'identité
nationale et la nation a tendu à se normaliser autour du terme d'Hellénisme
(Ellinismos) en distinguant au sein de l'ensemble national qu'il exprime trois sous-
ensembles : l'Hellénisme helladique (Elladikos Ellinismos ou Elladismos) qui
correspond à la population vivant à l'intérieur des frontières de l' État-nation (la Grèce
actuelle), irrédimé (Alytrotos Ellinismos) qui est formé de ces
communautés grecques vivant dans leur territoire historique non rattaché à la Grèce
actuelle (sud de l'Albanie, Bulgarie, Macédoine ex-yougoslave, Constantinople et îles
turques d'Imbros et Tenedos, Chypre), et l'Hellénisme de la diaspora (Apodimos
Ellinismos) composé de toutes les communautés grecques vivant dans des pays
étrangers un peu partout dans le monde où ils ont émigré, dans des patries d'adoption
(Pamboukis, 1961). La conscience nationale (ethniki sinidisis) unit ces trois sous-
ensembles1.
Dans le premier répertoire- inventaire des Grecs de l'étranger, publié en 1972
par le Centre de Recherche en Sciences Sociales d'Athènes (EKKE), sous le titre
« Apodimi Ellines », il s'agit bien de tous les Grecs de l'étranger. Y sont inclus ceux de
Turquie qui sont sur des terres historiquement grecques (Imbros, Tenedos,
Constantinople), mais pas ceux d'Albanie, sans doute faute d'informations disponibles
à l'époque, ni ceux de Chypre. Dans le second, dû au ministère des Affaires Étrangères
(Direction des Apodimi Ellines), à une première édition (1987) sous le tire « O
Apodimos Ellinismos » succède une seconde (1992) intitulée « O Ellinismos tou
Exoterikou ». Cette publication collecte les informations, disponibles au ministère, sur
tous les Grecs vivant à l'extérieur des frontières de l 'État-nation, à l'exception de ceux

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